1.
946-1848
Avant le règne
de François-Joseph Ier

 2.1.
Acte I
Musical
Elisabeth

 2.2.2.
Acte II Scène 2
8 juin 1867
Fête populaire

 2.2.4.
Acte II Scène 4
1868
Clinique psychiatrique

 3.
1898-1918
Fin du règne
de François-Joseph Ier

Lieu

Personnages

Chambre de Rudolf à la Hofburg Rudolf (9 ans), La Mort

A) Introduction

Cette scène est une réponse directe avec la précédente, où La Mort, tentait de démontrer à Élisabeth qu’elle est une mouette noire et qu’elle ne va pas propager que le «bien», le «bon» ou le «bonheur».

A la lecture de cette scène, selon moi, La Mort nous apparait avec un «champ d’action» élargi. Il ne s’agit pas seulement d’un personnage qui apporte la mort proprement dite, à des individus, mais aussi celle d’un monde.

Jusqu’ici, La Mort « était amoureux » d’Élisabeth, cette femme qui à plein de niveaux met à mort l’ancien monde des Hasbourg.

Ici, La Mort devient « ami » avec Rudolf qui ira encore plus loin dans la remise en compte de la tradition politique des Habsbourg. Il ira jusqu’à écrire, sous un nom d’emprunt, des articles révolutionnaires dans des grands journaux. Nous allons y revenir plus loin, il n'a encore dans cette scène que 9 ans...

 Acte II – Scène 3  
RUDOLF
MAMAN, OÙ ES-TU? PEUX-TU M’ENTENDRE ?
J’AI SI FROID... PRENDS-MOI DANS TES BRAS
ILS DISENT TOUS QUE JE NE DOIS PAS TE DÉRANGER
POURQUOI NE PUIS-JE PAS ÊTRE PRÈS DE TOI ?

MAMAN, MA CHAMBRE EST SI SOMBRE PENDANT LA NUIT
LÀ JE ME SUIS RÉVEILLÉ ET J’AI PEUR
PERSONNE NE CARESSE MES CHEVEUX QUAND JE PLEURE
POURQUOI ME LAISSES-TU TOUT SEUL ?

 Acte II – Scène 3  
LA MORT
JE SUIS UN AMI.
CHAQUE FOIS QUE TU AURAS BESOIN DE MOI,
JE VIENDRAI VERS TOI
RUDOLF
Reste là!
LA MORT
JE RESTE PRÈS DE TOI!

B) Élisabeth, une « bonne mère»?

Élisabeth ne sera jamais pour Rudolf une «bonne mère» au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Pourtant, elle aime ses enfants, vraiment. Sa détresse lors de la mort de la petite Sophie en est une preuve. Où le naufrage personnel que va impliquer la mort de Rudolf à Mayerling. Elle les aime, mais elle a autre chose à faire que de s’en occuper, que de leur apporter de la tendresse. Elle doit s’occuper d’elle avant tout, elle doit trouver un sens à sa vie.

Mais le but final de son combat est plus de démontrer qu’elle est «plus forte» que l’archiduchesse Sophie que de vraiment éduquer ses enfants, ce qu’empêche l’archiduchesse Sophie.

 Acte II – Scène 3  
RUDOLF
QUAND JE FAIS UN EFFORT
JE PEUX ÊTRE UN HÉROS

HIER J’AI BATTU UN CHAT À MORT
JE PEUX ÊTRE DUR ET FÂCHÉ COMME LE MONDE
MAIS LA PLUPART DU TEMPS JE PRÉFÈRERAIS ÊTRE DOUX.

AH, MAMAN, J’AIMERAIS ÊTRE TOUJOURS PRÈS DE TOI
ET POURTANT TU T’EN VAS SANS M’EMMENER
ET QUAND TU ES ICI, TU TE RENFERMES SUR TOI-MÊME
POURQUOI ME LAISSES-TU TOUT SEUL?

En outre, elle est totalement capable d’être une «bonne mère» au sens où nous l’entendons aujourd’hui puisqu’elle va l’être avec son dernier enfant, Marie-Valérie qui va naître le 22 avril 1868. Elle fut la seule de ses quatre enfants que l'impératrice DÉSIRA et ÉLEVA ELLE-MÊME.

Après la naissance de l'archiduc héritier Rudolf en 1858, comme nous l’avons vu, l'Impératrice s’est éloignée de la cour pour raison de santé. Elle prend fait et cause pour les Hongrois, se «réconcilie» avec l'Empereur puis, après la création de la double monarchie et leur couronnement à Budapest, lui propose de concevoir un autre enfant (1867). Les autres enfants étaient plus le fruit de la «fougue» de l’Empereur envers sa femme adolescente. La souveraine souhaite ardemment un fils qui deviendrait un Roi pour la Hongrie. C’EST TERRIBLE SI ON Y PENSE POUR RUDOLF.

Mais ce sera une fille. L'Impératrice et Reine, défiant la tradition impériale, donne à cette enfant, en hommage à la Hongrie, un prénom inusité dans les familles royales: Marie-Valérie (Valéria est le nom de la région de Budapest). Rappelons qu’elle n’avait même pas choisi le nom de son premier enfant, Sophie.

Un seul exemple, parmi de très nombreux, de différence éducative de Marie-Valérie: Élisabeth conseilla à sa "Kedvesem" («ma chérie» en hongrois) de ne pas se marier trop jeune et de choisir judicieusement son époux après avoir rencontré d'autres jeunes gens.

Les trois premiers enfants n’auront été que «partiellement» les siens. Marie-Valérie sera entièrement à elle. Juste après sa naissance, elle déclarera: «Je connais maintenant le bonheur d’avoir un enfant

 Acte II – Scène 3  
RUDOLF
PERSONNE NE CARESSE MES CHEVEUX QUAND JE PLEURE
POURQUOI ME LAISSES-TU TOUT SEUL ?

Quoi qu’il en soit, Rudolf fut «aimé de loin» par sa mère, de manière plus théorique qu’expressive.

C) Rudolf, un enfant brillant

image
Prince héritier Rudolf d'Autriche

Après le succès de son ultimatum, Élisabeth fera modifier profondément l’éducation du prince-héritier. Elle va multiplier les professeurs. Ils seront plus de cinquante. Ses leçons, qui lui étaient données à la limite de la saturation, avaient développé la précocité du petit garçon et son ambition.

A la formation religieuse de l’époque Sophie, succède une formation beaucoup plus libérale. Cela se sentira dans la courte vie adulte de Rudolf. Il interroge ses professeurs sur la crise de 1848 et les guerres perdues par son père. Ils sait qu’il est l’héritier et qu’il doit se former à prendre les bonnes décisions. L’étude des langues est très poussée: allemand, hongrois, tchèque, croate. Il faut qu’il puisse parler à tous les peuples de l’Empire et de la Royauté. Son professeur de hongrois est un ancien aumônier des révolutionnaires de la révolution hongroise de 1848-49. Mais il apprend aussi l’anglais et le français. Il doit pouvoir parler au monde.

Mais sa formation comprend aussi l’histoire, la géographie, … Plusieurs professeurs l’initient à différentes pratiques artistiques. Il adore cette diversité. Il disait souvent à ses professeurs «Dîtes moi tout. Je veux tout apprendre.»

Politiquement, il a reçu une formation très saine – trop saine pour rester dans le sillon tracé depuis des centaines d’années par les Habsbourg. Le professeur Exner s’est efforcé de lui donner un esprit critique: «Le prince doit tirer un enseignement des prérogatives et des grands privilèges des souverains mais aussi de leurs erreurs

A dix ans, l’enfant, très éveillé et très ouvert, avait la sensibilité de sa mère mais avec une retenue et une rigueur – liées à la conscience de ses devoirs d’héritier – qui lui provenaient de son père.

François-Joseph annotait tous les jours les travaux de son fils et Élisabeth le jugeait «trop timide à cheval».