Nés d’une famille juive, Lew Fields (1867-1941) et Joseph Weber (1867-1942) ont formé leur duo alors qu’ils étaient encore enfants. Les deux garçons ont fait leur première apparition au Miner’s Bowery Theatre, à New York, en 1885, alors qu’ils n'avaient que neuf ans. Leur humour «tarte à la crème», leur anglais approximatif ont vite fait sensation à San Francisco, où ils se sont produits pendant 10 semaines pour 250$ par semaine, un salaire exceptionnellement élevé à l’époque.
Les jeunes hommes ont formé un duo comique et ont fait des tournées dans les Variety Houses, développant une série de routines de «bagarres ethniques». Avec le temps, ils ont perfectionné leurs personnages de "Myer" (joué par Fields, le «grand») et "Mike" (joué par Weber, le «petit»), un duo d’immigrants allemands aux lourds accents, aux moustaches hérissées et aux vêtements voyants. Weber avait un costume rembourré lui donnant un énorme tour de taille, et il portait un costume à carreaux bruyant. Tout cela contrastait avec le maigre Fields et ses habits plus clairs et sobres. Dans leurs sketches, le pas-trop-malin "Myer" essayait invariablement d’escroquer le l'intelligent mais crédule "Mike", ce qui débouchait toujours sur une bataille physique. Weber et Fields ont créé le "Dutch act" définitif du vaudeville (par "dutch" il ne faut pas entendre "hollandais" mais bien "allemand", le mot "dutch" étant une corruption commune de l’argot "Deutsch") (voir ). Weber a dit plus tard: «Tout le public voulait que Fields me fasse voir 36 chandelles.» Ils sont devenus l’un des numéros de Vaudeville les plus largement imités, mais aucune autre équipe n'a jamais atteint leur niveau.
Dans le cas de Weber et Fields (ou de leurs personnages "Mike et Meyer") - et de nombreux autres actes de ce genre - cela impliquait souvent des stéréotypes exprimés par la tenue vestimentaire et le comportement, ainsi que des représentations comiques et souvent sympathiques des tentatives des personnages de s’intégrer dans la société américaine. Les "ruses" pour "faire les choses en grand" en Amérique, comme l'imagine le rêve américain, mais aussi la lutte pour la simple survie des pauvres immigrante, ont été écrits dans le scénario de ces numéros. Une routine typique de "Mike et Meyer" consistait en Mike, le petit et intelligent, qui tentait, sans succès, d’entraîner Meyer, le grand et simple, dans un plan visant à leur obtenir un repas gratuit au saloon des travailleurs.
Les deux ont tourné avec succès pendant de nombreuses années, devenant l’un des numéros les plus populaires et rentables du Vaudeville. Le 24 octobre 1892, l’Imperial Music Hall ouvre ses portes.
Weber et Field reprennent le bail du théâtre le 27 mai 1896, et après une période de fermeture pour des travaux de rénovation, le théâtre rouvre sous le nom de Weber and Fields' Broadway Music Hall.
Il sera le théâtre résident du duo comique de 1896 à 1904 où ils joueront dans de nombreuses farces musicales originales à haute énergie, dont Cyranose de Bric-a-Brac () (1898), Helter Skelter () (1899), Whirl-i-gig () (1899), Fiddle-dee-dee () (1900), Hoity Toity () (1901), Twirly Whirly () (1902), Humming Birds and Onions () (1902), The Stickiness of Gelatine () (1902-1903), et The Big Little Princess () (1903). Plusieurs de leurs spectacles ont été créés par le duo d'auteurs Edgar Smith et Louis De Lange, dont ce dernier a également travaillé comme manager du duos pour leurs tournées nationales. Ces «burlesques musicaux» très populaires et financièrement rentables n’étaient pas seulement joués par Weber et Fields, mais étaient également produits par eux.
Leurs dialogues avaient une pertinence immédiate qu’il est impossible de recréer aujourd’hui. "Quel est votre nom?" "Je m’appelle Solomon Yankle." "Qu’est-ce que c’est en anglais?" "Reginald." (Explosions de rire) Weber et Fields sont crédités de deux autres inventions qui sont devenues la pratique standard ou l’humour standard: le gâteau à la crème dans le visage et la blague qui commence par: "Qui était cette dame vue avec vous hier soir?"
Les «burlesques musicaux» de Weber et Fields comprenaient des castings exceptionnels avec des interprètes bien connus et des humoristes de la scène américaine amenés à se produire aux côtés de Weber et Fields. Parmi les artistes qui ont participé à leurs productions, mentionnons Lillian Russell, Fay Templeton, Ross and Fenton et DeWolf Hopper, David Warfield, Peter F. Dailey, Mabel Fenton, Marie Dressler, Willie Collier et Sam Bernard.
Weber et Fields ont été forcés de fermer le Weber and Fields' Broadway Music Hall lorsque l’incendie de l’Iroquois Theater à Chicago a entraîné une application stricte des lois sur les incendies à New York. On a dit aux associés qu’ils devraient soit faire des transformations, soit fermer le Music Hall, ce qui a provoqué un désaccord entre eux et a provoqué leur séparation. Leur dernière représentation au théâtre en duo a eu lieu dans la comédie musicale Whoop-Dee-Doo () le 30 janvier 1904.
Après le départ de Fields, Weber rebaptise le théâtre Weber’s Music Hall; il crée sa première comédie musicale sans Fields, Higgledy-Piggledy (), qui ouvre le 20 octobre 1904) (185 représentations).
Même si Fields est parti, le spectacle suivait la forme familière du duo Weber & Fields, et nous rencontrons donc un duo fou qui fait le Grand Tour. Weber jouait le riche fabricant de moutarde Adolf Schnitz, accompagné de Gottlieb Gesler (Harry Morris), le président de l’American Swiss Cheese Sandwich Trust. La fille d’Adolf, qui n’est pas prête à se marier, Philopena (Marie Dressler), est également présente dans la tournée, mais le fait qu’elle soit l’héritière des millions de papa lui garantira sans doute un voyage vers l’autel. Pendant ce temps, Gottlieb a rencontré la pâtissière parisienne Mimi de Chartreuse (Held), également connue sous le nom de «Sainte Patronne de la Bohème parisienne», et vous n’avez pas entendu dire que c’est probablement aussi la «Sainte patronne des chercheurs d’or».
Le spectacle a été présenté en deux actes, le premier en Suisse et le second à Paris. Environ trois mois après l’ouverture, la production a été radicalement révisée. Le premier acte a été abandonné et l’histoire condensée en un seul acte qui se déroule à Paris. Le nouveau deuxième acte de la soirée est une version burlesque de la comédie populaire de George Ade, The College Widow, ici appelée The College Widower, avec un livret et des paroles d’Edgar Smith et de la musique de Maurice Levi.
Certaines publicités pour Higgledy-Piggledy () utilisaient également pour le théâtre la dénomination Weber & Ziegfeld's Music Hall, car Florenz Ziegfeld Jr. était le producteur principal du spectacle et sa femme Anna Held a été brièvement une des stars de la production. Cependant, ce partenariat est de courte durée, car Ziegfeld et Held ne s’entendent pas avec Weber, et leur relation avec Weber et le théâtre se termine rapidement après la première du spectacle. L’actrice Trixie Friganza remplacera Held et Ziegfeld arrêtera son rôle de producteur. Le théâtre a été rebaptisé Weber’s Theatre et est devenu une salle de cinéma en 1913. L’édifice a été démoli en 1917.
De son côté, Fields a produit de nombreuses comédies musicales. Lorsque Fields a joué dans la comédie de 1911, The Hen-Pecks (), l’un des seconds rôles était Vernon Castle, qui est devenu un danseur de salon célèbre.
Lorsque le rideau du premier acte s’est levé sur The Hen-Pecks (), il a révélé la basse-cour de la ferme d’Henry Peck dans la baie de Cranberry en Nouvelle-Angleterre. Peck est joué par Lew Fields, et la famille de Henry comprend le fils Henderson, les filles Henoria, Henolia et Henella, et sa femme Henrietta, qui a perfectionné l’art du picotage des poules. Mais ce ne sont pas les membres de la famille qui ont épaté le public, ce sont les animaux qui ont fait du parc leur maison, et le chœur d’animaux comprenait un coq, des poules, des canards, des oies, des porcs et même un chat. Et ce n’était pas des choristes, ils étaient vrais. Le coq chantait, les poules caquetaient, la douzaine de canards s’éloignait et les porcs grognaient, criaient et trottaient sur la scène.
Tout ce bruit réveille un fermier, qui trouve bientôt un bouledogue attaché au bas de son pantalon, et tente autant qu’il peut de secouer le chien en tourbillonnant comme une toupie, le chien intrépide reste inébranlable. Brooklyn Life a salué tous les membres de la distribution qui avaient «répété leurs rôles dans les moindres détails» et ont ri, crié et hurlé leurs répliques «avec aussi peu de conscience de soi ou de contrainte qu’ils étaient dans une vraie cour à l’aube». Quant au chien, il méritait une «mention honorable », car, même s’il était secoué sur la scène, il n’a jamais lâché le pantalon du paysan. Le New York Evening Sun a décidé que la ménagerie méritait «un numéro de vaudeville à part entière», et Brooklyn Life a affirmé que ces artistes avaient promis de «laisser Edmond Rostand et Maude Adams ébahis». Malheureusement, leur brève apparition ne leur avait pas laissé assez de temps "pour se prélasser sous les feux de la rampe ».
Tout cela ne constituait que les 6 premières minutes du spectacle. Mais il y avait beaucoup de choses en réserve pour le public, et le spectacle a tenu l'affiche près de 200 représentations dans deux séries légèrement séparées au Broadway Theatre. En plus de son personnage comique préféré, Fields, la comédie musicale proposait une autre apparition bienvenue, celle du danseur Vernon Castle (dans le rôle de Zowie, un magicien) mais aussi les débuts sur scène de Blossom Seeley (dans le rôle de la fille de Fields, Henella, qui va à New York dans l’espoir de devenir célèbre et riche sous le nom de scène de Carmencita Tabasco). Si tout cela ne suffisait pas, il y avait aussi des personnages nommés Pansy Marshmallow, Weenie Wistaria et Ravioli.
Fields produisit ensuite Hanky Panky (), qui s'est joué du 5 août 1912 au 2 novembre 1912 (104 représentations) et comprend des chansons d’Irving Berlin et de Ballard MacDonald. Le livret était faible. En fait, il y avait un léger fil conducteur, et il impliquait Sir J. Rufus Wallingford (Hugh Cameron), un parvenu et récent ajout à la noblesse britannique. Il semble qu'une «momie mania» s'est emparée du pays, tout le monde veut en acheter une. Notre nouveau noble a la chance d’acheter la momie de Cléopâtre (Christine Nielsen), qui revient à la vie!!! Et Sir Rufus l’épouse promptement (le programme indiquait que Cléopâtre avait "été dans un entrepôt frigorifique pendant deux mille ans"). De là, l’action (ou son absence) se déplace à Chicago et à l’université de Chicago, où tout le monde chante College Days et Boola Boola. No comment!
En 1913, Fields produit et joue dans All Aboard (), une comédie musicale de Broadway. Lew Fields a produit et joué dans cette comédie musicale, qui fut la première production au Roof Garden, situé au-dessus du Weber's Music Hall. Le lieu en plein air, sur les toits de New York, permettait de se rafraichir en pleine chaleur estivale. En effet, All Aboard était un "spectacle d’été", un terme généralement péjoratif qui indiquait une production temporaire pas tout à fait à la hauteur qui pouvait satisfaire les touristes et les New-Yorkais incapables de se permettre de vraies vacances, mais pas les publics soi-disant plus discriminants d’automne et d’hiver.
L’histoire semblait être un fil sur lequel attacher divers incidents non liés. Dans ce spectacle, Fields a joué le rôle du vieux marin hollandais Jan Van Haan, qui rêve d’être un capitaine navigant sur les mers où il vit des aventures exotiques. Ses paysages de rêve colorés l’emmènent en Espagne (la chanson Serafina), dans les Sierras (une parodie de films), en Hollande (Tulip Time) et en Chine (Under the China Moon), et le spectacle a même trouvé du temps pour un monologue de George W. Monroe (comme Nancy Lee), un sketch (par Ned Joyce Heaney) sur When Women Rule, un regard sur le pouvoir des femmes en 2013, soit un siècle plus tard, et quelques danses de spectacle par Riggs. Il y avait même un numéro sur les dernières nouveautés de l’art moderne (My Cubist Girl).
All Aboard () répondait aux standards d’un spectacle estival (il a ouvert durant la première semaine de juin et fermé la première semaine de septembre), mais sinon il n’avait rien à se reprocher. Outre les excentricités de Fields, le casting comprenait l’artiste drag George W. Monroe, le couple de danseurs et chanteurs - mari et femme - Carter DeHaven et Flora Parker DeHaven et le danseur Ralph Riggs. Le New York Times a fait l’éloge d'un «divertissement richement diversifié», Charles Darnton dans le New York Evening World a noté que la production était «exceptionnellement élaborée» et Vanderheyden Fyles dans le New Orleans Times-Democrat a déclaré que la partition était «tout ce qu’elle devrait être».
En 1921, Fred Allen et Nora Bayes font une tournée avec Fields. Pendant la tournée, l’orchestre était dirigé par Richard Rodgers, 19 ans, qui, en 1920, a contribué à la production de Poor Little Ritz Girl () de Lew Fields avec des chansons et des paroles de Lorenz Hart.
Weber et Fields se réunissent en 1912 pour produire Hokey Pokey (), un «succès mitigé», et ont ouvert un nouveau théâtre, le Weber and Fields' Music Hall (1912-1913; plus tard rebaptisé 44th Street Theatre).
En 1923, Weber et Fields s’associent encore une fois pour un court-métrage sonore de Lee DeForest Phonofilm, où l’équipe recrée leur célèbre routine de salle de billard.
Ce film est présenté en première au Rivoli Theater de New York le 15 avril 1923.
Trois ans plus tard, le duo fait partie des personnes qui soutiennent Will Rogers et Mary Garden lors de la première émission du réseau NBC Radio le 15 novembre 1926.
Leur propre série sur NBC a suivi en 1931.
Le 27 décembre 1932, Weber et Fields se sont également réunis pour le spectacle inaugural du Radio City Music Hall, qui s’est avéré être la dernière apparition sur scène des deux interprètes en duo. Dans le film de RKO Radio Pictures, The Story of Vernon and Irene Castle (1939), Fields apparaît en tant que lui-même, réinterprétant une scène de The Hen-Pecks (). Ils ont enfin fait une apparition dans le film de 1940 Lillian Russell.
Lew Fields est mort à Beverly Hills, en Californie, le 20 juillet 1941. Fields était le père de Dorothy, Herbert et Joseph, qui ont tous eu une importante carrière théâtrale. Weber est mort sans enfant.
L'humour de Weber et Fields n’avait rien de subtil, ils utilisaient des fausses barbes, des chapeaux Pork Pie et des accents germaniques exagérés. Leurs dialogues reposaient sur des malentendus, et les fans se régalaient dans leurs batailles physiques. Le numéro commençait habituellement par Fields poussant le petit Weber sur scène, avec Weber qui hurlait indignement: "Don't pooosh me, Meyer, don't pooosh me!" Les deux personnages se taquinaient ensuite en anglais fracturé. A l'apogée de leur carrière dans le Vaudeville, Weber et Fields ont développé plusieurs routines fiables pour ces personnages, dont cette parodie de mariage:
MIKE (Weber) - I am delightfulness to meet you.
MYER (Fields) - Der disgust is all mine
MIKE - I recivedidid a letter from mein goil, but I don't know how to writteninin her back.
MYER - Writteninin her back? Such an edumuncation you got it? Writteninin her back! You mean rotteninin her back. How can you answer her ven you don't know how to write?
MIKE - Dot makes no nefer mind. She don't know how to read.
MYER - If you luf her, vy don't you send her some poultry?
MIKE - She don't need no poultry; her father is a butcher.
MYER - I mean luf voids like Romeo und Chuliet talks."If you luf you like I luf me, No knife can cut us together."
MIKE - I don't like dot.
MYER - Vell, vot do you vant to say to her?
MIKE - I don't vant you to know vat I'm saying to her. All I vant you to do is to tell me vot to put in her letter.
MYER - Such a foolishness you are! If I don't tell you vot to say, how vill you know vot to write if she don't know how to read?
MIKE - I don't vant nobody to know vot I'm writteninin to her.
MYER - You don't vant nobody to know vot you are rotteninin?
MIKE - No.
MYER - Then send her a postal card.
MIKE - Send her a postal card? If I do she'll think I don't care two cendts for her.
MYER - Are you going to marry her?
MIKE - In two days, I vill be a murdered man.
MYER - A vot?
MIKE - I mean a married man.
MYER - I hope you vill always look back upon der presendt moment as her habbiest moment uff your life.
MIKE - But I aind't married yet.
MYER - I know it, und fudermore, upon dis suspicious occasion, I also vish to express to you--charges collect--my uppermost depreciation of der dishonor you haf informed upon me in making me your bridesmaid.
MIKE - Der insuldt is all mein.
MYER - As you standt before me now, soo young, soo innocent, soo obnoxious, the is only one void dat can express mein pleasure, mein dissatisfaction--
MIKE - Yes, yes?
MYER - Und I can't tink of der void.
MIKE - I know I vill be happy.
MYER - I know you vill be. (He shakes MIKE's hand feelingly.) Und later on, ven you lose all your money, und you vife goes back on you, und your house burns down, und your children get run over, then I your best friendt, vill take you by der hand--
MIKE - (Wiping a furtive tear away) Yes, yes!
MYER - Und say--
MIKE - Yes, yes!
MYER - Und say, "I told you so!"
MIKE - Say, vot is dis goig to be, a vedding or ein funeral?
MYER - A wedding, in course; und remember also dot vile I vish you plendty uff mishaps, I also vish you lodts uff misfortunes.
NOTE: ce qui semble être des erreurs typographiques est un effort pour transcrire les fausses prononciations de Weber & Fields.
Weber & Fields