
Sigmund Romberg est un compositeur américano-hongrois né le 29 juillet 1887 et décédé le 9 novembre 1951. Il est surtout connu pour ses comédies musicales et opérettes qui ont marqué la première moitié du XXème siècle, notamment The Student Prince () (1924), The Desert Song () (1926) et The New Moon () (1928). Ses œuvres, riches en mélodies romantiques et en valses entraînantes, ont rencontré un immense succès populaire et exercé une influence durable sur le théâtre musical, faisant de Romberg l’un des compositeurs emblématiques de cette période ayant participé à la naissance du "musical".
4.A) Jeunesse et formation
Né sous le nom de Siegmund Rosenberg à Nagykanizsa, en Autriche-Hongrie (actuelle Hongrie), Romberg grandit dans une famille juive mélomane. Son père l’initie très tôt à la musique: il apprend le violon dès l’âge de six ans et le piano à huit ans. En 1889, sa famille déménage à Belišće (alors en Hongrie), puis le jeune Sigmund poursuit en 1897 sa scolarité au gymnasium d’Osijek, où il joue dans l’orchestre du lycée. Ses talents musicaux se développent parallèlement à des études plus classiques: envoyé à Vienne pour suivre une formation d’ingénieur, il y prend également des cours de composition musicale afin de parfaire son art. Romberg émigre ensuite aux États-Unis en 1909 pour tenter sa chance à New York. À son arrivée, il occupe d’abord un modeste emploi dans une usine de crayons avant de revenir à la musique en trouvant un poste de pianiste dans des cafés de Manhattan.
4.B) Débuts à Broadway
Passionné par la composition, Sigmund Romberg forme dès 1912 son propre petit orchestre de salon à New York et publie ses premières chansons. Celles-ci attirent l’attention des influents frères Shubert, producteurs de théâtre à Broadway, qui l’engagent en 1914 comme compositeur attitré pour leurs spectacles. La même année, Romberg connaît son premier succès scénique en signant la musique de la revue The Whirl of the World () (1914). Au fil des saisons, il contribue à de nombreuses productions, y compris des adaptations américaines d’opérettes viennoises à la mode. Parmi celles-ci figure The Blue Paradise () (1915), dont la valse sentimentale Auf Wiedersehen devient le premier tube de Romberg à Broadway.

La jeune Ottillie et Richard, amoureux
© Version originale de «Maytime» - Broadway 1917
En 1917, il obtient un véritable triomphe avec Maytime (), un musical romantique (adapté de l’opérette viennoise Wie einst im Mai) qui raconte des amours à travers plusieurs générations. Maytime () séduit le public avec ses valses nostalgiques mêlées à des danses modernes américaines au point que deux troupes distinctes jouèrent le spectacle simultanément à Broadway pour répondre à la demande.
Parallèlement à ces œuvres, Romberg compose pour les revues à grand spectacle produites par les frères Shubert. Il participe notamment aux célèbres Passing Show () de et 1918, des revues annuelles à sketches et numéros musicaux. Romberg collabore également avec la vedette Al Jolson sur plusieurs spectacles de variétés et de burlesque très populaires. Il orchestre ainsi Robinson Crusoe, Jr. () (1916), une fantaisie comique inspirée du roman, puis Sinbad () (1918), une revue librement basée sur Les Mille et Une Nuits.
En 1921, il compose pour Jolson le spectacle Bombo (), confirmant sa réputation grandissante dans le milieu du théâtre musical.
4.C) Les grands succès des années '20
À partir de 1921, Sigmund Romberg enchaîne les opérettes à grand spectacle qui asseyent définitivement sa notoriété.
4.C.1) 1921: «Blossom Time» - 516 représentations

Partitions
En 1921, Blossom triomphe avec Blossom Time () – intitulée The Lilac Time au Royaume-Uni – une opérette inspirée de la vie du compositeur Franz Schubert dont il adapte et réorchestre les mélodies classiques. Le livret fut écrit par Dorothy Donnelly. L'opérette fut produite par J.J. Shubert et créée à Broadway le 29 septembre 1921 à l'Ambassador Theatre. Elle rencontra un immense succès, avec 592 représentations, ce qui en fit l'un des plus grands succès de Broadway des années '20.
L’histoire est une romance fictive autour du compositeur Franz Schubert, combinant éléments historiques et fictifs. Franz Schubert, jeune compositeur talentueux mais timide, tombe amoureux secrètement d’une jeune femme, Mitzi Kranz, la fille d’un maître luthier. Cependant, Mitzi aime un autre homme, et Schubert, par loyauté et amitié, décide de s’effacer pour aider leur union. L’opérette explore l’amour non partagé, le sacrifice personnel, et le génie musical de Schubert, intégrant des adaptations de ses plus belles mélodies.
L’un des moments forts de l’opérette est l’interprétation du célèbre Serenade (Ständchen), adapté des œuvres de Schubert et si le spectacle remporte un immense succès populaire, c'est certainement notamment grâce à la chanson Song of Love, adaptée de la Symphonie n°8 «inachevée» de Schubert.
Fort de cette réussite, Romberg crée ses œuvres les plus célèbres au milieu des années '20.
4.C.2) 1924: «The Student Prince» - 608 représentations

«The Student Prince»
© Howard Marsh Old White Studio Photo 1924
Il compose en 1924 The Student Prince in Heidelberg () dont le titre fut raccourci au fil des années pour devenir The Student Prince. Il s'agit d'une adaptation de la pièce Alt-Heidelberg de Wilhelm Meyer-Förster.
The Student Prince in Heidelberg () fut le musical le plus joué à Broadway dans les années '20: du 2 décembre 1924 au 26 mai 1926, soit 608 représentations. Par ailleurs, lorsqu'il quitta l'affiche, il était devenu le troisième book-musical ayant la plus longue série de l’histoire de Broadway, après Irene () (1919 - 675 représentations) et A Trip to Chinatown () (1891 - 657 représentations). Avec son histoire poignante et sa partition mélodique riche, cette œuvre est aujourd’hui considérée comme l’exemple parfait de l’opérette.
L'intrigue se déroule dans l'Allemagne du début des années 1860. Le Prince Karl Franz (Howard Marsh) intègre l’Université de Heidelberg et tombe amoureux de Kathie (Ilse Marvenga), une serveuse qui sert de la bière à l’auberge des Trois Pommes d’Or. Mais lorsque le devoir royal l’appelle, il doit renoncer à son amour pour monter sur le trône et contracter un mariage arrangé avec la Princesse Margaret (Roberta Beatty). Celle-ci, cependant, aime le Capitaine Tarnitz (John Coast).
Contrairement aux opérettes traditionnelles, The Student Prince () ne propose pas de fin heureuse. Le rideau tombe sur les quatre personnages principaux, tous malheureux, ayant perdu celui ou celle qu’ils aiment.
La partition de Romberg est considérée comme son chef-d'œuvre, comprenant des morceaux devenus légendaires:
- Deep in My Heart, Dear, une ballade envoûtante
- Serenade (Overhead the Moon Is Beaming), une mélodie enivrante
- What Memories, un air mélancolique
- Just We Two, une valse légère
- To the Inn We’re Marching, une marche entraînante
- Drink, Drink, Drink, un hymne à la bière particulièrement apprécié du public durant la Prohibition
- Student Life, une chanson humoristique sur la vie parfois imprudente des étudiants
- Golden Days, un thème nostalgique et scintillant évoquant les souvenirs du passé
Après Broadway, l’œuvre connaîtra plusieurs US-Tours.

Programme de «The Student Prince»
La production originale de The Student Prince () à Londres ouvrit ses portes au His Majesty's Theatre le 3 février 1926, pour un total de 96 représentations. Allan Prior interprétait le Prince Karl, tandis que Ilse Marvenga, Raymond Marlowe, John Coast et Oscar Figman reprenaient leurs rôles de Broadway.
L'opérette a été reprise à New York à sept reprises:
- La première reprise ouvrit au Majestic Theatre le 29 janvier 1931, pour 45 représentations.
- La seconde reprise débuta le 8 juin 1943 au Broadway Theatre, avec Everett Marshall dans le rôle du Docteur Engel et Ann Pennington dans celui de Gretchen, et totalisa 153 représentations.
- La New York City Opera (NYCO) remit l'œuvre à l'affiche cinq fois, toutes au New York State Theatre:
- 29 août 1980 (13 représentations)
- 27 août 1981 (6 représentations)
- 5 juillet 1985 (9 représentations)
- 7 juillet 1987 (14 représentations)
- 17 août 1993 (13 représentations)
4.C.3) 1926: «The Desert Song» - 471 représentations
Romberg poursuit sur sa lancée avec The Desert Song () (1926), une opérette exotique coécrite avec les librettistes Oscar Hammerstein II et Otto Harbach. Située en Afrique du Nord, l’intrigue romanesque de The Desert Song () est portée par des airs mémorables comme One Alone, The Riff Song et la chanson-titre The Desert Song.

Partitions
Lorsque l'opérette The Desert Song () ouvrit en 1926, elle était en réalité une œuvre contemporaine, très librement inspirée des actualités de l'époque concernant les événements politiques en Afrique du Nord. L'intrigue tourne autour du mystérieux Red Shadow, qui se décrit lui-même comme le Robin des Bois du Maroc et qui dirige les tribus rifaines en rébellion contre les Français. Mais derrière ce chef rebelle se cache en réalité Pierre Birabeau (Robert Halliday), le fils du Gouverneur Général Birabeau (Edmund Elton). Pour préserver son identité secrète, Pierre se fait passer pour un intellectuel timide et réservé, amateur de lecture et de botanique. Pierre est attiré par la belle Margot Bonvalet (Vivienne Segal), mais toute relation entre eux semble vouée à l'échec, car Margot rêve d'aventure et de passion, et elle désire un homme viril et intrépide qui la "dominerait", pas un rat de bibliothèque insipide comme Pierre.
En tant que Red Shadow, Pierre enlève Margot, réalisant ainsi son fantasme d’aventure romantique. Mais lorsque le Général Birabeau défie Red Shadow en duel, Pierre ne peut évidemment pas accepter sans dévoiler son identité, et il disparaît. Margot, déçue, croit alors que son héros courageux s’est transformé en lâche. Plus tard, Pierre met en scène la "mort" du Red Shadow et rapporte son uniforme au quartier général français, où il est acclamé comme un héros. Son père, le Général Birabeau, comprend alors que son propre fils est le Red Shadow et réalise que, grâce à lui, les Marocains et les Français pourraient coexister en paix. Enfin, lorsqu’il se retrouve seul avec Margot, Pierre remet son masque et sa cape de Red Shadow. Margot comprend alors que le jeune homme qu’elle croyait faible est en réalité l’homme viril et audacieux dont elle rêvait.
Le musical fut un gros succès et tint l'affiche 471 repréentations (du 30 novembre 1926 au 7 janvier 1928) avant de partir en deux US-Tour qui tournèrent d'août 1927 à mai 1929. La production londonienne de The Desert Song () fut créée au Drury Lane Theatre le 7 avril 1927 et totalisa 432 magnifiques représentations. Les rôles principaux étaient interprétés par Harry Welchman et Edith Day.

«The Desert Song» - 1973 revival
© The New York Public Library Digital Collections
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La première reprise à Broadway ouvrit le 8 janvier 1946 au City Center, avec Walter Cassel et Dorothy Sandlin, et compta 45 représentations. La seconde reprise, bien interprétée et divertissante, mettait en vedette David Cryer et Chris Callan. Elle ouvrit le 5 septembre 1973 à l'Uris Theatre (aujourd'hui le Gershwin Theatre), mais ne connut pas le succès escompté et se termina après seulement 15 représentations. Terrible flop.

«The Desert Song» - 1943 - Affiche
The Desert Song () fut adapté trois fois au cinéma (1929, 1943, 1953) par Warner Bros, avec une courte adaptation en 1932 et une version télévisée en 1955 (avec le scénario original).
Chaque version apporta des modifications à l’intrigue, notamment en fonction du contexte politique de l’époque (nazis en 1943, suppression du "Red" Shadow en 1953).
Malgré certaines critiques, l'œuvre conserva une grande popularité, notamment grâce à ses chansons emblématiques et son ambiance exotique et romanesque.

Partitions
4.C.4) 1928: «The New Moon» - 509 représentations
Deux ans plus tard, le 19 septembre 1928, il présente The New Moon (), autre collaboration avec Hammerstein, qui transpose cette fois son romantisme musical dans une aventure de corsaires en mer des Caraïbes. The New Moon () enrichit la palette stylistique de Romberg en incorporant des rythmes de tango et des tonalités mineures, comme en témoigne le célèbre morceau “Softly, As in a Morning Sunrise”.
The New Moon () se déroule à la fin des années 1780 et met en scène Robert Misson (Robert Halliday), un noble français vivant désormais incognito à La Nouvelle-Orléans, où il est serviteur sous contrat auprès du riche Beaunoir (Pacie Ripple). Robert est également épris de Marianne (Evelyn Herbert), la fille de Beaunoir. En France, il avait été accusé du meurtre d’un membre de la royauté lors d’une émeute révolutionnaire. Lorsqu’il est finalement capturé par les Français en Louisiane, il est embarqué sur le navire The New Moon afin d’être ramené en France pour y être jugé et inévitablement exécuté à la guillotine. À bord, Robert découvre que Marianne s’y trouve également. Avec elle et ses partisans, il parvient à s’évader et s’enfuit sur l’Île des Pins, où ils fondent une colonie destinée à accueillir tous ceux qui aspirent à la liberté.
Lorsque The New Moon () ouvrit à Broadway, il devint rapidement l’un des plus grands succès de l’époque. Avec 509 représentations à l'Imperial Theatre, il fut le musical le plus joué de la saison 1928-1929 et le neuvième book-musical le plus long des années '20. SIx mois plus tôt, le 27 décembre 1927, Show Boat () avait ouvert au Ziegfeld Theatre, changeant en profondeur le monde du théâtre musical.

Mais ... The New Moon () de Sigmund Romberg fut la dernière des grandes opérettes classiques. D'autres œuvres du genre furent occasionnellement produites à Broadway dans les années suivantes, mais plus jamais les opérettes ne dominèrent la scène musicale comme elles l’avaient fait au cours des premières décennies du siècle. À bien des égards, le mot "opérette" devint presque tabou pour les critiques et le public.

Partitions
Au cours des années '20, Sigmund Romberg composa plusieurs partitions d'opérettes mémorables, et The New Moon () rejoignit ses autres grands triomphe: Blossom Time (), The Student Prince () et The Desert Song (). Ces œuvres, aux côtés de:
- Rose-Marie () de Rudolf Friml (co-composée avec Herbert Stothart)
- The Vagabond King () et The Three Musketeers () de Friml
- Rio Rita () de Harry Tierney
- Wildflower () de Herbert Stothart et Vincent Youmans
représentèrent le dernier grand âge d’or de l’opérette, un genre qui avait été un pilier du théâtre musical pendant des décennies. Avec des spectacles comme Show Boat () (1927) de Jerome Kern & Oscar Hammerstein II, qui alliait une intrigue dramatique et des chansons enracinées dans l’histoire, l’opérette traditionnelle, souvent jugée plus artificielle dans sa narration, perdit du terrain.
4.C.5) Mentionnons aussi...

Partitions
En marge de ces quatre triomphes, Sigmund Romberg produit d’autres pièces dans les années '20 qui témoignent de sa polyvalence:
- il compose Princess Flavia () (1925), une opérette inspirée du roman Le Prisonnier de Zenda
- Il compose My Maryland () (1927), une fresque musicale patriotique située durant la guerre de Sécession
- En 1928, il crée Rosalie (), un musical écrit en collaboration avec George Gershwin (qui co-signe la partition) et les paroliers Ira Gershwin et P. G. Wodehouse – le spectacle remporte lui aussi un accueil favorable.
Ainsi, à l’aube des années '30, Romberg aura composé ou contribué à près d’une quarantaine de spectacles, se hissant au rang des compositeurs de théâtre musical les plus prolifiques de son époque.
4.D) Années ultérieures et musique de film
L’arrivée de la Grande Dépression et l’évolution des goûts du public marquent la fin de l’âge d’or de l’opérette à Broadway. Après 1929, ce genre un peu désuet cède du terrain face à la comédie musicale moderne et aux nouvelles formes de divertissement. Sigmund Romberg s’adapte en se tournant vers Hollywood et le cinéma musical naissant. Il part travailler en Californie où il compose des chansons et musiques de film.
Dès 1930, il écrit par exemple la partition du film musical Viennese Nights (1930) suivi de The Night Is Young (1935), deux réalisations coscénarisées avec Oscar Hammerstein II qui incluent la chanson à succès When I Grow Too Old to Dream (1934).

«Rose de France» au Châtelet à Paris
En 1933, Romberg retourne brièvement en Europe pour monter Rose de France (), une opérette produite à Paris, illustrant son rayonnement international dans le monde du spectacle.
De retour aux États-Unis, il continue à écrire pour la scène (May Wine () en 1935, sur des paroles de Hammerstein) mais ces nouvelles opérettes ne rencontrent plus le même engouement, le public leur préférant désormais les musicals swing des années '30.
Malgré les changements d’ère, Sigmund Romberg demeure une figure respectée et poursuit sa carrière sous d’autres formats. Dans les années '40, il parcourt l’Amérique à la tête de son orchestre en proposant des concerts rétrospectifs de ses plus grands airs, souvent réunis sous le titre An Evening with Sigmund Romberg (1942-1943).
Il est également régulièrement invité à la radio, où il dirige ses compositions et partage avec le public la nostalgie de l’opérette.
4.E) Dernier triomphe: 1945 «Up in Central Park» - 504 représentations
En 1945, Romberg revient sur le devant de la scène à Broadway avec Up in Central Park (), une comédie musicale (coécrite avec Dorothy Fields et Irving Caesar) située dans le New York du XIXème siècle. Ce spectacle, porté par la chanson enjouée Close as Pages in a Book, est son dernier grand succès populaire, avec 504 représentations au New Century Theatre.
Up in Central Park () est un musical se déroulant dans le New York des années 1870, centrée sur la corruption politique du Tammany Hall (action du Parti démocrate) et de Boss Tweed. L’histoire suit Rosie Moore, une jeune chanteuse ambitieuse dont le père travaille sur l’aménagement de Central Park, et John Matthews, un journaliste enquêtant sur les magouilles du gang politique. Rosie tombe amoureuse de John, mais, manipulée par Richard Connolly, un politicien véreux, elle l’épouse pour se venger. Elle découvre ensuite que Richard est non seulement corrompu mais aussi bigame. Après sa mort accidentelle, Rosie prend conscience de sa chance d’avoir échappé à son monde. Un an plus tard, elle retrouve John par hasard lors d’un concert du 4 juillet, et ils se réconcilient.

«Up In Central Park» - 1945 - by Fields & Romberg
© The New York Public Library Digital Collections
https://digitalcollections.nypl.org/items/510d47df-5f99-a3d9-e040-e00a18064a99
Les critiques ont salué le livret original de Dorothy et Herbert Fields, bien que certains aient regretté le manque d’humour et le recours aux conventions classiques de l’opérette. Beaucoup ont aussi souhaité que Noah Beery Sr., interprète de Boss Tweed, ait un rôle plus étoffé.
La production somptueuse de Michael Todd a été largement applaudie, notamment grâce aux décors détaillés de Howard Bay, qui ont recréé Central Park et le vieux New York. Les chorégraphies de Helen Tamiris, dont le célèbre Currier and Ives Ballet, ont enrichi le spectacle, tandis que la partition de Sigmund Romberg offrait plusieurs ballades marquantes, comme Close as Pages in a Book, When She Walks in the Room, et la sublime April Snow.
4.F) La fin

Original Broadway Cast
Jusqu’à la fin de sa vie, Romberg resta très actif. Il était en train de travailler sur une nouvelle comédie musicale, The Girl in Pink Tights (), lorsqu’il mourut subitement le 9 novembre 1951 d’un accident vasculaire cérébral à l’âge de 64 ans, dans sa suite du Ritz Tower Hotel à New York. Il venait juste de rentrer d’une tournée et son décès fut un choc dans le monde du théâtre musical.
Après sa mort, The Girl in Pink Tights () fut complétée et créée à Broadway en 1954. Cette même année, Hollywood lui rendit hommage avec le film biographique Deep in My Heart, réalisé par Stanley Donen, où José Ferrer incarnait Romberg à l’écran.
4.G) Héritage et influence
Sigmund Romberg a laissé une empreinte durable sur le théâtre musical, tant par l’ampleur de son répertoire que par la popularité pérenne de ses mélodies. Ses opérettes ont contribué à définir l’opérette américaine des années 1910-1920, à l’égal de celles de Victor Herbert ou Rudolf Friml, en acclimatant l’héritage européen au goût du public américain. Plusieurs de ses œuvres ont connu une seconde vie au-delà de la scène: les frères Shubert ont entretenu la flamme de ses succès en faisant tourner ses spectacles à travers les États-Unis pendant des décennies, et nombre d’entre eux ont été régulièrement repris ou adaptés. Hollywood s’est emparé de son univers – The Desert Song (), Maytime (), The New Moon () ou The Student Prince () furent transposés au cinéma dans les années 1930-1950, faisant découvrir ses chansons à un public encore plus large
Des chanteurs populaires de l’époque, tels que Nelson Eddy et Jeanette MacDonald, ont fréquemment enregistré et interprété les grands airs de Romberg, perpétuant leur succès à l’ère du disque. Certaines compositions de Romberg se sont même érigées en standards du répertoire américain, reprises par des artistes de jazz et de variétés: par exemple, Lover, Come Back to Me et Softly, As in a Morning Sunrise sont devenues au fil du temps des classiques chantés et réarrangés bien au-delà du contexte de l’opérette.
En son temps, Romberg a contribué à ouvrir la voie entre l’opérette traditionnelle et la comédie musicale moderne. Son insistance sur la mélodie romantique universelle – il affirmait qu’«une mélodie reste une mélodie. Rien ne vaut un air populaire et sentimental, car la musique d'amour ne mourra jamais tant l'amour est au cœur de l’humanité» – a ancré durablement ses chansons dans la mémoire collective. Il a prouvé qu’un spectacle musical pouvait émouvoir le public avec un mélange d’humour, de panache et de nostalgie, sans craindre d’y intégrer des éléments dramatiques plus profonds (ainsi de la fin mélancolique de The Student Prince (), qui préfigure en partie l’évolution du ton des musicals).
Encore aujourd’hui, le nom de Sigmund Romberg demeure associé aux grandes heures de Broadway. Ses œuvres continuent d’être jouées occasionnellement par des compagnies d’opérettes, ses chansons font l’objet de nouvelles interprétations, et son apport à l’histoire du théâtre musical – celui d’un artisan de la mélodie entre deux continents – reste salué par les historiens et les mélomanes.