B) Un nouvel ordre mondial
B.1) Bipolarisation du monde
L’Europe est exsangue, en ruine et désorganisée économiquement. La guerre en a accentué le déclin amorcé au début du XXème siècle. La Grande-Bretagne est très affaiblie financièrement. La France, après la défaite de 1940 et la collaboration, a du mal à retrouver son rang de grande puissance. Enfin, les puissances coloniales européennes ont montré leurs faiblesses, ce qui renforce les mouvements d'indépendance et, hélas, les guerres qui en découlent.
Les États-Unis sortent du conflit renforcés, surtout sur le plan économique. La production industrielle a globalement doublé entre 1939 et 1945. En 1945, ils détiennent deux tiers du stock d'or mondial. Ils cherchent à imposer le libre-échange. De plus, ils ont jusqu'en 1949 le monopole de l'arme atomique (développée entre autre grâces aux savants allemands émigrés et à l’uranium extrait des mines du Congo belge). Enfin, leur prestige en Europe occidentale est considérable : ils sont les sauveurs de la démocratie.
À partir de 1947, le monde connaît une division en deux blocs, dominés par les États-Unis d'une part et l'URSS d'autre part. C’est l’opposition violente et radicale entre deux visions économiques, politiques et idéologiques. Les premiers soutiennent leurs alliés européens militairement, avec la création en 1950 de l'OTAN, et financièrement, avec le plan Marshall. Le bloc soviétique s'organise lui aussi. L'URSS favorise, par la contrainte, l'arrivée au pouvoir des partis communistes. Le pacte de Varsovie (1955-1991) unit militairement l'URSS et les ‘‘démocraties’’ populaires.
Sur le plan économique, le bloc de l'Ouest est marqué par l'économie de marché. Dans le cadre du bloc de l'Est, le Comecon (ou Conseil d'aide économique mutuelle) est mis en place dès 1949. Il organise les échanges entre les pays du bloc de l'Est, au profit de l'URSS.
B.2) La guerre froide
Le 12 mars 1947, le président américain Truman énonce la doctrine de « l'endiguement » du communisme, à laquelle Andreï Jdanov, le secrétaire général du Kominform (organisation centralisée du mouvement communiste international) répond par une doctrine de lutte contre l'impérialisme américain. C'est le début de la guerre froide. En Europe, le « rideau de fer » marque matériellement cette rupture entre deux mondes.
Les deux blocs s'engagent dans une course aux armements, dont la bombe atomique. Les « supergrands » s'affrontent de manière indirecte dans des conflits dits périphériques comme en Corée, de 1950 à 1953.
Cependant, des remises en cause existent au sein de chacun des blocs (en 1956 par exemple, à Budapest) mais les chars du pacte de Varsovie écrasent des révolutions libérales.
B.3) Indépendances et décolonisation
L'obtention de l'indépendance par les pays anciennement dominés par les puissances européennes, de 1947 à 1975, bouleverse l'ordre international.
Le 15 août 1947, l'Inde, colonie britannique, accède à l'indépendance. Elle est partagée entre la République de l’Inde (état laïc à majorité hindoue, dirigé par Nehru) et le Pakistan (à majorité musulmane). Au Moyen-Orient, la Grande-Bretagne se retire de Palestine. Les colonies britanniques d'Afrique ainsi que le Congo belge accèdent à l'indépendance de 1957 à 1963. L'indépendance de certaines colonies françaises fait aussi l'objet de négociations : le Maroc et la Tunisie en 1956, puis les colonies d'Afrique subsaharienne de 1958 à 1960.
L'indépendance d'autres territoires provoque de lourds conflits de décolonisation. De 1946 à 1954, la guerre d'Indochine oppose la France aux indépendantistes communistes au Vietnam. Puis la guerre d'Algérie oppose, de 1954 à 1962, la France aux nationalistes algériens.
B.4) L'émergence du tiers-monde
Les pays nouvellement indépendants s'organisent pour trouver leur place dans l'ordre international. En 1952, le Français Alfred Sauvy invente le terme de « tiers-monde » pour les qualifier. De nouvelles figures de dirigeants apparaissent, luttant contre le colonialisme et l'impérialisme comme le président Nasser en Égypte qui nationalise en 1956 le canal de Suez et favorise l'idée du panarabisme. Nehru (en Inde) et Soekarno (en Indonésie) souhaitent un développement autocentré et indépendant des modèles capitalistes et communistes. En Chine, Mao Zedong propose une voie communiste originale et adaptée au tiers-monde, basée sur la classe paysanne (et non ouvrière), fondée sur la création de communes populaires et l'embrigadement de la population (une des conséquences en sera une famine à laquelle 30 à 50 millions de personnes succomberont entre 1955 et 1962). En avril 1955, ces dirigeants et les chefs d'État de vingt-neuf pays se réunissent à la conférence de Bandung (en Indonésie), où ils déclarent ne pas souhaiter intégrer les deux blocs qui se font face, menés par les États-Unis et l'URSS, mais choisissent plutôt le non-alignement.