Me and Juliet () est le sixième musical pour la scène du duo Rodgers et Hammerstein, et le septième si on compte le film State Fair (). Et en fait le 30ème musical de Rodgers et le 36ème d’Hammerstein.
Pour ceux qui ne connaissent pas l'œuvre, le synopsis et une description des personnages se trouve en bas de cette page ()
A) Contexte créatif: fin de «dispute»
Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent (), The King and I () avait semé un froid entre Rodgers et Hammerstein. Même si le spectacle était un triomphe, la partition de Rodgers avait été jugée «faible» par de nombreux critiques, ce qu’il avait fort mal vécu. Le succès n’y avait rien changé. Les deux hommes sont alors repartis chacun de leur côté:
- Hammerstein: reprise de Music in the Air () (de Kern et Hammerstein)
- Rodgers: une reprise de Pal Joey () (de Rodgers et Hart) et composition de la musique de Victory at Sea (NBC)
Durant l’été 1952, Rodgers et Hammerstein semblaient avoir mis de côté le gel temporaire qui les avait séparés et étaient prêts à travailler à nouveau ensemble. Sans doute que la maladie fulgurante et le décès de Gertrude Lawrence leur ont permis de relativiser les choses.
Dorothy Hammerstein a affrété un bateau Circle Line en l’honneur du 50ème anniversaire de Rodgers et une foule étincelante d’amis et de célébrités a remonté l’Hudson après la tombée de la nuit, s’arrêtant en chemin pour une sérénade par le chœur des «enfants du Siam» de The King and I (). Hammerstein a écrit un hommage à son partenaire pour le magazine Town & Country: «Je te félicite de ta capacité à apprécier toutes les belles choses que tu as écrites, et je te remercie — au nom du monde entier — du plaisir que nous avons tous eu avec tes compositions.» Ils pouvaient donc à nouveau commencer à rêver à un projet commun.
B) Génèse
Le projet suivant de l’équipe démarra sur une idée de Rodgers. En fait, dès la fin d’Oklahoma! (), Rodgers avait eu envie d’écrire un musical se déroulant dans les coulisses d’un théâtre et qui pourrait explorer les réalités de la vie quotidienne au théâtre. Au début Oscar n’était pas du tout enthousiasmé.
Rodgers se souvient: «L’un de nos objectifs était d’éviter tous les clichés que l’on entend habituellement à propos des coulisses. Le producteur ne s’est pas retiré, la star n’a pas démissionné et la choriste ne l’a pas remplacée.» Le spectacle pourrait présenter une action sur deux niveaux à la fois: une pièce musicale se jouant sur une scène, et les épreuves et les tribulations de la distribution et de l’équipe en coulisses.
En fait, Hammerstein était un peu coincé. Quelques années auparavant, le duo avait vécu une situation inversée, quand Hammerstein avait absolument voulu faire un musical sérieux sur un homme ordinaire - ce fut Allegro () -, Rodgers n’était pas du tout enthousiaste, mais accepta de faire le boulot… Ce fut un flop. Hammerstein se sentait maintenant redevable envers Rodgers et accepta de participer au projet initié par Rodgers.
Selon Stephen Sondheim – le petit protégé de Hammerstein, à l’époque, avant de devenir l’empereur de Broadway: «Hammerstein a réussi à rafistoler le partenariat en acceptant la suggestion de Rodgers de créer un musical se déroulant dans les coulisses d’un musical, alors qu'il ne le voulait pas initialement.»
Rodgers et Hammerstein ont beaucoup parlé de cette idée de musical en coulisses d’un musical et Hammerstein est devenu plus enthousiaste, suggérant que le spectacle commence avec une scène entièrement nue, comme si le public était entré non pas au moment de la représentation, mais à un autre moment de la journée. A l’époque, à l’exception de Kiss Me, Kate (), il n’y avait jamais vraiment eu de musicals dans les coulisses de Broadway. De tels effets sont aujourd'hui bien connus suite au succès d'autres «backstagers» comme A Chorus Line (), Phantom of The Opera (), …
Les deux hommes discutèrent en profondeur de la question lors d'une réunion en 1952 à Palm Beach, en Floride où Rodgers était en vacances alors qu'il travaillait sur des croquis mélodiques pour le documentaire télévisé Victory at Sea. Rodgers a suggéré de se passer d'ouverture – morceau orchestral joué avant le début du spectacle, souvent à rideau fermé – en la réservant à l'ouverture du spectacle dans le spectacle. Après une autre réunion au milieu de , Rodgers et Hammerstein firent appel au scénographe, Jo Mielziner, avec qui ils avaient déjà de nombreuses fois travaillé et l'embauchèrent pour concevoir les décors. Mielziner a confirmé qu'une scène pouvait être jouée en partie sur scène et en coulisses, mais que cela coûterait cher. En août 1952, Hammerstein commença une esquisse de l'intrigue; début octobre, il disposait d’une première ébauche presque complète. Comme le spectacle devait être un musical, le duo a embauché l'un des meilleurs metteurs en scène de musicals, George Abbott, qui a accepté sans lire le scénario. Il a regretté la précipitation de cette décision dès la lecture du scénario, le trouvant sentimental et mélodramatique.
Malheureusement, le livret original qu’Hammerstein a produit était un mélodrame plus adapté à un film de série B à Hollywood qu’à un spectacle de première classe à Broadway. L’histoire se concentre sur Jeanie, une choriste qui aspire à la célébrité, et Larry, l’assistant-régisseur qui l’aime. Lorsque Bob, un électricien de scène qui est l’ancien amant de Jeanie, apprend sa nouvelle relation, il est envahi par la rage jalouse et il laisse tomber un sac de sable depuis les cintres du théâtres afin de tuer Larry. On retrouve le «truc» de Cable et Liat (South Pacific ()), ou Tuptim et Lun Tha (The King and I ()). Mais en beaucoup moins bien.
George Abbott a confié ses inquiétudes à Rodgers et Hammerstein. En réponse, Hammerstein lui a dit d'apporter les modifications qu'il jugeait les plus appropriées au scénario. Avec la permission d'Hammerstein, Abbott apporta des modifications majeures à l'intrigue.
En fait, Hammerstein n'avait que brièvement décrit le spectacle dans le spectacle. Craignant que ce spectacle ne soit pas intéressant, Abbott espérait que certains moments forts seraient fournis lorsque le spectacle dans le spectacle serait étoffé. Selon l'auteur et compositeur Ethan Mordden dans son livre sur les œuvres du duo, Hammerstein pensait que le spectacle dans le spectacle devait être:
«quelque chose de bizarre, pour se démarquer et nous étonner, pour mieux mettre en valeur la vie simple de l'acteur. Nous imaginerons un musical assez avancé du futur proche, quelque chose au-delà même d'Allegro (), avec des personnages archétypaux – un simple héros et son adorable Juliette, le rapace Don Juan et sa volatile Carmen. Ainsi, le public saura toujours où il se trouve. Le contraste est la clé. Le spectacle intérieur doit paraître et sonner, à chaque instant, aussi loin que possible de la vie réelle.»
George Abbott
Hammerstein a par exemple inclus un incident qu'il avait vu alors qu'il était assistant-régisseur néophyte: un choriste s'est approché d'une choriste et lui a demandé d'utiliser un peu de son mascara pour dissimuler un trou dans ses chaussettes noires… Hammerstein a déclaré:
«Nous étions religieux en évitant les choses banales – le gentil vieux portier de scène nommé Pop, la jolie petite understudy qui remplace la star lors de la soirée d'ouverture. Nous avons également évité l'histoire des coulisses d'une compagnie créant un nouveau spectacle, avec toutes les angoisses des acteurs et des producteurs... Il nous a semblé juste de nous concentrer sur un spectacle qui se joue déjà parce que nous voulions raconter l'histoire d'une communauté, la communauté des coulisses, et cette communauté ne prend vie qu’après l'ouverture d'un spectacle, durant la série.»
Osacar Hammerstein
Même si la rédaction du livret restait lacunaire, le duo était animé de la même vision audacieuse et la même innovation qui avait donné naissance à des succès comme Oklahoma! () et South Pacific ().
En plus de George Abbott, le duo a recruté d'autres professionnels expérimentés des musicals. Le chorégraphe Robert Alton avait travaillé sur des succès tels que Panama Hattie () et dans des musicals au cinéma. Don Walker a été embauché pour faire les orchestrations; les siennes seraient plus simples que celles de Robert Russell Bennett (Show Boat (), Oklahoma! (), Annie get your gun (), Allegro (), Kiss Me, Kate (), South Pacific (), Porgy and Bess (, …), qui remplissait habituellement cette fonction dans les musicals de Rodgers et Hammerstein, mais qui n'était pas disponible. Irene Sharaff a été engagée pour concevoir plus de 300 costumes nécessaires. Le spectacle s'appelait à l'origine Hercules and Juliet, mais ils l'ont rapidement changé en Me and Juliet (). Il s’agit en fait du titre de la pièce dans la pièce.
De façon perverse, Rodgers et Hammerstein ont de nouveau commis certaines des mêmes erreurs qu’ils avaient faites sur Allegro (), fixant très vite pour la mi-mai l’ouverture au Majestic Theatre, forçant Hammerstein à précipiter la finalisation du livret. Sans parler de la complexité du décor à imaginer et réaliser dans des délais si courts. Même le toujours débrouillard Jo Mielziner a eu les pires difficultés à mettre au point une série élaborée de décors – devant être recto verso, vu l’histoire racontée, tantôt sur scène, tantôt en coulisses. Cela fit grimper le budget décor à 350.000$. Au total, il y aurait douze décors séparés, ainsi que quelque trois cents costumes conçus par Irene Sharaff!!!
Le Majestic Theatre, que Rodgers et Hammerstein souhaitaient avoir pour Me and Juliet (), était actuellement toujours occupé par leur South Pacific (), quatre ans après sa création. Des dispositions ont été prises pour déplacer South Pacific ()au Broadway Theatre, mais, en raison de problèmes d'horaire, cela impliquait de déplacer ce spectacle à Boston pendant cinq semaines!!!
Le temps pressait et le spectacle dans le spectacle était une histoire floue, semi-surréaliste mettant en vedette des personnages nommés Carmen, Don Juan et Juliet, en grande partie racontée via de la danse. Ce spectacle dans le spectacle était censé être si différent qu’il serait immédiatement reconnaissable comme autre chose que l’action réelle de l’intrigue. Mais même 70 ans plus tard, même après de fines analyses répétées du livret publié par des universitaires spécialisés, le résultat reste très flou. Abbott, le metteur en scène est en pleins doutes:
«Dès le début, nous aurions dû savoir que ce n’était pas bon. Le livret était basé sur le fait qu’il y avait un spectacle dans le cadre d’un spectacle — un spectacle sur la scène et un spectacle hors scène. Le symbolisme des ballets n’avait absolument aucun sens. Ce fichu truc était un rêve chimérique. Je pensais qu’Oscar Hammerstein avait une certaine idée qu’il allait se développer, mais il ne l’a jamais fait — cela ne voulait rien dire.»
George Abbott
C) Création
C.1) Répétitions à New York
Après l’expérience d’écriture pour une star, Gertrude Lawrence et The King and I (), Rodgers et Hammerstein en revinrent à leurs fondamentaux: le casting ne comprendrait aucune ‘star’ et serait principalement composé d'inconnus.
Le rôle de Jeanie allait être interprété par Isabel Bigley, une soprano fraîchement sortie de son succès en tant que Sarah Brown dans Guys and Dolls (). Bill Hayes, un jeune acteur qui s’est fait connaître à Broadway et à la télévision, a été choisi pour le rôle de Larry, le régisseur adjoint qui tombe amoureux de Jeanie. Pendant un temps, William Tabbert, qui avait créé le rôle Joe Cable dans South Pacific (), a été présagé pour le rôle de Larry, mais il n’a pas été choisi, car il était considéré comme trop grand pour avoir peur de Mark Dawson, qui avait été embauché pour jouer l'imposant meurtrier Bob.
Pour jouer les personnages comiques de l’intrigue secondaire — xBob, le régisseur qui a pour politique de ne jamais sortir avec une femme dans un de ses spectacles ou Betty, la danseuse coquine qui le courtise — Rodgers et Hammerstein ont choisi Ray Walston, qui avait incarné un Luther Billis des plus efficaces à Londres et dans des US Tour de South Pacific (), et Joan McCracken, une danseuse brillante que Rodgers et Hammerstein n’avaient jamais oubliée pour sa performance comique dans le rôle de Sylvie dans Oklahoma! () où elle faisait une chute comique dans le numéro de danse Many a New Day.
Hammerstein travaillait encore sur le livret lorsque les auditions des chœurs ont commencé le 10 mars 1953, soit à près de deux mois des premiers Try-Out. Il y avait 42 rôles à distribuer pour des chanteurs et des danseurs, qui seraient payés 90$ par semaine à Broadway et 100$ par semaine sur la route. Rodgers, Hammerstein et ont écouté plus de 1.000 personnes.
La première répétition a eu lieu le 19 mars… et on peut dire que les répétitions furent «tendues»… Les répétitions se sont ouvertes au Majestic Theatre pour les rôles principaux et à l’Alvin Theatre pour les danseurs. Selon Saul Pett, un journaliste indépendant qui a été autorisé à observer les répétitions du spectacle: «Tout le monde semble détendu sauf Hammerstein». Le fils du parolier, James Hammerstein, assistant du stage manager, se souvient d'avoir eu une relation très difficile avec Rodgers. Le compositeur a suggéré à James de faire son travail depuis la salle plutôt que depuis les coulisses. «Je crois qu'il pensait que c'était son spectacle et sa propriété. Pourquoi un Hammerstein devrait-il être en coulisses?» James Hammerstein a trouvé la danseuse principale attirante et lui a demandé de sortir avec lui. Juste avant le rendez-vous, Rodgers l'a virée du spectacle, forçant James Hammerstein à lui annoncer lui-même la nouvelle.
Le journaliste-observateur Saul Pett a noté de nombreux problèmes techniques qui devaient être résolus pour accomplir la mise en scène complexe:
Un certain nombre de scènes clés exigeaient que le public voie la pièce à l’intérieur de la pièce tout en observant le réalisme des opérations du régisseur dans les coulisses. Pour atteindre ce résultat et pour rendre les deux éléments simultanés, la majeure partie de la production a dû s’accrocher sur des rails en acier spécialement construits. Des moteurs électriques synchronisés ont lentement déplacé les panneaux dans les coulisses, assez loin pour laisser voir le bureau du régisseur et les acteurs et les machinistes hors scène attendant leurs entrées.
Saul Pett
À partir de la mi-avril, Hammerstein s’est engagé dans des réécritures endiablées, la voie à suivre n’étant pas entièrement claire. Il était tendu et confia à son ami auteur John Van Druten: «Dans certains milieux, nous pourrons être critiqués parce que le spectacle ne sera pas aussi pompeux que nos derniers spectacles. C’est, en fait, un musical comique jusqu’à la moelle. Si c’est une trahison, tirons-en le meilleur parti.» Mais Rodgers restait dur: «N’importe qui peut arranger les choses avec de l’argent. Mais c’est quand on a besoin de cerveaux que c’est difficile.»
Une semaine avant le début des Try-Out, deux chansons ont été supprimées: Dance et le numéro d’ouverture original, Wake Up, Little Theater, qui commençait par la phrase fort peu poétique: «Julius Baum balaie la scène».
Tout au long du processus de répétition, Oscar Hammerstein a dicté des notes sur un bloc-note de feuilles jaunes:
- «Le gilet de Larry devrait être un chandail.»
- «Le corsage de Bigley devrait être monté.»
- «Enlevez l’étiquette de l’escabeau.»
Mais Hammerstein a également écrit des paroles qui nous offrent une fenêtre révélatrice sur sa vision du théâtre, et sur le seul critique qu’il a toujours cru ne jamais se tromper, le public:
A big black giant
Who looks and listens
With thousands of eyes and ears,
A big black mass
Of love and pity
And troubles and hopes and fears;
And every night
The mixture’s different,
Although it may look the same.
Un grand géant noir
Qui regarde et écoute
Avec des milliers d’yeux et d’oreilles,
Une grande masse noire
D’amour et de pitié
Et d’ennuis, d’espoirs et de peurs;
Et chaque soir
Le mélange est différent,
Bien qu’il puisse sembler le même.
Oscar Hammerstein
L'actrice qui jouait Juliet dans la pièce interne s'est révélée être une bonne chanteuse, mais une piètre actrice; elle a été remplacée par Helena Scott. James Abbott a eu peu de commentaires négatifs après le dernier filage à New York, et la troupe est partie pour Cleveland, lieu des premiers Try-Out, de bonne humeur, dormant peu pendant le trajet en train.
C.2) Try-Out: Cleveland et Boston
Le premier Try-Out ne s’est pas déroulé comme à l’habitude à New Haven, mais à Cleveland. La raison en est simple: les décors de Mielziner étaient si encombrants et lourds (85 tonnes) que l’habituel Shubert Theatre de New Haven ne pouvait être envisagé et qu’il fut remplacé par le Hanna Theatre plus commode de Cleveland.
La répétition générale, le 19 avril, a révélé un certain nombre de problèmes. Rien que pour le premier acte, Hammerstein avait huit pages de notes. Le sac de sable qui tombe des cintres vers la fin de l'acte I est tombé au mauvais moment, manquant d’assommer Isabel Bigley, qui jouait Jeanie. Saul Pett se souvient que le filage a souvent été interrompu, car Rodgers cherchait à résoudre chaque problème au fur et à mesure qu'il se présentait, et la répétition générale, qui commençait à 20 heures a duré jusqu'à 2 heures du matin.
La première à Cleveland était le 20 avril, et Rodegers et Hammerstein ont pris leurs positions habituelles: Rodgers dans la dernière rangée du parterre et Hammerstein plus à l’avant pour écouter les éventuels problèmes au sein du public. Pendant les répétitions, Hammerstein avait tendance à être impassible, attendant calmement de communiquer ses notes à la fin de la répétition, alors que Rodgers voltigeait partout. Lors de la première, leurs comportements étaient totalement inversés, avec un Rodgers totalement calme au moment où le rideau s’est levé et un Hammerstein profondément agité.
Le public de cette première à Cleveland était une foule distinguée. Lorsque la toile de fond n'est pas arrivée à temps, on a entendu Hammerstein marmonner: «Merde et merde et merde!» Néanmoins, le public a accueilli le spectacle avec enthousiasme. «Cela ne pouvait mieux se passer!» cria Rodgers vers les coulisses, une fois le public sorti.
Les critiques de Cleveland ont pensé du bien du spectacle, mais étaient préoccupés par la faiblesse de l'histoire. Après les réactions et les problèmes de Cleveland, selon la biographe de Rodgers, Meryle Secrest, «ce qui semblait être un spectacle nécessitant des ajustements mineurs est devenu un musical en sérieuse difficulté». Isabel Bigley, qui jouait rappelons-le le rôle principal de Jeanie, se souvient qu'elle venait juste de sortir d'un hit (Guys and Dolls ()) et qu’«il n'y avait tout simplement pas la même énergie ici».
Comme nous l’avons signalé, Hammerstein avait décidé de ne pas prévoir la classique «ouverture» musicale du spectacle. Son but était que, après le lever du rideau, le public voie une scène vierge sur laquelle les interprètes de la pièce dans la pièce commençaient leurs préparatifs. Mais le public ne comprit pas cette subtilité et, s'attendant à ce que l'orchestre marque le début de la soirée, le public a continué à discuter tout au long des premières scènes avant d'être calmé par l'ouverture musicale du spectacle dans le spectacle. En réponse, Rodgers et Hammerstein ont abandonné le concept d’Hammerstein et ont débuté le spectacle plus classiquement par une ouverture.
Contrairement à la légèreté de leur premier trajet en train, la troupe était déprimée et épuisée en route de Cleveland à Boston pour les deuxièmes Try-Out. Le spectacle a été présenté en preview à Boston le 6 mai 1953.
La majorité des critiques de Boston ont aimé le spectacle et ont exprimé leur confiance dans le fait que Rodgers et Hammerstein pouvaient résoudre les problèmes de l'intrigue. Et comme la presse, le public a majoritairement accueilli positivement le spectacle.
Rodgers et Hammerstein ont supprimé une chanson, Meat and Potatoes, qui a été jugée trop grivoise, trop sexy. Après l'avoir vu interprétée par Joan McCracken, qui jouait Betty (et Carmen dans la pièce dans la pièce), les deux hommes ont décidé qu'il y avait trop de double sens et l'ont coupée. Elle a été remplacée par We Deserve Each Other, que les deux hommes avaient écrit dans une chambre d'hôtel quelques jours plus tôt à Cleveland.
Une autre chanson coupée, You Never Had It So Good, comprenait des paroles qui faisaient la satire des propres efforts antérieurs du duo. Ses paroles: «I'll sew, I'll bake / I'll try to make your evenings all enchanted. / My honeycake, / I'm yours to take, but don't take me for granted», faisaient allusion, avec une certaine ironie, à deux chansons de South Pacific (): Some Enchanted Evening et Honey Bun.
Le numéro d’ouverture de la deuxième partie, Intermission Talk - littéralement «discussion d’entracte» - se voulait comme un clin d’œil de Rodgers et Hammerstein sur les aléas de la réaction du public. Ils avaient toujours cru que si les spectateurs parlaient d’autre chose que du spectacle à l’entracte, c’était mauvais signe. Ainsi, dans leur chanson, une femme se disputait avec son mari au sujet d’une facture de Saks; une autre patronne se plaignait de l’haleine d’ail du couple derrière lui et un homme d’affaires ennuyé espérait une réduction d’impôt... En voici quelques paroles:
I think the production is fine,
The music is simply divine!
The story is lovely and gay—
But it just isn’t my kind of play.
Je pense que la production est très bien,
la musique est tout simplement divine!
L’histoire est belle et gaie...
Mais ce n’est pas mon genre de pièce.
Oscar Hammerstein
Cette chanson s’est avérée prophétique pour le spectacle Me and Juliet ()…
C.3) Création à Broadway: 28 mai 1953
Le musical a ouvert ses portes à Broadway le 28 mai 1953, au Majestic Theatre. Des préventes importantes garantissaient une longue série. Au début novembre 1953, la production avait remboursé les frais de créations et quand le spectacle a fermé après 358 représentations, il était en léger bénéfice. On est très loin du flop d’Allegro ().
Thomas Hischak, dans son The Rodgers and Hammerstein Encyclopedia, suggère que le spectacle a ressenti des difficultés une fois que les gens ayant acheté des tickets en prévente ont vu le spectacle. «Le public en était venu à attendre plus d’un musical de Rodgers et Hammerstein».
Si Rodgers avait voulu retrouver l’éclat insouciant de l’époque où il faisait duo avec Hart, le résultat était décevant. Grâce à sa prévente de 500.000$, Me and Juliet () a réussi une série de 10 mois de 358 représentations (ce qui pour quiconque sauf Rodgers et Hammerstein, aurait représenté un succès majeur) et a réalisé un bénéfice final de 100.000$, suivi d’un engagement de sept semaines à Chicago. Si l’on veut sourire, on peut dire que le plus grand mérite de Me and Juliet () est d’avoir engagé une danseuse rousse de 19 ans de Richmond, en Virginie, nommée Shirley MacLaine.
Dans ses mémoires, Musical Stages, Rodgers consacre seulement deux pages concises à ce spectacle qu’il a tant voulu faire. Le verdict d’Hammerstein était encore plus succinct. De retour dans sa maison après une matinée, il s’est arrêté dans le bureau du rez-de-chaussée de sa secrétaire, Mary Steele, qui lui a demandé comment cela s’était passé. Il s’est arrêté un moment ou deux, puis a dit: «Je déteste ce spectacle.»
La presse de Broadway a été plus dure que celles de Cleveland et de Boston. Brooks Atkinson a jugé que Me and Juliet () «était à peu près tout sauf une histoire intelligible». John Chapman du Daily News a admis qu’il y avait «beaucoup de choses merveilleuses et miraculeuses... Pourtant, cela ne me semble pas une œuvre majeure parce que son histoire est soit trop engagée, soit incapable de rivaliser avec la remarquable intrigue scénique.» Dans le Herald Tribune, Walter Kerr a dit que c’était «dangereusement proche d’un spectacle sans spectacle», qui «semble plus sérieux et beaucoup moins enjoué que leurs œuvres plus importantes».
Le metteur en scène George Abbott a déclaré qu’il y avait deux raisons qu’il considérait comme responsables de l’échec du spectacle. Le premier était l’excès de confiance de Rodgers et Hammerstein; ils se considéraient comme les «Golden Boys» de Broadway qui ne pouvaient rien faire de mal. L’autre était le jeu-dans-le-jeu, qui n’avait pas été géré correctement. Selon Abbott, Hammerstein est resté immobile comme un sphinx à ce propos. Ne comprenant pas les personnages de la pièce dans la pièce, le chorégraphe Alton – qui gérait justement la pièce dans la pièce puisqu’elle était majoritairement dansée – il n’a rien pu faire d’autre que ce qu’il pouvait pour mettre en ballet ces différents moments. Pendant la série, Rodgers et Hammerstein ont approché le chorégraphe Jerome Robbins et lui ont demandé s’il pouvait retravailler les danses. Robbins a dit qu’il pourrait, mais il ne le ferait pas, car il tuerait Bob Alton. Selon le biographe de Hammerstein, Hugh Fordin, «le contraste prévu entre la vie sur scène et en coulisses n’a jamais été atteint parce que le spectacle sur scène était tiède et déroutant.»
Laissons la conclusion au compositeur et auteur Ethan Mordden qui, dans son livre sur les œuvres du duo, a écrit sur les difficultés conceptuelles que Rodgers et Hammerstein avaient ce musical:
Me and Juliet () a été le premier de leurs musicals sans un puissant sens du destin, sans personnages réellement interconnectés. Dans Oklahoma! (), Carousel (), South Pacific () et The King and I (), les personnages principaux — qu’ils soient nobles ou faibles, justes ou impétueux — influent sur leurs vies, les uns les autres. Les personnages de Me and Juliet () semblent avoir été mis ensemble par hasard et — sauf pour les amants — se sépareront sans être affectés les uns les autres dès la fin du spectacle. Cela a donné un Hammerstein avec rien à raconter sur ses personnages et un Rodgers avec rien à illustrer.
Ethan Mordden
Le spectacle n’a reçu aucune nomination aux Tony Awards.
Si on en croit Bill Hayes dans son autobiographie Like Sands Through the Hourglass (2005):
«Nous avons joué près de cinq cents représentations, toutes dans des salles pleines. Les coûts de production ont été payés et des bénéfices substantiels ont été versés dans la caisse R&H. Donc, bien que ne se situant pas dans la même catégorie que les cinq musicals qui ont été adaptés au cinéma - Oklahoma! (), Carousel (), South Pacific () et The King and I () et The Sound of Music () - notre spectacle doit être considéré comme un succès.»
Bill Hayes
Aucun US-Tour n’a été tenté, même si le spectacle a eu 7 semaines au Shubert Theatre de Chicago au printemps 1954. Rodgers et Hammerstein, avec leurs conjoints, y ont assisté à la soirée d’ouverture.
Equity Library Theatre l’a produit à New York en 1970: 14 représentations du 14 au 24 mai 1970 au Master Institute. Il est revenu dans cette ville, mais pas à Broadway, en 2002 pour 5 représentations du 19 au 21 avril 2002 au Theatre at Saint Peter's Church.
Une production londonienne a été présentée par le Finborough Theatre du 5 au 30 octobre 2010 un théâtre de l’Off West End de 50 places; la production a été présentée en première Européenne.
A) Synopsis
Toute l'action du spectacle se déroule dans et à proximité d'un théâtre de Broadway dans lequel se joue un musical à succès Me and Juliet () (le « spectacle dans le spectacle »). Le décor est le début des années 1950.
A.1) Acte I
La compagnie se prépare pour une autre représentation en soirée. L'électricien Sidney et la choriste Jeanie sont irrités contre le collègue électricien de Sidney, Bob, de ne pas être là. Sidney a besoin de l'aide de Bob et Jeanie, la petite amie de Bob, est agacée de se faire poser un lapin. (A Very Special Day). Lorsqu'elle avoue à Sidney que ce n'est pas la première fois que Bob lui pose un lapin, quelques autres interviennent, se demandant pourquoi elle voudrait sortir avec un gars comme Bob. Jeanie explique comment leur relation a commencé (That's the Way It Happens).
Jeanie part et Bob apparaît enfin. Sidney, agacé par le retard de Bob, lui dit que Jeanie le cherchait. Il lui demande s’il l'épousera un jour. Bob éclate de rire, traitant Jeanie de «gentille enfant» et promet qu'il ne se mariera jamais, affirmant que l'institution du mariage est un piège que les femmes utilisent pour en tirer un gain financier. L'agacement de Sidney se transforme en colère et il insulte Bob. Bob attrape furieusement Sidney par le col et l'étouffe jusqu'à ce que quelques membres de la troupe interviennent, dont Jeanie. Cette altercation ne fait qu’ajouter des doutes à Jeanie. Mais Bob change immédiatement de ton et lui parle avec charme d'un piano qu'il avait vu à vendre. Il la prend dans ses bras et la pose sur un bureau, mais doit bientôt la descendre, car l’assistant metteur en scène, Larry, a besoin de l'utiliser. Ce dernier est également attiré par Jeanie. Pendant que le chœur répète, Larry chante son amour non partagé pour Jeanie (That's the Way It Happens - Reprise).
Le régisseur général, Mac, fait sa tournée d’inspection d’avant-spectacle lorsque Charlie, l'acteur principal de Me and Juliet, fait irruption, se plaignant de Dario, le chef d'orchestre de la production. Charlie reproche à Dario et à son orchestre de jouer si fort que les gens ne peuvent pas l'entendre chanter. En retour, Dario menace d'arrêter s'il doit encore travailler avec Charlie. Pour que Dario reste dans la production, Mac lui donne des fleurs avec de fausses lettres d'amour d'une admiratrice anonyme, connue sous le nom de «dame gardénia», qui admirerait Dario depuis le public. Content de jouer pour une admiratrice secrète, Dario accepte de jouer le spectacle du soir.
Lily, qui joue Juliet dans Me and Juliet, dit à Mac qu'elle a prévu de prendre ses vacances en août. Larry dit à Jeanie que Lily a besoin d’une seconde understudy pendant les mois d'été. Même si elle ne se considère pas vraiment comme une actrice, Larry pense qu'elle devrait essayer le rôle, car le salaire hebdomadaire supplémentaire pourrait l'aider à s'offrir le piano auquel elle rêve. Elle rit du fait qu'il se souvienne d'un détail aussi mineur de leur conversation précédente, et les acteurs sont appelés sur scène. Tout en dirigeant « l’Ouverture », Dario cherche son admiratrice et renifle passionnément son gardénia. (Overture to Me and Juliet).
Au début du spectacle, le personnage principal, Me, joué par Charlie, présente les personnages, dont Don Juan, Carmen et Juliet (interprétée par Lily). Il parle au public de la fille qu'il veut épouser, Juliet (jouée par Lily). Il parle également au public de la fille qu'il est déterminé à ne pas épouser, Carmen, qui lui fait peur. (Marriage Kind of Love) Me pense que Carmen (le rôle féminin principal de la danse) convient mieux à son patron, Don Juan (le danseur principal).
Dans les coulisses, Bob et Sidney s'affairent à changer les couleurs des lampes sur un pont lumineux au-dessus de l'action sur scène. En comparant sa situation à celle du personnage principal, Sidney essaie de se rappeler ce qu'il ressentait avant de se fiancer accidentellement avec sa femme, Joséphine. Bob s'identifie davantage au personnage de Don Juan, séduit par Carmen, et il chante avec le spectacle (Keep It Gay).
Pendant que Mac cherche une remplaçante potentielle pour le rôle de Carmen, à la demande de Larry, Jeanie décide de passer une audition pour le poste de deuxième understudy du rôle de Juliet. En apprenant cela, Mac prend Larry à part et l'avertit de ne jamais s'impliquer avec une actrice d'un spectacle dont il est responsable. À peine Mac a-t-il dit cela que sa petite amie Betty (actuellement dans le spectacle du théâtre d'en face) auditionne pour le rôle de Carmen. Le chorégraphe et le producteur, M. Harrison, observent Betty lire de manière experte la scène de séduction de Carmen et interpréter un numéro du spectacle (The Audition: Keep It Gay - Reprise). Lorsqu'elle obtient le rôle, Betty donne à Mac un gros baiser reconnaissant, mais il répond froidement. Ruby, la company manager, parle à Betty de la règle stricte de Mac concernant les rencontres avec des filles dans son émission. Betty décide qu'elle acceptera le poste et obligera Mac à enfreindre sa règle.
Sous les yeux de Larry, Jeanie commence timidement la chanson de Juliet (No Other Love), alors il l'arrête. Avec une habileté surprenante, il explique judicieusement à quel point Juliet est un personnage fort et passionné, peut-être plus que Carmen, car c'est Juliet qui est réellement amoureuse. Il lui explique que le public l'acceptera si elle est "une vraie enfant" comme Juliet, mais la rejettera si elle est une "bidon". Il continue de donner des directives à Jeanie, décrivant comment surmonter sa peur des personnes les plus intelligentes du théâtre – le public en constante évolution (That Big Black Giant).
En train de la diriger, Larry remarque que Jeanie le regarde d'une certaine manière et est troublée lorsqu'elle se demande à voix haute comment on peut être dans le même spectacle avec quelqu'un pendant si longtemps sans jamais vraiment le connaître. Larry chasse cette idée de sa tête et lui propose de réessayer la chanson, dans le rôle de Juliet sur le balcon (No Other Love). Pendant qu'elle s'entraîne, Bob s'approche de la scène pour la regarder, mais se moque d'elle par-derrière. Quand Jeanie le remarque, elle arrête la chanson, découragée, et s'en va. Alors que les lumières de la scène s'éteignent, Bob attrape le bras de Larry et refuse de le lâcher. Il menace Larry, disant que s'il sort d’une relation normale entre un régisseur et une understudy avec Jeanie, Bob le tuera. Bob jette Larry au sol et s'en va, laissant Larry seul sur scène. Larry désire une romance avec Jeannie, mais craint Bob, plus grand et plus fort.
Plusieurs mois s'écoulent, pendant lesquels Jeanie obtient le poste de deuxième understudy de Juliet. Larry et Jeanie se rencontrent secrètement et cachent leur romance naissante à Bob. Le reste du casting est au courant de leurs rendez-vous: un danseur les a repérés dans un restaurant de chili sur la Huitième Avenue .
Dans la porte des coulisses, les membres de l’ensemble bavardent sur la relation de Larry et Jeanie et spéculent sur ce qui se passera lorsque Bob le découvrira. Betty arrive et Mac – fidèle à sa règle numéro un – la salue avec un ton professionnel qui semble étrangement formel. Fidèle à ses principes, Mac a largué Betty. Mais connaissant son trouble intérieur, Betty flirte avec lui de manière agaçante. Ruby, la company manager, les surprend en train de danser ensemble et Mac part pour commencer le spectacle. Ruby se demande si le fait d'être devant un public tous les soirs a quelque chose à voir avec les personnalités particulières des gens du spectacle (That Big Black Giant - Reprise).
Dans leur loge, Betty et Jeanie discutent de la vie romantique de Betty, et Mac fait l'annonce des cinq minutes. Alors qu'elles finissent de s'habiller, Betty réfléchit avec passion à quel point c'est formidable d'être actrice (It's Me) avant de se diriger vers la scène. Jeanie se précipite pour enfiler sa robe quand Larry arrive et l'aide. Ils décident qu'ils doivent dire à Bob qu'ils sont ensemble, et ils s'embrassent avant que Jeanie ne monte sur scène.
Au-dessus de la scène, Sidney et Bob sont de nouveau sur le pont lumineux, attendant la fin de l'acte I. Sidney admet qu'il n'a jamais trompé sa femme. Suggérant qu'elle le trompe peut-être, Bob calcule combien de temps il est absent la nuit. Sidney lui demande furieusement d'arrêter cette discussion et, incapable de frapper Bob en raison de leur position dans les chevrons, n’a d’autre recours que de lui parler de la relation de Jeanie et Larry, et lui dit que les deux s’embrassent en coulisse. Bob voit Larry et Jeanie s'embrasser après qu'elle soit sortie de la scène avec un plateau de fleurs, une action captée par les projecteurs qu’il dirige sur eux. Mac entre, comprend la situation, chasse Larry, puis remet le plateau entre les mains de Jeanie et la pousse sur scène. Elle est poursuivie par le projecteur de Bob, qui la suit sans relâche sur la scène alors que de plus en plus de danseurs se rendent compte que quelque chose ne va vraiment pas. Betty, sur le devant de la scène, tente de poursuivre son solo sans être éclairée par ses projecteurs habituels. Presque coincée sous le contrôle de Bob, Jeanie traverse la scène sous ses projecteurs, incapable de s'échapper devant le public, quand soudain un sac de sable tombe du dessus de la scène et frappe le plateau d'accessoires des mains de Jeanie. Mac ordonne de baisser le rideau devant une scène en panique.
B.2) Acte II
Dans le salon du rez-de-chaussée, pendant l’entracte de Me and Juliet, les ouvreurs commentent la fin rocambolesque de l'acte I, même si le public n'a rien remarqué d'inhabituel (Intermission Talk).
Soudain, Ruby précipite Larry dans les couloirs. Terrifiée pour sa sécurité, elle le pousse dans un débarras et exhorte Herbie de ne déverrouiller la porte pour personne, surtout pour Bob. Ruby s'éloigne et la foule de l'entracte se rassemble dans le hall pour fumer et boire une limonade, discutant de leur soirée au spectacle (Ten Minutes’ Intermission).
À la fin de l'entracte, Jeanie fonce dans le hall, fuyant Bob. Herbie lui assure que personne ne déverrouillera la porte derrière laquelle Larry se cache, et elle la cache sous son comptoir. Incapable de localiser Jeanie ou Larry, Bob décide d'attendre dans un bar de l'autre côté de la rue, où il peut surveiller qu'aucun d'eux ne quitte le théâtre. Seul au bar, il se délecte de la place qui lui revient: loin de tout le monde (It Feels Good). Sur scène, le deuxième acte de Me and Juliet a débuté avec Don Juan et Carmen qui ont un rendez-vous, décidant de se donner une chance (We Deserve Each Other).
La scène suivante se déroule dans le bureau du directeur du théâtre. Anticipant une inévitable confrontation avec Bob, Larry fait les cent pas nerveusement. Jeanie essaie de calmer ses nerfs, lui rappelant qu'ils sont définitivement ensemble, car ils se sont mariés en secret (I’m Your Girl). Bob entre par la fenêtre, proposant à Larry de mettre fin définitivement à sa relation avec Jeanie et de partir. Au début, Larry cède avec crainte, mais, après avoir vu la main de Bob sur Jeanie, il bondit sur lui. Mac, Betty, Ruby et d'autres se joignent au combat contre Bob. Bob assomme Mac, mais lorsque l'électricien s'empare de Jeannie, Larry la défend fermement. Le combat se termine lorsque Bob, se cogne la tête contre un radiateur et est assommé, laissant Larry s'échapper. Alors que le deuxième acte est toujours en cours, Betty se rend compte qu'elle doit changer de costume et Larry planifie les prochaines séquences à jouer. Ruby envoie Larry et Jeannie sur scène pour continuer la pièce.
Quand Bob revient à lui, Ruby et Mac le convainquent qu'il a tué Larry et que la police l'attend dehors. Bob quitte rapidement le théâtre. Ruby reçoit alors un appel téléphonique de leur producteur, M. Harrison, qui lui dit qu'il transfère Mac sur un autre spectacle.
Dario dirige avec colère l'une des scènes finales de Me and Juliet, frustré que sa «gardénia lady» ne se soit pas révélée. Pendant que les acteurs et l'équipe se préparent pour la prochaine grande scène derrière un tulle abaissé, Ruby annonce à Mac la bonne nouvelle: il sera transféré sur un autre spectacle, ce qui signifie que lui et Betty pourront enfin vivre leur romance. Alors que Mac et Betty s'embrassent, Larry approuve de lever le rideau pour laisser le spectacle continuer, laissant Mac faire une sortie maladroite pendant le numéro de danse.
Lorsque le rideau tombe enfin, (Finale to Me and Juliet), Larry – qui est maintenant régisseur général à la place de Mac – demande aux acteurs de répéter le final du premier acte afin de ne pas avoir à arriver tôt le lendemain. Il dirige la répétition et Jeanie joue Juliet. Alors qu'elle chante la chanson, Bob entre avec un air renfrogné. Larry lui ordonne, ainsi qu'à Sidney, d'être présents le lendemain matin pour réorienter les lumières. Pris de court et plutôt penaud, Bob dit «Je ne savais pas que tu étais marié» avant de partir tranquillement, après avoir déclaré: «Je serai là, je suppose.»
Jeanie est félicitée par ses camarades de spectacle, mais Larry, très professionnel, leur fait signe de reprendre leur place pour répéter la scène. Comme Lily a dû partir, Jeanie la remplace dans le rôle de Juliet, tandis que Larry chante le rôle de Me dans la scène, alors que le rideau tombe (Finale: No Other Love ).
B) Personnages
B.1) Jeanie
Jeanie est une talentueuse choriste, sans prétention, dans le spectacle Me and Juliet. Elle sort avec Bob, un électricien possessif qui travaille également sur ce spectacle. Lorsque Larry, l'admirateur de longue date de Jeanie, la recommande pour un poste d’understudy, les deux hommes perturbent accidentellement la scène avec leur propre histoire d'amour, qu'ils doivent garder secrète.
B.2) Bob
Électricien de scène réputé pour sa rage violente et son tempérament. Bob sort avec Jeanie, bien qu'il ne la traite pas bien et ne prenne pas leur relation au sérieux. Lorsqu'il apprend la relation secrète de Jeanie avec Larry, Bob réagit avec une furieuse jalousie.
B.3) Larry
Larry, le deuxième assistant metteur en scène du spectacle Me and Juliet, rêve de devenir un jour metteur en scène. Lorsqu'il propose à Jeanie pour auditionner pour un rôle d’understudy, il révèle ses compétences de metteur en scène ainsi que son affection pour elle. Travailleur acharné et franc, Larry essaie de cacher ses sentiments pour Jeanie jusqu'à ce qu'il soit finalement contraint d'affronter son ennemi: le possessif et violent Bob.
B.4) Charlie
Charlie, le premier rôle romantique du spectacle Me and Juliet, sort avec l'autre premier rôle du spectacle, Lily. Il est furieux contre Dario, le chef d'orchestre talentueux du spectacle, pour avoir permis à l'orchestre de jouer si fort et de dominer sa voix chantée.
B.5) Betty
Actrice de Broadway travailleuse et chevronnée, Betty est une interprète confiante et passionnée. Déterminée à gagner le cœur de Mac, elle est sociable et gentille, se liant d'amitié avec Jeanie lorsqu'elle rejoint la troupe du spectacle Me and Juliet.
B.6) Mac
Metteur en scène sévère et résolument professionnel du spectacle Me and Juliet, Mac suit un ensemble de règles et de limites personnelles très strictes, comme renoncer à toute relation amoureuse avec des femmes dans les spectacles sur lesquels il travaille. Lorsque son seul véritable amour, Betty, rejoint la troupe, Mac est obligé de reconsidérer ses propres réglementations.
B.7) Dario
Directeur musical et chef d'orchestre prisé du spectacle Me and Juliet, Dario se retrouve en conflit constant avec le premier rôle masculin du spectacle, Charlie. Bien qu'il menace continuellement d'arrêter, Dario reste grâce à une admiratrice secrète qui lui envoie des lettres d'amour et des gardénias. Ce que Dario ne sait pas: les cadeaux sont en fait envoyés par Mac, qui a désespérément besoin que Dario reste dans la série.