E) Anything Goes (1934)
E.1) Création: Broadway 1934
Le musical Anything Goes () de Cole Porter a été le plus gros succès de la saison 34-35 de Broadway. Ce musical connaîtra trois reprises majeures à Broadway, cinq versions londoniennes, deux versions cinématographiques et une adaptation télévisée. Et la partition de Porter comportait cinq standards: I Get a Kick Out of You, All through the Night, You’re the Top, Blow, Gabriel, Blow et la chanson-titre, Anything goes. Il s’agit du musical des années ’30 le plus joué à notre époque.
Avec la Grande Dépression en cours, il n’a fallu que trois flops (dont Pardon My English () des frères Gershwin) pour conduire le producteur Vinton Freedley à la faillite. Il a passé plusieurs mois caché dans le Pacifique Sud, sur un yacht qui lui avait été prêté, essayant d’imaginer un projet de spectacle qui pourrait le sauver financièrement. Il a eu l’idée de l’histoire d’un paquebot qui coulait et qui laissait ses passagers et son équipage sur une île déserte. Il a imaginé qu’avec un casting de stars et des chansons des Gershwins, ce serait facile de trouver des soutiens financiers.
Freedley revint discrètement à New York. Se déplaçant en fauteuil roulant avec une infirmière – pour échapper à ses créanciers – il a contacté et convaincu les vedettes de Of thee I sing (), William Gaxton et Victor Moore, ainsi qu’Ethel Merman, assurant à chacun d’eux qu’il serait la vedette du nouveau spectacle. Ces vétérans du showbiz ont vite réalisé ce que Freedley faisait, mais les temps étant ce qu’ils étaient, ils étaient contents d’avoir un emploi.
Comme les Gershwins étaient occupés à écrire Porgy and Bess (), Freedley (sans fauteuil roulant cette fois) imagina de confier la création du spectacle à Cole Porter. Freedley embarqua pour l’Europe et retrouva Cole Porter en train de ramer, dans une barque le long du Rhin, pendant que son yacht le suivait. Le compositeur fut immédiatement enthousiaste. Freedley engagea alors les librettistes Guy Bolton et P.G. Wodehouse pour compléter l’équipe créative. Mais rien n’était simple: Bolton était en Angleterre, Wodehouse en France, et les questions fiscales empêchaient l’un ou l’autre de voyager. Ils ont collaboré par la poste et par téléphone interurbain! Il y a plus simple… Quoi qu’il en soit, avec cette étourdissante palette de talents, Freedley a bientôt trouvé des bailleurs de fonds pour financer le spectacle et «Bon Voyage» allait entrer en répétitions.
Le livret traitait d’un groupe de passagers échoués sur une île déserte après le naufrage de leur navire. Mais quand il a été finalisé, et que Freedley a eu le temps de s’y intéresser vraiment, il a constaté que le livret était nul. Avec Bolton et Wodehouse coincés en Europe, il était impossible de faire une adaptation aussi rapide. Il fallait donc faire intervenir d’autres auteurs mais comment Freedley pourrait-il changer complètement le livret sans détruire la réputation des deux librettistes? Un drame va lui offrir une sortie de secours. Le 8 septembre 1934, le paquebot Morro Castle prend feu au large des côtes du New Jersey, tuant 137 personnes. Très clairement, proposer un musical léger parlant d’un naufrage était devenu une très mauvaise idée. Une réécriture s’imposait. La réputation de Bolton et Wodehouse ne serait pas entachée par cette réécriture qui s’imposait maintenant pour des raisons extérieures.
Freedley se tourna d’abord vers son metteur en scène, Howard Lindsay, qui lui expliqua immédiatement qu’il ne pouvait à la fois mettre en scène et réécrire le livret, vu les délais avant la première. Il lui fallait au moins un collaborateur pour l’aider dans la tâche de réécriture. L’amie de Cole Porter, l’artiste Neysa McMein, rêva que l’homme qu’ils cherchaient était l’écrivain Russell Crouse. Mais, nous étions en septembre, et n’importe quel New-Yorkais qui le pouvait fuyait à cette époque de l’année la fournaise de la ville pour aller se réfugier dans des endroits plus frais. Ils n’arrivèrent pas à contacter Russell Crouse.
La légende dit que, un jour, pour s’aérer, Freedley et Lindsay se penchèrent par les fenêtres du bureau au-dessus de l'Alvin Theatre. De l’autre côté de la West 52nd Street, ils ont vu quelqu’un se pencher par la fenêtre qui s’est avéré être Crouse.
Il faut bien garder à l'esprit la chronologie de cette folle création. Le 8 septembre 1934, le paquebot Morro Castle prend feu. Cela force à tout reprendre à zéro, même si cela arrange bien Freedley qui trouvait le premier livret «nul». La première du try-out à Boston est prévue le 5 novembre. Lindsay et Crouse ont donc façonné une nouvelle histoire autour de la partition maintenant terminée de Cole Porter, en conservant moins d’une douzaine de lignes du livret original. Le premier acte a été écrit en dix jours. Cela a permis de commencer à répéter. Le duo Lindsay et Crouse écrivant les dialogues au jour le jour sur place. Ethel Merman notait en sténographie les nouvelles répliques et les tapait à la machine chaque soir. Bien sûr, la partition de Porter fut profondément modifiée et les paroles réécrites. Selon la légende, lors de la dernière répétition générale à Boston, Lindsay et Crouse ont émergé des toilettes des hommes avec un dialogue écrit sur des feuilles de papier toilette.
C’est suite à toute cette histoire qu’il y a quatre librettistes mentionnés pour ce musical: Bolton, Wodehouse, Lindsay et Crouse. Anything Goes () a été la première des collaborations de Lindsay et Crouse.
Ils écriront les livrets de 6 musicals, dont trois autres pour Ethel Merman:
Leurs autres musicals seront:
Ils ont aussi écrit de très nombreuses pièces de théâtre, dont Life with Father () (1939) qui tint l’affiche 3.224 représentations et est encore aujourd’hui la plus longue série pour une pièce de théâtre à Broadway. Citons aussi State of the Union (1945), qui a remporté le Prix Pulitzer.
L’histoire révisée de Anything Goes () se déroulait maintenant à bord d’un luxueux paquebot océanique avec un équipage hétéroclite et multiracial:
- Reno Sweeney (Ethel Merman) est une ancienne évangéliste devenue chanteuse de boîte de nuit avec sa troupe de filles, les Reno’s Angels; amie de longue date de Billy
- Billy Crocker (William Gaxton), un courtier de Wall Street, passager clandestin du paquebot pour suivre son amour: Hope
- Hope Harcourt (Bettina Hall) une jeune première de la Haute Société;
- Moonface Martin (Victor Moore) un gangster en cavale se camouflant sous l’identité d’un pasteur nommé Révérend Docteur Moon. Moonface est l’ennemi public numéro 13 sur la liste des plus recherchés du FBI, et son rêve est de devenir le Top 12.
Lorsque les passagers découvrent qu’il y a un célèbre gangster à bord, ils sont éblouis et chantent un hymne à sa gloire (Public Enemy Number One). Tout finit bien pour Reno et Billy: elle se lie avec le riche Sir Evelyn Oakleigh (Leslie Barrie) et proclame qu’elle «sera finalement une dame», et lui séduit Hope. Par contre, Moonface est plutôt désespéré: non seulement il n’a pas réussi à se hisser au Top 12, mais il découvre avec désespoir que le FBI le considère comme «entièrement inoffensif» et qu’ils l’ont donc retiré de toute procédure de recherche.
Après des try-out au Colonial Theatre de Boston du 5 au 17 novembre 1934, Anything Goes () a ouvert à l'Alvin Theatre de Broadway le 21 novembre 1934.
L’accueil de la presse fut très bon. Dans le New York Times, Brooks Atkinson a écrit que Anything Goes () était «un divertissement hilarant et dynamique» avec un «humour complètement débridé» doté d’une «partition saisissante avec des paroles impitoyables». Pour lui, Anything Goes () était «un formidable spectacle de chansons et de danses», et il a mis en avant I Get a Kick Out of You, You’re the Top, All through the Nightet Sailors’ Chanty (alias There Always Be a Lady Fair).
Robert Benchley, dans le New Yorker, a affirmé que cela «avait valu la peine d’attendre» Anything Goes () parce que le «miel» d’un spectacle rendait «les choses en ville sembler plus brillantes». Selon lui, avec You’re the Top, Porter «s’est surpassé lui-même en tant qu’auteur de paroles originales» et Robert Benchley a prédit que «la ville deviendra bientôt folle en essayant de mémoriser la séquence des éléments ‘top’». Une revue non signée dans Time déclara que Porter n’avait plus composé de mélodies aussi «sensationnelles» depuis Night and Day de Gay Divorce ().
Le musical a été un gros succès, devenant avec ses 420 représentations le quatrième musical des années ’30. Pour beaucoup, ce fut le spectacle lle plus marquant au théâtre depuis le début de la Grande Dépression.
Cela vaut la peine de s'attarder un peu sur Ethel Merman. Comme nous l'avons vu, elle avait déjà été choisie pour jouer le rôle principal avant que Porter ne rejoigne le projet. «Cole et moi nous sommes appréciés immédiatement. Il a dit beaucoup de choses gentilles à mon sujet, comme "Elle ressemble à un orchestre qui passe". On me dit qu’il m’appelait La Merman et The Great Ethel.» Son premier spectacle à Broadway avait été Girl Crazy (), le succès de George et Ira Gershwin en 1930. Ce spectacle avait fait d’elle une star du jour au lendemain. Lors des auditions, les frères Gershwin étaient impressionnés par les qualités vocale de Merman, mais elle les a chantées comme si elle n'aimait pas les chansons (I Got Rhythm et Sam and Delilah). George Gershwin qui voulait absolument l'engager, lui a demandé si elle voulaient que quelque chose soit changé dans les chansons. Sa réponse fut claire et quelque peu arrogante: «Non, ça ira!». Cela décrit pleinement son caractère qui plaira à Cole Porter quelques années plus tard. Le soir de la première de Girl Crazy (), lorsqu'Ethel Merman chanta I Got Rhythm durant le premier acte, le public a applaudit pendant de longues minutes suppliant qu'elle rechante la chanson. A l'entracte, George Gershwin qui dirigeait l'orchestre ce soir-là, l'a rejoint dans sa loge et lui a demandé clairement: «Ethel, sais-tu ce que tu fais?» Lorsqu’elle a répondu par la négative, il a dit: «Eh bien, ne t'approche jamais d’un professeur de chant. Tu ruinerait ta voix!». Cela corrobore les dires de Porter: «Elle ressemble à un orchestre qui passe».
Ethel Merman se produisait à une époque où les micros n'existaient pas, donc sa voix tonitruante était un atout énorme: elle pouvait remplir tout un théâtre avec force! C'est en grande partie pourquoi des légendes de la musique comme Gershwin, Porter et Irving Berlin l'ont tant appréciée. Pour beaucoup de gens, elle fut la personnification du Golden Age du musical à Broadway. Mais l'opinion d'Ethel Merman sur sa capacité à les épater à chaque fois était assez terre-à-terre: «Qu'y a-t-il de si remarquable à cela? C'est mon boulot, non?» Job ou pas, lorsqu'elle se plantait au centre de la scène et beltait des notes jusqu'au balcon, le public et les critiques l'acclamaient comme la «First Lady of the musical comedy stage».
La contribution d’Ethel Merman au théâtre musical va bien au-delà de ses prestations individuelles. Elle a fondamentalement changé la façon dont le théâtre musical était perçu et ce que le public attendait des premiers rôles féminins. En établissant une présence scénique imposante combinée à des compétences vocales exceptionnelles, elle a inspiré d’innombrables artistes qui ont suivi. Son héritage est visible dans le théâtre musical moderne où les rôles principaux féminins forts sont maintenant plus courants, reflétant l’impact de Merman sur la formation des styles de performance contemporains.
Tout ceci explique l'attrait de Porter pour Merman. Mais il y en avait sans doute un aurtre. Merman n'était pas une femme comme les autres. Elle parlait souvent comme une charretière. Selon Garson Kanin (écrivain et réalisateur américain de pièces de théâtre et de films), elle avait «le vocabulaire d’un docker». Lui qui aimait les bas-fonds, cela ne pouvait que lui plaire. Etonnement, Porter a soumis le livret de Anything Goes () aux parents de la jeune Ethel Merman (25 ans) pour approbation. Il a même réécrit Blow, Gabriel, Blow pour leur convenir. C'est totalement incroyable car Porter était célèbre pour avoir refusé de réécrire des paroles de chansons. Il a dit qu’il préférait écrire des chansons pour Merman que pour n’importe qui d’autre au monde. Elle a sans doute gagné l’admiration de Porter par sa fidélité absolue au texte: «Je ne change jamais un mot. J’essaie aussi, dans la mesure du possible, de lier les couplets et les refrains. Je ne modifie jamais les mélodies ou les rythmes.» Merman a joué dans 14 musicals à Broadway - et une reprise (Annie Get Your Gun ()) - au cours de sa carrière, dont cinq composées par Cole Porter:
- Girl Crazy () de Gershwin (14 oct 1930 - 6 juin 1931: 272 représ.)
- George White's Scandals [1931] () de Ray Henderson (14 sept 1931 - 5 mars 1932: 202 représ.)
- Take a Chance () de Brown & Whiting (26 nov 1932 - 1 juil. 1933: 243 représ.)
- Anything Goes () de Cole Porter (21 nov 1934 - 16 nov. 1935: 420 repés.)
- Red, Hot and Blue () de Cole Porter (29 oct. 1936 - 10 avril 1937: 183 représ.)
- Stars In Your Eyes () d'Arthur Schwartz (9 fév. 1939 - 27 mai 1939: 127 représ.)
- Du Barry Was a Lady () de Cole Porter (6 déc. 1939 - 12 déc. 1940: 408 représ.)
- Panama Hattie () de Cole Porter (30 oct. 1940 - 3 janv. 1942: 501 représ.)
- Something for the Boys () de Cole Porter (7 janv. 1943 - 8 janv. 1944: 422 représ.)
- Annie Get Your Gun () d'Irving Berlin (16 mai 1946 - 12 fév. 1949: 1.147 représ.)
- Call Me Madam () d'Irving Berlin (12 oct 1950 - 3 mai 1952: 644 représ.)
- Happy Hunting () d'Harold Karr (6 déc. 1956 - 30 nov 1957: 412 représ.)
- Gypsy () de Jule Styne (21 mai 1959 - 25 mars 1961: 702 représ.)
- Hello, Dolly! () de Jerry Herman (16 janv. 1964 - 27 déc 1970: 2.844 représ.)
Laissons le mot de conclusion de ce petit focus sur Ethel Merman à Brooks Atkinson, le célébrissime critique du New York Times:
« Ethel Merman donne l’impression qu’une chanson est une expression spontanée de sa personnalité, ce qui peut être considéré comme la compétence ultime dans l’art de chanter des chansons. »
Brooks Atkinson - Critique du New York Times
Les chansons ont plu à beaucoup de gens qui ne pouvaient pas assister au spectacle mais qui entendaient les mélodies à la radio ou dans des clubs. Les réactions aux chansons étaient totalement élogieuses. Cole Porter, dans une interview au Boston Ritz, a déclaré: «Mon morceau préféré de Anything Goes () est une chanson qu’Ethel Merman chante, intitulée I Get a Kick out of You». Cette chanson est certainement l’une des meilleures chansons de Porter.
Bien que I Get a Kick Out of You n’ait pas été écrite spécifiquement pour Merman, Porter était bien conscient des qualités spéciales de Merman en tant qu’interprète. Il a inclu dans ses paroles des mots comme 'terrific' (si important dans la ligne, 'That would bore me terrific’ly too') ... cela lui a permis de dérouler les R avec la force d’une explosion de TNT. Sa performance vigoureuse en tant qu’évangéliste devenue chanteuse de boîte de nuit a fait de la chanson l’un des succès du spectacle.
My story is much too sad to be told,
But practically ev'rything leaves me totally cold.
The only exception I know is the case
When I'm out on a quiet spree
Fighting vainly the old ennui
And I suddenly turn and see
Your fabulous face.
I get no kick from champagne
Mere alcohol doesn't thrill me at all,
So tell me why should it be true
That I get a kick out of you?
Some get a kick from cocaine.
I'm sure that if
I took even one sniff
That would bore me terrif-
Ically too
Yet I get a kick out of you ...
I get a kick every time I see you
Standing there before me
I get a kick though it's clear to see
You obviously do not adore me
I get no kick in a plane
Flying too high
With some guy in the sky
Is my idea of nothing to do
Yet I get a kick
You give me a boot
I get a kick out of you
Mon histoire est bien trop triste pour être racontée,
Mais pratiquement tout me laisse complètement froid.
La seule exception que je connaisse est le moment
Où je suis dehors pour une petite fête
Combattant vainement le vieil ennui
Et je me retourne soudain et vois
Ton fabuleux visage.
Je n'ai aucun plaisir avec le champagne
Boire un simple alcool ne me procure aucun plaisir
Alors, dis-moi pourquoi il serait vrai
Que toi tu me fasses de l'effet?
Certains ont du plaisir avec la cocaïne.
Je suis sûre que
Si j’en prenais même une seule bouffée
ça m’ennuierait terri-
blement aussi
Pourtant, tu me fais de l'effet
Tu me fais de l'effet chaque fois que je te vois
Debout, là devant moi
Tu me fais de l'effet même s'il est clair
Que manifestemernt tu ne m’adores pas
Je n’ai aucun plaisir en avion
Voler trop haut
Avec un mec dans le ciel
C'est mon idée pour ne rien faire
Pourtant, je reçois un coup de pied
Tu me vires
Tu me fais de l'effet
«I Get a Kick Out of You» - «Anything Goes» - Cole Porter
Le chanteur de la chanson 'combat vainement le vieil ennui' et énumère des choses qui n’ajoutent aucun épice à sa vie: le champagne ou la cocaïne. La seule chose qui lui fait de l'effet, c'est «toi», même si cette adoration n'est pas réciproque...
Les années '20 et le début des années '30 sont des périodes où la cocaïne était largement consommée dans la haute société. En particulier à Paris, mais pas que... Cette référence à la cocaïne a finalement causé des problèmes. Dans les années '60, Merman a substitué «Some get a kick from cocaine» par «Some like that perfume from Spain». Finalement, Merman est revenu aux paroles originales en 1972 quand il n’était plus censuré de mentionner la cocaïne.
Anything Goes, la chanson-titre, est devenue une véritable signature pour Ethel Merman. Mais aussi pour Cole Porter. Il semble être sa plus importante célébration de ce que les esprits libres en Amérique ont accompli dans leur lutte contre le puritanisme. Un critique a écrit en 1935 qu'Anything Goes () était l'un des musicals américains qui surclasse le théâtre sérieux en ce qui concerne la satire des défauts de la société: «Kaufman et Gershwin ont commencé avec Of Thee I Sing (); Hart et Berlin ont suivi avec As Thousands Cheer (). Anything Goes () suit dans cette veine. Tout cela dans la tradition de Gilbert et Sullivan.» Porter n'aurait certainement pas aimé cette liste, la jugeant prétentieuse, mais elle est totalement véridique.
Aujourd’hui, la plupart des gens pensent que Anything Goes est un grand spectacle familial un peu démodé. Mais en réalité, c’est un spectacle très adulte, et il n’a jamais censé être familial. Après tout, le titre est Anything Goes (), ce qui veut dire «Tout est permis!» Un couplet de la chanson-titre répertorie même divers goûts sexuels qui sont nouvellement acceptables... Vous retrouverez ci-dessous une très intéressante analyse de cette notion du «Tout est permis!».
E.2) Création à Londres en 1934
Comme nous l'avons vu, Charles B. Cochran, le producteur et metteur en scène britannique, avait déjà travaillé avec Porter: Mayfair and Montmartre () (1922 - Londres - 72 représ.) et Wake Up and Dream () (1929 - Londres - 263 représ / 1929 - Broadway - 136 représ.).
Et une fois de plus, il a eu le nez fin avec Porter et a acheté les droits de représentation d'Anything Goes () pour Londres pendant les try-out à Boston, donc bien avant de connaître le succès énorme de Broadway. Il a produit le spectacle au Palace Theatre de Londres avec une première le 14 juin 1935, pour une honorable série de 261 représentations.
Wodehouse - le retour - a retravaillé le spectacle pour le rendre plus accessible au public londonien, se concentrant à la modifications de certaines paroles. Ces changements font partie aujourd'hui de la version officielle. Reno, le rôle princicpal féminin, a été joué par Jeanne Aubert, une actrice française. La nationalité de son rôle, Reno, fut modifiée d'américaine à française pour correspondre à l'actice, et le nom de famille du rôle passa de Sweeney à Lagrange...
E.3) Premier film (Paramount - 1936)
Cette première adaptation cinématographique, filmée en noir et blanc, était dirigée par Lewis Milestone avec pour vedette Ethel Merman, qui reprenait le rôle de Reno Sweeney qu'elle tenait sur les planches, et Bing Crosby dans le nouveau rôle de Billy Crockett. Charles Ruggles (remplaçant Victor Moore), Ida Lupino et Arthur Treacher étaient en tête d'affiche.
Le film nécessita l'adaptation de certaines «paroles osées» des chansons de Porter pour passer l'épreuve des censeurs de la Commission Hays. Seules quatre de ses chansons restent dans le film (avec des modifications plus que notables des paroles, on ne rigolait pas avec la vensure à l'époque!): Anything goes, I Get a Kick Out of You, There’ll Always Be a Lady Fair, et You’re the Top. N'oublions pas non plus qu'un film, à l'époque, est plus court qu'un musical sur scène, ce qui pourrait justifier la suppression de certaines chansons. Mais...
Grâce aux relations de Bing Crosby, trois compositeurs travaillèrent à quatre chansons supplémentaires pour le film, mais si l'on excepte Moonburn (écrite par Hoagy Carmichael et Edward Heyman), qui fut pendant un temps l'un des grands succès de Crosby, ces changements de dernière minute n'ont guère marqué les mémoires. Certains critiques, tel John Springer, ont d'ailleurs reproché à la Paramount d'avoir trahi la version originale avec ces airs médiocres (mais dans le Hollywood des années '30, il était pratique courante pour les grands studios, qui possédaient des maisons d'édition musicales, de «placer» ainsi leurs propres productions avec l'espoir de doubler les gains en cas de succès).
Lorsque, à la fin des années '50, la Paramount vendit les droits du film de 1936 aux télévisions, elle rebaptisa le film Tops is the Limit pour ne pas faire de concurrence à sa nouvelle version cinématographique, qui était dans les cinémas.
E.4) Première version TV (NBC TV - 1950)
Dans le cadre de l'émission Musical Comedy Time, les spectateurs de NBC-TV, peuvent assister le 2 octobre 1950 à une représentation de Anything Goes () avec Martha Raye (Reno Sweeney), John Conte (Billy Crocker), Fred Wayne (Sir Evelyn Oakleigh), Billy Lynn (Moonface Martin/The Rev. Dr. Moon), Helen Raymond (Mrs. Harcourt), Gretchen Hauser (Babe).
Cette production est considérée comme perdue. Il n'existe aucune copie connue de cette émission.
E.5) Deuxième version TV (NBC TV - 1954)
Quatre ans plus tard, toujours sur NBC-TV, mais cette fois dans le cadre de l'émission The Colgate Comedy Hour, les téléspectateurs se voient proposer une nouvelle version de Anything Goes () avec une distribution prestigieuse: Ethel Merman (Reno Sweeney), Frank Sinatra (Harry Dane), Bert Lahr (Moonface), Sheree North (Bonnie), Norman Abbot (Radio Announcer), Nestor Paiva (Dr. Henry T. Dobson), Arthur Gould Porter (Sir Evelyn Oakleigh), Barbara Morrison (Mrs. Wentworth), Lou Krugman (Purser) et l'orchestre d'Al Goodman.
E.6) Deuxième film (1956)
Ce deuxième film intitulé Anything Goes (), même s'il porte le titre du musical de Cole Porter, Guy Bolton et P.G. Wodehouse, n'a presque rien en commun avec l'œuvre originale, sauf l'intégration de quelques chansons. L'argument du film est entièrement nouveau: Bill Benson et Ted Adams doivent jouer tous deux dans le même spectacle de Broadway et, pendant leur séjour à Paris, ils rencontrent chacun la femme parfaite pour jouer le premier rôle féminin. Chacun promet le rôle à la fille qu’il a choisie sans en informer l’autre jusqu’à ce qu’ils repartent de l’autre côté de l’Atlantique en paquebot - chaque homme ayant proposé à la jeune femme de son choix de l'accompagner. Cela devient une traversée houleuse car chaque homme doit dire à sa recrue qu’elle n’obtiendra peut-être pas le rôle après tout.
Le cast était constitué de: Bing Crosby (Bill Benson), Donald O'Connor (Ted Adams), Mitzi Gaynor (Patsy Blair), Phil Harris (Steve Blair), Zizi "Renée" Jeanmaire (Gaby Duval), Kurt Kasznar (Victor Lawrence), Richard Entman (Ed Brent) et Walter Sande (Alex Todd).
E.7) Version Off-Broadway (1962)
Une nouvelle production voit le jour Off Broadway en 1962, le 15 mai 1962, et se joue pour 239 représentations à l'Orpheum Theatre. Cette version a été mise en scène par Lawrence Kasha. Pour cette reprise, le livret a une nouvelle fois été révisé pour incorporer plusieurs des changements qui étaient survenus dans les deux versions cinématographiques. La plupart des changements donnaient de la profondeur à Bonnie, un personnage auparavant mineur. Cette révision est aussi la première version scénique de Anything Goes () à incorporer 6 chansons (sur un total de 14 dans le spectacle) d’autres shows de Porter: Take Me Back to Manhattan de New Yorkers (The) () (1930), It’s De-Lovely de Red, Hot and Blue () (1934), Friendship de Du Barry Was a Lady () (1939), Let’s Misbehave de Paris () (1928), Let's Step Out de Fifty Million Frenchmen () et Heaven Hop de Paris () (1928).
E.8) Premier revival à Londres (1969)
Cette version présentée le 18 novembre 1969 au Saville Theatre (1.500 places sur Shaftesbury Avenue, aujourd'hui transformé en cinéma) a été un terrible flop: 15 représentations!!!!
Le spectacle a été mis en scène et chorégraphié par Michael Clare. Le cast comprenait: Marian Montgomery (Reno Sweeney), James Kenney (Billy Crocker), Michael Segal (Moonface Martin), Michael Malnick (Sir Evelyn Oakleigh), Valerie Verdon (Hope Harcourt), Janet Mahoney (Bonnie), Linda Gray (Mrs. Wadsworth T. Harcourt), Stanley Beard (Bishop, Captain), Bernard Sharpe (Reporter, Horatio), Peter Honri (Elisha J. Whitney), Michael Rowlett (Purser), Olwen Hughes (Mary Anne), Anne Sparrow (Melanie), Alan Stone (Steward), David Wheldon Williams (Ching), Ross Huntly (Ling), Chris Melville, Georgina Pearce, Douglas Nottage, Vivian Stokes, April Ashton, Jan Cave, Jacquie Toye, Peter Loury, David Thornton, Michael Bevan et Allard Tobin.
Mais ce terrible 'flop' n'est pas un de ces flops comme il en existe des milliers... Pourquoi? Parce qu'il était produit par un tout jeune garçon de 23 ans, Cameron Mackintosh qui allait devenir l'un des plus grands producteurs de musicals à Londres. Il est le producteur de spectacles tels que Les Misérables, Phantom of the Opera, Cats, Miss Saigon, Mary Poppins, Oliver! et Hamilton.
E.9) Premier revival à Broadway (1987)
«Anything goes» - Broadway 1987
Pour la reprise à Broadway en 1987, John Weidman et Timothy Crouse (le fils de Russel Crouse, l'un des co-auteurs de l'œuvre originale) ont à nouveau retravaillé le livret et réorganisé les numéros musicaux, en utilisant des chansons de Cole Porter d’autres spectacles, une pratique que le compositeur avait souvent pratiquée lui-même. Nous allons y revenir ci-dessous.
Ce revival a été retravaillé pour un orchestre de 16 musiciens jouant sur scène. Cette production a été jouée au Vivian Beaumont Theatre du Lincoln Center, depuis le 19 octobre 1987 et le musical est restée à l’affiche pour 804 représentations.
Il a été mis en scène par Jerry Zaks et chorégraphié par Michael Smuin, avec en vedette Patti LuPone comme Reno Sweeney, Howard McGillin comme Billy, Bill McCutcheon comme Moonface, et Anthony Heald comme Lord Evelyn.
Ce fut un énorme succès public et le musical a en plus été nominé pour dix Tony Awards (dont des nominations pour McGillin, LuPone, McCutcheon et Heald), gagnant le Best Revival of a Musical, Best featured actor (McCutcheon) et Best Choreography.
Parmi de nombreuses nominations, la production a également remporté les Drama Desk Awards for Outstanding Revival of a Musical et Patti LuPone a remporté le Outstanding Actress Award.
Comme nous l'avons vu ci-dessus, la version de 1962 dans l'off-Broadway avait rajouté de nombreuses chansons de Porter au musical (6 sur les 14 du spectacle) tout en changeant profondément l'ordre des chansons dans le livret.
Comme nous l'avons signalé, le revival de 1987 avait un nouveau livret, cette fois par le fils de Russel Crouse, Timothy Crouse, et John Weidman. Ce livret a conservé deux des rajouts de 1962 (It’s De-Lovely et Friendship) et ajouté deux autres chansons de Porter de spectacles qui n’avaient jamais été joués à Broadway: I Want to Row on the Crew, du spectacle «scolaire» Paranoia () présenté par Porter lors de ses études à Yale en 1914 mais aussi Goodbye, Little Dream, Goodbye une chanson écrite par Porter pour la pièce de théâtre O Mistress Mine jouée en 1936 à Londres au St James Theatre. Le revival de 1987 a une nouvelle fois réarrangé l’ordre et le contexte dramatique de plusieurs autres chansons de la version originale de 1934. Enfin, le revival de 1987 a ressuscité trois chansons qui avaient été utilisées lors de différentes phases des try-out et de la création de 1934, mais n'avaient pas été conservées à l'époque: There’s No Cure like Travel, Easy to Love et Buddie, Beware.
Le célébrissime critique du New York Times, Brooks Atkinson, a parlé de la création de 1934 comme d'un«thundering good musical show (...) a rag, tag and bobtail of comic situations and of music sung in the spots when it is most exhilarating.». En résumé, il considère le spectacle comme un «époustouflant spectacle de chant et de danse» sans faire aucune remarque sur la faiblesse livret. Lors de la création d'Anything Goes () en 1934, nous sommes après la première charnière qu'a constitué Show Boat () (1927) dans la mise en évidence de l'importance des livrets structurés. Mais nous sommes encore avant la révolution finale d'Oklahoma! () (1943) qui a intégré étroitement tous les aspects du théâtre musical, avec une intrigue cohérente, des chansons qui approfondissaient l’action de l’histoire, et présentait des ballets oniriques et d’autres danses qui faisaient avancer l’intrigue et développaient les personnages, plutôt que d’utiliser la danse comme excuse pour faire défiler des femmes légèrement vêtues sur la scène.
Aujourd'hui, les auteurs de musicals - comme les metteurs en scène et producteurs - sont tous d'accord pour affirmer que la faiblesse des livrets est la raison principale justifiant le peu de revivals de musicals d'avant Oklahoma! () et Carousel (). Pour cette raison, les revivals de musicals créés avant Oklahoma! () ont été presque toujours été accompagnés par une équipe de «médecins» qui ré-ordonnaient les chansons du musical et introuduisaient souvent des chansons d’autres musicals du même compositeur.
Mais ce n'est pas le seul moteur de changement. Le monde a fortement changé depuis les années '30, particulièrement dans la représentation de certaines ethnicités, des femmes ou des homosexuels. Lorsque l'on reprend aujourd'hui Show Boat (), il est impossible (et pas souhaitable) de conserver une réplique comme: «Les Nègres travaillent tous pendant que les Blancs jouent!» dans Ol’ Man River même si le mot «Nègre», n’était pas prononcé par de simples personnages racistes, non, il était chanté par un chœur d’hommes noirs! Et même si le reste du spectacle parlait de racisme, d’abandon de famille, d’autodestruction par l’alcool, ... des sujets qu’aucun musical n’avait jamais osé aborder. Dans les revivals de l’œuvre, le refrain d’ouverture a été révisé: le mot «Nigger» (Nègre) devient au fil des ans «colored folks» (des gens de couleur), puis «blacks» (les Noirs) pour enfin adopter le terme générique «We» (Nous). Et dans les versions cinématographiques de 1936 et 1952, le refrain a été totalement abandonné. Mais cela a continué à poser de lourdes oppositions (cf la version de 1994 lors des try-out de Toronto ).
En ce qui concerne Anything Goes (), posent surtout problème Ching et Ling, les deux convertis chinois au christianisme par le Révérend Dobson. Dans la scène 6 de l’acte I du livret de 1934, le gangster Moonface désigne les deux convertis au christianisme comme «Chinamen». Au même endroit, dans le revival de 1962, il les désigne comme des Chinois. Dans le revival de 1987, le Révérend Dobson était encore accompagné de deux Chinois, mais leurs noms ont été changés pour devenir plus bibliques: John et Luke. Les nouveaux auteurs ont également pris soin d'en faire des personnages comiques indépendemment de leurs origines, ne basant pas l’humour sur le fait qu’ils sont chinois.
Cette version est devenue la «version officielle» du show. Quoi qu'il en soit, tout le génie de Cole Porter reste rayonnant dans toutes ses versions.
E.10) Deuxième revival à Londres (1989)
Elaine Paige - «Anything goes» - London 1989
Ici encore, une histoire peu banale, pour ce second revival à Londres. Et cette histoire va faire intervenir la 'First Lady' du West End à l'époque: Elaine Paige. 'First Lady'? Oui elle avait joué dans Hair (), Grease () (rôle de Sandy), Billy () (rôle de Rita au Theatre Royal Drury Lane), Evita () (création mondiale du rôle d'Eva Perón), Cats () (création mondiale du rôle de Grizabella), Chess ( (création mondiale du rôle de Florence Vassy)... Beau parcours, non?
Pendant qu'elle jouait Chess (), Elaine Paige a entendu parler du succès de la production de Broadway d'Anything Goes (). Elle a profité d'un voyage à Wahington en 1988 - où elle allait chanter devant le Président Reagan et sa femme Nancy à la Maison Blanche - pour faire un saut à Broadway et assister à une représentation d'Anything Goes (). Elle a terminé KO! Elle s'en souvient encore aujourd'hui: «Ce spectacle contient certaines des meilleures musiques et paroles que quiconque voudrait chanter. En plus de la chanson titre, il y a une série de numéros classiques. Le premier rôle féminin est un vrai cadeau. C''est un rôle comique, chose que je n’avais pas encore abordé de manière «sérieuse». J’ai tout de suite su que je voulais le jouer dans le West End. Mais comment?»
Il est clair que parler de ce musical partout dès son retour à Londres permettrait sans doute de favoriser qu'il y soit produit. Mais elle voulait le premier rôle! Pour s’assurer le premier rôle féminin, Reno Sweeney, Elaine Paige a décidé qu’il était préférable de coproduire la série avec son partenaire de l’époque, le parolier Tim Rice. La production londonienne débute en juillet 1989 au Prince Edward Theatre après l'arrêt de Chess ().
«Anything goes» - London 1987
La distribution originale mettait également en vedette Howard McGillin dans le rôle de Billy Crocker (qui a été remplacé plus tard dans la série par John Barrowman), Bernard Cribbins dans le rôle de Moonface et Kathryn Evans dans celui d’Erma. Dans d'autres rôles principaux on retrouvait aussi: Ursula Smith, Martin Turner et Ashleigh Sendin. Comme à Broadway, c'est Jerry Zaks qui a mis en scène le spectacle.
Le spectacle va être un grand succès et se jouer jusqu'au 25 août 1990 dans le gigantesque Prince Edward Theatre et ses 1.727 places! Elaine Paige fut nominée aux Laurence Olivier Awards pour Best Actress in a Musical
E.11) Evénement d'un soir à Broadway (2002)
Le 1er avril 2002, une représentation – oui, un seul soir – du spectacle a été présentée au Vivian Beaumont Theatre. Patti LuPone a joué Reno Sweeney avec Howard McGillin comme Billy et Boyd Gaines comme Lord Evelyn Oakleigh. LuPone et Gaines joueront plus tard ensemble lors de la reprise de Gypsy () à Broadway en 2008. Le spectacle a été dirigé et chorégraphié par Robert Longbottom avec la supervision musicale de David Chase et des dessins de Tony Walton.
E.12) Troisième revival à Londres (2002)
Elaine Paige - «Anything goes» - London 1989
Le National Theatre a proposé un revival du musical, qui a ouvert le 18 décembre 2002 dans l’Olivier Theatre du National Theatre et a fermé le 22 mars 2003 après 45 représentations (rappellons qu'a .
Mis en scène par Trevor Nunn - directeur du National Theatre à l'époque - il mettait en vedette Sally Ann Triplett (Reno Sweeney), John Barrowman (Billy Crocker), Denis Quilley (Elisha Whitney), Mary Stockley (Hope Harcourt), Simon Day (Lord Evelyn Oakleigh), Martin Marquez (Moonface Martin), Annette McLaughlin (Erma) et Kevin Brewis.
Vu l’énorme succès - la série a été sold-out chaque soir - la production a été transférée dans le West End, au Royal Drury Lane, du 26 septembre 2003 au 28 août 2004. Un CD de cette production a été édité et fait référence.
«Anything goes» - London 2002
«Anything goes» - Broadway 2011
E.13) Deuxième revival à Broadway (2011)
Une reprise de la version de Broadway de 1987 a ouvert le 7 avril 2011 au Stephen Sondheim Theatre, produit par la Roundabout Theatre Company (previews dès le 10 mars). Cette production a été mise en scène et chorégraphiée par Kathleen Marshall. Ce revival conserve une grande partie des orchestrations de 1987 de Michael Gibson avec quelques ajouts de l’arrangeur Bill Elliott.
Cette version a été généralement très bien reçue par la critique et a reçu un total de neuf nominations aux Tony Awards et dix nominations aux Drama Desk Awards, dont Meilleure actrice dans un musical (Sutton Foster (Reno Sweeney)), Meilleure mise en scène d’un musical et Meilleur revival d’un musical.
La production devait initialement fermer le 31 juillet 2011 et a été prolongée jusqu’au 29 avril 2012, puis une deuxième fois jusqu’au 8 juillet 2012, accumulant 521 représentations et 32 previews. Il s'agit encore une fois d'un «énorme succès» pour le revival d'un musical des années '30.
E.14) Quatrième revival à Londres (2021)
«Anything goes» - London 2021
Dix ans après cette version très réussie à Broadway, Kathleen Marshall va à nouveau mettre en scène et chorégraphier Anything Goes () mais à Londres cette fois, au Barbican Theatre du Barbican Centre. La célèbre actrice américaine, Megan Mullally, fera ses débust dans le West End en incarnant Reno. Elle sera accompagnée par la star de la scène et de l'écran Robert Lindsay dans le rôle de Moonface Martin, de Felicity Kendal dans le rôle d'Evangeline Harcourt et la légende du West End, Gary Wilmot, dans le rôle d'Elisha Whitney.
1) Vidéo: «Anything Goes: Behind the Show Backstory»
Michael Weber - directeur artistique de Porchlight Music Theatre, une très importante Compagnie de théâtre musical de Chicago qui a produit ue version d'Anything Goes - nous propose une visite sur le passé de Cole Porter et son musical légendaire/ Un beau petit résumé de ce que nous avons décrit ci-dessus...
2) Démodé? Bien sûr que non! On pourrait dire: ultramoderne.