Lieu et date |
Personnages |
Palais de la Hofburg Eté 1853 |
François-Joseph, Archiduchesse Sophie, Comte Grünne, Baron Hübner, Baron Kempen, Cardinal-Archevêque Rauscher, Prince Schwarzenberg, Lucheni, … |
Acte I – Scène 3 |
Il énonce clairement sur base de quoi, le jeune François-Joseph a stabilisé son pouvoir après les tornades de 1848:
- l’armée
- les fonctionnaires
- la religion (rappelons qu’à la différence du reste du monde germanique qui est protestant, l’Autriche est catholique)
- la police (et la police secrète)
- sa mère Sophie
C’est le symbole de cette scène. Avant l’arrivée d’Élisabeth qui va remettre de nombreuses choses en question.
Qui sont les personnages entourant l’Empereur?
A) Personnages entourant l'Empereur
Dans cette scène, les personnages qui entourent l'Empereur François-Joseph et Sophie - et qui reviendrons plus loin dans le spectacle - sont inspirés de personnages historiques bien réels. Parfois, ils n'occupent plus les bonnes fonctions aux bonnes dates. A cette précision près, ils représentent bien de véritables soutiens à l'Empereur.
A.1) Comte Karl Ludwig von Grünne
En 1847, Grünne entre au conseil privé de l'empereur Ferdinand Ier d'Autriche. Il devient rapidement un proche de l'archiduchesse Sophie, belle-sœur de l'empereur et mère du futur empereur François-Joseph. Comme nous l'avons vu, l'archiduchesse Sophie, femme de caractère et tête politique, est considérée comme "le seul homme de la famille". Elle affiche un soutien sans faille à l'absolutisme et au clergé.
En 1848, alors que la Révolution éclate dans l'Empire, Grünne est promu général. Il n'a aucune sympathie pour le mouvement libéral et soutient corps et âme la restauration de l'absolutisme, ainsi que la répression du mouvement indépendantiste hongrois. Il entre dans les bonnes grâces du pouvoir impérial et à l'avènement de l'empereur, Grünne est récompensé de sa fidélité en devenant aide de camp de celui-ci, puis chef de sa chancellerie militaire. Le général devient ainsi le principal maître d'œuvre de la politique militaire autrichienne, et ce bien qu'il n'ait jamais commandé au feu. Par ses fonctions, Grünne est amené à côtoyer quotidiennement le jeune empereur dont il gagne la vive affection. Certaines rumeurs vont même jusqu'à l'accuser de fournir des «maîtresses hygiéniques» à son maître.
L'influence de Grünne est pour le moins critiquable, car sa philosophie est des plus sommaires. Il encourage François-Joseph à appliquer à la société civile les strictes règles de discipline et d'obéissance en vigueur dans l'institution militaire.
En ce qui concerne les affaires militaires, là encore l'action de Grünne est discutable. Très conservateur, il écarte ainsi de l'entourage impérial les officiers prônant la guerre moderne, la guerre de mouvement, selon les idées du maréchal Radetzky. Ainsi à la fin des années 1850 l'armée autrichienne accuse un retard certain par rapport à ses rivales européennes.
En 1858 Grünne place à la tête de l'armée d'Italie le général Gyulai, dont l'incompétence éclate au grand jour un an plus tard lors de la guerre contre le Piémont. Nous y reviendrons. Cette erreur ainsi que l'impréparation de l'armée dont il est grandement responsable participent à la défaite autrichienne de 1859. Jugé responsable de ce désastre, Grünne est renvoyé par l'empereur à l'automne 1859, ainsi que d'autres piliers du régime néo-absolutiste.
Grünne ne jouera plus aucun rôle politique après sa disgrâce. En 1883 il est nommé membre du Reichsrat, et meurt un an plus tard à l'âge de 76 ans.
A.2) Baron Johann Franz Kempen
En 1849, l'empereur François-Joseph nomma Johann Franz Kempen inspecteur général de la gendarmerie, que ce dernier transforma en un corps puissant. En 1851, il devint gouverneur militaire de Vienne puis fut chef de l'autorité suprême de la police de 1852 à 1859 et donc un artisan clé du néoabsolutisme.
En tant que chef de la gendarmerie et de la police, le baron Kempen von Fichtenstam dispose de pouvoirs étendus: un service secret avec un grand nombre d'indicateurs. La gendarmerie surveillait tous les fonctionnaires, les gouverneurs, les officiers et même les ministres.
Comme les rapports de gendarmerie étaient trop souvent basés sur des hypothèses et que les preuves manquaient, il y avait d'innombrables désaccords non seulement avec les civils mais aussi avec les autorités militaires.
En 1854, l'empereur François-Joseph éleva Kempen von Fichtenstam au rang de baron en Autriche.
Le baron Kempen von Fichtenstam mourut aux premières heures du 29 novembre 1863 après deux mois d' une douloureuse maladie.
A.3) Cardinal-Archevêque Joseph Othmar Rauscher
Les parents de Joseph Othmar Rauscher se sont opposés à son désir d'entrer dans les ordres sacrés, mais il a finalement surmonté leurs objections. Après son ordination, il fut nommé vicaire à Hütteldorf, puis professeur d'histoire de l'Église et de droit canonique à Salzbourg. En janvier 1849, le cardinal Schwarzenberg nomma son ancien professeur prince-évêque de Sekkau.
Le 14 septembre 1852, un ordre du cabinet parut, le nommant plénipotentiaire impérial pour la conclusion du CONCORDAT AUTRICHIEN (nous y reviendrons dans la scène 10). En matière politico-religieuse, un concordat est un traité signé entre le Saint-Siège et un État particulier dans le but de définir les domaines respectifs et éclaircir les relations entre l'Église catholique et les autorités civiles du pays signataire!!!! Les négociations ont été longues et pénibles; pendant ce temps, Rauscher fut nommé prince-archevêque de Vienne et fit son entrée solennelle dans la cathédrale Saint-Étienne le 15 août 1853.
Pour promouvoir le concordat, il jugea nécessaire de se rendre à Rome, où il était engagé dans les négociations les plus difficiles pour sept mois. Il put ainsi participer aux solennités liées à la définition de l' Immaculée Conception. Enfin, le 18 août 1855, le Concordat est signé et le 5 novembre il est publié comme loi «applicable dans tout l'empire». Le 17 décembre 1855, le pape ordonna Rauscher Cardinal.
Après les guerres d'Autriche de 1859-1866, il se trouva sur la défensive, puisque la responsabilité des défaites fut renvoyée au Concordat. Il y eut un grand mécontentement et une grande agitation. Rauscher alla même jusqu'à demander: «N'est-il pas permis à un pape de prononcer une loi injuste? Chaque journal s'arroge le droit de stigmatiser l'injustice de toutes les lois qui ne sont pas d'accord avec ses vues partisanes». Mais Rauscher fut condamné à quatorze jours de prison. il obtint immédiatement de l'empereur l'annulation de la sentence et des conséquences qu'elle entraînait en matière de droits civils et de relations. Malade, il participa alors au Concile Vatican I en 1869-1870. Il meurt en 1875.
A.4) Prince Edmond de Schwarzenberg
Le prince Edmond de Schwarzenberg est le plus jeune fils d'un héros de la bataille des Nations à Leipzig en 1813 contre la Grande Armée de Napoléon, le prince Charles-Philippe de Schwarzenberg.
Il entre en 1821 comme cadet de l'armée impériale autrichienne. Il gravit les échelons de la hiérarchie militaire et devient colonel en 1836, puis commandant du IVe régiment de cuirassiers. Il est général major en 1844 au Conseil de guerre de la Cour (Hofkriegsrat). Les révolutions de 1848 le voient général de brigade de l'armée de Radetzky en Italie, où il est décoré lors de combats. Il est décoré de l'ordre militaire de Marie-Thérèse le 4 août 1848 après la bataille de Milan. Peu de temps après, le général est envoyé dans le royaume de Hongrie, où il participe aux combats de l'hiver 1848-1849. Il est nommé commandant du troisième corps d'armée en 1859, cantonné en Italie. Il participe à la bataille de Solférino (campagne d'Italie) le 4 juin 1859, puis il passe après la paix au deuxième corps d'armée, et il devient général commandant en Basse et Haute-Autriche.
Il démissionne, officiellement pour raison de santé, en 1860.Il est néanmoins nommé Feldmarschall, le 18 octobre 1867, par l'empereur François-Joseph pour rappeler la gloire de son père, lorsque l'on pose en sa présence la première pierre d'un monument en sa mémoire, sur la place Schwarzenberg à Vienne. Il fut le dernier officier de l'armée impériale à accéder à ce rang en Autriche-Hongrie. Il meurt dans son château de Worlik (aujourd'hui Orlik) en Bohême.
A.5) Baron Alexandre de Hübner
Hübner a commencé sa carrière publique en 1833 sous Metternich, véritable père spirituel, dont il a rapidement gagné la confiance et qui l'envoya en 1837 comme attaché à Paris. En 1848, il fut envoyé à Milan mais fut pris comme otage au moment de la Révolution («Les Cinq Journées de Milan») et resta prisonnier quelques mois. De retour en Autriche, il lui fut confié l'archivage des documents et proclamations relatives à l'abdication de l'empereur Ferdinand et à l'accession de François-Joseph.
En mars 1849 il fut envoyé en mission spéciale à Paris, puis, la même année, fut nommé ambassadeur en France. Son influence fut due, dans une large mesure, à l'attitude amicale de l'Autriche envers les Alliés pendant la guerre de Crimée. Il représenta l'Autriche au Congrès de Paris (1856). Il se fit cependant surprendre par l'intervention de Napoléon III en faveur de l'Unité italienne. Il participa également à la Conférence de Paris (1858) réglant le statut des principautés danubiennes. La première manifestation publique de la désapprobation impériale fut la réception peu chaleureuse de Hübner par l'empereur à la réception du nouvel anHübner, avec la célèbre formule: «Je regrette que nos relations ne soient plus aussi bonnes comme je désire qu'elles fussent».
Hübner ne revint pas à Paris après la guerre. Après avoir été ministre de le police dans le gouvernement Gołuchowski d'août à octobre octobre 1859, il se retira jusqu'en 1865, date à laquelle il devint ambassadeur au Saint Siège. Ayant quitté son poste en 1867, il entreprit de grands voyages dont il rend compte dans des livres qui ont eu un grand succès à l'époque. En 1879 il fut nommé membre à vie de la Chambre Haute du parlement autrichien où il siégea dans le parti conservateur. Il devint baron en 1854, et comte en 1888. Il est mort à Vienne le 30 juillet 1892.
B) Des concessions vers l’autoritarisme...
Dans cette scène, nous découvrons très clairement l'impact de Sophie dans la gestion du pays. Elle chapeaute vraiment son fils. Cette démarche est normale dans le rôle politique qu'elle joue depuis toujours. Rappelons qu'elle a grandement influencé sur le fait que son propre mari (François-Charles) ne succède pas à son frère l'Empereur Ferdinand Ier en 1848 lors de son abdication amis plutôt son fils (et de François-Charles) François-Joseph. Nous le répéterons encore souvent, mais ce n'est pas pour rien que Metternich disait d'elle qu'elle était: «Le seul homme de la famille.»
B.1) Emprise de l'Eglise
Acte I – Scène 3 |
On parle bien entendu ici du futur Concordat de 1855.
B.2) Soumission du peuple
Nous retrouvons le même schéma décisionnel lorsqu'une mère implore la pitié de l'Empereur. Son fils a été condamné à mort pour avoir crié: «Liberté». Ici encore Sophie conseillera la fermeté face à ce peuple qui a tenté en 1848 de renverser la dynastie. .
B.3) Discussions militaires
Le Comte Grünne, conseiller militaire de l’Empereur, introduit le Prince Schwarzenberg, général stratège.
Acte I – Scène 3 |
La Guerre de Crimée (1853-1856) est une guerre qui va opposer durant plus de deux ans l’Empire Russe et une coalition formée de la France, le Royaume-Uni, l’Empire Ottoman et le Royaume de Sardaigne.
Au départ, deux nations s'affrontent:
- l’expansionniste Russie qui essaie d'instaurer son influence sur les peuples slaves vivant dans l’Empire ottoman, en plein déclin
- l’Angleterre qui refuse cette prise de pouvoir surtout parce qu'elle entraîne une mainmise russe sur les détroits
En juin 1853, le tsar fait entrer ses troupes dans les provinces ottomanes de Moldavie et Valachie. Des discussions furent organisées durant l'été à Vienne mais ni les Russes ni les Ottomans n'étaient prêts à faire des concessions. Les Ottomans vont tenter quelques contre-attaques mais sans grand succès. |
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Pour ravitailler ses troupes l'armée ottomane dépend de sa flotte. Mais la marine russe patrouille menaçant de couler tout navire ennemi. Le 30 novembre 1853, la flotte russe pulvérise la flotte turque dans le port de Sinop. L'Angleterre ne peut laisser faire et doit s'engager, sous peine de voir la région basculer. |
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La France en profite pour se rapprocher avec l’Angleterre... et briser son isolement diplomatique (Second Empire depuis 2 décembre 1852). Les deux pays déclarent la guerre à la Russie en mars 1854 et garantissent à l'Empire Ottoman qu'elles s'engagent mais ne réclameront aucun territoire conquis. Les Russes reculent. |
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D'octobre 1854 à septembre 1855, Sébastopol est assiégé. Après avoir démonté les canons de marine, la flotte russe se saborde dans la baie de Sébastopol pour en interdire l'accès aux navires franco-britanniques. Pour éviter un second hiver de guerre, l'attaque est lancée contre Sébastopol le 5 septembre, qui tombe le 9 septembre. |
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Pendant les onze mois de siège, les alliés ont perdu près de 115.000 hommes (dont 95.000 Français), le quart d'entre eux ayant été victimes du froid et du typhus. Vu l'état pitoyable de leurs armées, les Franco-britanniques ne peuvent envisager l'invasion de la Russie par le sud. Le tsar Nicolas Ier meurt en mars 1855. Son successeur Alexandre II, poussé par le roi de Prusse et l'empereur d'Autriche François-Joseph, accepte de négocier avec ses vainqueurs, dès le 1er février 1856. Les diplomates européens se réunissent à Paris le 26 février 1856, sous la présidence du comte Alexandre Waleswski, ministre français des Affaires étrangères. Le 30 mars 1856, le Traité de Paris est signé où l’intégrité de l’Empire ottoman est garanti, à la satisfaction de l’Angleterre. Parallèlement, sous la pression de la France, les puissances européennes reconnaissent les autonomies de la Moldavie et de la Valachie.
Mais quid de l'Autriche dans ce conflit? Rappelons-nous que la Russie avait porté son aide en 1849 à l’Autriche pour mettre fin à la révolution hongroise. L'Autriche de François-Joseph est profondément redevable à la Russie de cette intervention militaire. Le compétent stratège Schwarzenberg s’en souvient…
Acte I – Scène 3 |
Mais Grünne, le conseiller militaire personnel de l’Empereur, est plus opportuniste…
Acte I – Scène 3 |
Cette neutralité autrichienne lors de la guerre de Crimée affaiblira profondément sa relation avec la Russie. Naïveté diplomatique? Oui certainement. Mais pas que. On pourrait dire aussi «arrogance diplomatique« car on a l'impression que l'Autriche de cette époque ne se rend pas compte que l'Europe de 1853 n'est plus celle de Metternich des années '20, où l'Autriche était toute puissante. Quand l'Archiduchesse Sophie, après avoir soutenu fermement le Concordat et forcé son fils à refuser une grâce, traite avec indifférence la Guerre de Crimée, on voit bien que l'Autriche est un bateau qui commence à couler.