3.
Une aventure
humaine

 4.2.
XVème et XVIème siècles
Colonies de pêche
européennes

 4.3.
1608-1763: domination
2. 1663-1763: colonie royale
C) Découverte du Mississippi

 4.3.
1608-1763: domination
2. 1663-1763: colonie royale
E) Découvertes de Cavelier de La Salle

 4.4.
1763-1867: domination
Domination de l'Empire
britannique

 

 

D) 1679: expédition de Louis Jolliet vers la Baie d’Hudson

Après la découverte du Mississippi avec Jacques Marquette (), Louis Jolliet revient à une existence en apparence sédentaire. Il se marie, anime l’orgue de la cathédrale de Québec et devient l’une des figures influentes de la Nouvelle-France. Son intérêt pour le commerce des fourrures ne s’atténue pas. En 1676, il sollicite vainement l’autorisation d’aller s’établir, avec une vingtaine d’hommes au Pays des Illinois. La même année, il forme une compagnie qui fera la traite des fourrures sur la Côte-Nord.

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La présence des Anglais à la Baie d’Hudson et l’importance du commerce qu’ils entretiennent avec les Autochtones inquiètent les autorités de la Nouvelle-France. En 1679, elles confient à Louis Jolliet la mission de se rendre à la Baie d’Hudson par voie de terre et d’y étudier la situation. Jolliet et sept compagnons partent de Québec, le 13 avril. Leur voyage les conduit du Saguenay jusqu’au lac Saint-Jean puis, par la rivière et le lac Mistassini, jusqu’à la Baie James (trajet vert ci-contre).

Jolliet rencontre le gouverneur anglais de l'endroit, Charles Baily, qui le reçoit avec honneur, car il a entendu parler de son expédition sur le Mississippi. Mais, comme nous l’avons vu, le 2 mai 1670, le Roi Charles II d'Angleterre avait autorisé la fondation de la Compagnie de la Baie d'Hudson (en anglais : Hudson's Bay Company, HBC), pour organiser la traite des fourrures dans la baie d'Hudson. Il s’agit de la plus ancienne personne morale de l'Amérique du Nord et l'une des plus anciennes du monde encore en activité. Le Roi d'Angleterre reconnaissait à la Compagnie de la Baie d'Hudson le droit exclusif de faire du commerce dans l'immense territoire appelé Terre de Rupert, ainsi nommé en l'honneur du Prince Rupert, cousin du Roi, qui finança en partie l'expédition. L'Angleterre s'affirmait souveraine sur les terres de Rupert tout en accordant la propriété à la HBC. Le Roi Charles II croyait qu'il avait le droit de donner ce territoire qui ne lui appartenait pas, parce qu'aucun autre monarque chrétien ne l'avait revendiqué. Il appliquait donc la règle de la «terra nullius» s'appliquant à une terre n'appartenant à personne, les autochtones ne pouvant être que les sujets d'un Roi chrétien.

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Statue de Louis Joliet
dans la cour de la «Joliet Public Library»
Joliet - Canada

La Charte stipulait que la HBC détenait le monopole de la totalité du territoire baigné par les rivières et les cours d'eau qui se jettent dans la baie d'Hudson, ce qui représentait en tout une étendue de plus de 3,8 millions de kilomètres carrés, allant du Labrador à l'est jusqu'aux Rocheuses à l'ouest, et bien au-delà de la présente frontière canado-américaine au sud.

Mais pour les Anglais, il y a un énorme point faible à cette «Terre de Rupert» riche en fourrures: ils ne peuvent accéder à la baie d'Hudson que par le détroit d'Hudson, par le Nord, fermé à la navigation les quatre cinquièmes de l'année par glaciation. Par contre, les Français avaient l'avantage de pouvoir s'y rendre par la terre toute l'année et y traiter avec les autochtones.

Ce nouveau territoire va donc devenir indissociable de la lutte franco-britannique pour l'Amérique du Nord aux XVIIème et XVIIIème siècles. En effet, il donnait accès aux vastes territoires de traite des fourrures dont chaque pays voulait obtenir l'exclusivité.

Pour en revenir au voyage de Jolliet, comme nous l’avons dit, il rencontra le gouverneur anglais Charles Bayly qui l'accueillit «avec beaucoup de civilités». Et ce dernier l'invita même à se mettre au service des Anglais et de tourner le dos aux Français. Il refusa. Poliment. Le 25 octobre, Jolliet rentra à Québec en étant persuadé que la Baie d’Hudson était le plus important réservoir de fourrures au pays et que son contrôle, par les Anglais, fera d’eux les maîtres de tout le commerce au Canada dans les dix ans à venir! Il n’avait pas tort…

Jolliet savait aussi que les Outaouais étaient les principaux fournisseurs des Français pour les fourrures dans la région du lac Supérieur. Or, il craignait que ces nations indiennes ne préfèrent porter leurs fourrures «directement aux Anglais». C'est pourquoi il invita discrètement Sa Majesté à «faire sortir les Anglais de cette baie» ou au moins à «les empêcher de s'établir plus loin, sans les chasser ni rompre avec eux».

Pendant ce temps, nombreux sont ceux qui se plaignent à Colbert, ministre des Finances et des Colonies de Louis XIV, du manque de contre-mesures efficaces et concrètes prises par la France pour contrer ce qu'ils appelaient «l'agression anglaise en Nouvelle-France». De fait, pour les Français, les Anglais menaçaient la souveraineté française; il s'imposait donc de réagir sans plus tarder.

Nous allons y revenir…