Lieu |
Personnages |
Generalweise à Budapest | Elisabeth (29 ans), La Mort |
A) Un pas de deux avec La Mort
Cette scène est la troisième manifestation de la réussite de prise de pouvoir personnel d'Élisabeth. Elle rayonne après avoir été couronnée Reine de Hongrie... S'en suit une confrontation avec La Mort.
Cette confrontation avec La Mort est la concrétisation du discours de Lucheni dans la scène précédente.
L’enchaînement de l’ultimatum réussi à son mari (août 1865) et son soutien acharné à la «solution hongroise» ont libéré Élisabeth de ses «fils», elle n’est plus une marionnette. Elle est libre.
Mais sa liberté va faire d’elle l’alliée de La Mort.
Celle qui se comparait petite à une mouette, est devenue une «mouette noire». Quand elle écrivait à Louis II de Bavière, elle signait toujours «La Mouette» et lui «L’Aigle».
Dans cette scène, La Mort va très clairement nous faire comprendre que les les «victoires» d'Élisabeth, sont en fait ses triomphes à lui car ils changent profondément l’avenir de l’Autriche. Rappelons que nous sortons juste de la suppression de la Confédération Germanique et que l’Empire d’Autriche vient en plus de se fissurer en deux.
Acte II – Scène 2 |
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ÉLISABETH |
LUCHENI |
B) 1867 est aussi une année maudite
Puisqu’on parle de La Mort, si l’année 1866 avait été terrible (guerre austro-prussienne, fin Confédération germanique, …), 1867 va être une année maudite, malgré
- le «triomphe» d’Elisabeth comme Reine de Hongrie
- sa beauté et sa grâce au plus haut (et reconnues dans toute l’Europe)
- l’acquisition de sa liberté personnelle après une rude conquête
- sa 4ème grossesse (ce que les 3 points ci-dessus ont permis): elle aimerait « donner un fils à la Hongrie»
Les drames vont s’enchaîner, et comme dans cette scène, La Mort (ou Le Malheur) n’est pas loin en 1867:
- on annonce les fiançailles de Louis II de Bavière (son cousin) avec la plus jeune sœur d’Élisabeth, Sophie-Charlotte. Louis II de Bavière ne pouvant se résoudre à s’unir avec une femme, après avoir plusieurs fois repoussé la date du mariage, il rompt les fiançailles en octobre 1867. Élisabeth est très mal prise car elle est très proche deLouis II – elle aime son non conformisme – mais il s’agit aussi de l’avenir de sa petite sœur.
- le 9 mars 1867, meurt Sophie de Saxe, l'épouse de Charles-Théodore de Bavière, frère préféré d’Élisabeth. Sa santé a été très éprouvée par son premier accouchement et elle est emportée par une méchante grippe à l'âge de 22 ans. Le jeune duc en est désespéré. Il quitte bientôt l'armée pour entreprendre des études de médecine, au grand dam de sa famille.
- deux jours avant le couronnement en Hongrie, la jeune archiduchesse autrichienne Mathilde de Teschen, destinée à devenir future Reine d’Italie (par mariage stratégique) ceindre la couronne d'Italie, meurt brûlée un soir de bal. Alors qu’elle s’habille pour le bal, elle allume une cigarette quand elle entend le pas de son père. Prestement, elle dissimule la cigarette dans son dos. La robe, enduite de glycérine pour mieux lisser les tissus, s'enflamme et l'archiduchesse, en quelques secondes, est transformée en torche vivante sous les yeux de son père horrifié.
- au mois de juin 1867, c'est le mari de sa sœur Hélène, Maximilien de Tour et Taxis, qui est emporté par la maladie à l'âge de 36 ans, laissant son épouse et ses quatre jeunes enfants désespérés.
- dix jours après le couronnement en Hongrie, c’est Maximilien le frère de l’Empereur qui est fusillé au Mexique.
Et donc, en dehors du couronnement, la seule bonne nouvelle de cette année est l'annonce de la 4ème grossesse de l'Impératrice et Reine. Mais cette annonce est-elle ternie par les rumeurs qui prétendent que le père de l'enfant à naître n'est pas l'empereur mais le comte hongrois Gyula Andrâssy dont nous avons parlé et qui est devenu Premier Ministre de Hongrie?