B) Bob Fosse
Les chorégraphies de Bob Fosse attirent l'attention lors de la reprise de Pal Joey à Broadway en 1952 et dans des films de la MGM tels que Kiss Me Kate (1953). Sa première chorégraphie à Broadway est The Pajama Game (1954 – 1’063 représentations).
Fosse s’appuie sur ce que les chorégraphes Jerome Robbins et Agnes DeMille ont commencé, c’est-à-dire utiliser la danse pour faire avancer l’histoire et adapter la chorégraphie aux différents personnages, tout en ajoutant son esthétique si particulière et une dose généreuse de sex-appeal. Il trouve la danseuse parfaite pour son style en Gwen Verdon, une danseuse et actrice douée qui allie vulnérabilité et sensualité épurée. Il finira d’ailleurs par l’épouser. Elle remporte un Tony pour Damn Yankees puis un autre pour New Girl in Town en 1957, mais le Whorehouse Ballet de Fosse est si audacieux (pour l’époque) que le réalisateur George Abbott s'en débarrasse lors des avant-premières. Fosse, furieux, décide d'être directeur-chorégraphe sur tous ses projets futurs, que ce soit sur scène (How to Succeed in Business Without Really Trying, Sweet Charity, Pippin, Chicago) ou à l’écran (Cabaret, All that Jazz). Avoir des musicals mis en scène et chorégraphiés par la même personne permet de lier encore plus intimement la danse et le jeu : Jerome Robbins le démontrera dans West Side Story.
En 1959, Verdon explique à un intervieweur du New York Times la contribution particulière qu'un metteur en scène-chorégraphe peut apporter à un musical:
"Quand un chorégraphe comme Bob Fosse est également metteur en scène, il peut vous donner beaucoup de choses à faire, comme un mouvement qui suggérera une sensation, même lorsque vous jouez une scène. Un chorégraphe n'a jamais peur de vous déplacer, alors que la plupart des réalisateurs ont pour objectif de vous garder là où vous serez entendue. Vous avez plus de liberté. Les chorégraphes ont un plus grand sens du visuel, de la composition d'une scène, de l'aspect d'une scène. Vous n'avez pas à dépendre des mots tout le temps."