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Lieu |
Personnages |
| Ringstrasse, Vienne | Lucheni et des manifestants; partisans de Georg Ritter von Schönerer |
Georg Ritter von Schönerer
Dans Mein Kampf, Adolf Hitler décrit deux personnalités politiques de l'Autriche d'avant la Première Guerre mondiale comme modèles. L'un est Karl Lueger, maire de Vienne et chef des sociaux-chrétiens antisémites, que Hitler loue pour sa maîtrise de la politique. Mais pourtant, c'est surtout l'autre personnage, Georg von Schönerer (1842–1921), que Hitler loue comme celui qui «a reconnu les problèmes [des Allemands dans la monarchie des Habsbourg] dans leur essence la plus profonde.» Il est déjà occupé à rêver à l'unification du peuple germanique. |
Acte II – Scène 10b |
Georg von Schönerer était devenu nationaliste allemand. Il souhaitait une disparition de l’Empire austro-hongrois et le rattachement de l’Autriche à l’Allemagne, au IIème Reich. Ce que l’on appelle l’Anschluss (Hitler le réalisera en 1938).
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Acte II – Scène 10b |
Schönerer a été appelé par ses partisans le «Führer», et lui et ses partisans ont également utilisé la salutation «Heil», deux choses qu'Hitler et les nazis ont adoptées plus tard. Il était aussi anticatholique, anti-slave et surtout antisémite notoire. |
Schönerer est très clair:
«La liquidation de l’influence juive de tous les secteurs de la vie publique est indispensable si l’on veut mener à bien les réformes envisagées.»
Georg von Schönerer
Il présente des motions antisémites au Reichsrat et, en 1887, ils’engage en faveur d’une loi visant à restreindre l’immigration des Juifs d’Europe orientale en Autriche (suite aux pogroms en Russie).
À la fois démagogue et fanatique antijuif, Schönerer refuse l’assimilation des Juifs par leur conversion au christianisme avec des slogans racistes du type:
«La religion importe peu, c’est dans le sang que se trouve la cochonnerie.»
Georg von Schönerer
L’antisémitisme de Schoenerer est idéologiquement élaboré, et ce, explicitement, sur des bases raciales. Avant Hitler, Schönerer est certainement l’antisémite le plus virulent et le plus systématique jamais produit par l’Autriche.
L’historien Ian Kershaw suppose que c’est dans le climat nationaliste de la ville de Linz (où il a été à l’école) qu’Hitler a assimilé le credo de Schönerer». Tout ceci n'est à nouveau pas anecdotique car comme nous le verrons, les motivations qui ont conduit à la création d'Élisabeth sont une interrogation de l'Autriche suite à la chute du mur de Berlin en 1989 sur son attitude lors de l'Anschluss de 1938. À Vienne, ensuite, où il s’est installé en février 1908, le jeune Hitler se présente comme un disciple et un admirateur de Schönerer, dont il a fait suspendre au-dessus de son lit deux formules encadrées: «La cathédrale de la Germanie sera construite sans l’aide de Juda et de Rome. Heil!», dit l’une, tandis que l’autre prétend exprimer le désir des Allemands d’Autriche d’être rattachés à la mère-patrie. |
Acte II – Scène 10b |
Georg Ritter von Schönerer (1842-1921) en 1893
© Österreichische Nationalbibliothek
Bildarchiv Austria
Pourquoi cette manifestation dans cette scène? En fait parce que Schönerer a été arrêté parce qu’il était entré de force avec ses partisans dans le journal «juif» Neues Wiener Tagblatt, appartenant à Moritz Szeps, et avoir agressé ses employés pour avoir rapporté la mort imminente de l'empereur allemand admiré Guillaume Ier. (ATTENTION NOUS SOMMES DANS UN JOURNAL EN AUTRICHE ET ON PARLE D’UN EMPEREUR «ALLEMAND»).
C’est dans ce journal que le Prince-héritier Rudolf écrit sous un pseudonyme. Schönerer sera condamné le 5 mai 1888 à 4 mois de prison. Mais comme souvent, l'attaque de Schönerer a accru sa popularité et a aidé les membres de son parti à être élus au Parlement autrichien. Par contre, la peine de prison a entraîné non seulement la perte de son statut de noble, mais aussi de son mandat au parlement, lui faisant perdre son égibilité.
Dans la scène, tous les Habsbourg sont remis en cause par les partisans de Schönerer. Mais bien évidemment Élisabeth, comme Rudolf, en prennent une double dose. Elle représente la dynastie des Habsbourg et en plus elle a collaboré à la mise «à égalité» des hongrois et des germains, favorisant la scission de l’Empire d’Autriche en deux entités égales: l’Empire d’Autriche et le Royaume de Hongrie.
Heinrich Heine, est un écrivain d’origine juive, est l’un des grands écrivains romantiques allemands (le «dernier») mais pas que. Il a séjourné à Paris et était très francophile. Proche de Marx et d’Engels, Heine divisait déjà ses contemporains, notamment parce que lui-même ne reculait pas devant des jugements clivants. Il attaquait ses adversaires, réels ou supposés, aussi durement qu'il était attaqué lui-même, et ne s'effrayait d'aucune polémique. Depuis 1887, il existait des initiatives pour l'érection d'un monument en l'honneur du poète dans sa ville natale de Düsseldorf, soutenu entre autres par Élisabeth – qui rappelons-le a écrit des poèmes toute sa vie et se considérait comme auteure – afin de célébrer le prochain centenaire de sa naissance. Nombreux furent ceux qui dénoncèrent ce projet estimant qu’il s’agissait d’une «capitulation devant le judaïsme» et qualifiant Heine de «Juif de la décadence». En 1893, face à de semblables attaques, le conseil municipal de Düsseldorf avait déjà retiré son approbation à l'érection du monument conçu par le sculpteur Ernst Herter. Cette représentation de la Loreley fut finalement acquise par des germano-américains pour le quartier du Bronx à New York. Aujourd'hui connue sous le nom de Lorelei fountain, elle se trouve à proximité du Yankee Stadium. |
Acte II – Scène 10b |
