En novembre 1943, Langner parlait de Green Grow the Lilacs () en termes élogieux, étant donné le succès phénoménal de son adaptation en musical, Oklahoma! (). Mais il ne pensait sans doute pas la même chose de cette pièce de Lynn Riggs quand la Guild l’a mise à l’affiche, quelque treize ans auparavant. En effet, il la mentionne à peine dans son autobiographie, comme si elle était une production de la Guild parmi tant d’autres. Cette pièce faisait partie de ce combat qu’a mené la Theatre Guild, suite à certaine critiques, pour produire des pièces d’auteurs américains.
A) Lynn Riggs
Lynn Riggs est né le 31 août 1899 dans une ferme près de Claremore en Oklahoma, alors territoire indien. Sa mère est d’ailleurs à 1/8 Cherokee. Il a quitté la maison pour Chicago, puis ensuite pour New York et Los Angeles, où il a occupé de nombreux «petits-bpulots», dirions-nous aujourd'hui. Ses poèmes, puis ses pièces de théâtre, vont attirer l’attention de personnes importantes de la scène littéraire new-yorkaise, dont Eugene O’Neill et Lionel Barrymore.
Sa première pièce à Broadway, Big Lake est créée à l’American Laboratory Theatre le 11 avril 1927 et reçoit l’approbation de la critique … mais ne connaît pas le succès populaire: 11 représentations, un terrible flop...
Mais grâce à ce spectacle, il a été remarqué par la Theatre Guild, qui a passé du temps à travailler avec lui sur Green Grow the Lilacs (. Dans une production de la Guild, la pièce a été créée à New York au Guild Theatre le 26 janvier 1931 pour une respectable série de 64 représentations avant de faire un US-Tour plutôt réussi. Elle restera sa pièce la plus connue même si son Russet Mantle se jouera 117 représentations à Broadway en 1936.
En dehors de Green Grow the Lilacs (), la Guild a refusé toutes les autres pièces de Lynn Riggs. Il fera fortune dans le cinéma à Hollywood, contribuant aux scénarios de The Garden of Allah (1936) et The Plainsman (1937), et sera très connu dans les milieux gay-friendly de l’industrie du cinéma.
Il est mort d’un cancer le 30 juin 1954.
Même si Riggs ne faisait certainement pas partie de l’intelligentsia de Greenwich Village – ce quartier de New York connu dans le monde entier comme un des bastions de la culture artistique et de la vie bohème (ce n’est pas pour rien que c’est une chanson de Rent ()) – il n’était pas non plus un «plouc de la campagne». Il a écrit Green Grow the Lilacs () alors qu’il avait reçu une bourse (Guggenheim Fellowship) qui l’avait mené en France en 1928-29. Elle fait partie d’un certain nombre de ses pièces traitant de la vie en Oklahoma – Sump’n Like Wings, A Lantern to See By, The Lonesome West et Rancor – et la pièce indienne Cherokee Night. Il est clair que ces pièces étaient très autobiographiques. Riggs a confirmé que les personnages et les situations de Green Grow the Lilacs () trouvent leurs racines dans sa propre enfance.
Son cousin Howard McNeill, dans une interview en 1998, a affirmé que les personnages de Laurey, d’Ado Annie et de Curly avaient tous leurs homologues dans la vie réelle, souvent même dans sa famille!. Mais McNeill se souvient très bien d’avoir vu Jud, le monstre qui est devenu dans la pièce l’ennemi juré de Curly. Il s’appelait Jeeter Davis et McNeill avoue: «Je me souviens de lui comme si c’était hier. C’était un fermier, mais un de ces gars qui se saoulait le samedi et pensait qu’il était un génie avec les femmes et qui n’était qu’un vieux cochon.» D’autres contemporains ont témoigné d’autres événements dans la pièce (dont le meurtre) peuvent être liés à des événements spécifiques de la jeunesse de Riggs.