Lieu |
Personnages |
Palais de Schönbrunn, Vienne Mai (??) 1869 |
Élisabeth, Comtesse Esterházy-Liechtenstein, Médecin (La Mort) |
A) Dans la chambre de gymnastique de Élisabeth
On fait ici un bon en avant, car dans le musical rien n'est dit quant à la concrétisation de la rencontre de François-Joseph et de Madeleine, la prostituée syphilitique.
Acte II – Scène 7 |
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Acte II – Scène 7 |
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B) Petite disgression: la syphilis
La Syphilis est une maladie sexuellement transmissible qui existe en Europe depuis le XVème siècle et qui résulte d’une infection bactérienne. Le capitaine Martin Alonzo Pinzon, compagnon de Christophe Colomb, fut en 1493 la première victime européenne de la syphilis, une maladie vénérienne mortelle, jusque-là inconnue dans le Vieux Monde. En 1504, un médecin espagnol, Rodrigo Diaz de l'Isla, la décrivit correctement et situa son foyer dans l'île d'Hispaniola (aujourd'hui Haïti). On comprit alors qu'elle avait été amenée en Europe par les marins de Colomb en contact avec les femmes Taïnos.
La Syphilis allait dès lors contaminer en un temps record la péninsule italienne, profitant de la première des guerres d'Italie entreprise par le roi de France, Charles VIII. Cela lui valut d'être surnommée le «mal de Naples» par les Français... et le «mal français» par les Italiens.
La syphilis se manifeste chez les hommes par l'apparition d'un chancre sur les parties génitales puis, dans une phase secondaire, par une éruption sur tout le corps, enfin par une paralysie mortelle du cerveau, du coeur ou de l'aorte.
Chez les femmes, la maladie peut se développer sans qu'on y prenne garde du fait de l'absence de chancre au stade primaire. La syphilis secondaire se traduit en particulier par l'apparition de pigmentations autour du cou des femmes qui en sont atteintes.
Au XIXème siècle, avec la promiscuité et la pauvreté résultant de l’urbanisation et de l’industrialisation croissante, la syphilis constitue, en Europe, un fléau social d’une ampleur rarement égalée. On estime ainsi qu’à cette époque jusqu’à 10% de la population était atteinte en Europe de l’ouest.
On en guérit ? Non. Pas au XIXème siècle, ni avant. Vers 1860, grâce aux travaux de Louis Pasteur et de ses semblables, on est à peine en train de découvrir ce que sont les microbes et leur rôle dans la propagation des maladies. Mais il faudra attendre les années 1940 et la mise au point de la pénicilline, puis de tous les autres antibiotiques, pour pouvoir enfin guérir réellement la syphilis.
Par bien des points analogue au sida de la fin du XXème siècle par ses méfaits et ses connotations, la Syphilis a frappé de nombreuses personnalités comme:
- Franz Shubert (1797-1828)
- Alfred de Musset (1810-1857)
- Robert Scuman (1810-1856)
- Charles Baudelaire (1821-1867)
- Edouart Manet (1832-1883)
- Maupassant (1850-1893)
- Oscar Wilde (1854-1900)
- Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901)
- Alphonse Daudet (1840-1897)
- Georges Feydeau (1862-1921)
- le président Paul Deschanel (1855-1922) qui sauta en pyjama d'un train de nuit
- Al Capone (1899-1947)
- le général Gamelin (1872-1958) qui commandait les troupes françaises lors de l'invasion du territoire par la Wehrmacht
Et les prostituées, dans tout ça? Les filles, elles aussi, sont très conscientes du danger de la syphilis et du fait qu’elles sont aux premières lignes pour l’attraper.
Pour s’en protéger, elles apprennent vite à reconnaître les signes de la maladie chez leurs clients (un chancre, une tache bizarre sur la peau…), car la théorie voudrait qu’elles refusent de coucher avec un homme infecté afin de ne pas risquer de l’attraper, et donc de ne pas contaminer d’autres hommes. Un bon devoir de citoyennes, en somme!
Mais la théorie ne pèse pas lourd face à l’appât du gain, ni à la pression du client ou de l’établissement… L'exploitation de l'homme par l'homme n'est pas une invention récente.
Si certaines maisons très chic jouaient leur réputation sur la «propreté» de leurs filles (apprendre que l’une d’elles était atteinte, c’était risquer que tous les clients désertent), les bordels de bas étage n’étaient pas aussi regardants.
C’était même plutôt l’inverse: on maquillait les filles pour que les clients ne voient pas qu’elles portaient des signes de la syphilis, et on maquillait aussi leurs parties génitales lorsqu’elles passaient la visite médicale afin de duper le médecin venu les contrôler.
En gros: on est là pour faire du business. Si le client paye, il couche, et tant pis pour la fille. Quand elle sera trop malade, on s’en débarrassera. Il y en aura toujours bien une autre pour la remplacer…
(© D'après Lise Antunes Simoes - Blog XIXème siècle - www.liseantunessimoes.com)
C) Dans la chambre de gymnastique de Élisabeth (suite)
Acte II – Scène 7 |
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Si on décompose toute cette machinerie, on en arrive au plan diabolique suivant:
- Sophie fait son complot pour que François-Joseph trouve une autre femme!
- François-Joseph y cède ou non, aucune importance!!!
- La Mort fait croire à Elisabeth que François-Joseph la trompe …
- …et qu’elle a la syphilis
- Alors qu’en réalité elle tombe d’anorexie lors de sa gymnastique
- Résultat, Elisabeth prend encore plus ses distances de son mari
- Et aucun problème avec l'Histoire (avec un grand 'H'), elle n’a pas la syphilis.