Lieu et date |
Personnages |
Possenhofen – Chez Élisabeth le 13 mars 1854 |
François-Joseph, Élisabeth |
Acte I – Scène 5 |
Cette scène couvre la période entre les fiançailles et le mariage, ce qui doit être un vrai mariage d’amour – une vraie exception dans le Gotha.
Mais après le réel coup de foudre de l’été 1853, la réalité éclate au grand jour. Elisabeth va apprendre son métier d'Impératrice d'Autriche et pendant ce temps très peu voir son fiancé car la Guerre de Crimée occupe fortement l’Empereur.
A) Apprentissage du métier d'Impératrice
Elisabeth, Hélène et Ludovica quittent Bad Ischl le 31 août 1853. François-Joseph avait regagné Vienne où l’appellait sa fonction.
La période de transformation d’Elisabeth commence. Elle doit par exemple apprendre des langues:
- le français: la langue diplomatique
- l’italien: une langue de deux provinces importantes de l’Empire, la Lombardie et la Vénétie
- le hongrois: la langue d’une des nations principales de l’Empire
Mais en réalité, tout cela a été beaucoup plus complexe.
Le rapport d’Elisabeth à la Hongrie va être terriblement important. De nombreux historiens l’expliquent par trois facteurs: son apprentissage de la langue, la chaleur du peuple hongrois lors du décès de sa fille et sa volonté d’indépendance.
En ce qui concerne l’apprentissage du hongrois, on le confie à un professeur munichois pittoresque qui vit chichement, le comte Johann Mailath. Il a été choisi par le père d’Elisabeth, ce qui n’est certainement pas neutre!!! Il est évidemment hongrois, mais plutôt favorable à l’Autriche, ce qui déplaît aux Magyars (hongrois) libéraux, et il est en même temps extrêmement fier de son pays, ce qui inquiète les Autrichiens. Le principal est qu’il enchante Elisabeth par ses récits. Ce professeur sème dans l’esprit de la future impératrice une graine qui germera plus tard, l’amour de la Hongrie et l’impossibilité pour ce pays si fier de vivre dans une dépendance complète d’un État tuteur. La passion politique n’est pas encore née, mais l’intérêt est déjà là.
B) Premières retrouvailles: 10 jours en octobre 1853 à Munich
Acte I – Scène 5 |
C’est une volonté de François-Joseph que de retrouver sa fiancée. Et ce malgré la crise politique internationale. Il en a vraiment envie car il met 30h pour faire le voyage jusqu'à Munich pour la retrouver, il n’y a pas de train.
Deux petites remarques concernant cette rencontre:
- Elisabeth paraît triomphalement à l’opéra avec l’Empereur où elle est acclamée, ce qui la gêne terriblement
- François-Joseph ment à sa mère en disant qu’Elisabeth a maintenant les dents blanches. Nous y reviendrons dans la scène 8
C) Deuxièmes retrouvailles: fêtes de Noël 1853
François-Joseph décide qu’il passera Noël avec sa future femme et pas avec sa mère… Ici encore, les journées sont remplies de nombreuses réjouissances … officielles. Cela agace fortement Elisabeth. Il arrive toujours chargé de cadeaux, généralement des bijoux. Il sera à Munich pour le seizième anniversaire d'Elisabeth, le 25 décembre 1853. Il lui offre un perroquet, présent original qui la comble de bonheur. Les cadeaux de l’archiduchesse Sophie sont plus classiques: un bouquet de roses des serres de Schönbrunn et … un chapelet. C’est modeste et François-Joseph l’aide à écrire sa lettre de remerciement.
Au même moment, le rapport avec le tsar se complique – ce dernier exprime ouvertement qu’il juge ingrat l’absence de soutien de François-Joseph lors de la Guerre de Crimée étant donné le secours qu’il avait apporté sans réserve au jeune empereur lors des révoltes hongroises de 1848-1849. En fait, François-Joseph est préoccupé par la guérison de la frustration de son intronisation sans éclat, à Olmütz, bien loin de Vienne alors agitée par l’émeute. Il avait été sacré Empereur dans une quasi-clandestinité. Il décide de prendre sa revanche à Vienne en apportant à son mariage, dans sa capitale, le faste d’une cérémonie si spectaculaire qu’elle aura la dimension d’un sacre, s’inspirant en cela de ce que l’empereur Napoléon III avait organisé quelques mois auparavant, le 30 janvier 1853, en épousant sa belle impératrice Eugénie à Notre-Dame de Paris.
D) Troisièmes retrouvailles: mars 1854
Acte I – Scène 5 |
C’est à ce moment que se situe la scène 5 du musical Elisabeth. A beaucoup de niveaux, c’est déjà la fin d’un rêve. Même si pour la première fois Elisabeth et François-Joseph auront droit à leur première, courte, ballade ... seuls!
Avant l’arrivée de François-Joseph, Elisabeth devra traverser une lourde épreuve: la signature du contrat de mariage. Elle sera seule, sans François-Joseph. Enfin seule!?! Elle est face à une vingtaine de juristes, d’ecclésiastiques (?) et même de médecins (??).
A cette jeune fille de seize ans, on parle dot. On lui explique que quand elle perdra sa virginité, elle touchera douze mille ducats (c’est le «morgengabe», le «cadeau du matin»). Ce sera le ministre des finances qui le lui apportera l’argent dans un coffre. On lui détaille aussi sa nouvelle garde-robe dont soixante culottes. Et de nombreuses brosses-à-dent.
Acte I – Scène 5 |
Heureusement François-Joseph arrive le 13 mars. Il apporte à Elisabeth un cadeau de sa belle-mère Sophie: une magnifique parure, dont un collier (estimé à 62.460 florins – «Comme il est précieux»). C’est avant tout un symbole. Sophie portait ce collier le jour de son mariage le 4 novembre 1824, trente ans plus tôt.
Sophie reprend pleinement sa place avec ce type de cadeau empoisonné. «Que ce collier est lourd!» a vraiment un double sens.
Sophie demande à son fils de rappeler à Elisabeth de ne pas la tutoyer. Elisabeth avait envoyé quelques semaines auparavant une gentille lettre à Sophie en la tutoyant. Dans son courrier du 16 mars de remerciement pour le collier, Elisabeth s’adresse à Sophie par un: «Bien-aimée et très honorée Archiduchesse, je vous remercie… ».
François-Joseph vouvoie sa mère. Pendant ce court séjour, François-Joseph s’isole douze heures par jour pour travailler aux affaires du monde. Elisabeth est seule. Très seule.