Lieu et date |
Personnages |
Palais de la Hofburg, Vienne Italie et Hongrie 1855–1857 |
François-Joseph, Élisabeth, Sophie |
Acte I – Scène 9a |
Comme les choses vont mal tourner, revoici la Mort. Il n’avait pas su empêcher le mariage avec François-Joseph mais en accompagnant le « oui » d’Élisabeth et lui rappelant que « la dernière danse » serait pour lui, on savait qu’il ne resterait pas loin. Cette naissance allait-elle la première étape de son retour?
Comme nous l’avons vu, durant la première année de mariage, les affaires politiques tiennent Élisabeth et François-Joseph souvent éloignés. Et elle se réfugie dans sa ménagerie, a un tel point qu’elle voit plus son perroquet que son mari.
Mais dès la naissance, son enfant lui est enlevé. Ce n’est pas du tout improvisé puisque nous avons vu que Sophie avait organisé des travaux plaçant la chambre de l’enfant près de ses appartements dans le château et pas près de ceux de ses parents.
Attardons-nous un peu…
A) 5 mars 1855 - Naissance de Sophie
Le 5 mars, à sept heures du matin, l’empereur réveille sa mère et l’informe que le travail a commencé. Élisabeth est triste: sa mère Ludovica n’est pas là et cependant elle aurait dû venir de Bavière. Pourquoi est-elle restée à Possenhofen alors que sa fille devrait bientôt accoucher? Élisabeth ne comprend pas, elle a besoin que sa mère lui tienne la main, mais c’est l’archiduchesse Sophie qui s’installe dans la chambre, brodant auprès du lit de sa belle-fille. Y a-t-il eu un différend entre Ludovica et Sophie? L’impératrice est meurtrie de cette absence.
À onze heures, l’empereur prend la main de sa femme, l’embrasse, bouleversé, presque en larmes en voyant les douleurs qu’elle supporte. Il interroge sa mère: est-ce que tout se passe normalement? Puis il sort, très excité, fume un cigare et bavarde nerveusement avec son frère Maximilien, évoquant des souvenirs de leur enfance. Dans la chambre, la sage-femme et une femme de chambre, requises par l’archiduchesse, s’affairent pour aider l’impératrice. Le travail dure, François-Joseph rentre dans la chambre, dit à Élisabeth qu’elle est courageuse.
À deux heures de l’après-midi, l’enfant vient. C’est une fille. Une déception, bien sûr, mais la joie l’emporte.
L’archiduchesse est à la manœuvre, rassemblant la famille dans l’antichambre. L’empereur est félicité, le bébé lavé et habillé, et Sophie, d’autorité, le prend dans ses bras, s’assoit avec son fils, chacun d’un côté du lit. Élisabeth regarde son enfant avec tendresse, embrasse son mari qui l’embrasse sans cesse.
Acte I – Scène 9a |
Quel prénom va-t-on donner à la petite fille?
Elle s’appellera Sophie: c’est l’archiduchesse qui choisit ce prénom, le sien! Immédiatement.
C’est un honneur, non?
Et en plus, elle en sera la marraine.
L’archiduchesse a tout décidé seule, presque en cachette. François-Joseph et Élisabeth n’ont rien pu exprimer!
Et François-Joseph ne peut refuser à Sophie d’être la marraine.
Un autre honneur…
La mère de l’empereur n’avait pas dit son dernier mot.
Le fossé se creuse entre Elisabeth et François-Joseph, même si ce dernier reste éperdument amoureux de sa femme. Mais les choses ne vont pas s’arranger…
Acte I – Scène 9a |
Six semaines après son accouchement, vexée d’avoir été exclue, comme son mari, du choix d’un prénom pour leur fille, Élisabeth se venge: elle remonte à cheval et s’offre ce cadeau pour son premier anniversaire de mariage. Sa beauté est devenue une arme, un véritable symbole de son identité.
Ne pouvant remettre en cause les décisions de l’archiduchesse qui semble s’approprier la petite Sophie comme si elle était son propre enfant, l’impératrice disparaît souvent dans la forêt viennoise pour des galops libérateurs.
Élisabeth se plaint de ne pouvoir être une mère comme les autres, guettant avec la première dent. Elle aurait tant aimé que sa mère Ludovica soit la marraine. Que s’est-il encore passé entre les deux sœurs? La nurserie n’étant pas dans son aile du palais, Élisabeth doit presque quémander le droit de voir sa fille quand on la change ou alors quand on la baigne. Bien entendu, elle n'est pas autorisée à la nourrir, puisque cette mission est confiée à une nourrice.
Privée de sa fille, Élisabeth s’échappe du palais le plus souvent possible pour se montrer dans Vienne, devant les cafés, mais aussi dans les rues. Les Viennois, toutes conditions confondues, sont étonnés de ces apparitions de l’impératrice presque seule, à cheval ou en voiture découverte. Ces évasions scandalisent sa belle-mère, mais François-Joseph les admet, même s’il exige, tout de même, une discrète escorte.
Bientôt, elle est à nouveau enceinte…
B) 12 juillet 1856 - Naissance de Gisèle
Acte I – Scène 9a |
Le 12 juillet 1856, Élisabeth, qui a eu 18 ans, accouche d’une deuxième fille. Encore une fille. La déception des parents est profonde, bien que masquée. François-Joseph fait preuve d’humour en avouant à Sissi qu’il aurait dû écouter les conseils d’un rabbin pour avoir un fils en collant le texte d’une prière hébraïque sur la porte de la chambre pendant l’accouchement!
Cette fois, ce n’est pas la mère de l’empereur qui choisit le prénom et Élisabeth est consultée: ce sera Gisèle, en souvenir de l’épouse du premier souverain de la Hongrie chrétienne, Étienne Ier.
Ce prénom est donc un nouveau geste de séduction politique envers le peuple hongrois. Mais, ne nous y trompons pas, c’était aussi une manière de contenter Ludovica et la famille de Élisabeth, puisque la reine Gisèle était d’origine bavaroise.
Toutefois, on ignore pourquoi Ludovica, qui est fière d’être la marraine de Gisèle, est absente à son baptême et se fait représenter par sa sœur Sophie, décidément inévitable. Sans doute aurait-elle été comblée d’avoir un petit-fils héritier de la couronne d’Autriche. Elle est déçue comme la population.
La naissance ne donne lieu à aucune festivité particulière. Une blessure de plus pour Élisabeth. Mais en dehors de cette concession sur le prénom, rien de neuf sous le soleil.
Acte I – Scène 9a |
La venue au monde de Gisèle provoque un nouveau conflit entre belle-mère et belle-fille. D’autorité, l’archiduchesse impose que les deux enfants du couple impérial vivent non seulement loin des appartements impériaux mais à l’étage au-dessus, qui, comme par hasard, est le sien. Un « meilleur ensoleillement » est invoqué pour justifier cet éloignement. Cette fois, le conflit est très aigu: Sophie menace de quitter la Hofburg! Qui va l’emporter? Accablé par ce choix qu'il doit faire, François-Joseph prend son temps pour «arbitrer».
Ce n’est que deux mois plus tard, dans une lettre du 18 septembre 1856, qu’il fait part de son désaccord à sa mère.
Il lui faudra encore deux mois pour trouver l’argument suivant: les enfants seraient sans cesse dans une antichambre remplie de monde, visitées par des étrangers, et qu’il serait pénible pour Élisabeth, encombrée de sa crinoline, de monter par l’escalier pour les voir!!!
Mais il y a pire. Il insiste en priant sa mère de «juger Élisabeth avec indulgence, car, si elle peut être une mère trop jalouse, elle est pourtant une épouse et une mère si dévouée». Et cette phrase révélatrice: «Il n’est jamais venu à l’esprit d’Élisabeth de vous retirer les enfants… » Cela vaut la peine de relire la phrase: «Il n’est jamais venu à l’esprit d’Élisabeth de vous retirer les enfants…» L’empereur est plus diplomate que son ministre des Affaires étrangères!
On remarque la volonté du souverain: mettre ses instructions par écrit pour éviter de nouveaux affrontements. L’archiduchesse cède. C’est la première fois que, dans ce domaine étroitement familial, l’impératrice Élisabeth obtient gain de cause et que son mari la soutient. Sophie obéit à l’empereur, ne quitte pas le palais impérial et on imagine qu’elle prendra sa revanche. Dès que possible!
Pour l’instant, sa belle-fille remporte une victoire de mère, de femme et, peut-être, d’impératrice…
Et c’est la 1ère vraie intervention de François-Joseph. Le musical Elisabeth n’apporte pas cette nuance dans le rapport au sein du trio.
François-Joseph, soulagé comme s’il avait gagné une bataille, décide de repartir en voyage avec Élisabeth. Un périple de quinze jours, sans les enfants, une autre lune de miel dans des paysages admirables où les Alpes autrichiennes culminent à près de 3.800 mètres.
C) Novembre 1856 - mai 1857
Au retour des Alpes, François-Joseph prépare deux déplacements politiques importants: l’un de quatre mois en Lombardie et en Vénétie, et l’autre, moins long, en Hongrie. Ils sont particulièrement importants, car rappelons-le, ce sont les régions dont les troubles de 1848 ont le plus remis en cause la domination autrichienne: Venise et Milan, bien-sûr, mais aussi la révolution hongroise qui a duré plus d’un an.
Acte I – Scène 9a |
Le musical annonce que nous sommes en octobre 1856. L'Empereur François-Joseph veut impliquer politiquement Élisabeth. Ce qui est réel. Il lui propose de partir en Hongrie. Le musical fait l’impasse sur le voyage en Italie qu'elle va effectuer avant son départ pour la Hongrie. Élisabeth y fait cependant ses premiers apprentissages politiques et diplomatiques.
Acte I – Scène 9a |
Son mari, l’Empereur François-Joseph veut – et tous ses conseillers politiques – qu’elle joue à l’Impératrice.
OK.
Il y a une condition SINE QUA NON: elle part avec sa fille aînée, Sophie. L'autre n'a que 4 mois.
C’est un chantage? Oui, mais elle s’en fout. Cette mère de 18 ans est prête à tout à ce stade si on lui «rend» ses enfants.
Elle sait que si elle peut avoir sa fille Sophie pour elle durant les six mois des voyages prévus, elle deviendra autre chose que la «mère génétique».
Acte I – Scène 9a |
La réplique ci-contre fait que le voyage en Italie - de manière annecdotique - n’est pas tout-à-fait absent du musical…
Qu’en pense François-Joseph?
Acte I – Scène 9a |
Il est toujours en porte-à-faux entre sa mère et sa femme. Est-il sincère dans son argumentaire? Ou essaie-t-il de ne pas devoir se trouver face à un nouveau conflit avec Sophie?
Sophie s’oppose ouvertement – et avec la force qu’on lui connait – à ce que le couple impérial emmène ses enfants dans ce lourd et long voyage officiel.
Élisabeth reste très claire: sans sa fille aînée, c’est «NON» au voyage en Italie et en Hongrie. Elle sait que pour la première fois elle a du pouvoir. Ils ont vraiment besoin d’elle pour redorer l’image de l’Autriche dans ces territoires meurtris.
François-Joseph va céder, comme le dit le musical: «TA VOLONTÉ SERA FAITE».
Le départ est fixé pour le 17 novembre 1856. Mais d’ici-là, le travail de solidification de l’Autriche continue. Les deux frères de François-Joseph vont être mariés:
- Maximilien épouse la princesse Charlotte de Saxe-Cobourg, fille de Léopold Ier, roi des Belges
- Charles-Louis épouse la princesse Marguerite de Saxe, fille du roi Jean Ier
On voit qu’il n’y a pas qu’Élisabeth qui est un objet mis au service de la gloire et de la stabilité de l’Autriche.
C.1) Hiver 1856: déplacement en Italie
Pour nourrir le personnage, quelques remarques sur le voyage en Italie...
Pendant tout le voyage, elle se conformera rigoureusement au protocole, la rebelle est au côté du pouvoir.
20 NOVEMBRE 1856: arrivée à Trieste
- Lors de l’arrivée du bateau impérial, une gigantesque couronne de cristal vole en éclats. Sabotage?
- Un incendie éclate devant l’hôtel de ville, à leur arrivée. Attentat?
25 NOVEMBRE 1856: arrivée à Venise
- François-Joseph, Élisabeth et la petite Sophie traversent la place Saint-Marc au milieu d’une foule dense, mais dans un silence glaçant. Après Trieste, le malaise est palpable.
- A une rencontre officielle, moins d’un quart des invités est présent.
- Élisabeth conseille la tolérance à François-Joseph qui prend immédiatement quelques mesures libérales: il abroge la confiscation des biens des exilés politiques et accorde l’amnistie aux condamnés des événements de 1848. L’empereur doit reconnaître, dans un courrier à Vienne, que «la beauté d’Élisabeth parvenait mieux à conquérir son Italie que n’auraient pu le faire ses soldats et ses canons». Son influence commence à être visible.
- Un mois plus tard, à la Fenice, le couple impérial est acclamé. GRANDE VICTOIRE.
15 JANVIER 1857: arrivée à Milan
- Les renseignements de l’armée et de la police sont négatifs. Le couple s’attend au pire… , mais ce qui va se produire n’était pas prévisible. Une soirée de gala est organisée à la Scala, 2.800 places. Les familles patriciennes ont assuré qu’elles occuperaient leurs loges, mais lorsque le couple impérial fait son entrée, tous les spectateurs sont des laquais en livrée noire! L’aristocratie milanaise s’est non seulement fait représenter par ses domestiques, mais de plus, ceux-ci sont en deuil! L’affront est complet.
- Élisabeth insiste pour que François-Joseph décrète immédiatement des mesures de clémence fiscale et des amnisties, comme à Venise.
- Peu à peu, l’atmosphère d’hostilité envers l’empereur se détend et l’opposition, beaucoup moins visible, reconnaît le rôle d’Élisabeth. Le cabinet impérial est mécontent de sa bienveillance et la comtesse Esterházy-Liechtenstein, consternée, juge que l’impératrice prend le parti des révolutionnaires.
- Lors d’un nouveau gala à la Scala, ils sont ovationnés. GRANDE VICTOIRE 2.
Hors de Vienne et malgré une atmosphère hostile, Élisabeth s’impose, même lors des bains de foule qu’a priori elle exècre. Elle y montre un courage insoupçonné. Loin du carcan de la Cour, Élisabeth s’efface au profit de l’impératrice libre de ses faits et gestes, mais qui gagne en prestige; cette osmose profite à François-Joseph, car il a découvert des erreurs et des fautes sur le terrain et a sincèrement tenté de les corriger, même si cette lucidité est trop tardive.
Si ce voyage s’achève sur des succès personnels, le couple est conscient que la situation est explosive.
Si Élsabeth avait emmené en voyage sa fille aînée Sophie, elle a hâte de retrouver sa petite Gisèle qu’elle a quitté à 4 mois et en a maintenant 8.
Mais l’empereur, attentif, disponible et souple lors de ces 4 mois, redevient rigide, otage d’habitudes, de convenances et même d’horaires. Il n’est plus le même, il réintègre sa vie ordonnée de bureaucrate consciencieux. L’archiduchesse Sophie, est atterrée du laxisme déplorable de son fils et de sa belle-fille. Quoi qu’il en soit, en Italie, Élisabeth a marqué des points: la «rebelle» a du bon sens et, loin de Vienne, le couple existe et fonctionne. Ce n’était pas politiquement prévu…
C.2) Mai 1857: Hongrie
Comme pour le voyage en Italie, l’Archiduchesse Sophie, qui déteste les Hongrois (c’est un Hongrois qui avait tenté d’assassiner François-Joseph). Mais sa voix compte moins maintenant. Toutefois, lorsqu’elle apprend que sa belle-fille a osé dire que les petites Sophie et Gisèle feraient partie du voyage, elle a piqué une colère noire. Il est vrai que l’aînée, Sophie, est toujours d’une santé fragile, sujette à des vomissements inexpliqués. À la Hofburg comme à Schönbrunn, on n’écoute plus l’archiduchesse? Elle aura prévenu son fils… Dans le musical, c’est plus François-Joseph qui est mis en avant: « MON DIEU, JE NE TE COMPRENDS PAS. MAIS JE T’EN PRIE, TA VOLONTÉ SERA FAITE.»
- A son arrivée à Budapest, Élisabeth porte le costume national hongrois. La foule apprécie. Lorsque, quelques heures plus tard, elle paraît à cheval à côté de François-Joseph, son allure déchaîne un enthousiasme extraordinaire.
- Si la population est vite conquise, l’aristocratie se comporte comme à Venise, boudant réceptions et festivités. Élisabeth constate que tout est inutilement compliqué, car François-Joseph s’exprime en allemand. Ici, la langue de Vienne ne peut convaincre, c’est une provocation. Élisabeth se promet de perfectionner son hongrois le plus vite possible.
- Le voyage se poursuit en province, mais le visage d’Élisabeth se creuse, elle est une mère inquiète. En effet, les petites filles sont restées à Budapest, car Sophie est très faible, victime de dysenterie et incapable de garder la moindre nourriture ou boisson.
- Le 13 mai, une dépêche rappelle Élisabeth à Budapest car Gisèle est dans un état alarmant. Gisèle! Elle aussi est malade mais ce n’est finalement qu’une forte poussée des dents.
- Le voyage reprend. Partout, l’impératrice est choyée. Les villes font de gros efforts pour lui être agréables; ainsi, lorsqu’on lui offre une coiffure brodée d’or, celle-ci est enrubannée de soie blanche et bleue – les couleurs de la Bavière. Quelle attention délicate! Sissi ne se sent pas une étrangère, elle est littéralement adoptée; certaines femmes trouvent même qu’elle serait une magnifique reine de Hongrie…
MAIS LE DRAME ARRIVE. LE DRAME QUI VA CHANGER LE VIE D’ELISABETH.
- Le 28 mai, une nouvelle dépêche rejoint le couple. Cette fois, le médecin est très pessimiste. Il s’agit de Sophie. Elle est très mal. Le reste du voyage est annulé, on rentre à Budapest au plus vite. Abattue, les yeux presque éteints, la petite ne pleure plus, ne crie plus, le visage d’une pâleur morbide. Pendant onze heures d’affilée, la maman lutte avec sa fille contre la mort.
- Sans espoir. À neuf heures et demie du soir, le 29 mai 1857, la petite princesse rend son dernier faible soupir. Elle avait 2 ans et 98 jours. François-Joseph s’effondre sur un fauteuil, Élisabeth est pétrifiée. Dans le télégramme qu’il fait envoyer à sa mère, l’empereur écrit : «Notre petite est un ange au ciel. Nous sommes anéantis.»
Les Hongrois témoignent de leur affliction, même les opposants observent le deuil avec compassion. Tout le monde sait maintenant que l’impératrice avait insisté pour ne pas quitter son premier enfant et la présenter aux Hongrois. Ce terrible malheur est un ciment qui place le père et la mère à égalité dans l’empathie populaire hongroise.
Dès le lendemain, ils sont de retour à Laxenburg.
Le silence de l’archiduchesse Sophie est insupportable: ELLE L’AVAIT DIT ET ON NE L’A PAS ÉCOUTÉE. Elle affiche le triomphe morbide de l’expérience et de la raison sur la jeunesse et l’inexpérience. À sa belle-mère, Élisabeth a désobéi, n’en a décidément fait qu’à sa tête, inconsciente et provocatrice, grisée par l’élan populaire et la sympathie qu’elle a péniblement récoltés en Lombardie et en Vénétie. Elle est châtiée.
Ce dont personne ne peut se rendre compte à l’époque, c’est de l’étrange et subliminal pacte de solidarité entre la Hongrie et la souveraine.
Pour la Cour et de nombreux Autrichiens, elle est coupable d’amour maternel désordonné.
Pour les Magyars, elle a voulu montrer une image familiale, naturelle, humaine par respect pour eux, envers leur histoire, pour leur dire qu’elle comprenait la révolte contre les Habsbourg dans la reconnaissance de leur identité.
Elle était venue avec ses enfants pour connaître les Hongrois et, si possible, les aimer.
Ils ne l’oublieront jamais.