G) 1930-1942: une légende avant tout
G.1) 1930-1931 - Une fin de carrière?
Au début des années 1930, la carrière de George M. Cohan semblait terminée. Il a essayé de la relancer en reprenant des valeurs sûres dans son repertoire comme The Tavern () et The Song and Dance Man () pour de brèves séries à Broadway, suivies de tournées qui se sont avérées recueillir un certain succès.
À son retour à Broadway, George M. Cohan s'est remis à la création. Il a choisi d'écrire une pièce de théâtre où il partageait la tête d'affiche avec sa fille Helen. sa première pièce de la nouvelle décennie, Friendship () (1931 - 24 représentations) où il partageait la tête d'affiche avec sa fille Helen. Elle n’a tenu l'affiche que 3 semaines à Broadway. Une véritable gifle pour Cohan, car il est sur scène. Même cela ne suffit plus pour asauver un spectacle. Et 24 représentations, c'est vraiement u terrible désaveu.
Richard Lockridge, critique du New York Sun, résume les problèmes de Cohan (des dernières années) dans sa critique de Friendship ():
« M. Cohan est infiniment meilleur acteur qu'auteur dramataique... Ses longues plaidoiries sans aucune retenues, son refus de permettre à ses partenaires de disposer de répliques pertinentes, son refus de dépeindre un grain de bon sens dans n’importe quel personnage de moins de cinquante ans - toutes ces choses n’aident pas. »
Richard Lockridge - New York Sun
En 1931, George M. emménage dans un appartement au 993 5th Ave. C’est à cette adresse qu’il rencontre le critique de théâtre Ward Morehouse, qui écrira plus tard sa biographie et où il passera ses derniers jours.
Dans le besoin d’un véhicule pour tempter de redonner un peu de vitalité à sa carrière, George a accepté de suivre la proposition d’un vieil ami, Jesse Lasky (un cadre de haut rang à la Paramount) et d'apparaitre dans un film musical. Le contrat étant signé, George partit pour Hollywood, prêt à travailler dès qu’il mettrait le pied en Californie. Lorsqu’il est arrivé, on lui a dit que la production avait été reportée en raison d'une réorganisation interne au sein de la Paramount. Quand tout rentra dans l'ordre, la réorganisation avait balayé Jesse Lasky, et George M. Cohan était à la merci des cadres du studio qui ne savaient pas quoi faire de lui.
G.2) 1932-1936 - La traversée du désert
The Phantom President () (1932 - film) a été un événement douloureux dans la vie de George M. Cohan. Cela lui a définitivement démontré que tourner dans des films n’était pas quelque chose qu’il voulait poursuivre.
Les chansons du film étaient signées de Richard Rodgers (musique) et Lorenz Hart (paroles) et c’était loin d'être leur meilleure création (pour de nombreux observateurs, on peut même dire que c'est peut-être la pire). Le talent de Claudette Colbert a été «gâché» dans un rôle qui n’avait aucune profondeur, Sidney Toler (célèbre pour ses rôles de Charlie Chan) a essayé d'ajouter une étincelle d’humour mais ce fut en vain. Jimmy Durante faisait du Jimmy Durante, et George M. Cohan jouait deux rôles écrasants: celui du terne banquier T.K. Blair, voulant devenir président des Etats-Unis, et celui de son sosie, le Dr Varney, un homme de spectacle se faisant passer pour un médecin... mais beau-parleur. Des trucages permettaient de faire apparaître sur une même image Cohan dans ses deux personnages.
Cohan avait deux grands moments dans le film. Le premier était une entrée rapide de Cohan où il salue son double présidentiel avec une chorégraphie et on sait à quel point les numéros de danse de Cohan étaient appréciés. Le second était sa chanson Maybe Someone Should To Wave The Flag. Cependant, même quand ils avaient Cohan devant leur caméra, chantant ou dansant, le réalisateur (ou l’un de ses assistants) a pris la décision de le faire paraître en blackface. On est sans doute très loin du scénario original qui avait fait dire "oui" à Cohan.
La bonne nouvelle à propos de The Phantom President () est que, grâce à ce film, nous avons une archve historique de Cohan en train de chanter et de danser. La mauvaise nouvelle est que la chanson elle-même est une déception, et que Cohan apparaît, cmme nous l'avons dit, en blackface (quelque chose qu’il n’avait jamais fait sur scène tout au long de sa carrière). The Phantom President () aurait pu avoir du potentiel, avec un bon scénario et une bonne musique, mais maintenant tout ce qui reste est un travail bâclé. Lorsque Cohan est rentré à New York, il a confié à Ward Morehouse ses sentiments sur l’industrie cinématographique:
« Ces gens ne savaient rien de moi. Beaucoup d’entre eux n’avaient jamais entendu parler de moi et cela ne les intéressait pas. Ils m’ont traité comme un homme d’un autre monde. Pour moi, Hollywood représente l’accumulation la plus étonnante d’incompétence et d’ego que vous puissiez trouver n’importe où dans le monde civilisé. De tout ce que j’ai pu voir, les seules personnes sensées sont les techniciens et les caméramans. Ces caméramans m’ont sauvé la vie. Lorsque je suis parti, je les ai remerciés pour un million de rires. Je n’ai dit au revoir à aucun des cadres. Je n’ai pas pu les trouver. Ils étaient absents les week-ends... »
George M. Cohan
De retour à Broadway, George a essayé d’oublier son expérience hollywoodienne. Il a créé de nouvelles paroles pour sa chanson Over There en l’honneur du candidat démocrate à la présidence de 1932, Franklin Delano Roosevelt.
Un mois plus tard, il a développé une pièce à laquelle il a donné pour titre Pigeons and People () (1933 - 70 représentations). Il savait que pour des raisons de box-office, il devait s'écrire un rôle-vedette mais cela ne l’a pas dérangé. Ce qui le dérangeait, c’est qu’on le saluait maintenant comme l’un des meilleurs acteurs des Etats-Unis mais qu’aucun de ses spectacles au cours des dernières années n’avait reçu de bonnes critiques. Pigeons and People () était une pièce en un acte qui ne durait que jusqu’à 22h30. Le personnage principal, Parker (joué par George), rappelle beaucoup le Vagabond dans The Tavern (). Ce ne fut pas le succès espéré mais peu de temps après, il lui a été fait une offre qu’il ne pouvait pas refuser, et Il ne l’a pas fait: Ah, Wilderness! () (1933 - 289 représentations).
Ah, Wilderness! () est une pièce d'Eugene O'Neill produite par la fameuse The Theatre Guild et créée le 2 octobre 1933 à l'August Wilson Theatre. Avec le succès de Ah, Wilderness! () George M. Cohan était de retour au sommet. Pas de la façon dont il était habitué, car cette fois il avait seulement joué dans la pièce, mais de retour au sommet néanmoins.
En 1935, les The Players demandent les droits pour produire un revival du spectacle le plus populaire de Cohan, Seven Keys to Baldpate (), au National Theatre (l'actuel Nederlander Theatre). Il accepte avec enthousiasme.
Son spectacle suivant, Dear Old Darling () (1936 - 16 représentations) a ouvert le 2 mars 1936. Les critiques ont encore chanté les louanges du jeu de Cohan, mais tiré à boulets rouges sur sa pièce. Au théâtre, les spectateurs ont semblé n'apprécier ni l'un ni l'autre. La première semaine de billetterie n’a rapporté que 8 000 $. Cohan a dit à son personnel: «S’ils ne l’aiment pas, nous allons l’arrêter», ce qu’il a fait. Le spectacle n’a duré que deux semaines, ce qui a causé beaucoup de frustration et de dépression pour Cohan, car avec 16 représentations, on a touché le fond!
Peu après, sa fille Mary a divorcé de Neil Litt et est retournée chez les Cohan à Monroe, NY.
Au beau milieu des jours sombres qui ont suivi le terrible échec de Dear Old Darling (), Cohan a reçu un avis du Congrès lui annonçant qu’il avait reçu une médaille d’or d’honneur, pour son écriture de You’re A Grand Old Flag et d'Over There. Cette médaille, décernée à Cohan le 29 juin 1936, ne doit pas être confondue avec la Médaille d’honneur du Congrès qui est décernée aux soldats pour leur bravoure personnelle, mais plutôt une Médaille d’honneur du Congrès pour des services précis. C’était la première fois que le Congrès décernait une médaille pour l’écriture de chansons, et cela met en perspective la puissance et l’inspiration des chansons de Cohan pour l’Amérique. Tout ce que Cohan avait à faire était de venir récupérer sa médaille auprès du Président Roosevelt. Mais en 1936, cela semblait plus facile à dire qu'à faire car Cohan en était venu à détester le Président Roosevelt quatre ans après lui avoir dédié What A Man. La médaille resterait chez Roosevelt pendant encore quatre ans, Cohan ayant probablement pensé que Roosevelt ne pourrait pas être réélu pour un troisième mandat.
Il n'était pas rare qu'après un spectacle, ou n’importe quelle soirée, les amis et les admirateurs pouvaient découvrir Cohan assis dans un coin du Trader Vic’s Bar au Plaza Hotel (59th Street & Central Park West). Là, il racontait ses histoires du théâtre d’il y a quarante ou cinquante ans, et expliquait sans retenue ses doutes sur le théâtre contemporain.
G.3) 1937-1938 - Et si ce n'était pas fini?
Au printemps de 1936, George M. part à la découverte de la terre de ses ancêtres, l'Irlande. Un ami se souvient que cet homme de 58 ans, qui a été le roi de Broadway, avait les yeux écarquillés en découvrant l'île d’émeraude. Lorsqu’il est revenu aux Etats-Unis à temps pour son anniversaire, il l’a célébré avec sa famille et Sam Harris. La brouille avait duré plus de quinze ans! Mais Sam avait trouvé une occasion pour que les deux travaillent ensemble une fois de plus. Ils produirent à deux la pièce suivante de Cohan, Fulton of Oak Falls () (1937 - 37 représentations) qui fut créée le 10 février 1937. On y suivait un comédien de radio nommé Parker Fennelly. Sam et George avaient tous deux compris que le scénario nécessitait beaucoup de «cohanisation» - ce qui fut fait. Broadway a fait tout un buzz au sujet de la réunion de Cohan & Harris et malgré cela, le spectacle n’a duré que 37 représentations. Fulton of Oak Falls () était une déception de plus pour Cohan.
En 1937, George embarqua à nouveau pour l’Europe. Il eut l’idée de tenter sa chance sur la scène londonienne. Son épouse Agnes s’embarqua avec lui, et tous deux profitaient de l’Europe lorsque George reçut un appel soudain de Sam Harris lui demandant de rentrer à New York. Sam avait un rôle pour lui dans sa nouvelle production qu’aucun autre acteur ne pouvait faire. Le rôle était Franklin Delano Roosevelt, et la pièce avait pour titre I'd rather be right () (1937 - 290 représentations). Après l'infructueuse tentative de Fulton of Oak Falls () plus tôt dans l’année, I'd rather be right () est vraiment la pièce qui a réussi à réunir deux bons amis après une absence de près de vingt ans.
Dans un premier temps, George ne voulait pas jouer le rôle. Il détestait maintenant Roosevelt, après l’avoir soutenu en 1932 en remplaçant les paroles de Over There par What A Man. Il a estimé que le public n’accepterait jamais que le Président soit incarné par un artiste chanteur-danseur. Surtout qu'il s'agissait du Président actuellement en poste, ce qui ne s'était jamais fait aux Etats-Unis. Mais George Kaufman et Moss Hart, les deux auteurs, n’ont pas cédé si facilement. Ils ont soutenu qu’il s’agirait d’un Président qui chanterait et danserait. Et, aussi incrédule que fût George, il a cédé sur ce principe.
Mais il y avait d'autres difficultés. La principale était que George a également eu du mal à accepter la partition de Richard Rodgers (Musique) et Lorenz Hart (paroles) qui avaient écrit la partition du terrible film The Phantom President (), la seule apparition de George dans un film musical. un de ses pires souvenirs professionnels. Cohan avait tellement détesté la partition du film qu'il faisait ironiquement référence à Richard Rodgers et Lorenz Hart en les appelant Gilbert et Sullivan.
Richard Rodgers se souvient qu’après avoir joué toute la partition pour George, ce dernier s’est levé de la chaise, lui a tapoté sur l’épaule et a marmonné: «Faites attention à vous».
D’autres frictions surgirent quand George sentit que des paroles de Lorenz Hart (dans la chanson Off The Record), étaient irrespectueuses envers son ami Al Smith. Donc, George a décidé de remplacer certaines paroles par les siennes. Richard Rodgers en parle dans son livre «Musical Stages»:
« Lors de la soirée d’ouverture des try-out à Boston, il a même ajouté ses propres paroles à un rappel de Off The Record qui ont été particulièrement cruelles pour le Président. Le prétexte de cet ajout, selon Cohan, était qu’il s’opposait aux paroles que Larry avait écrites sur Al Smith qu’il trouvait trop cruelles. En fait, ces paroles avaient été supprimées des semaines auparavant. La seule raison pour laquelle Cohan a mis ses propres paroles était simplement pour son propre ego - pour montrer à tout le monde qu’il pouvait encore nous battre à notre propre jeu. En essayant de faire une blague après qu’il ait chanté ces répliques, Cohan a confié au public: "Je vais probablement recevoir mon préavis de deux semaines pour avoir fait cela." »
« Dès que la représentation s'est terminée, Larry et moi avons hurlé auprès de Sam Harris [le producteur], et Cohan a promis qu’il ne le ferait plus jamais. »
Richard Rodgers - «Musical Stages»
Dans le film Yankee Doodle Dandy, James Cagney recrée la routine de danse de Off The Record presque exactement comme Cohan l’a jouée à l’origine.
Il est «comique» de souligner que Cohan a répété sans relâche et n’a jamais manqué une représentation, donnant tout ce qu’il avait pendant près de deux ans dans un musical qu’il était censé détester. Avec le succès de I'd rather be right (), Cohan s’est trouvé invité à de nombreuses réunions sociales et dîners. Un de ceux-là, The Catholic Actor's Guild Dinner a été enregistré et le discours de Cohan peut encore être entendu. Il commence par dire que la cérémonie «est autant un hommage à mon père qu’autre chose». Jerry J. Cohan avait été l’un des membres fondateurs de la Catholic Actor Guild.
Après la tournée à travers tout le pays avec I'd rather be right (), Cohan a ramené Agnes, dont la santé avait décliné, chez eux à Monroe, NY.
G.4) 1939-1942 - Laisser une trace?
A cette époque, il y a eu quelques discussions qui ont circulé au sujet d’un film basé sur l’histoire de la vie de George. Mais Cohan a repoussé cette généreuse offre de la MGM. Mais plus tard, en 1939, Josephine Callan, une amie de toujours de la famille Cohan, a demandé la permission à George pour que la Catholic University puisse présenter un spectacle au sein de sa section Art dramatique qui s'intéresserait à sa vie. George a gentiment accepté. Cela a donné Yankee Doodle Boy de Walter Kerr (futur critique de théâtre et dramaturge) qui fait ses débuts au Harlequin Club de la Catholic University of Washington DC. George avait pris beaucoup de son temps pour travailler avec les étudiants pour développer le spectacle. En fait, le musical avait très peu à voir avec les faits de la vie de Cohan mais était essentiellement une revue de sa musique.
Seulement un mois plus tôt, en novembre 1939, Cohan avait joué dans des try-out à Baltimore d'un spectacle intitulé Madam, Will You Walk () (1954 - 42 représentations) écrit par Sidney Howard (à qui l'on doit le scénario original de Gone with the Wind) et produit par Robert Sherwood. Sidney Howardétait mort accidentellement quelques mois auparavant dans un accident dans sa ferme, écrasé par son tracteur. Sherwood insista sur le fait que le rôle qu’il avait en tête pour Cohan ressemblait beaucoup au Vagabond de The Tavern (). C'était un argument fort, tant Cohan était attaché à ce personnage, et le rôle a intrigué George. Sherwood lui a également assuré qu’il ne sentait aucun autre acteur capable de jouer ce rôle. Mais, Cohan ne s'est jamais senti à l’aise dans le rôle d’un Lucifer suave, et lors des try-out Baltimore, la presse a ététrès mitigée. C’était assez pour que Cohan quitte le spectacle et retourne à New York. Madam, Will You Walk () n'atteindra pas Broadway. Il sera finalement créé off-Broadway en 1954 mais sera un flop.
Le 6 mars 1940, Mary Cohan fit une fugue amoureuse pour une deuxième fois. Cette fois-ci pour un joueur d’accordéon nommé George Ronkin. Cela blessa profondément George.
Plus tard au printemps de 1940, Cohan a mis de côté ses sentiments au sujet du président Roosevelt, et a fait le voyage à la Maison-Blanche, où il a reçu sa médaille d’or d’honneur, décernée en 1936!
Cohan s’était lassé de jouer dans des pièces écrites par d’autres et, l’année suivante, il a pour la dernière fois paru sur scène dans l'une de ses pièces. The Return of the Vagabond () (1940 - 7 représentations). Il s'agit de la suite de la pièce préférée de Cohan The Tavern (). Dans cette création, Celeste Holm une jeune interprète obtient son premier vrai rôle à Broadway. Mais, le spectacle s’est vite avéré être un terrible échec et n’a duré qu’une semaine. À la fin de la dernière représentations, Cohan. à confié à la jeune Celeste Holm: «Je ne reviendrai plus jamais à New York. Ils ne veulent plus de moi.» Pour elle ce fut le début d'une magnifique carrière.
Même si la réalité de sa carrière professionnelle en plein naufrage le décourageait, George ne pouvait pas quitter ce monde qui avait fait partie de lui toute sa vie. À la fin de 1940, il commence à développer une idée pour un musical intitulé The Musical Comedy Man, avec un personnage principal et un titre qui lui ressemblaient beaucoup.
En juillet 1941, son partenaire de longue date et meilleur ami, Sam Harris, décède d’un cancer de l’intestin. Peu de temps après, George reçoit un diagnostic identique. À la mi-octobre 1941, George a souffert de douleurs abdominales graves et a rapidement été transporté à l’hôpital pour une opération d’urgence qui lui a sauvé la vie. Il a emménagé avec Agnes et les enfants pour «se reposer et prendre un peu de soleil».
Plus tôt cet été-là, George a conclu un accord avec Warner Brothers pour raconter son vie à l’écran. C’est devenu son principal objectif. L’écrivain Robert Buckner avait pour tâche de satisfaire les désirs de George quant au contenu du scénario. Il devait y avoir certaines limites qui ne devaient pas être franchies. Cohan voulait limiter fortement la part de sa vie personnelle décrite dans le film (un peu comme dans Yankee Doodle Boy de Walter Kerr). Par exemple, il n’y aurait aucune mention à sa première épouse Ethel Levey, ni de la grève de l'Actors' Equity de 1919. De même, aucun de ses enfants n’a été mentionné, et les sentiments amoureux qu'il était censé exprimer à Agnès, il les ressent pour une Marie. Dans les deux sens, Buckner et Cohan se sont affrontés pendant qu’ils élaboraient brouillon après brouillon. Warner Bros. pendant ce temps, a eu la prévoyance d'engager James Cagney pour incarner Cohan. Cagney était un artiste dont l’énergie correspondait à celle de Cohan. Il avait seulement vu George jouer dans Ah, Wilderness! (). Il a étudié de très près la danse de Cohan dans le film The Phantom President () (où l'on voit Cohan faire quelques-unes des pas que Cagney reproduira dans le film). Cagney a également travaillé très étroitement avec le chorégraphe Johnny Boyle qui était dans le chœur de The Cohan Revue of 1916 ().
Le tournage débuta dans les derniers mois de 1941 et du début de 1942 une ébauche fut envoyée à un Cohan malade à Monroe, NY pour son approbation. Cohan était assis et regardait en silence. Après la fin du film, les lumières se sont élevées, Cohan a secoué la tête signifiant son acceptation et a dit: «My God, what an act to follow.»
James Cagney a été brillant dans ce rôle. Il a incarné Cohan sans l’imiter et il remportera un Oscar du meilleur acteur. Alors que Yankee Doodle Dandy () (1942 - Film) se préparait à sortir, la santé de Cohan continuait de décliner. Le 2 janvier 1942, Cohan avait subi une deuxième opération abdominale - le cancer s’était propagé. Il savait qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre et voulait visiter New York une fois de plus. À son retour au 993 Fifth Ave., Cohan confia à des amis proches que sa fin était proche, mais il cacha la gravité de sa maladie de sa famille. Tout au long de sa maladie, il a travaillé sur The Musical Comedy Man.
À la fin de l’été de 1942, et contre l’avis de son infirmière, Cohan monta dans un taxi et jeta un dernier regard sur sa ville bien-aimée. Le taxi est descendu à Union Square, où les les «Four Cohan» avaient fait leur première apparition à New York. Puis, retour en ville à la 43ème rue où se trouvait autrefois le Cohan Theatre qui était alors démoli. Ensuite il a demandé aussi de monter et descendre les différentes rues de Broadway pour feuilleter une dernière fois ses souvenirs. Le dernier arrêt était pour le Hollywood Theatre où l'on projetait Yankee Doodle Dandy () dont il a visionné quelques minutes.
Pour le reste de l’été et de l’automne '42, George M. Cohan fut très malade. Il a été confiné à son appartement au 993 Fifth Ave.. Ses enfants lui ont rendu visite et chacun a fait amende honorable avec leur père. La fin est survenue le 5 novembre 1942. Peu de temps avant, son ami proche Gene Buck lui avait rappelé ses réalisations. Cohan sourit et ajouta : «Pas de regrets, pas de regrets». Monseigneur John J. Casy et le père Francis X. Shea lui ont administrés les derniers sacrements. Puis, juste avant de sombrer dans le coma, il a demandé à Buck de «s’occuper d’Agnes». Ce sont ses derniers mots.
À ses funérailles dans la cathédrale St. Patrick, l’orgue a joué Over There doucement. Son corps fut ensuite transporté à la concession familiale du cimetière Woodlawn, dans le Bronx, où il rejoignit les trois autres Cohan.
H) La postérité
L’année suivante a été publiée «George M. Cohan, Prince Of The American Theater», la biographie de George M. Cohan par Ward Morehouse, critique de théâtre et surtout ami de Cohan.
Quinze ans plus tard, le 11 septembre 1959, une statue de George M. Cohan fut érigée à la 46e rue de Times Square. Oscar Hammerstein II (partenaire de longue date de Richard Rodgers pour l’écriture de chansons) a conduit le comité à la réalisation de l’événement. Dans un article du New York Times commémorant le dévoilement de la statue, Hammerstein a écrit :
« Jamais une plante n’a été plus indigène à une partie particulière de la terre que George M. Cohan aux États-Unis de son époque. Toute la nation était confiante de sa supériorité, de sa vertu morale, de son heureux isolement des intrigues du vieux pays, duquel nos pères et nos grands-pères avaient émigré. »
Oscar Hammerstein II
La statue a coûté 58.000 $ provenantt de diverses personnalités du théâtre. Et, 100$ de l'Actors' Equity.
La vie de George M. Cohan semblait toujours être aussi populaire à la fin des années '50 et au début des années '60. Au total, trois versions ont été créées: deux à la télévision et une sur la scène de Broadway. La meilleure était George M! () (1968 - 433 représentations) jouée au Palace Theatre de Broadway avec le charismatique Joel Grey incarnant George M. Cohan - il sortait juste du triomphe de la création de Cabaret () où il avait joué le Master of Ceremonies - et la première apparition d'une jeune fille qui n'allait pas tarder à devenir une star: Bernadette Peters dans le rôle de Josie Cohan, la soeur de George. Mary Cohan, la fille de George a été amenée à faire quelques révisions lyriques et musicales: par exemple la chanson My Town dans George M! () était à l’origine I’m A One Man Girl du musical Billie () de Cohan.
Quoi qu'il en soit, George M! () donne le meilleur exemple des compositions musicales de Cohan. En tout, plus de vingt-cinq chansons différentes sont jouées, et la variété de la musique est encore meilleure que dans Yankee Doodle Dandy ().
Au début des années '70, l’American Guild Of Variety Artists a commencé à télédiffuser une cérémonie annuelle de remise des prix. Leur prix était une statue de George M. Cohan, et le prix a été appelé le Georgie.
En 1973, le livre de John McCabe «George M. Cohan - The Man Who Owned Broadway» a été publié. McCabe a recueilli de nombreux témoignages de première main de Cohan qui ont depuis disparu. C’est à ce jour, la meilleure biographie sur Cohan.
En 1978, la popularité de Cohan s'est largement atténuée auprès de l'américain moyen. Pourtant, lors de la célébration du centenaire de sa naissance, le bureau de poste américain publie un timbre en son honneur. Ce fut l’un des premiers timbres à honorer un membre des arts de la scène américains.
La famille de George M. Cohan est tout aussi insaisissable que de nombreux faits de la vie privée de George M. Cohan. Agnes Cohan, sa femme, a vécu jusqu’à l’âge de 89 ans. Elle chantait toujours quand Yankee Doodle Dandy () passait à la télévision dans les années 1960. Elle est décédée le 9 septembre 1972.
Georgette, Mary, Helen et George Jr., ses enfants, ont pratiquement disparu de la vie publique, à l’exception de l’intervention de Mary pour George M! (). Dans les années '50, George Jr. avait réenregistré quelques-unes des chansons de son père, mais on n’a jamais entendu parler de lui.
La vie privée de George M. Cohan demeure privée. Il l’a bien gardée et, au fil des ans, ses affaires personnelles s’éloignent. Quant à son travail, une partie survit encore: sa musique est encore diffusée, son nom occasionnellement cité, et la pièce George M! () est toujours vivante dans le théâtre régional. Et, la télévision diffuse occasionnellement Yankee Doodle Dandy (), dont il existe une version en DVD. Mais malheureusement, ni l’une ni l’autre de ces deux oeuvres n’a réussi à capturer la véritable histoire de George M. Cohan.