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Johan Straus (1825-1899)

Les audiences viennoises ont accueilli les œuvres d'Offenbach avec un tel enthousiasme que les compositeurs locaux ont bientôt été "contraints" d'écrire eux-mêmes des opéras bouffes. Franz Von Suppe a pris la tête de ce mouvement avec de grands succès comme Die Schone Galathee (1865), mais les opérettes viennoises les plus mémorables de cette période ont été composée par "le Roi de la Valse", Johan Strauss.

Strauss était le musicien le plus populaire de son époque, en créant des valses et polkas qui ont fait danser le monde entier, de Moscou à Boston. Il admirait profondément les opérettes d'Offenbach et n'a jamais caché son désir d'en écrire lui-même. Ses premiers essais donnèrent des œuvres d'une qualité "mitigée", principalement à cause de la faiblesse des livrets. C'est alors qu'un librettiste viennois a apporté à Strauss un texte basé sur une pièce des librettistes d'Offenbach: Meilhac et Halevy. Après quelques adaptions légères, pour la rendre plus drôle pour les gens de la capitale austro-hongroise, l'œuvre a été présentée à Vienne.

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Die Fledermaus () ("La Chauve-Souris" – 1874) est l'histoire d'un homme qui veut se venger, gentiment, d'un de ses amis qui l'avait saoulé et l'avait abandonné sur le bord d'une route dans un costume de chauve-souris. L'auteur de cette plaisanterie se retrouvera occupé à flirter avec sa propre femme lors d'un bal masqué où un jeu sur les identités a été mis en place.

En dépit d'une intrigue amusante et des succulentes mélodies de Strauss, Vienne est restée modestement enthousiaste au sujet de Die Fledermaus (). L'œuvre a en fait été un énorme succès à Berlin et a été produite dans les grandes villes théâtrales avec des degrés variables de succès. Mais ce n'est qu'au début du XXème siècle que le public en a fait une référence.

Strauss écrira encore par après une dizaine d'opérettes, mais Die Fledermaus () reste son œuvre théâtrale la plus populaire et celle qui le plus régulièrement se retrouve à l'affiche des opéras du monde. Carl Milloker (Der Bettlestudent / L'Étudiant-mendiant - 1882), Karl Zeller (Der Vogelhandler / L'oiselier - 1891) et d'autres compositeurs viennois ont continué à écrire des opérettes après Strauss, en créant bien souvent des mélodies luxuriantes et la satire sociale remplaçant les simples bouffonneries. Populaires à leur époque, ces opérettes mélodieuses seraient impossible à présenter aujourd'hui. Ce n'est qu'au début du XXème siècle que Vienne offrirait au monde un autre méga-succès avec Die Lustige Witwe (La Veuve Joyeuse - 1905).