0.
Introduction

 1.1.
Climat social
de l'après-guerre

 1.2.1
Définitions

 1.2.2.B
Migration USA:
Recensement

 1.3.
Les gangs
à New York

 2.
Un mythe:
Romeo & Juliet

A) Historique

La migration est aussi ancienne que la race humaine. La carte ci-dessous schématise les migrations originaires du berceau africain et qui ont permis à l’être humain de se répandre sur (presque) toute la surface du globe.

Les USA sont un pays fondé par des colons, au dépend des populations autochtones, décimées par les guerres et les maladies introduites par ces mêmes colons. Majoritairement Anglais, une partie en est cependant d’origine française (des Huguenots chassés par la révocation de l’édit de Nantes), espagnole ou néerlandaise. Aujourd’hui encore, les immigrés (nés à l’étranger) représentent 13% de la population (45 millions sur 325 millions d’habitants).

La Couronne britannique encourage la fondation de colonies dans ses nouvelles terres. La première est fondée en 1607 (Virginie actuelle) et nommée Jamestown. Les pèlerins du Mayflower qui fuient les persécutions religieuses en Angleterre puis en Hollande y arrivent en 1620.

Pour faire venir de la main d’œuvre dans cette nouvelle terre occupée par les Amérindiens, le royaume incite les plus pauvres à émigrer grâce au système des indurented servants : le gouvernement leur promet une terre en échange de son exploitation gratuite pendant 4 à 7 ans. Les propriétaires paient souvent les frais de la traversée pour les Etats-Unis en échange d’un tel contrat. Les indurented servants représentent 60% des immigrants entre 1600 et 1776.

Très vite il y a 13 colonies. Elles sont unifiées en 1775 et deviennent indépendantes en 1776.

La quasi-extermination des tribus indiennes autochtones provoque, dès le milieu du 17e siècle, l'importation d'esclaves venus d'Afrique, notamment dans les régions du sud atlantique, pour les besoins d'une économie de plantation fondée sur le tabac, le coton et le riz.

Les esclaves noirs représentent 5% de la population en 1650. On compte 700’000 esclaves (sur 4 millions d'habitants) au recensement de 1790, 2,3 millions en 1830 (sur 12,9 millions), soit 18% de la population (plus de 50% dans certains États, comme la Caroline du Sud).

Ils sont mal accueillis par les indurented servants qui les considèrent comme de la concurrence déloyale, ainsi que par certains puritains (les Quakers par exemple qui, pour des raisons idéologiques, s’opposent à l’esclavage).

Bien que la traite soit interdite depuis 1808, c'est la guerre de Sécession qui met fin à l'esclavage avec la promulgation par Abraham Lincoln du XIIIème amendement en 1865. Au total, plus d'un demi-million d'esclaves ont été importés aux États-Unis, et 4 millions seront affranchis au lendemain de la guerre (le slave breeding ayant permis de reproduire la main-d'œuvre servile).

Au 19e siècle le développement de la navigation à vapeur facilite les traversées transatlantiques et donc l’émigration vers les Etats-Unis. Les flux d'origine européenne constituent entre 85% et 90% des entrées, venus principalement d'Irlande (après les famines provoquées par la crise de la pomme de terre de 1845 à 1852), de Grande Bretagne, d'Allemagne (suite aux révolutions de 1848), de Scandinavie, puis d'Europe centrale (Pologne, Russie), d'où émigrent de très nombreux Juifs persécutés, et de régions très pauvres de l'Europe du sud (péninsule italienne, Grèce). La ruée vers l’or en Californie attirent des dizaines de milliers d’immigrants. Le pays accueille 26 millions d'immigrants entre 1871 et 1920, le pic étant atteint en 1907 (1,3 millions d'entrées). La part de la population des USA née à l'étranger augmente de 10% à près de 15% entre 1850 et 1910.

Au 20e siècle, suite à ces afflux massifs d’étrangers et aux troubles sociaux qu’ils provoquent, le gouvernement américain entreprend de contrôler l’immigration (contrôles médicaux, tests d’alphabétisation). Les services d’immigration s’installent à Ellis Island dès 1892. Cet endroit à quelques pas de la Statue de la Liberté symbolise la massification de ces flux mus par la misère et les crises européennes, dans l'espoir d'un monde meilleur (the american dream : n’importe qui vivant aux USA peut devenir riche par son travail, sa détermination et son courage). Jusqu’à sa fermeture en 1954, 12 millions de demandes y sont traitées, dont 8 millions sont acceptées. Les principales causes de refus sont un passé criminel, des raisons de santé ou la perspective de chômage.

L’immigration fait peur, le gouvernement instaure donc des quotas en 1924. Le nombre d’Européens admis se réduit à 2% de ce qu’il était en 1890. Les Asiatiques sont interdits : ce mouvement de restriction avait été amorcé dès 1882 par le Chinese exclusion Act, et poursuivi en 1907 par les mesures contre l'immigration japonaise. Seuls les Latinos et les Canadiens ne sont pas limités. Ces quotas ne seront supprimés qu’en 1965 par le président Johnson, dans la mouvance du Civil Rights Act mettant fin à toutes formes de ségrégation, de discriminations reposant sur la race, la couleur, la religion, le sexe ou l’origine nationale.

En 1942, alors que le conflit mondial accroît les tensions sur le marché du travail, le lancement du programme Bracero (qui perdure jusqu'en 1964) organise une migration saisonnière de travailleurs mexicains principalement employés dans l'agriculture. Ces lois assurent la circularité des flux pour satisfaire les besoins de l'économie, tout en évitant les sédentarisations sur le territoire américain.

En 1952 , l’Immigration and Nationality Act of 1952 (the McCarran-Walter Act) conserve le système des quotas, supprime l’exclusion pour les Asiatiques et introduit un système basé sur les compétences et le regroupement familial. Il est intéressant de voir que le débat est plus idéologique qu’économique, le marché du travail étant relativement sain à cette époque et la guerre froide dominant les conversations. Les partisans du projet y voient un système de lutte contre l’infiltration communiste. Ses adversaires craignent que favoriser certains groupes d'immigrants créent un sentiment anti-américain dans des régions du monde moins favorisées par cette loi.