3.
Une aventure
humaine

 4.1.
Premiers habitants

 4.2.
XVème et XVIème siècles:
Colonies de pêche:
3.   tentatives françaises:
E. Samuel de Champlain

 4.2.
XVème et XVIème siècles:
Colonies de pêche:
4.   anglais plus au sud:
B. Francis Drake

 4.3.
1608-1763: domination
La «Nouvelle-France»

 

 

A) Un engouement anglais initial pour la colonisation très limité

A.1) Pas de colonies

Les Anglais ont longtemps hésité à utiliser Terre-Neuve comme autre chose qu’une colonie de pêcheurs. Ils se contentaient de venir trois ou quatre mois de manière temporaire exploiter les zones de pêche. Ils ont d’ailleurs initialement interdit la présence de femmes européennes sur l’île, car ils pensaient que leur présence augmenterait la probabilité d’un établissement permanent. Garder la population de Terre-Neuve transitoire était dans le meilleur intérêt de la Couronne britannique et de ses marchands. Mais les femmes ont finalement été autorisées à s’installer sur l’île une fois qu’il est devenu évident qu’avoir de petits établissements fixes pourrait s’avérer encore plus avantageux pour l’industrie de la pêche. Bien que l’Angleterre ait participé aux premiers voyages à Terre-Neuve (initiés par John Cabot), son rôle dans la pêche migratoire a été très limité dans la première moitié du XVIème siècle.

A.2) La Reine Elisabeth Ière change la donne

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En novembre 1558, Elisabeth Ière devient Reine d’Angleterre. Elle affirme très vite sa valeur en s'entourant de conseillers méritants. Rappelons qu’Elizabeth Ière était la fille d’Henry VIII et d'Anne Boleyn - sa deuxième femme sur les six qu’il épousera.

Pour comprendre ce qu'il va se asser, il est fondamental de comprendre comment s'est enchaînée la succession d'Henry VIII à sa mort en 1547:

  1. Son fils de 9 ans, Edouard VI, est monté sur le trône (il a priorité sur ses sœurs car il est un garçon) mais il meurt à l’âge de 15 ans, en 1553
  2. image
    Philippe II d'Espagne, mari de Marie Tudor
  3. Lui succède sa sœur aînée, Marie Ière – dite Marie Tudor – catholique fervente (sa mère espagnole était Catherine d’Aragon, la première femme d’Henry VIII). La nouvelle Reine était déterminée à écraser la foi protestante et a ordonné que tous ses sujets assistent à la messe catholique. La popularité initiale de Marie Tudor s'effrita très vite, dès 1554 quand elle épousa le prince Philippe d'Espagne, catholique et fils de l'empereur (et roi d'Espagne) Charles Quint. Quand Charles Quint abdique en 1556, le mari de la Reine d’Angleterre Marie Tudor, Philippe devient Roi d’Espagne: Philippe II. Il sera aussi roi du Portugal, car sa mère est Isabelle de Portugal !!!! On se retrouve donc avec une situation diplomatique peu banale: la Reine d’Angleterre est mariée au Roi d’Espagne et du Portugal. Mais Marie Tudor va mourir en novembre 1538...
  4. Elisabeth Ière succédera à sa sœur. Après la mort de Marie Tudor, son mari, l'ambitieux Philippe II d’Espagne, envisagea d'épouser Élisabeth Ière mais elle refusa. Trente ans plus tard, c’est lui qui allait envoyer une énorme flotte pour la renverser … sans succès. Cette flotte espagnole destinée à conquérir l'Angleterre et renverser Elizabeth sera d’ailleurs plus tard surnommée avec une teinte d'ironie: l’«Invincible Armada» alors qu'elle terminera au fond des mers... Elizabeth va cultiver ses différences avec sa soeur.
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Elizabeth Ière (1585)

À la différence de Marie Tudor, Elizabeth était protestante. Quand elle a accédé au trône, les catholiques anglais et ceux du continent la considèrent comme une bâtarde hérétique. Pour eux, l'héritière légitime du trône est Marie Stuart, la malchanceuse et déchue reine d'Écosse, qu’Elizabeth détenait en prison. Plusieurs conspirations visant à déposer Elizabeth pour la remplacer par Marie sont mises à jour par la police secrète de Sir Francis Walsingham, compromettant sans équivoque la reine d'Écosse. Comme nous le verrons, son exécution en 1587 décide Philippe II – l’ancien mari de Marie Tudor – à mettre en branle ce qu'il appelle lui-même l'«Entreprise d'Angleterre».

Au grief religieux s'ajoute la concurrence entre l'Espagne, puissance déclinante, et l'Angleterre, puissance montante. Depuis plusieurs années, le développement de la puissance maritime anglaise se heurte de front aux intérêts espagnols. Dans les Flandres qu’il dirige aussi, Philippe II a maille à partir avec les révoltes incessantes des Hollandais et Elizabeth soutient les insurgés.

Sur l'Atlantique, les navires de la reine et ceux de corsaires anglais - dont e plus célèbre est Francis Drake - attaquent les galions espagnols chargés de trésors en provenance d'Amérique. On les surnomme les sea dogs ou «chiens de mer» d'Elizabeth.