B) Gangs et ethnicité
Dans les années '50, les préjugés contre les Noirs et les Portoricains sont beaucoup plus nus, bruts et socialement acceptables qu'ils ne le sont aujourd'hui. Ils ne se limitent guère au groupe que le lieutenant Schrank décrit, dans le remake de West Side Story, comme «les fils des Blancs qui n’ont pas réussi.»
Les champs de bataille ethniques n'existent pas dans les quartiers, comme le montrent toutes les versions de West Side Story (), avec des Jets et des Sharks entassés dans le même territoire qui se rétrécit et partageant le drugstore de Doc. Au contraire, les champs de bataille se situent entre les quartiers, dans ce que Schneider appelle les «zones frontalières». Les Blancs ont défendu leur territoire, les Afro-Américains ont défendu le leur et les Portoricains de même. Les drugstores sont en fait assez importantes pour les gangs en tant que lieux de rencontre et refuges contre les flics. Mais ils sont détenus par un gang ou un autre, jamais par deux, car le territoire neutre n'existe pas. Si un territoire s'agrandit, les habitants sont absorbés par le gang. Le résultat en est que des gangs blancs comportent des membres noirs ou portoricains, ou vice versa. L'identité ethnique compte, mais le territoire compte davantage, et il est considéré comme la propriété commune de tous ceux qui y vivent.