B) Origines des gangs
Les gangs apparaissent à New York dans le contexte d'une économie en pleine mutation et qui offre de moins en moins de possibilités aux jeunes de subvenir à leurs besoins grâce à un travail non qualifié ou semi-qualifié. Quatre facteurs socio-économiques clés se combinent pour désavantager la classe ouvrière.
- Le premier est le rétrécissement du secteur manufacturier de la ville, qui aurait pu absorber les jeunes de la ville dans ces années-là. Le marché de l’emploi étant basé sur la race et l'ethnie, la perte d'emplois touche plus durement les jeunes afro-américains et portoricains.
- Le deuxième facteur est la migration massive d’Afro-américains et de Portoricains à New York. Ce facteur est important en raison de la jeunesse de ces migrants. La surpopulation dans les quartiers pauvres de la ville et les ressources limitées en matière de loisirs, associées à la pauvreté des perspectives d'emploi pour les jeunes contribuent au développement des gangs. Les adolescents se battent pour garder le contrôle des centres de loisirs et pour défendre leur quartier qu'ils perçoivent comme menacés par les nouveaux arrivants.
- Le troisième facteur est la rénovation urbaine, qui permet la construction de nouvelles autoroutes, de logements sociaux et de projets de réaménagement, mais qui aggrave les conditions des pauvres et réécrit les frontières ethniques pour créer des tensions entre les jeunes dans les zones de ségrégation raciale.
- Pour finir, la banlieue attire la classe moyenne hors de la ville (white flight, la fuite des Blancs) laissant derrière elle des problèmes de logement qui ne sont pas assez importants pour les décideurs et les politiciens.
Tous ces facteurs engendrent un sentiment d’enfermement dans les différentes communautés «de couleur», les unes par rapport aux autres ainsi que par rapport aux communautés irlandaises, italiennes ou juives préexistantes. Les Afro-Américains vivant à Harlem Ouest, par exemple, ont Central Park au sud, Harlem italien et «espagnol» à l'est, Washington Heights (à prédominance irlandaise) au nord et Manhattanville (où vivent les Portoricains) à l'ouest. Cette mentalité de siège, associée au manque d'emplois ouvriers, à des conditions de vie exiguës et à un racisme généralisé, laisse de nombreux adolescents vulnérables, frustrés et en colère.