1.1.2.
962 - Otton Ier
Création St Empire

 1.1.4.
1250-1438
Gd Interrègne

 1.2.
1806-1813
Confédération du Rhin

 2.
1848-1898
Les années Elisabeth

Pendant près de trois siècles, quatre dynasties vont se succéder à la tête du Saint Empire Romain Germanique: les Ottoniens, les Franconiens, la maison de Supplinbourg et les Hohenstaufen.

A) 962-1024: les Ottoniens

Nous avons vu que Otton Ier a créé le Saint Empire Romain Germanique en 962. mais rappelons qu'il était déjà Roi de Germanie depuis 936 et que son père Heni Ier avait fondé la dynastie en étant Roi de Germanie de 919 à 936. Cette remarque étant faite, les Empereurs Ottoniens sont:

  • Otton Ier (912 - 962 - 973)
  • Otton II (955 - 973 - 983)
  • Crise 983-996
  • Otton III (980 - 996 - 1002)
  • Henry II (973 - 1002 - 1024)
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Otton II, empereur du Saint Empire Romain,
entouré des provinces de l'Empire
Chantilly (France), Musée Condé

Otton II va poursuivre l'oeuvre de son père, Otton Ier, qui avait pris soin de l'initier au pouvoir dès son plus jeune âge. En fait il l'avait fait désigner de son vivant «souverain associé». Au décès de son père, il n'a que 18 ans, et il doit affronter de graves troubles liés à la remise en cause de sa succession. Il doit d'abord rétablir l'autorité impériale en Allemagne avant d'entreprendre la conquête de l'Italie du Sud, pensant ainsi parachever l'œuvre de son père. L'entreprise tourne malheureusement au désastre en 982. À la bataille du cap Colonne en Calabre, le 13 juillet 982, son armée est battue et il manque d'être capturé par les Sarrasins: les Italiens présents dans ses troupes, l’ont abandonné et Otton II doit prendre la fuite et atteindre à la nage un bateau grec qui lui donne refuge. Réfugié à Rossano, il cache sa réelle identité et ne revient à Rome que le 12 novembre 982. Cette défaite fragilise considérablement le pouvoir impérial: perte des Pouilles, de la Calabre, révoltes un peu partout, ... En 983, comme il se disposait à réparer cet échec, il tombe malade et meurt le 7 décembre, âgé d'à peine 28 ans. On accuse sa femme, de l'avoir fait empoisonner.

Sa mort précoce est pour le jeune empire, une grave épreuve. Son fils de 3 ans est élu roi et il est couronné, trois semaines plus tard, le 25 décembre sous le nom de Otton III. Dès lors, l’œuvre d'Otton Ier paraît mise en question. Le nord de l'Empire, pas plus que le sud, ne sont sûrs et l'héritier du trône est un petit enfant. Le premier qui se révolte est Henri II le Querelleur, duc de Bavière. Il s'empare de l’enfant royal et exige qu'on lui confie la régence, puis, il cherche à prendre la couronne en convoquant barons et évêques lors de deux bans. Toute l'Allemagne s'agite, et même la France, dont l'ambitieux roi Lothaire jette de nouveau les regards sur la Lotharingie. Mais, en définitive, le jeune Otton III conserve la couronne, grâce à la fidélité de la plupart des vassaux. Il est placé sous la tutelle de sa mère, puis de sa grand-mère Adélaïde de Bourgogne. L'édifice construit par Otton Ier prouve ainsi combien il est solide. Otton III, qui est grec par sa mère Théophano, n'essaie pas simplement comme son grand-père Otton Ierde restaurer l'Empire Carolingien, mais tente de restaurer un empire universel. Son rêve est un empire qui aurait la dignité de celui de Byzance et l'efficacité de celui de Charlemagne. Mais Otton III meurt le 23 janvier 1002 d'une forte fièvre, âgé d'à peine 22 ans! La mort d'Otton III marque la fin d'un rêve d'empire universel s'étendant à toute la chrétienté.

Lui succède son cousin, Henri II le Saint, le fils du terrible Henri II le Querelleur. Il est un esprit réaliste, imprégné d'une profonde piété. Il abandonne les rêves d'Otton III et borne presque exclusivement son activité à l'Allemagne, où il favorise systématiquement l'Église. Il décède soudainement le 13 juillet 1024 à 51 ans, sans enfant.

B) 1024-1125: les Franconiens

Otton III n'ayant pas de descendant, une nouvelle dynastie, issue de la Franconie, va prendre les rennes du Saint Empire Romain Germanique. Ils seront trois dans cette dynastie:

  • Conrad II (990 - 1024 - 1039)
  • Henry III (1017 - 1039 - 1056)
  • Henry IV (1050 - 1056 - 1106)
  • Henry V (1086 - 1111 - 1125)

Conrad II est élu pour succéder à Otton III. Il s'agit d'un grand Roi, assez prudent et tempéré. Il gère l'Italie avec beaucoup plus de calme que ses prédécesseurs et, surtout, plutôt que de lutter en permanences avec les puissants Ducs, en Germanie, il va s'appuyer sur les Comtes et la petite noblesses, brisant ainsi le pouvoir des Ducs. Mais il prépare aussi le morcellement de la Germanie en une multitude de petites unités territoriales.

Lorsqu'Henry III succède à son père Conrad II en 1039, il trouve un Empire solide et, contrairement à ses deux prédécesseurs, il n'a pas à conquérir son pouvoir. Il a été éduqué par des ecclésiastiques et est sensible à la dégénérescence morale de l'Église. Il est favorable à la réforme monastique. Tout ce qui entourait les souverains devait être empreint de sérieux et de dignité. Henry III meurt subitement le 5 octobre 1056 à l'âge de 38 ans, pendant un séjour de chasse au château de Bodfeld. Il a fait en sorte que son seul fils survivant Henry IV, âgé de six ans, lui succède sous la régence de sa mère Agnès de Poitiers.

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Leon IX
Statue à Eguisheim (Haut-Rhin)

  La querelle des Investitures  Un conflit avec la papauté va alors exploser. Longtemps, la papauté avait accepté la tutelle qu’exerçait sur elle le pouvoir impérial en vertu du Privilège ottonien de 962, d’autant plus facilement que les Empereurs participaient activement à la politique de réforme de l’Église souhaitée par Rome et soutenaient les missions évangélisatrices dans le monde balte et en Europe nord-orientale. De plus, la plupart des papes, à de rares exceptions, avaient été jusqu’au milieu du XIème siècle des personnalités de faible envergure n’ayant ni les moyens ni la volonté de s’opposer aux exigences des Empereurs. Or, en 1056, la présence à la tête du Reich d’un jeune enfant de 6 ans, Henry IV, fut une excellente occasion pour le pouvoir spirituel de s’émanciper de la « protection » du pouvoir impérial.

Dès 1048, le pape Leon IX (1048-1054) avait lancé ce que l’on appelle la «réforme grégorienne» (les historiens ont donné le nom de la réforme en s’inspirant du futur pape Grégoire VII qui en sera le principal artisan). Mais le premier signe concret se produisit en 1057 à la mort du pape Victor II (1055-1057). Ce fut le cardinal de Lorraine Frédéric qui fut élu pape sous le nom d’Etienne IX (1057-1059), cette fois en dehors de toute influence ou validation du pouvoir impérial.

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Dictatus papae
(27 propositions numérotées de 1 à 27)
Archive du Vatican

Son successeur, le pape Nicolas II (1059-1061), promulgua un fameux décret en 1059 déclarant que le pape serait élu par les cardinaux, prêtres et diacres, avec l’approbation du reste du clergé romain et du peuple. Et que quiconque s'y opposerait serait excommunié. À la mort de Nicolas II, en 1061, Alexandre II (1061-1073) fut élu pape par le Sacré Collège (Élection pontificale de 1061), conformément au décret de 1059 du feu pape. Une notification fut adressée à la cour de l'Empereur, qui l'ignora. Les cardinaux en déduirent que le privilège impérial de confirmation avait été abandonné.

Mais tout va se compliquer avec l’élection en 1073 de Grégoire VII comme nouveau pape. En 1075, il va commencer par promulguer le «Dictatus papae» qui affirme les pouvoirs du pape. La plupart des évêques d'Allemagne et de Lombardie entrent alors en dissidence avec le pape qu'ils reconnaissaient jusqu'alors, et déclarent le pape Grégoire VII destitué. Les évêques et les archevêques se considèrent en effet comme des princes de l'Empire, dotés de privilèges importants fournis par l’Empereur. En 1076, la réponse de Grégoire VII va être très claire: il déchoit l’Empereur Henry IV de son titre de Roi d’Italie et va jusqu’à l’excommunier! Cette fois, après cette excommunication, beaucoup de princes allemands qui soutenaient auparavant Henri, se détachent de lui; ils le contraignent à se séparer de ses conseillers que le pape avait condamnés et le forcent à «faire pénitence avant le terme d'un an et un jour». Ils veulent que Henry IV se soumette au jugement du pape sinon ils éliront un nouveau souverain.

Henry IV décide en décembre 1076 de traverser les Alpes enneigées pour se rendre en Italie. Le pape Grégoire VII craignait l'approche d'une armée impériale et souhaitait éviter une rencontre avec Henry IV; il se retire à Canossa dans un château bien fortifié. Le 25 janvier 1077, l'armée de l'Empereur ceinture la ville mais se garde de l'attaquer. Au lieu de cela, trois jours de suite, le jeune Henry IV se présente seul à la porte de la forteresse, en robe de bure, pieds nus dans la neige. Il supplie le pape de le recevoir et de le relever de l'excommunication. Henry se présente en habit de pénitent devant le château de Canossa. Le 28 janvier, le pape n'a d'autre choix que de pardonner au pénitent et de lui ouvrir la porte. L'empereur se jette à ses genoux: «Très Saint Père, épargnez-moi!» Grégoire VII réhabilite Henry IV, mais comme il le craignait, l’Empereur en profite pour restaurer son autorité et... reprendre la querelle des Investitures. Les historiens d’aujourd’hui reconnaissent cette pénitence comme une habile manœuvre diplomatique, qui rendait à Henry IV sa liberté d'action tout en restreignant celle du pape. Il est pourtant acquis que, sur le long terme, cet événement a porté un sérieux coup à la position de l'Empire allemand.

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Querelle des Investitures - Canossa © DR
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Saint Grégoire VII
«J'ai aimé la justice et j'ai haï l'iniquité;
c'est pour cela que je meurs en exil.»

Mais cela ne fait pas plaisir à certains et la réhabilitation d'Henry IV n'empêche pas l'élection d'un second empereur, Rodolphe de Rheinfelden, par des princes allemands révoltés en 1077. Il s’agit du premier de 4 «anti-rois» (Rodolphe de Rheinfelden (1077-1080), Hermann de Salm (1081-1088), Ekbert de Meissen (1088-1090), Conrad le Franc (1093-1101)). En 1080, le pape Grégoire VII excommuniera une nouvelle fois Henry IV, mais comme le clergé germanique lui reste fidèle c’est moins important. L’Empereur réunira même un synode qui destituera le pape Grégoire VII et élira un anti-pape, Clément III, qui ne parviendra pas à s'imposer en dehors de l'Empire romain germanique, malgré l'appui des rois de Hongrie et d'Angleterre. On a donc à cette époque deux papes et deux Empereurs: Henry est roi et Rodolphe anti-roi, Grégoire pape et Clément anti-pape! Mais en 1080, Grégoire VII défait Rodolphe qui meurt à la bataille de Mersebourg. Il fonce ensuite sur Rome, l’occupe et y installe son pape, Clément III. Grégoire VII qui a du fuir, appelle au secours les terribles Normands (Vikings). Ces derniers arrivent dans le mois qui suit et chassent de Rome l'empereur Henry IV et son pape Clément III. Mais, sous prétexte de réinstaller Grégoire VII sur la chaire de saint Pierre, ils en profitent pour occuper Rome, la piller et la mettre au massacre. Les Romains ne le pardonnent pas à Grégoire VII. Il doit partir pour l'abbaye du Mont-Cassin et enfin pour Salerne. Le grand pape réformateur meurt abandonné de tous le 25 mai 1085.

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Henri V rend visite à son père Henry IV
au donjon de Böckelheim
Miniature de 1450
«Tu as quitté le royaume des troubles pour le royaume de la paix; le royaume éphémère pour le royaume éternel ; le royaume terrestre pour le royaume céleste. C'est à présent que tu règnes vraiment, porteur d'un diadème que ton héritier ne te dérobe pas et qu'aucun opposant ne t'envie»
Epitaphe rédigée par un chroniqueur anonyme

Les Romains le remplacent alors par Urbain II qui, très pieux, persistera à ne vivre que d'aumônes... Mais c'est aussi un chef énergique. Appuyé par les Normands de Sicile et les villes de Lombardie, il reprend Rome en 1093 et chasse Henry IV d'Italie. Des querelles éclatent alors au sein de la famille d'Henry IV. Le fils aîné de celui-ci, Conrad, a été désigné roi d'Italie en 1093 par son père, en préalable à sa succession à la tête de l'empire. Mais très vite Conrad et sa mère, une princesse russe du nom de Praxedis, deuxième épouse d'Henry IV, se laissent aller à la mode des attaques contre l'Empereur. Le pape Urbain II convoque le jeune Conrad (20 ans) à Crémone et lui confère solennellement le titre d'Empereur, retiré à Henry IV. Ulcéré, ce dernier déshérite son fils aîné en 1093 et désigne son cadet Henry comme successeur. Mais quelques années plus tard, en 1100, ce fils cadet renverse son frère Conrad et s’auto-proclame Empereur. Et il ira jusqu’au bout des choses, puisqu’il fera prisonnier son père Henry IV et l'obligera à abdiquer lors de la diète de Mayence en 1105. Prisonnier et toujours sous le coup de l'excommunication, l'ex-empereur arrive à s'échapper, tente de prendre les armes contre son fils Henry V, y renonce, sollicite une place de chantre dans le chœur de la cathédrale de Spire, se la voit refuser par l'évêque et finalement meurt dans le dénuement à Liège. Son corps restera cinq ans sans sépulture du fait de l'excommunication avant d'être enfin inhumé dans la cathédrale de Spire. Triste fin qui venge Grégoire VII! Une série Netflix n’aurait pas fait mieux!!!

Empereur et papes vont encore lutter pendant plusieurs années avant de clore la «Querelle des Investitures». En 1122, au bout de 46 ans de lutte (1076-1122), le Concordat de Worms met fin à la Querelle:

  • Les évêques sont élus par les religieux de la cathédrale et reçoivent leurs pouvoirs spirituels des autorités religieuses (remise de la crosse et de l’anneau épiscopal)
  • Ensuite, ils reçoivent des autorités laïques leur pouvoir seigneurial (remise du sceptre).

L’empereur perd la nomination des évêques, ce qui affaiblit son pouvoir en Allemagne et en Italie.

Le 23 mai 1125, Henry V décède d’un cancer à Utrecht.

Sur son lit de mort, n'ayant pas d'enfants lé gitimes il laissa ses biens à son neveu Frédéric II de Hohenstaufen. À sa mort, la lignée dynastique des Empereurs franconiens s'est éteinte.

C) 1125-1137: les Supplinburg

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L'empereur Lothaire III remet un diplôme à un moine
Livre de copie du monastère de Vornbach, seconde moitié du XIIe siècle

Nous allons encore vivre un rebondissement à la Netflix. A la mort de Henry V, son épouse Mathilde a remis les insignes impériaux à l'archevêque de Mayence et en septembre 1126, elle est retournée dans sa nation d’origine, l’Angleterre.

Le duc de Hohenstaufen Frédéric II était considéré comme un candidat prometteur à la succession royale vu les derniers souhaits de Henry V. Mais sa candidature à l'assemblée électorale de Mayence le 24 août 1125 n'a pas abouti.

Les autres candidats royaux étaient Léopold III (Margrave d'Autriche), Charles Ier (Comte de Flandre) et Lothaire III (Duc de Saxe). Ce fut ce dernier qui a finalement été élu. Le souhait de Henry V n'a donc pas été respect. En fait, les princes choisissent un successeur qui ne prétende plus établir, à leurs dépens, une monarchie héréditaire et absolue. Ils se tournent donc vers l'ennemi de Henry V, Lothaire III et le choisissent.

On peut donc dire que dans ce cadre, la légitimité n'est plus déterminée par l'héritage, mais par l'élection des princes impériaux. Après un règne agité, Lothaire III meurt en 1137.

D) 1138-1197: les Hohenstaufen

A Lothaire III succédera Conrad III, un Hohenstaufen. L'ascension des Hohenstaufen est liée à l'extinction de la dynastie franconienne en 1125. Le frère aîné de Conrad, Frédéric II, avait échoué à prendre la succession de l'empereur Henry V sur la base de son lien de parenté avec le défunt souverain. Les princes avaient réaffirmé leur droit électoral et avaient désigné Lothaire III, le duc de Saxe. En réaction, Conrad s’était fait proclamer anti-roi en 1127, et avait déclenché des combats armés à long terme avec Lothaire III. À la suite de la mort de Lothaire, il a su s'imposer dans l'élection de 1138 face à son rival le duc Henri X de Bavière.

  • Conrad III (1093 - 1138 - 1152)
  • Frédéric Ier Barberousse (1122 - 1152 - 1190)
  • Henry VI le Cruel (1165 - 1190 - 1197)
  • Philippe Ier de Souabe (1177 - 1198 - 1208) et Otton IV (1177 - 1198 - 1215)
  • Frédéric II (1194 - 1215 - 1250)

Conrad III participe à la deuxième croisade. Il part de Ratisbonne en mai 1147, rencontre l'Empereur byzantin Manuel Ier à Constantinople, mais ses troupes sont anéanties à Dorylée, en Asie Mineure, le 25 octobre. Il rejoint le roi de France Louis VII et part pour Saint-Jean-d'Acre au printemps 1148. L'échec du siège de Damas, au mois de juillet, incite le roi à prendre le chemin du retour. Il repart pour Constantinople le 8 septembre. Jamais sacré empereur, Conrad utilise le titre de «roi des Romains» jusqu'à sa mort. Lorsque son fils aîné Henri Bérenger trouve la mort, en 1150, il désigne son neveu Frédéric Barberousse pour lui succéder.

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Frédéric Barberousse
Peinture à l'huile de François Edouard Picot (1843)

Le nouveau souverain va avoir dès le début de son règne pour but premier de restaurer l'autorité impériale. Il rêverait même de pouvoir construire un «Empire universel». Pour ces deux raisons, il tente d'établir solidement son autorité en Italie, où il fait reconnaître ses droits par les communes italiennes à la diète de Roncaglia en 1158. Il ne peut cependant obtenir la soumission de la commune de Milan, qu'il fait raser en 1162.

Mais le système despotique qu'il instaure provoque le soulèvement des communes italiennes, soutenues par la papauté, inquiète des théories de Frédéric Barberousse sur la domination universelle du monde. La longue lutte qui résulte de cette situation le forcera à reconnaître l'autonomie des communes italiennes.

Dans le royaume de Germanie, Frédéric Barberousse favorise la haute aristocratie en créant de nouveaux duchés qu'il distribue à de puissants vassaux (l'Autriche à Henri Jasomirgott); il cherche à se constituer un domaine, sur lequel il puisse fonder sa puissance au cœur de l'Allemagne.

Le règne de Frédéric Barberousse est sans nul doute le plus glorieux des règnes des empereurs allemands du Moyen Âge; mais le mirage italien lui a vraisemblablement masqué les voies d'une politique réaliste. Frédéric Barberousse enlise la politique impériale en Italie, où il fait épouser à son fils Henri l'héritière du trône de Sicile. En Allemagne, l'empereur favorise la constitution de principautés territoriales par sa politique de faveurs à l'aristocratie. Le 10 juin 1190, il se noie accidentellement à l'âge de 68 ans sur la route de croisade de Jérusalem en traversant la rivière Saleph en Asie Mineure (actuelle Turquie).

L'action de Frédéric Barberousse ne peut être poursuivie par ses successeurs. Son fils, Henri VI le cruel rêve de nouveau d'un empire universel, mais sa politique d'installation en Italie de seigneurs allemands mécontente gravement la population italienne. Il est particulièrement cruel. Par exemple, quand en 1194, meurt en Sicile Tancrède de Lecce qui s'était proclamé Roi de Sicile en 1190 sans l'accord de Henri VI le cruel, ce dernier part en Sicile. L'armée impériale ne rencontre guère de résistance, et Henri VI est sacré Roi de Sicile le 25 décembre. Henri peut alors se livrer à une répression brutale: quelques jours après son couronnement, il fait châtrer et crever les yeux du jeune fils de Tancrède, Guillaume, et emprisonne à vie le reste de sa famille. Les nobles et les évêques ayant assisté au sacre de son rival sont brûlés vifs dans un champ près de Palerme, à cinq cents pas du palais royal. Henri VI le cruel fait ensuite déterrer les dépouilles de Tancrède et de son fils Roger. On leur arrache leurs couronnes d'or avant de les décapiter.

Le fils d'Henri VI le cruel, Frédéric, n'était âgé que de trois ans à la mort de son père en 1197. On repart dans une lutte de pouvoir et les Princes Allemands ne peuvent se mettre d'accord pour élire un nouveau monarque. Résultat: Otton de Brunswick et l'oncle de Frédéric, Philippe de Souabe, se disputent le trône pendant de longues années. Otton IV ne régnera en maître qu'après l'assassinat de Philippe Ier de Souabe en 1208. Il règna en maître jusqu'en 1211 lorsque le pape l'excommunia pour ses tentatives de récupérer la suprématie sur le royaume de Sicile. Son pouvoir s'affaiblit alors juqu'à ce que Frédéric II, àgé cette fois de 21 ans, le remplace en 1215. Le rôle fondamental de la papauté dans cette prise de pouvoir permet au pape Innocent III de lui ait fait prendre des engagements de séparer le royaume de Sicile de l'Empire et de mener une Croisade, ce qui permettait d'éloigner l'ambitieux souverain. Toutes ces promesses permirent à Frédéric II d'asseoir son pouvoir solidement. Mais n'ayant pas honoré cette promesse, Frédéric II fut excommunié le 28 septembre 1227 par Grégoire IX, fraichement élu pape. Il partit alors dans une pseudo-croisade qui lui permettra de s'auto-couronner Roi de Jérusalemn en 1229.

Frédéric II reprend à son compte la théorie de la supériorité impériale sur un Empire Universel dont l'Italie serait le centre. Toute son action politique est dès lors centrée sur l'Italie. Appuyé sur le royaume de Sicile qu'il organise pour se donner les moyens d'une grande politique, Frédéric II se heurte de nouveau aux communes italiennes et à la Papauté, qu'il combat avec âpreté. Sa longue absence d'Allemagne permet aux princes territoriaux d'organiser et de fortifier leurs principautés.

À sa mort, en 1250, Frédéric II laisse un empire affaibli: l'Italie est en proie aux luttes de factions; l'Allemagne est désormais morcelée en de multiples territoires autonomes. L'Empire, tel que l'avaient conçu les Ottoniens puis Frédéric Barberousse, avait vécu. L'Allemagne et l'Italie, longtemps associées, devaient suivre désormais leur propre destin.