2.A.4.c) Rodgers & Hart

Le duo Richard Rodgers et Lorenz Hart s'était formé en 1919, mais le succès a tardé à venir. Ils eurent de nombreuses années de galère (). Leur premier succès date de 1925 avec The Garrick Gaieties, une revue organisée par la Theatre Guild. C'était vraiment la dernière chance avant qu'ils ne soient contraints de changer de métier.

Au cours des cinq années suivantes, Rodgers et Hart ont créé 13 spectacles à Broadway, et 4 à Londres (en plus de 4 tranferts à Londres de spectacles créés à Broadway). Neuf de ces musicals furent écrits sur des livrets d’Herbert Fields (1897-1958), le fils de Lew qui avait accepté leur première chanson en 1919. Les livrets d’Herbert étaient très différents de ce que l’on pouvait voir dans les autres théâtres et offraient de nouvelles alternatives.

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Ligne du temps des créations de Rodgers et Hart à Broadway et Londres avant leur départ pour Hollywood
Les succès sont en vert, les mitigés en orange et les flops en rouge.

Si les débuts avaient été laborieux, très vite Rodgers et Hart sont devenus des stars de Broadway. En mai 1925, ils étaient inconnus et songeaient à tout arrêter et en mai 1926 ils avaient trois spectacles à l’affiche de Broadway (Dearest Enemy (), The Girl Friend () et The Garrick Gaieties (Deuxième édition) ()).

  1er déc. 1926: «Lido Lady» - Création londonienne - Succès  À l’hiver 1925-26, Cicely Courtneidge et Jack Hulbert, duo comique chéri du public londonien, viennent jouer leur revue By the Way à Broadway. Pendant leur séjour, Hulbert et son partenaire Paul Murray explorent les musicals new-yorkais dans l’idée d’en importer un à Londres. Ils rencontrent les jeunes Richard Rodgers et Lorenz Hart, mais les œuvres qu'ils leur proposent (Dearest Enemy, sur la Révolution américaine, et The Girl Friend, sur les courses cyclistes) ne semblent pas transposables au goût britannique.

Plutôt que d’adapter un musical existant, Hulbert propose à Rodgers et Hart d’écrire les chansons d’un spectacle déjà en préparation à Londres, Lido Lady, une comédie légère où un jeune maladroit tente de gagner le cœur d’une championne de tennis... malgré les exigences sportives du père de la demoiselle.

Séduits par le charme de Courtneidge et tentés par une percée à Londres, Rodgers et Hart acceptent, tout en étant un peu frustrés de ne pas pouvoir collaborer avec leur librettiste fétiche, Herbert Fields. Avant de s’installer à Londres, ils passent par Venise – cadre de l’intrigue de Lido Lady – pour s’en imprégner... et y croisent, au détour d’un soir, Noël Coward et un certain Cole Porter, encore inconnu. Gros coup de cœur musical.

À Londres, le prestige du Savoy Hotel ne compense pas le manque d’excitation artistique. Écrire des chansons pour un livret déjà ficelé, sans vraie alchimie créative, ne les emballe pas. D’autant que l’héroïne, censée être une jeune sportive, sera jouée par Phyllis Dare, une actrice déjà bien installée. Ils écrivent néanmoins quelques chansons, dont Lido Lady, You’re on the Lido Now, et recyclent Here in My Arms de Dearest Enemy (encore inconnu du public anglais).

Lassés, ils demandent à rentrer à New York dès leur travail achevé, ce que Hulbert accepte sans broncher. Ironie du sort: Lido Lady devient un joli succès au West End (261 représentations), ce qui surprend beaucoup le duo. Ils reviendront d’ailleurs voir le spectacle en février 1927. Il devront admettre que Lido Lady était bien un énorme succès public à Londres. Le public riait à gorge déployée aux facéties de Cicely Courtneidge et Jack Hulbert, et applaudissait chaque chanson avec enthousiasme. Pour Rodgers et Hart, c’était à la fois gratifiant… et profondément déprimant. Ils détestaient ce spectacle: livret naïf, blagues vieillottes, héroïne censée être jeune mais interprétée par une actrice… moins juvénile. Leur relation avec les producteurs Hulbert et Murray restait froide.

  20 mai 1927: «One Dam Thing after Another» - Création londonienne - Succès  Heureusement, la suite de leur séjour londonien fut plus festive. Cocktails mondains, rencontres avec la haute société (y compris un prince de Galles), et tentative — vaine — de convaincre Dorothy Dickson, grande star de la scène londonienne, de jouer dans leur prochain projet: Peggy-Ann.

Mais c’est alors qu’un appel inattendu change la donne: C.B. Cochran, grand manitou du théâtre londonien, leur propose d’écrire les chansons d’une nouvelle revue pour le London Pavilion. Flattés et libres de tout engagement à New York, ils acceptent.

Avant de se lancer, ils passent par Paris pour convaincre Russell Bennett, orchestrateur de génie (et élève de Nadia Boulanger à l’époque), de se joindre à eux. Puis retour à Londres, où ils découvrent avec stupeur que deux de leurs chansons de Betsy ont été reprises - on pourrait dire volées - dans un autre musical, Lady Luck, qui rencontre un franc succès. Leur noms sont quand-même mentionnés dans le programme, même s'ils sont mal orthograhiés.

Le projet Cochran, intitulé One Dam Thing After Another, démarre sous de bons auspices. Cochran est tout l’inverse de Ziegfeld: chaleureux, à l’écoute, et généreux en introductions dans le monde du théâtre londonien. Le logement est cette fois charmant, loin du «placard» au Savoy où les avait confinés Hulbert lors de la création de Lido Lady quelques mois plus tôt.

Et le casting est prometteur.

Le point d’orgue: un Gala Royal en présence du Prince de Galles, à la veille de la première. Rodgers et Hart pensent que cela assurera un triomphe... Mais Cochran les met en garde: les spectateurs londoniens passent plus de temps à observer la loge royale qu’à regarder la scène. Il a raison: la soirée est marquée par des rires décalés, des applaudissements timides, et une ambiance étrange. À l’issue de la représentation, Cochran lâche, pince-sans-rire:

«Eh bien, les garçons, en fait, je ne sais pas s’il faut essayer de faire jouer cette revue ou la fermer immédiatement et la remplacer par un film dans le théâtre.»

C.B. Cochran

 

C’était une solution courante à l’époque pour éviter la fermeture d’un théâtre. Après le spectacle, ce soir de Gala Royal, ils sont partis tous les trois dans le bureau de Cochran pour boire un verre et discuter du destin du spectacle. Bien sûr, Rodgers (24 ans) et Hart (31 ans) n’ont osé donner le moindre conseil concret à Cochran mais ce dernier a accepté de maintenir le spectacle à l’affiche pendant un certain temps. Et les critiques se sont avérées extrêmement encourageantes et ont aidé le spectacle à vivoter...

Peu après la première, Rodgers et Hart quittent Londres et rentrent à New York, prêts à tourner la page de cette parenthèse britannique.

Mais, un mois après des débuts tièdes, la revue One Dam Thing After Another connaît un retournement de situation improbable. En visite à Plymouth, le Prince de Galles - toujours le même - demande au chef d’orchestre Teddy Brown de jouer une chanson qu’il adore: My Heart Stood Still. Problème : ni Brown ni ses musiciens ne la connaissent. Qu’à cela ne tienne, le prince se met à la fredonner jusqu’à ce qu’ils puissent la reconstituer!

L’anecdote fait le tour de la presse, et le London Evening News s’en empare avec une une accrocheuse: «THE PRINCE 'DICTATES' A FOX-TROT». Et en sous-titre: «THE SONG THE PRINCE LIKED». Suivaient les paroles et la partition des premières mesures du morceau. Ce coup de projecteur royal déclenche une véritable frénésie: file d’attente au London Pavilion, partitions dévalisées, et disque en rupture de stock. Résultat: la revue connaît 237 représentations, et Jessie Matthews, qui interprète la chanson sur scène, devient une star du jour au lendemain.

Après ces deux créations londoniennes, la présence de Rodgers et Hart à Londres va se manifester par le transfert de 4 de leurs créations à Broadway.

  27 juil. '27: «Peggy-Ann» - Transfert de Broadway - Succès mitigé  En juillet 1927, une version de Peggy-Ann () a ouvert à Londres au Daly's Theatre. Les critiques furent respectueuses, mais pas beaucoup plus. Bien que Lew Fields se soit donné du mal pour rendre les références plus anglaises - A Little Birdie Told Me So a été réécrit par Desmond Carter, un ami parolier de Larry Hart pour devenir Country Mouse et l'histoire a été transférée dans une pension anglaise – mais le spectacle l’émission semblait inextricablement américain. Cette version anglaise de Peggy-Ann () est restée à l'affiche du Daly's Theatre pour 134 représentations. Ni un flop, ni un succès.Mais quoi qu'il en soit, on reste très loin des succès des trois spectacles précédents à Londres de Rodgers et Hart: Lido Lady, Lady Luck et One Dam Thing after Another.

  8 sept. '27: «The Girl Friend» - Transfert de Broadway - Gros succès  

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Couverture du programme de
«The Girl Friend»
Palace Theatre - London - 1927

Quelques semaines plus tard, au début de septembre 1927, l'opérette Princess Charming () d’Albert Sirmay quitte le Palace Theatre de Londres et laisse la place à The Girl Friend (). Comme les producteurs l’avaient averti, le spectacle était méconnaissable, car il comprenait maintenant des chansons de Con Conrad, avec des paroles d’Otto Harbach et Gus Kahn, dont certaines étaient tirées de Kitty's Kisses (), qui avait ouvert à Broadway quelques mois après The Girl Friend (). En dépit de ce méli-mélo, le spectacle a été un triomphe, restant à l'affiche plus de 400 représentations.

Cette version contenait 4 chansons de Rodgers et Hart: The Girl Friend et The Blue Room qui avaient été conservées de la version de Londres, Mountain Greenery et I'd Like To Take You Home provenant d'autres spectacles. En fait, le spectacle n'avait plus rien à voir avec l'original, si ce n'est le titre. Rodgers et Hart auraient pu le désavouer, où le revendiquer comme partiellement leur. Ils prirent cette seconde option.

Ce succès londonien, n'était pas vraiment le leur. Il faudra attendre jusqu'en décembre 1930 pour qu'ils retrouvent le succès à Londres. Et à Broadway, c'est encore pire: ils vont enchaîner 9 flops ou échecs. Ils rentrent dans une période de doutes...

  10 oct. '29: «A Connecticut Yankee» - Transfert de Broadway - Flop  La version londonienne de leur dernier succès à Broadway (333 représ.), A Connecticut Yankee - rebaptisée A Yankee at the Court of King Arthur - a été présentée au Daly's Theatre à partir du 10 octobre 1929. Malgré les attentes, cette production n'a duré que 43 représentations, une performance modeste comparée à son homologue new-yorkaise (421 représentations). Le casting londonien mettait en vedette Harry Fox dans le rôle de Martin, le Yankee, et Constance Carpenter reprenant le rôle d'Alice.

Pour tenter d'adapter le spectacle au public britannique, des chansons supplémentaires ont été intégrées, notamment des œuvres de Desmond Carter, Vivian Ellis, H. M. Tennent, et Percy Greenbank. Une nouvelle chanson de Rodgers et Hart, "A Ladies' Home Companion", a également été ajoutée en ouverture. Après sa fermeture prématurée à Londres, le spectacle a entrepris une tournée dans les provinces britanniques au printemps 1930, mais sans parvenir à égaler le succès de la version originale.

  1 mai '30: «Heads Up!» - Transfert de Broadway - Flop  La tentative suivante de notre duo à Londres va concerner le transfert de Heads Up! qui avait été une déception à Broadway avec 144 représentations. La première a eu lieu le 1ᵉʳ mai 1930 au Palace Theatre. Malheureusement, cette production londonienne n'a pas rencontré le succès escompté. En fait, cela a été un terrible flop, se jouant du 1er au 17 mai 1930 soit 20 représentations!!! Les critiques et le public sont restés insensibles face aux sages personnages cinglés et cyniques. En outre, le public londonien ne s’intéressait pas à l’histoire de la prohibition. Le sentiment général était: «Trop américain».

  3 déc. '30: «Heads Up!» - Création londonienne - Succès  En décembre 1929, à peine Heads Up! lancé à Broadway, Rodgers et Hart reçoivent une proposition de leur ancien complice C.B. Cochran. Le producteur londonien, de passage à New York pour Bitter Sweet de Noël Coward, cherche un projet original à monter à Londres. Rodgers et Hart lui proposent une idée audacieuse: une jeune actrice se fait passer pour une sexagénaire éternellement jeune grâce à la cosmétique moderne — une supercherie destinée à faire parler d’elle. Des complications surviennent lorsque le jeune homme qu’elle aime rechigne à l’idée d’épouser une femme plus de deux fois son âge. Titre du projet: Ever Green.

Cochran adore. La star pressentie? Jessie Matthews, révélée dans One Dam Thing After Another. Son partenaire? Sonnie Hale. Petit hic: ils étaient tous deux mariés, mais eurent une relation amoureuse. Elle éclata au grand jour en 1929 et ils furent tous deux traînés dans la boue. Ils divorcèrent tous deux avant de se marier… Face à tout ce tumulte, Cochran panique. Faut-il les remplacer? Impossible: les contrats sont signés. Il décide donc de reporter le spectacle à l’hiver 1930-31, pour laisser passer la tempête médiatique, et délocalise les premières répétitions à Glasgow, loin des tabloïds.

Entre-temps, Rodgers épouse Dorothy, part en lune de miel en Italie et rejoint Hart à Londres. L'écriture du livret est confié à Benn Levy, avec qui Hart discute à Berlin. Deux anciennes chansons - coupées lors des try-outs américains d'autres spectacles - sont recyclées, le reste est neuf.

En attendant Ever Green, Rodgers et Hart repartent aux États-Unis où ils signent avec Warner Bros pour trois films. Peu avant leur départ, Dorothy découvre qu’elle est enceinte: la future Mary Rodgers est en route.

De retour à Londres, les répétitions de Ever Green débutent dans le chaos. Dès leur arrivée, Hart avait mis en garde Cochran: les très nombreux changements de décor allaient casser le rythme du spectacle. Selon lui, une seule chose pouvait sauver la chose: un plateau tournant. Le producteur a immédiatement commandé un mécanisme géant en Allemagne, stipulant qu’il devait être à Glasgow en octobre, deux semaines avant le début des Try-Out. Mais le plateau tournant n’arrivera pas à temps. Hart bricole des dialogues pour meubler les changements de décors. Les comédiens répètent dans le froid, dormant sur place, Cochran tombe malade. Le fameux plateau arrive... trois jours avant la première. Soulagement: tout est monté, les répliques superflues supprimées.

Le décor est somptueux: l’Albert Hall, une foire parisienne, une fête espagnole… mais c’est “Dancing on the Ceiling”, chantée par Jessie Matthews sur le plateau tournant (le premier utilisé au Royaume-Uni !), qui fait un triomphe. Ironie : cette chanson avait été coupée de Simple Simon par Ziegfeld.

Le 3 décembre 1930, Ever Green inaugure l’Adelphi Theatre, tout juste rénové en style Art déco. C’est un succès éclatant qui dure plus de six mois. Jessie Matthews devient la reine des musicals britanniques et entame une brillante carrière au cinéma. Pour Rodgers et Hart, c’est leur premier vrai succès depuis A Connecticut Yankee (1927) — mais cette fois, c’est à Londres que la magie opère.

2.A.4.d) Oscar Hammerstein II

Un autre grand auteur américain - et futur partenaire de Richard Rodgers - marque aussi la vie théâtrale des années '20 à Londres: Oscar Hammerstein II. Mais, à la différence de Richard Rodgers, il n'y aura aucune création londonienne mais uniquement des imports des États-Unis. Mais vu l'importance des œuvres et leur succès lors des séries à Londres, il faut souligner l'importance d'Hammerstein dans les années '20 à Londres.

  • Rose-Marie: 851 représentations (un triomphe donc) au Drury Lane du 20 mars 1925 au 26 mars 1927! Oscar Hammerstein a co-écrit le livret et les paroles avec Otto Harbach; la musique est de Rudolf Friml et Herbert Stothart. Le musical fait mieux qu'à Broadway où il avait tenu l'affiche 557 représentations. Il est le musical ayant eu la plus longue série à Londres dans les années '20.
  • Wildflower: 115 représentations à partir du 17 février 1926 au Shaftesbury Theatre (transféré ensuite à l'Adelphi Theatre puis au His Majesty's Theatre). Ici encore, Oscar Hammerstein a co-écrit le livret et les paroles avec Otto Harbach; la musique est de Herbert Stothart. mais avec Vincent Youmans cette fois.
  • Sunny: 364 représentations à partir du 7 octobre 1926 au London Hippodrome. Encore le duo Hammerstein/Harbach pour créer les paroles et le livret. Et cette fois, rien de moins que Jerome Kern à la musique.
  • The Desert Song: 432 représentations au Drury Lane du 7 avril 1927 au 14 avril 1928. Le duo Hammerstein/Harbach pour créer les paroles et le livret s'élargit à Frank Menkel. La musique est de Sigmund Romberg.
  • Show Boat: 350 représentations au Drury Lane du 3 mai 1928 au 2 mars 1929. Cette fois Oscar Hammerstein est seul à l'écriture du livret et des Paroles. La musique est de Jerome Kern.
  • The New Moon: 148 représentations au Drury Lane du 4 avril au 10 août 1929. Frank Menkel, Laurence Schwab et Oscar Hammerstein signent le livret et les paroles. La musique est de Sigmund Romberg.
  • Rose-Marie: 100 représentations pour ce revival au Drury Lane du 12 septembre au 1er décembre 1929

Impressionnant, non? Notons aussi que du 20 mars 1925 au 1er décembre 1929 se joueront d'affilée Rose-Marie, The Desert Song, Show Boat, The New Moon et encore Rose-Marie. Pendant 4 ans et demi, et 1.881 reprsentations, les anglais vont faire connaissance avec Oscar Hammerstein II. Il fera mieux dans les années '40 et '50, toujours au Drury Lane, avec une série débutant avec Oklahoma!.

2.A.4.e) Cole Porter

Cole Porter a participé à la création de deux musicals anglais dans les années '20...

  18 sept. 1920: «A Night Out» - Création londonienne - 310 représ.  "A Night Out" est un musical qui a illuminé la scène londonienne au début des années 1920. Adaptée de la farce française "L'Hôtel du libre échange" de Georges Feydeau et Maurice Desvallières, elle a été mise en musique par Willie Redstone, avec des paroles de Clifford Grey, deux artistes anglais. Mais, fait intéressant, le tout jeune Cole Porter a également contribué à certaines compositions additionnelles, marquant ainsi l'une de ses premières incursions professionnelles dans le monde du théâtre musical. La première de "A Night Out" a eu lieu le 18 septembre 1920 au Winter Garden Theatre de Londres, où elle a connu un succès notable avec 309 représentations jusqu'au 18 juin 1921.

  27 mars 1929: «Wake Up and Dream» - Création londonienne - 262 représ.  Son implication va être beaucoup plus importante à la fin de la décennie. "Wake Up and Dream" est une revue musicale en deux actes, avec une musique et des paroles de Cole Porter, et un livret de John Hastings Turner. Les Try-Out ont débuté le 5 mars 1929 au Palace Theatre de Manchester, en Angleterre. Le spectacle a ensuite été créé le 27 mars 1929 au London Pavilion et a été joué 263 fois. Le spectacle était une revue avec 24 décors, 500 costumes, une grande distribution internationale.

Après son succès à Londres, "Wake Up and Dream" a été transféré à Broadway, ouvrant au Selwyn Theatre le 30 décembre 1929. Cependant, la production new-yorkaise n'a pas rencontré le même succès, en partie à cause du krach boursier de 1929, et s'est terminée après 136 représentations le 26 avril 1930.


CETTE LISTE N'EST ÉVIDEMMENT PAS EXHAUSTIVE...

2.A.5) Mais Londres reste Londres

Il ne faudrait pas pour autant croire que les Américains et les Européens avaient totalement conquis le West End de Londres — bien au contraire. Plusieurs spectacles étaient indiscutablement de souche britannique, de « purs-sangs » anglais, en particulier ceux signés Noël Coward, Ivor Novello et Vivian Ellis, dont les carrières — longues et particulièrement influentes — sont étudiées plus loin dans ce chapitre...

Parmi les noms britanniques moins connus de l’époque figure Jack Strachey (1894–1972), dont la première collaboration avec Rodgers et Hart (Lady Luck) fut suivie de nombreuses musiques théâtrales de qualité. Pourtant, il est surtout resté dans les mémoires pour sa mélodie In Party Mood, qui servit d’indicatif à la très populaire émission radiophonique Housewives’ Choice sur la BBC.

Né en Russie mais parfaitement intégré dans le paysage musical anglais, Herman Darewski (1883–1947) fut à la fois compositeur, éditeur et chef d’orchestre. Il signa les partitions de dizaines de revues londoniennes, dont Just Fancy, Oh Julie!, Dover Street to Dixie et Saucy Sue. Un autre Londonien à nom d’allure étrangère, Herman Finck (1872–1939), composa lui aussi plusieurs spectacles et revues, parmi lesquelles Brighter London, Leap Year, Better Days et Merely Molly.

Deux autres compositeurs et impresarios nés à Londres, Jack Waller (1885–1957) et Joseph Tunbridge (1886–1961), connurent de nombreuses collaborations fructueuses (Turned Up, Virginia, Dear Love), cette dernière en partenariat avec le compositeur de musique légère Haydn Wood (1882–1959), originaire du Yorkshire.

Alfred Reynolds (1884–1969), autre figure importante du théâtre, dirigea musicalement le Lyric Theatre de Hammersmith, où il signa la musique de The Duenna et remit en lumière plusieurs autres œuvres.

Le discret Harold Fraser-Simson (1878–1944) connut un immense succès avec The Maid of the Mountains (1916), suivi de Head Over Heels, Our Nell, The Street Singer et Betty in Mayfair. Pendant ce temps, Philip Braham (1882–1934), directeur musical aux studios de Wembley à l’époque du cinéma parlant, signait les partitions de Jumble Sale, Battling Butler, Boodle, On With the Dance et Up With the Lark.

Une production typiquement anglaise fut The Co-optimists, série de revues initiée par l’humoriste monoclé Davy Burnaby (1881–1949). Pas moins de neuf spectacles différents furent montés entre 1921 et 1935, la plupart sur des musiques composées et interprétées par Melville Gideon (1884–1933). D’autres grandes figures participèrent à l’aventure, comme Stanley Holloway, Laddie Cliff et Elsie Randolph. Une autre revue à succès, reprise dans les années trente, fut Blackbirds, produite par le roi des impresarios d’avant-guerre : C.B. Cochran (que l’on retrouvera plus loin).