1.
946-1848
Avant le règne
de François-Joseph Ier

 2.1.
Acte I
Musical
Elisabeth

 2.2.15.
Acte II Scène 13
30 JANVIER 1889
Mayerling

 2.2.17.
Acte II Scène 15a
1895
Ma nouvelle gamme

 3.
1898-1918
Fin du règne
de François-Joseph Ier

Lieu

Personnages

Crypte des Capucins à Vienne Elisabeth


A) Enterrement de Rudolf - 5 février 1889

Le cercueil fermé est descendu dans la crypte des Capucins. François-Joseph a lui-même dressé la liste des personnalités admises. Élisabeth s’est résignée, elle n'ira pas à l'enterremnt de son fils, l’épreuve serait trop dure. Elle reste à la Höfburg, dans la Chapelle Saint-Joseph, avec Marie-Valérie et Stéphanie; cette dernière ne descendra dans la crypte qu’au moment précis de l’inhumation. Gisèle et son mari Léopold de Bavière sont au côté de l’empereur. Avant l’adieu, François-Joseph s’effondre, submergé de larmes.

Selon l’ambassadeur de Belgique:

«Agenouillé près du cercueil, l’Empereur souleva le drap funéraire, embrassa longuement son fils et murmura un dernier adieu à celui qui était tout son espoir et qui lui était si tristement ravi.»


L’Empereur a-t-il eu d’autres informations secrètes? Dans Vienne et un peu partout, au moins cinq versions différentes circulent plus ou moins ouvertement. Le drame de Mayerling devient un feuilleton macabre, le premier du genre dans le monde du Gotha régnant qui soit suivi par la presse, en toute liberté. Élisabeth, psychologiquement fermée, continue à ne croire qu’à l’empoisonnement involontaire!

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Le 5 février 1889, le corbillard transportant le cercueil de Rudolf arrive devant l’église des Capucins.
Une foule considérable et silencieuse entoure le cortège.

B) Elisabeth dans la crypte - 9 février 1889

Quatre jours après l'enterrement auquel elle n’a pas assisté, le samedi 9 février 1889, elle s'est retirée tôt dans ses appartements. Élisabeth veut être seule. Elle n'a guère envie qu'on l'aide à se défaire de ses vêtements désormais et pour toujours noirs. Elle est devenue «la dame noire» de Vienne et de tous les lieux où elle se rendra. Ses chères Hongroises ont tenu à l'aider à enfiler un vêtement de nuit. Elle se laisse faire, ce sera mieux pour ruser, aller là où il l'appelle. Une tempête a éclaté, plus violente que la précédente. Les fenêtres semblent s'ouvrir, les rideaux se gonflent sur des souffles qui soulèvent les lattes des planchers. C'est la fin de cet empire, se dit-elle, la fin de tout, de tous. Une nuit de fin du monde. Pour Élisabeth, c'est la fin du monde.

Silencieusement, elle se rhabille et dissimule son visage d’un épais voile de soie noire. À 21h, par une petite porte, elle va quitter la Höfburg. François-Joseph n’est pas informé, mais un valet, de service cette nuit-là, verra l’impératrice disparaître dans le petit escalier secret qui joint les deux parties du palais. C’est par cette ouverture dissimulée dans le mur qu’elle se ménage les fuites dont elle a besoin. Elle se retrouve vite au rez-de-chaussée. Le garde la voit sortir, sachant qu’il est inutile d’essayer d’empêcher Sa Majesté de partir seule, sans aucune escorte. Mais... en pleine nuit ?

Croyant ne pas attirer l’attention, l’impératrice hèle un fiacre et se fait conduire à la crypte du couvent des Capucins, qui n’est pas loin. Elle sonne. On ne répond pas. Elle sonne encore. Finalement, un jeune moine vient ouvrir. Mais que veut donc cette femme en pleine nuit? «Je suis l’impératrice. Conduisez-moi auprès de mon fils.» D’autres religieux arrivent, Élisabeth est entourée de capucins évidemment muets. Elle descend l’escalier. Devant la grille qui permet d’accéder aux tombeaux, elle dit:

«Je désire être seule avec mon fils.»


La grille est ouverte. Élisabeth passe devant des alignements de sarcophages, en particulier l’imposant tombeau conjugal de Marie-Thérèse et de son mari se regardant sur un lit d’argent, puis celui de Maximilien, son beau-frère fusillé, sépulture modeste comme si on avait oublié sa mort après avoir oublié sa vie. Parvenue devant le cercueil de son fils, l’impératrice se fige. Rudolf est le 113ème Habsbourg à reposer ici.

Soudain, dans la nuit sépulcrale où sont inhumés onze empereurs et quinze impératrices, un cri retentit, deux fois, surprenant les moines en méditation: «Rudolf! Rudolf

Un tel cri, ici, est déplacé.

La mère de Rudolf n’est pas venue simplement prier, elle cherche à communiquer avec lui!

 Acte II – Scène 14  
ELISABETH
RUDOLF, OÙ ES-TU ?
M’ENTENDS-TU CRIER ?
TU ÉTAIS COMME MOI, TU M’AS UTILISÉE
JE T’AI ABANDONNÉ POUR ME LIBÉRER
COMMENT PEUX-TU ME PARDONNER?
J’AI ÉCHOUÉ
JE SUIS À BLÂMER

Le silence. Le défunt ne répond pas. La voix de sa mère s’est brisée sur le bronze des têtes de mort sculptées qui ornent certains tombeaux. Les religieux voient une mère en transe. Pour elle, la scène, grandiloquente, est à la fois un soulagement et une déception. Si elle paraît soudain apaisée aux moines – elle le leur avouera – elle aurait aimé entrer en contact avec lui, car elle a toujours été intriguée par les médiums et les spirites.

Le lendemain, 10 février 1889, Élisabeth avoue à l’Empereur et à ses filles son angoissante visite nocturne.

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Tombeaux de l'empereur François-Joseph Ier, de l'impératrice Élisabeth et du prince héritier Rudolf.
© Robert Vanis

 

Mayerling est un tournant pour Élisabeth.

Elle a laissé mourir son fils.

Et c’est très différent de la mort de sa fille Sophie en Hongrie. Lui, il l’a appelé à l’aide (Londres, …) et elle l’a toujours ignoré, rabroué, même si au fond d’elle-même elle savait qu’il avait raison.

Elle sera en deuil pour le reste de sa vie.

Et cette Élisabeth, La Mort n’en veut pas!

 Acte II – Scène 14  
ELISABETH
Elisabeth aperçoit la Mort derrière les barreaux de la grille.
OUVRE-MOI! NE ME LAISSE PAS ATTENDRE.
NE SUIS-JE PAS ASSEZ TOURMENTÉE ?
AIES PITIÉ!
VIENS, DOUCE MORT,
MORT MAUDITE!
DÉLIVRE-MOI!
LA MORT
TROP TARD!
JE NE TE VEUX PAS.
PAS COMME ÇA!
JE N’AI PAS BESOIN DE TOI. CASSE-TOI !
Elisabeth s’effondre en pleurant. Impuissant, François-Joseph met ses mains sur ses épaules.