0.
Introduction

 1.1.
Climat social
de l'après-guerre

 1.2.3.B
Migration Porto Rico:
The Migration Division


 1.3.
Les gangs
à New York

 2.
Un mythe:
Romeo & Juliet

C) Les «boricuas» vus par les «vrais» américains

La migration portoricaine vers les États-Unis, et plus particulièrement celle, importante quantitativement, vers la ville de New York, est très tôt source de méfiance. Les « Boricuas », nom donné aux personnes d’origine portoricaine en référence au mot taïno « Borinquen » désignant l’île de Porto Rico, subissent, dès les années 1930, de véritables campagnes de dénigrement dans la presse américaine. Ils sont considérés comme porteurs de maladie, responsables de la paupérisation ainsi que de la hausse de la délinquance et de la criminalité. La volonté du gouvernement portoricain de diffuser une image positive de ces « migrants-citoyens » apparait d’emblée dans les missions de la Migration Division. Outre l’organisation de la migration, elle est chargée de rassurer la population américaine, new-yorkaise surtout, et d’inciter les migrants, souvent en situation de précarité socio-économique, à s’entraider plutôt qu’à revendiquer leurs droits, afin de ne pas alimenter les inquiétudes de la population d’accueil.

Nombre de Portoricains doivent faire face à la méconnaissance, de la part de certains officiels de l’immigration, de leur statut de citoyen et de la liberté de circulation sur le territoire américain que ce statut induit ; ces comportements reflètent également une hostilité certaine à l’encontre d’une population perçue comme responsable des problèmes sociaux et sanitaires de la ville de New York. Au début des années 1940, les migrants portoricains sont encore vus sous un jour défavorable:

 

 

 

 

Citoyens américains depuis 1917, les Portoricains ne constituent pas un groupe classique de migrants. Il est juridiquement impossible de les expulser, ce qui (suppose-t-on) leur permet de profiter du système social américain. En annonçant que certains se marieront avec des noirs, l’auteur dénonce le caractère ambigu de la « race » de ce groupe à la fois distinct et proche des Afro-Américains. Les attaques formulées par Hewitt relèvent clairement du discours nativiste. Les nativistes, terme qui désigne aux États-Unis ceux qui, malgré leurs origines anglaises ou écossaises, se considèrent comme « natifs », sont favorables à une restriction de l’immigration de ceux dont les origines sont considérées comme géographiquement ou culturellement éloignées. Cette restriction leur parait nécessaire pour ne pas courir le risque d’une altération de leur propre identité, blanche et protestante.

L’anthropologue Oscar Lewis publie en 1965 La Vida, qui porte sur des familles portoricaines dont certains membres vivent à Porto Rico et d’autres aux États-Unis. Il voit dans celles-ci un exemple de la « culture de la pauvreté », caractérisée par des familles matriarcales, des pères absents, des grossesses précoces, une faible disposition au travail, la violence et l’obsession du sexe.

West Side Story ne change pas grand-chose à cette image : on peut même dire que cette œuvre contribue à produire l’image d’un groupe racial distinct des « Anglo-Américains », dont la migration et la présence à New York constituent une menace pour l’identité américaine.