
8.B.3) Walter Donaldson: Whoopee! (412 représ - #21)
Walter Donaldson est né le 15 février 1893 à Brooklyn, New York, et est décédé le 15 juillet 1947 à Santa Monica, Californie. Pianiste autodidacte, il commence à composer très jeune et devient l’un des auteurs-compositeurs les plus prolifiques de Tin Pan Alley, avec plus de 600 chansons à son actif.
Il tire sa célébrité par le grand succès en 1918 d'une de ses chansons, How ’Ya Gonna Keep ’Em Down on the Farm (After They’ve Seen Paree?), coécrite avec Sam M. Lewis. Ce tube, en lien avec le retour des soldats américains après la Première Guerre mondiale, fait de lui une célébrité instantanée dans le monde de la chanson populaire.
Il ne sera le compositeur attitré que de 2 musicals: Sweetheart Time (1926-143 représentations) et Whoopee! (1928-407 représentations). Dans les années '20 et '30, il enchaîne les chansons à succès, souvent en collaboration avec paroliers de renom. Son style est marqué par une mélodie simple mais accrocheuse, souvent teintée de jazz ou de ragtime, et une capacité rare à capter les émotions populaires du moment avec élégance et humour.
1928: «Whoopee!» - 412 représentations (#21) Whoopee! a ouvert à Broadway au New Amsterdam Theatre le 4 décembre 1928 et a fermé le 23 novembre 1929 après 407 représentations. Il a été produit par Florenz Ziegfeld, mis en scène par Seymour Felix, avec un livret de William Anthony McGuire. Le musical met en vedette Eddie Cantor dans le rôle de Henry Williams, Ruth Etting dans celui de Leslie Daw, Frances Upton dans celui de Sally Morgan, Jack Rutherford dans celui de Bob Wells, Paul Gregory dans celui de Wanenis, Ethel Shutta dans celui de Mary (en remplacement de Ruby Keeler), et met en vedette Buddy Ebsen et Paulette Goddard dans le choeur.
Henry se rend en Californie pour une cure de repos dans un ranch et doit faire face à des cow-boys, des Indiens, des gangsters, et à son infirmière Mary Custer (Ethel Shutta). La fille locale Sally Morgan (Frances Upton) est courtisée par deux hommes, le shérif Bob (John Rutherford) et l’indien Wanenis (Paul Gregory), et bien qu’elle soit fiancée à Bob, elle aime vraiment ce dernier. Elle fait croire à Henry qu’elle veut rencontrer Bob dans une ville voisine et le persuade de l’y conduire, mais elle prévoit secrètement de rencontrer Wanenis. Elle doit user de ce stratagème de par les origines indiennes de Wanenis. Quand Bob découvre que Sally et Henry ont disparu, il suppose qu'il sont amoureux et part à leur poursuite. Mais tout finit bien, sauf pour Bob, qui ne se mariera pas avec Sally. Sinon, Sally et Wanenis se marient, tout comme Henry et Mary.
Mais, époque oblige, on apprend que la romance interraciale entre Sally et Wanenis est moins audacieuse qu’il n’y paraît car nous découvrons que Wanenis est en fait un «vrai californien pure souche»: bébé, il a été trouvé et adopté par une tribu indienne…
Whoopee! a été adapté au cinéma en 1930. Bien que l’intrigue ait suivi de près la version de scène, une grande partie de la musique a été changée.
«Makin' Whoopee» par Eddie Cantor
Le thème abordé par ce musical, et son succès montre toute la joie de vivre de ces années ’20, où l’on croyait en un monde meilleur après cette terrible épreuve que fut la Première Guerre mondiale. Il se joua du 4 décembre 1928 jusqu’au 23 novembre 1929. Rappelons que fin octobre 1929 a eu lieu le krach boursier qui a projeté les Etats-Unis puis le monde entier dans une crise économique sans précédent...
8.B.4) Harry Archer: Little Jessie James (385 représ - #24)
Harry Archer est un compositeur américain né vers 1886 (la date exacte reste incertaine) et actif surtout durant les années '20. Il est principalement connu pour ses comédies musicales légères et jazzy, caractéristiques de l’ère des Roaring Twenties. Archer commence sa carrière dans le vaudeville et les revues, mais c’est sur Broadway qu’il connaît son véritable succès, notamment grâce à sa collaboration avec le librettiste et parolier Harlan Thompson. Ensemble, ils signent plusieurs spectacles à succès. Leur premier est Little Jessie James (1923) et est leur plus grand succès avec 385 représentations. Le musical contenait le tube "I Love You", une ballade romantique devenue un véritable standard de l’époque. On peut aussi citer d'autres musicals: Paradise Alley (1924-64 représentations), My Girl (1924-291 représentations), Merry, Merry (1925-197 représentations), Twinkle, Twinkle (1926-167 représentations), Just a Minute (1928-160 représentations) et Keep it clean (1929-6 représentations).
Après le milieu des années '30, sa carrière décline et son nom tombe peu à peu dans l’oubli, éclipsé par la nouvelle génération de compositeurs.
1923: «Little Jessie James» - 385 représentations (#24) ce musical intimiste - totalement oublié aujourd'hui - se déroulait à New York, à l’époque contemporaine, le temps d'un après-midi et d'une soirée, exclusivement dans le salon d’un appartement sur Central Park West. Il racontait l'histoire d'une jeune femme espiègle du Missouri, Jessie Jamieson (Nan Halperin) (affectueusement surnommée Jessie James en clin d'œil au célèbre bandit Jesse James), qui débarquait à New York pour y chercher fortune, y renconter le new-yorkais Paul Revere (Jay Velie)… et quelques ennuis au passage. Jessie est bien décidée à l’épouser malgré le léger détail gênant de ses fiançailles avec Geraldine Flower (Ann Sands).
Ce musical était intimiste, oui, avec seulement huit danseuses de revue. Mais, intimiste, non, puisque malgré la révélation que le héros et l’héroïne passaient des heures ensemble dans l’intimité d’un lit escamotable qui se repliait dans le mur (avec un clin d’œil dans le programme précisant que le lit était une création de la Englander Bed Co.), il s'avère qu’ils avaient dormi tout du long.
À l'époque, le spectacle a rencontré un joli petit succès populaire grâce à ses chansons entraînantes comme I Love You ou My Home Town in Kansas. Mais il est surtout resté dans l'histoire grâce à son interprète principale, Nan Halperin, star montante du vaudeville, dont la performance pétillante a ravi le public de l'époque.
8.B.5) Lewis E. Gensler: Queen High (367 représ - #25)
Lewis E. Gensler est né le 4 décembre 1896 à New York. Il fut compositeur, parolier, auteur et producteur américain. Aprsè avcoir étudié la musique, il a entamé sa carrière en composant pour Broadway. Parmi ses œuvres notables, on compte "Queen O' Hearts" (1922-40 représentations), Be Yourself (1924-93 représentations), Captain Jinks (1925-167 représentations), Queen High (1926-367 représentations), Ups-a Daisy (1928-64 représentations), Fine and Dandy (1930-255 représentations) et Ballyhoo of 1932 (1932-95 représentations). Deux vrais succès et 5 musicals décevants.
Gensler a également composé des chansons populaires telles que "Keep Smiling at Trouble" (1924) et "Love Is Just Around the Corner" (1934), cette dernière étant interprétée par Bing Crosby dans le film "Here is My Heart". Il a produit plusieurs pièces de tgéâtre puis s'est tourné vers Hollywood, où il a écrit et produit des films ainsi que des chansons pour le cinéma. Lewis E. Gensler est décédé le 15 janvier 1978 à New York.
1926: «Queen High» - 367 représentations (#25) Queen High fut un musical comique à l'ancienne qui rencontra un beau succès, restant quatre mois à l'affiche à Philadelphie avant son arrivée à Broadway, où il tint presque une année entière. Le spectacle bénéficia d'un tube, « Cross My Heart », et après sa période new-yorkaise, partit en tournée nationale.
Les péripéties comiques tournaient autour de la société Eureka Novelty Company, spécialisée dans la fabrication de jarretières. Les deux copropriétaires, T. Boggs Johns (Charles Ruggles) et George Nettleton (Frank McIntyre), se détestent cordialement et ne sont jamais d’accord sur rien. Afin de calmer leurs esprits bouillants, l’avocat de l'entreprise suggère une partie de poker : le gagnant dirigera la société pendant un an, tandis que le perdant devra devenir domestique chez l'autre. Nettleton tire une paire de six tandis que Johns n’a en main qu'une Dame comme carte la plus forte. Johns doit donc partir à Westchester chez Nettleton pour devenir son majordome (Westchester devenant soudain le lieu à la mode avec les créations successives de Castles in the Air et Queen High).
8.B.6) Alma M. Sanders & Monte Carlo: Tangerine (361 représ - #26)
Alma M. Sanders (1882 – 15 décembre 1956) est née à Chicago, était une compositrice et parolière américaine active principalement entre les années 1910 et 1940. Elle est surtout connue pour ses contributions à la musique populaire et aux comédies musicales de Broadway. En collaboration avec son époux, le compositeur Monte Carlo, elle a coécrit plusieurs spectacles, dont Tangerine en 1921, ce dernier ayant connu un succès notable avec la chanson "Cross My Heart". Alma Sanders a également composé des chansons populaires telles que "Keep Smiling at Trouble" (1924) et "Love Is Just Around the Corner" (1934), cette dernière étant interprétée par Bing Crosby dans le film Here is My Heart. Elle est décédée le 15 décembre 1956 à New York.
Son époux, Monte Carlo (14 juillet 1883 – 9 juin 1967), est né Hans von Holstein à Skamlingsbanken, Danemark. il était donc un compositeur et auteur américain d'origine danoise. Arrivé aux États-Unis en 1906 pour éviter des études de médecine, il adopta le nom de Hans Carlo avant de choisir le pseudonyme Monte Carlo. Naturalisé citoyen américain en 1914, il se consacra à la composition musicale, notamment pour Broadway. Monte Carlo est décédé le 9 juin 1967.
1921: «Tangerine» - 361 représentations (#26) D’abord, signalons que le titre ne faisait pas référence au prénom de l’héroïne mais désignait plutôt une île (située ici dans les mers du Sud). L’histoire malicieuse débute à New York, où Dick Owens (Frank Crumit), célibataire endurci, séjourne temporairement dans une prison pour pension alimentaire non versée. Il y retrouve d’ailleurs trois amis, incarcérés pour les mêmes raisons. Dick se dispute avec sa petite amie Shirley Dalton (Julia Sanderson), et bientôt, tous deux ainsi que les trois amis de Dick et leurs ex-femmes se retrouvent transportés sur l’île de Tangerine. Là-bas règne le Roi Home-Brew (John E. Hazzard), ancien pensionnaire du club des mauvais payeurs new-yorkais, entouré de ses huit épouses.
On découvre alors que sur Tangerine, ce sont les femmes qui travaillent tandis que les hommes restent à la maison. Mais rapidement, les hommes s’ennuient de cette vie, tandis que les femmes – pourtant devenues de redoutables femmes d'affaires (elles ouvrent des bars, salons de thé et écoles de danse) – finissent par se lasser de la routine quotidienne. Une rébellion féminine éclate, impliquant même les huit épouses du Roi Home-Brew. Le Roi perd ainsi son harem, mais Dick et Shirley, eux, sont désormais sur le chemin du mariage, et les amis de Dick se sont finalement réconciliés avec leurs femmes.
Durant les Try-Out - mouvementés - au moins sept chansons furent supprimées. A Broadway, on aurait pu penser que cette petite troupe de moins de 24 artistes aurait été heureuse de s'installer dans un musical au succès durable. Pourtant, après quelques mois seulement, la moitié de la distribution originale avait quitté le spectacle, remplacée par de nouveaux interprètes. Des chansons furent à nouveau supprimées.
8.B.7) Milton Ager & Owen Murphy: Rain or Shine (356 représ - #27)
Milton Ager (6 octobre 1893 – 6 mai 1979) est né à Chicagoet fut un compositeur américain autodidacte. Il a débuté sa carrière en accompagnant des films muets au piano avant de s'installer à New York pour se consacrer à la composition. Parmi ses chansons les plus célèbres figurent "Ain't She Sweet" (1927), popularisée plus tard par des artistes comme Frank Sinatra et les Beatles, et "Happy Days Are Here Again" (1929), devenue l'hymne du Parti démocrate américain lors de l'élection de Franklin D. Roosevelt en 1932. Ager a également collaboré avec le parolier Jack Yellen, cofondant la maison d'édition musicale Ager, Yellen, and Bornstein en 1922. Il a composé la musique d'un seul musical, en collaboration avec Owen Murphy: Rain or Shine (1928 - 265 représentations). En 1979, il a été intronisé au Songwriters Hall of Fame. Il est décédé à Los Angeles à l'âge de 85 ans.
Owen Murphy (2 septembre 1893 – 3 avril 1965) était lui originaire de Mount Clemens dans le Michigan. Il était un auteur-compositeur, réalisateur et écrivain américain actif dans les domaines de la radio, du cinéma et du théâtre. Titulaire d'un diplôme en droit de l'Université de Pittsburgh, il s'est rapidement tourné vers le monde du spectacle. Dans les années 1920 et 1930, il a composé la musique de plusieurs book-musicals à Broadway: The Mimic World (1921-26 représentations), Red Pepper (1922 - 24 représentations) et Rainbow Rose (1926 - 55 représentations). Après ces débuts modestes, il co-composa avec Ager Rain ort Shine (1928 - 356 représentations). Après, il composera encore Hold Your Horses (1933 - 88 représentations). La notion de "one-shot" s'applique très bien dans ce cas! Pionnier dans la réalisation de films industriels, il a fondé sa propre société de production. Il est décédé à Stone Harbor, New Jersey, à l'âge de 71 ans.
1928: «Rain or Shine» - 356 représentations (#27) Rain or Shine était doté d’un livret efficace concocté par James Gleason et Maurice Marks. Le spectacle offrait un cadre idéal pour laisser libre cours aux pitreries comiques de Joe Cook, la star du spectacle. La partition musicale, quant à elle, ne suscita pas beaucoup d'enthousiasme et ne donna naissance à aucun tube, mais Cook et ses facéties débridées suffirent à satisfaire le public pendant près d'une année complète.
Bien sûr, il y avait une intrigue, mais elle servait surtout de prétexte à une série d’interludes comiques pour Cook et ses complices Tom Howard et Dave Chasen. Cook dirigeait un cirque un peu délabré et, en gros, offrait au public une sorte de visite guidée humoristique du monde sous chapiteau, avec tous les types traditionnels du cirque: acrobates, danseuses exotiques, clowns, personnes de petite taille, trapézistes, funambules, écuyers, sœurs siamoises et hommes de piste, sans oublier un Monsieur Loyal, un dompteur de lions, une fille à trois jambes, une femme à barbe et une femme tatouée. À un certain moment, les membres du cirque se mettent en grève, et Cook devient alors tout le spectacle à lui tout seul (ce qu'il était déjà, en réalité). Il exécute alors acrobaties, équilibrisme sur fil, lancer de couteaux, tir à la carabine, jonglage de massues ainsi qu'un numéro où il marche sur de grosses sphères placées sur des plateformes inclinées.
Il y avait aussi une histoire d’amour entre l'artiste de cirque Mary Wheeler (Nancy Welford) et Jack Wayne (Warren Hull), un garçon riche qui travaille incognito comme homme de piste. Les librettistes firent preuve d'une audace étonnante: au lieu du cliché habituel du prince déguisé en pauvre, Jack n'était qu'un simple jeune homme fortuné se faisant passer pour un garçon modeste. Mais en réalité, personne ne se souciait vraiment des amoureux, qui servaient surtout à faire patienter le public en attendant que Cook revienne avec ses nouvelles extravagances. »