0.
Introduction

 1.3.
Les gangs
à New York

 1.4.1.
Les quartiers
de New York

 1.4.3.
San Juan Hill


 2.
Un mythe:
Romeo & Juliet

A) Ruralité

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L'Upper West Side à Manhattan

L'Upper West Side est un quartier de l'arrondissement de Manhattan à New York. Il est délimité par Central Park à l'est, la rivière Hudson à l'ouest, la 59ème rue ouest au sud et la 110ème rue ouest au nord. L'Upper West Side est adjacent aux quartiers de Hell's Kitchen au sud, de Columbus Circle au sud-est et de Morningside Heights au nord.

Au XVIIIème et au début du XIXème siècle, le quartier qui allait devenir l'Upper West Side contient certaines des maisons coloniales les plus ambitieuses de New York, espacées le long de Bloomingdale Road, la large avenue qui aujourd’hui s’appelle Broadway.

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The Apthorpe Mansion, l’une des plus belles maisons pré-révolutionnaire sur Bloomingdale Road.

B) «Seneca Village» et impact de la transformation de «Central Park»

Dans la première moitié du XIXème siècle, on construit des villas de plus en plus petites. Et petit à petit, au milieu du siècle, certaines parties deviennent d’un standing nettement inférieur. On y retrouve, entre autres, le «Seneca Village», composé principalement de propriétaires terriens afro-américains situé dans ce qui allait devenir l'actuel Central Park. En 1855, environ 225 personnes vivaient dans le village de Seneca. En moyenne, les résidents y vivaient depuis 22 ans.

Dans les années 1840, les membres de la classe supérieure de la ville appelaient publiquement à la construction d'un nouveau grand parc à Manhattan. Deux des principaux promoteurs étaient William Cullen Bryant, rédacteur en chef du New York Evening Post, et Andrew Jackson Downing, l'un des premiers paysagistes américains. Le Comité Spécial sur les Parcs a été formé pour sonder les sites possibles pour le grand parc proposé. L'un des premiers sites envisagés était Jones's Wood, une parcelle de terrain de 65 hectares dans l'Upper East Side. [La zone était occupée par plusieurs familles riches qui se sont opposé à la saisie de leurs terres. Le projet fut abandonné.

Le deuxième site proposé pour un grand parc public était une zone de 300 hectares appelée «Central Park», délimitée par les 59ème et 106ème rues entre la 5ème et la 8ème avenue. Une loi a été votée pour entériner le projet en juillet 1853.

La création de Central Park dans les années 1850 et 1860 pousse de nombreux «squatters» à déplacer leurs cabanes dans l'Upper West Side, dont bien sûr les habitants du Seneca Village. Déjà dans les années précédant l'acquisition de Central Park par la ville de New York pour en faire un «parc bourgeois», la communauté de Seneca Village était désignée en termes péjoratifs, allant jusqu'aux insultes raciales. Les défenseurs de la transformation du parc, relayés par de nombreux médias, ont commencé à décrire le Seneca Village et d'autres communautés de cette région comme des «bidonvilles» et les résidents là-bas comme des «squatters» et des «vagabonds et scélérats»; les résidents irlandais et noirs étaient souvent décrits comme «misérables» et «dégradés».

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Une maison du Seneca Village

Les habitants du Seneca Village ont également été accusés de vol de nourriture et d'exploitation de bars illégaux. Et bien sûr, les détracteurs du village comprenaient Egbert Ludovicus Viele, le premier ingénieur du parc, qui a rédigé un rapport sur le «refuge de cinq mille squatters» vivant sur le futur site de Central Park, critiquant les habitants comme des personnes ayant «très peu de connaissance de la langue anglaise, et avec très peu de respect pour la loi». Tandis qu'une minorité des résidents de Seneca Village étaient propriétaires fonciers, la plupart des résidents avaient des accords formels ou informels avec les propriétaires; seuls quelques résidents étaient de véritables squatters sans l'autorisation d'aucun propriétaire.

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All Angels' Church en 1887, après le déplacement physique du bâtiment de l'église.

Tous les habitants du village ont été expulsés en 1857 et toutes les propriétés de Central Park ont été rasées. La seule institution du Seneca Village à survivre était l'Eglise All Angels, qui a déménagé à quelques pâtés de maisons, bien qu'avec une congrégation entièrement nouvelle à l'exception d'une personne!

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Upper West Side Story
d'Edward Snowden

Ailleurs dans Central Park, l'impact de l'expulsion a été moins intense. Certains résidents, comme le propriétaire de la fonderie Edward Snowden, ont simple­ment déménagé ailleurs. Les squatters et les éleveurs de porcs ont été les plus touchés par la construction de Central Park, car ils n'ont jamais été indemnisés pour leurs expulsions.

Le Seneca Village a été en grande partie oublié pendant plus d'un siècle après sa démolition. Il a attiré l'attention de Peter Salwen à la fin des années 1970, qui en analysant les plans du Senaca Village a noté son architecture impressionnante qui démentait sa réputation négative, et il l'a inclus dans son Upper West Side Story de 1989.

C) Evolution de l'Upper West Side

Suite à la transformation de Central Park, certaines parties de l'Upper West Side deviennent une collection hétéroclite de logements de squatters, de pensions et de tavernes bruyantes.

C.1) Transports en commun: EL (Elevated Lines) puis métros

Les chemins de fer à New York

Le premier chemin de fer date de 1832, d'abord tiré par des chevaux, puis avec des locomotives à vapeur. Après l'explosion de plusieurs locomotives dans les rues de New York, en 1850, la ville interdit l'utilisation de les locomotives au sud de la 14e rue, en 1859, ont déplacé la restriction jusqu'à la 26e rue, plus tard à la 42e rue.
En 1864, Hugh B Wilson, a proposé la construction d'un métro, mais l'ingénieur en chef de l'aqueduc de Croton, Alfred Craven, s'y est opposé en raison d'une interférence possible avec le système d'approvisionnement en eau de Croton.
Le sénateur Samuel Ruggles a présenté un projet de loi en 1866 pour autoriser des chemins de fer surélevés.
Un seul a été réalisé - en 1867 par Charles T. Harvey. Les autorités New Yorkaise ont trouvé le projet ridicule et n'ont pas pris le temps de l'interdire. Il s'est pourtant concrétisé. Initialement, les ELs ont été construits au-dessus des trottoirs, mais cette approche a ensuite été abandonnée, et ont été construits au-dessus des rues. En 1875, le Husted Act - parfois appelé Rapid Transit Act - autorisait le maire à nommer une commission de transport rapide qui pour créer les routes surélevées sur les 2ème, 3ème, 6ème en plus de celle de la 9ème avenues. Le réseau n'a cessé de s'tendre et très vite la Manhattan Railway Company a transporté 46 millions de passagers (NY comptant 1,2 millions d'habitants).
A la fin des années 1880, New York envisageait un métro. Même si Londres avait déjà son métro depuis 1863, New York était réticent aux locomotives à vapeur qui crachaient de la fumée dans les tunnels du métro. Mëme si un allemand, Werner von Siemans, avait développé la première voiture de chemin de fer électrique en 1870, elle n'avait pas assez de puissance pour tirer des voitures avec des passagers. Frank J. Sprague a imaginé la solution, encore utilisée aujourd'hui: avoir des moteurs dans chacun des wagons. La première ligne de métro souterraine de la ville de New York ne fut ainsi inaugurée que le 27 octobre 1904. Les EL sont à la même époque passé de la vapeur à l'électricité. L'électricité a aussi facilité l'éclairage des gares, et surtout l'installation d'ascenceurs et d'escaliers mécaniques... Certaines stations étaient situées 30 mètres au-dessus du niveau de la rue.
En 1940, les 6ème et 9ème Avenue ELs ont été démolies.
Ces transports ont profondément changé la vie des différents quartieurs de New York.

L'année 1868 voit l'ouverture de la ligne NINTH AVENUE EL. Il s'agit du premier chemin de fer surélevé de la ville. Il va être l'un des principaux facteurs de développement de l'ensemble de l'Upper West Side. La construction est intensive: 7 hommes et un attelage de chevaux mettent en place 10 à 40 colonnes par jour. Des vérins à vis et de l'étoupe étaient utilisés pour plomber soigneusement les colonnes. Ensuite, du ciment était coulé, du pin jaune a été utilisé pour les traverses, mais du chêne (plus solide) a été utilisé pour les courbes. Pour se rendre compte de la complexité de ce moyen de transport, il suffit de regarder ce que les New Yorkais ont baptisé le «tournant du suicide»: il faisait un virage à 90 degrés de la 9 ème Avenue à la 110ème Rue puis un autre de la 110ème Rue à la 8ème Avenue.

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«Suicide curve» à la 110ème Rue

On se rend immédiatement compte aussi que, même si ce train facilite et accélère le transport des habitants, il transforme profondément la vie de ces rues où passent les trains. La photo ci-dessous est un autre exemple frappant:

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Encerclée...

Avoir un train devant une fenêtre était une chose. Mais qu'est-ce que c'était que de vivre dans un bâtiment élancé à la jonction de deux lignes surélevées, avec des trains qui vacillaient et grinçaient jour et nuit des deux côtés de votre maison ?

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Accident du 11 septembre 1905

Et il est encore plus difficile d'imaginer la terreur d'être dans un train surélevé là-bas un matin à l'heure de pointe quand il dévie de la voie et plonge dans un immeuble ou dans la rue. Mais c'est ce qui s'est passé le matin du 11 septembre 1905. Au moins 12 personnes ont été tuées lorsque ce train s'est écrasé à la 9ème Avenue et la 53ème Rue, une courbe notoire où les ELs de la 6ème et la 9ème avenue se séparent.

Au début du XXème siècle, l'Upper West Side connait un boom de la construction, en grande partie grâce à l'ouverture en 1904 de la première ligne de métro de la ville.

C.2) Columbia University

Dans les années 1890, la Columbia University déménage de l'East Side à Morningside Heights, reprenant les terrains de l'asile de fous de Bloomingdale. Le campus occupe plus de six pâtés de maisons, soit 13 hectares. Le campus a été conçu selon les principes de planification des Beaux-Arts par les architectes McKim, Mead & White.

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Le campus de la Columbia University à Manhattan

Faisant partie d'une tendance intellectuelle et artistique montante dans l'Upper West Side, Columbia contribue à la vie culturelle déjà active: artistes et universitaires partagent le quartier avec la foule tout aussi animée.

C.3) Années '20: migration Afro-Américaine

Dans les années 1920, Manhattan connaît des vagues massives d’arrivée d'Afro-Américains dans le cadre de la grande migration du sud des États-Unis et de la Renaissance de Harlem. Cette Renaissance de Harlem n'est pas une anecdote. Il s'agit d'une véritable effervescence artistique qui s'étend à de nombreux domaines: musique, peinture, photographie, littérature, ...

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Harlem Opera House, West 125th Street (1889)
© A Wittemann

Au début du XXème siècle, Harlem était la destination des migrants de tout le pays, attirant à la fois des personnes du Sud à la recherche d'un emploi et une classe éduquée qui a fait de la région un centre de culture, ainsi qu'un milieu «nègre» - terme revendiqué à l'époque - en pleine croissance. Ces personnes cherchaient un nouveau départ dans la vie et c'était un bon endroit où aller. Comme nous l'avons vu, le quartier avait été développé à l'origine au XIXème siècle comme une banlieue exclusive pour les classes moyennes et supérieures blanches; ses débuts riches ont conduit au développement de maisons majestueuses, de grandes avenues et d'équipements de classe mondiale tels que le Polo Grounds et l'Opéra de Harlem.

Lors de l'énorme afflux d'immigrants européens à la fin du XIXème siècle, le quartier autrefois exclusif a été abandonné par la classe moyenne blanche, qui s'est déplacée plus au nord. En outre, on l'oublie souvent, beaucoup plus d'afro-américains sont arrivés pendant la Première Guerre mondiale. En effet, en raison de la guerre, la migration des travailleurs d'Europe a pratiquement cessé, tandis que l'effort de guerre américain a entraîné une demande massive de main-d'œuvre industrielle non qualifiée. La Grande Migration a amené des centaines de milliers d'afro-américains dans des villes telles que Chicago, Philadelphie, Detroit et New York.

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Malgré la popularité croissante de la culture noire, le racisme blanc virulent, souvent de la part d'immigrants ethniques plus récents, a continué d'affecter les communautés afro-américaines, même dans le Nord. Après la fin de la Première Guerre mondiale, de nombreux soldats afro-américains - qui ont combattu dans des unités séparées telles que les Harlem Hellfighters - sont rentrés dans une nation dont les citoyens ne respectaient souvent pas leurs réalisations. Des émeutes raciales et d'autres soulèvements civils se sont produits à travers les États-Unis pendant l'«été rouge» de 1919, reflétant la concurrence économique sur les emplois et le logement dans de nombreuses villes, ainsi que les tensions sur les territoires sociaux.

La première étape de la Renaissance de Harlem a commencé à la fin des années 1910. En 1917, les pièces de théâtre Granny Maumee, The Rider of Dreams, Simon the Cyrenian: Plays for a Negro Theatre ont été créées. Ces pièces, écrites par le dramaturge blanc Ridgely Torrence, mettaient en vedette des acteurs afro-américains véhiculant des émotions et des aspirations humaines complexes. Ils ont rejeté les stéréotypes du blackface et des traditions des spectacles de ménestrels, très en vogue à l'époque.

«The most important single event in the entire history of the Negro in the American Theater»

James Weldon Johnson
(écrivain, diplomate et poète américain, militant du mouvement américain des droits civiques)

 

«If We Must Die»

If we must die, let it be not like hogs
Hunted and penned in an inglorious spot,
While round us bark the mad and hungry dogs,
Making their mock at our accursed lot.
If we must die, O let us nobly die,
So that our precious blood may not be shed
In vain; then even the monsters we defy
Shall be constrained to honor us though dead!
O kinsmen! we must meet the common foe!
Though far outnumbered let us show us brave
And for their thousand blows deal one deathblow!
What though before us lies the open grave?
Like men we'll face the murderous, cowardly pack,
Pressed to the wall, dying, but fighting back!

Claude McKay - Juillet 1919

Un autre jalon est survenu en 1919, lorsque le poète communiste Claude McKay a publié son sonnet militant If We Must Die, qui a introduit une dimension dramatiquement politique aux thèmes de l'héritage culturel africain et de l'expérience urbaine moderne déjà présentés dans ses poèmes de 1917 Invocation et Harlem Dancer. Publié sous le pseudonyme d'Eli Edwards, il s'agissait de sa première apparition dans la presse aux États-Unis après avoir immigré de la Jamaïque.

Bien que If We Must Die n'ait jamais fait la moindre allusion à la race, les lecteurs afro-américains ont entendu sa note de défi face au racisme, aux émeutes raciales et aux lynchages à l'échelle nationale qui se déroulaient à l'époque.

À la fin de la Première Guerre mondiale, la fiction de James Weldon Johnson et la poésie de Claude McKay décrivaient la réalité de la vie afro-américaine de l'époque en Amérique.

La Renaissance de Harlem est née des changements survenus dans la communauté afro-américaine depuis l'abolition de l'esclavage (1965), tout comme l'expansion des communautés dans le Nord qui s'en est suivie. Et comme nous l'avons dit, ces migrations d'un quartier à un autre se sont accélérées à la suite de la Première Guerre mondiale et des grands changements sociaux et culturels aux États-Unis du début du XXème siècle. L'industrialisation attirait les gens des zones rurales vers les villes et a donné naissance à une nouvelle culture de masse. Les facteurs contributifs menant à la Renaissance de Harlem étaient la grande migration des Afro-Américains vers les villes du nord, qui concentrait des personnes ambitieuses dans des endroits où elles pouvaient s'encourager mutuellement, et la Première Guerre mondiale, qui avait créé de nouvelles opportunités de travail industriel pour des dizaines de milliers de personnes. Les facteurs menant au déclin de cette époque incluent la Grande Dépression.

D) New York, première ville du monde...

La ville de New York devient la ville la plus peuplée du monde en 1925 (7,8 millions d’habitants dont environ 2 millions à Manhattan), dépassant Londres, qui avait régné pendant un siècle.

Durant les années folles, Riverside et West End Avenue sont des quartiers toujours aussi riches, mais Broadway et ses environs deviennent plus minables, avec des familles de la classe moyenne inférieure vivant dans de vieux bâtiments négligés. Le développement et la construction cessent au début des années trente suite à la Grande Dépression; la popularité et l'attractivité sociale de l'Upper West Side diminuent, ce qui en fait une adresse indésirable.

Une section de l'Upper West Side nichée dans le coin sud-ouest du quartier, d'environ la 59ème rue à la 65ème rue, à l'ouest de l'avenue Amsterdam s’appelle San Juan Hill.