Au Moyen Age, ménestrels et clowns sillonnent l'Europe, offrant des chansons populaires et de la pantomime bouffonne en échange d’une aumône, de nourriture ou d'un hébergement provisoire.

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Mais aux XIIème et XIIIème siècles, l'Église catholique a commencé à présenter des drames musicaux religieux. À une époque où la plupart des gens ne savaient pas lire, ces pièces ont été conçues pour rendre les histoires bibliques plus accessibles. Mais comme les textes étaient en latin liturgique, les classes les plus populaires ne pouvaient pas trouver les représentations si … instructives.

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Représentation d'un mystère consacré
au martyre de sainte Apolline.
Musée Condé, Chantilly. XVème siècle

Ces drames religieux étaient souvent présentés en conjonction avec les fêtes religieuses, comme Noël et Pâques. Les distributions se composaient de clercs, de choristes et, dans certains cas, de religieuses. Jouées à l'origine à l'église, ces pièces se sont finalement déplacées vers des scènes extérieures où le contenu païen était permis. À cette époque, les membres des guildes d'artisanat locales participaient activement à ces productions. Il y avait différents types d’œuvres :

  • Les « Mystère » : adaptation à la scène d'histoires bibliques.
  • Les « Miracle » : représentent à la scène une action humaine où l'élément divin apparaît dans le dénouement. Le plus souvent, c'est une intervention de la Vierge, parfois des Saints.
  • Les « Moralité »: elle mettent en scène des personnages allégoriques, représentant les vices et vertus des hommes ainsi que les défauts de la société; le thème central est l’antagonisme entre Bien et Mal.
  • Les pièces de Théâtre Populaire impliquaient des mythes populaires, comme la légende de Robin des Bois.

Certaines de ces œuvres ont survécu, comme The Play of Herod et The Play of Daniel. Les deux sont des œuvres chantées, avec une instrumentation comprenant flûte à bec, harpe, cornemuse, et rebec (un type de violon). Lors des représentations, des bols en métal poli pouvaient être utilisés pour refléter njnjk la lumière du soleil sur les artistes — en fait, les premières « poursuites ».

Au XVème siècle, la Commedia dell'arte s'est développée en Italie, où elle est restée populaire pendant les quatre siècles qui suivirent. Des troupes de Commedia itinérantes ont fait des tournées dans toute l'Europe continentale.

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«Commedia dell’arte Scene in an Italian Landscape» de Peeter van Bredael

Toujours en mouvement, ces troupes n'utilisaient aucun texte écrit. Ils improvisaient en utilisant des personnages prédéfinis et suivaient des intrigues simples dont ils disposaient. À l’exception des rôles amoureux, tous les acteurs portent des masques.

La commedia dell'arte repose donc sur des personnages bien reconnaissables, grâce à leurs costumes, leurs masques et leurs caractères stéréotypés. On en distingue quatre types principaux:

  • Pantalon (Pantalone en italien) est citoyen de Venise; vêtu d’une Culotte longue, il incarne le vieillard avare, crédule, libertin ou méticuleux. Il joue tour à tour le rôle de père, époux, veuf, ou encore de vieux garçon.
  • le Docteur (Il Dottore) est, avec Pantalon et Cassandre, l’un des vieillards de la troupe. Il vient traditionnellement de Bologne. Il est souvent un ami de longue date de Pantalon. Ce personnage prétendu savant se ridiculise quand il parle de science. Il est une satire des savants pédants du XVII siècle.
  • le Capitan est un soldat fanfaron, hâbleur et vaniteux. Souvent d'origine espagnole, il porte un uniforme (un habit à rayures multicolores avec des boutons dorés, un chapeau à plume et une grande épée)
  • les zannis ou valets, fourbes ou imbéciles, intrigants ou poltrons
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Parmi les valets, on trouve notamment les personnages de :

  • Arlequin (Arlecchino) et son costume fait de losanges multicolores ; il est connu pour sa bouffonnerie, sa crédulité et sa paresse. Il est parfois l'amoureux de Colombine et le rival de Pierrot.
  • Brighella : valet plus astucieux qu’Arlequin; toujours habillé de vert et blanc avec un masque noir ou olive sur le visage, il porte une bourse et un poignard à sa ceinture.
  • Pierrot (Pedrolino) est candide et badin. Son vêtement est blanc et il ne porte pas de masque car il a le visage enfariné.
  • Polichinelle (Pulcinella) est un serviteur tantôt idiot ou astucieux courageux ou poltron. Son costume est une chemise blanche, serrée dans une ceinture. Il porte un long chapeau et un masque noir avec un nez crochu et des rides.
  • Scaramouche (Scaramuccia) est vantard, fanfaron et peureux. Tout de noir vêtu, à la mode espagnole, il porte une longue rapière et se présente comme étant prince ou duc, même s’il est un valet.
  • Colombine (Colombina) est une humble servante ou une soubrette hardie à l’esprit vif. Elle est tour à tour fille, femme ou maîtresse de Cassandre, de Pantalon, compagne de Pierrot ou amoureuse d’Arlequin.

Il y a également dans la Commedia dell'arte des amoureux autour desquels l’action de noue: Lelio, le jeune premier, et Isabella.

A partir de ces personnages, chaque troupe pouvait jouer des centaines d’intrigues différentes.

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Arlequin et son Slapstick

Les compagnies de Commedia dell'arte employaient des actrices professionnelles et ne faisaient pas interpréter les rôles féminins par des hommes.

Les intrigues de Commedia impliquaient habituellement une paire de jeunes amants (inammorati) contrecarrés par un ou plusieurs anciens (vecchi), mais qui réussissaient finalement à les déjouer avec l'aide d'un serviteur sympathique comme Arlecchino ou Columbina.

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Slapstick

Les acteurs mélangeaient des blagues traditionnelles avec des références à l'actualité. Les joutes comiques en scène étaient accentuées à l'aide d'un slapstick, «bâton claqueur» en français – inoffensif mais très sonore, qui renforce l'effet des coups portés.