B) Les races dans le recensement américain
En 1954, l’arrêté Brown de la Cour Suprême ouvre la voie à la déségrégation scolaire en déclarant inconstitutionnelle la ségrégation raciale dans les écoles publiques. Toutefois la notion de race garde une dimension importante aux Etats-Unis. Son utilisation comme catégorie dans le recensement montre comment on est passé d'une assignation à un principe d'auto-identification, dans les contraintes imposées par les catégories accessibles.
Le recensement, organisé tous les dix ans, existe depuis 1790, et comporte depuis l'origine une question raciale. Il montre que les transformations sociales requièrent des ajustements de catégories : des trois identifiées au départ (blancs libres, autres personnes libres et esclaves), le formulaire a progressivement évolué, ajoutant en 1820 les "personnes libres de couleur", en 1850 les "mulâtres", puis supprimant les "libres" et "esclaves", remplaçant en 1900 les "personnes de couleur" par les "negros", etc.
En 2020, le recensement propose 6 catégories raciales (Blanc / Noir ou Afro-américain / Amérindien ou originaire d'Alaska / Asiatique / originaire de Hawaï ou des îles du Pacifique / autre race). La catégorie Hispanique ou Latino n'est pas considérée comme une race (identité biologique) mais comme une ethnicité (identité sociale) et fait l'objet, depuis son introduction dans le recensement en 1980, d'une question à part, relative aux origines. Toutefois, comme la quasi-totalité (97%) des individus qui se définissent d'une "autre race" (4.7% de la population en 2010) se disent hispaniques, les autorités envisagent, pour le recensement de 2020, une seule et simple question pour embrasser race et origine. Ceci atteste de la fluidité et de la difficulté de définition de la notion et témoigne de son caractère non pas biologique mais socialement construit.