4.
1866 - «The Black Crook», première création américaine

 5.10.
La première guerre mondiale

 5.11.B.2.
«Le plus grand artiste
du monde»

 5.11.D.
Le cinéma apprend à chanter

 5.12.
Irving Berlin (II)

 6.
1927 - «Show Boat»

C) L'après-guerre

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Al Jolson
(1886-1950)

Au sommet de sa carrière scénique, Jolson apparaît dans trois succès consécutifs, chacun ayant tourné sur les routes des États-Unis pendant des années:

  • Sinbad () (1918, 164 représentations à Broadway), dont nous avons déjà parlé, est resté en tournée jusqu'au milieu de 1921.
  • Bombo () (1921, 219 représentations à Broadway) a transformé Gus en matelot sur le bateau de Christophe Colomb. Jolson a été acclamé par le public en ajoutant au show les chansons Toot, Toot, Tootsie, April Showers et California Here I Come. Avec ce spectacle, les Shubert ont ouvert le tout nouveau Jolson's 59th Street Theatre de 1.700 places qu’ils avaient fait construire. À l'âge de 35 ans, Al est la plus jeune personne à avoir un théâtre de Broadway qui porte son nom. Il ne jouera cependant que ce seul show dans «son» théâtre. Deux ans plus tard, ce théâtre accueillera la première Américaine du Théâtre d’Art de Moscou du célèbre Konstantin Stanislavski.

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    La troupe «Honeymoon Express» avec Al Jolson au centre devant
    Lors de la soirée d'ouverture de Bombo (), Al Jolson était paralysé par le trac, marchant dans les rues pendant des heures avant l'heure du spectacle. Par peur, il perdit sa voix et pria les machinistes de ne pas lever le rideau. Mais quand le rideau s’est levé, il «était debout en coulisses à trembler et à transpirer». Après avoir été poussé sur la scène par son frère Harry, il a joué, puis a reçu une ovation qu'il n'oublierait jamais: «Pendant plusieurs minutes, les applaudissements ont continué tandis qu'Al se tenait debout et saluait.» Il a refusé de remonter sur scène pour le deuxième acte, mais le public «a tapé des pieds et a scandé "Jolson, Jolson", jusqu'à ce qu'il revienne.» Il a pris 37 rappels de rideau ce soir-là et a dit à l'auditoire: «Je suis un homme heureux ce soir.» Après avoir joué le spectacle en tournée pendant un an, il revint en mai 1923, pour jouer Bombo () au Winter Garden Theatre. Le critique du New York Times a écrit: «Il est revenu comme le cirque, plus grand, plus lumineux et plus nouveau que jamais... Le public d'hier soir n'était pas disposé à rentrer chez lui, et quand le spectacle proprement dit était terminé, Jolson est réapparu devant le rideau et a chanté encore de nombreuses chansons, anciennes et nouvelles
  • Big Boy () (1925, 180 représentations) avait un Gus qui était jockey devant remporter des courses malgré un assortiment de manigances sur la piste. On avait donc sur scène en vedette des chevaux de course sur tapis roulants! Jolson rajouta la chanson Keep Smiling at Trouble. Le spectacle est un triomphe. Les critiques sont dithyrambiques, dont celle de Robert Benchley dans Life Magazine: «S'asseoir et se sentir soulevé par la personnalité de Jolson, permet de comprendre ce qu’ont voulu signifier les inventeurs du mot "personnalité". Aussi peu impressionnante que puisse être la comparaison avec M. Jolson, nous pouvons dire que Saint Jean-Baptiste a été le dernier homme à posséder une telle personnalité. Il y a quelque chose de surnaturel. Lorsque Jolson entre en scène, c'est comme si un courant électrique passait dans des câbles sous les sièges. Le public est fasciné. Il parle, roule des yeux, se mord les lèvres et tout est fait. Vous êtes transformé en braise vivante. Sa lèvre inférieure tremble et votre cœur se brise d'un claquement violent. Il chante et vous vous éloignez envoyer une lettre nocturne à votre mère. Quelle vitalité, quelle personnalité, quel charme!» Une bronchite récurrente a forcé Jolson à annuler des représentations et les Shubert ont dû fermer ce spectacle sold-out après huit semaines en mars 1925. Peu l'auraient cru, mais Jolson n'apparaîtrait plus jamais sur la scène du Winter Garden Theatre. Jolson se rétablit lors d'une croisière prolongée.
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    Publicité pour «Big Boy»
    Lors de son retour à New York en août 1925, il rouvre Big Boy () au 44th Street Theatre pour 120 autres représentations, suivies d'une tournée de onze mois. Jolson a ajouté Keep Smiling At Trouble et It All Depends on You. Lorsque son interprétation de If You Knew Susie a eu peu de succès, Jolson l'a «donnée» à Eddie Cantor qui l'a transformée en tube. Cantor a affirmé que dans les années qui suivirent, Jolson lui a dit un peu amer: «Si j'avais su à quel point cette chanson serait un succès, je ne vous l'aurais jamais donnée.» Il jouera ce spectacle pendant trois ans en tournée.

La plupart des musicals des années 1920 tentaient d’entasser autant de talents que possible sur scène (cf les Revues) mais ici, le seul talent qui comptait dans un spectacle avec Jolson, c’était Jolson. On n’a permis cela à personne d’autre. Le plus grand défi de Jolson était donc de rester à la hauteur. Demi-dieu omniscient sur scène, il pouvait être un être fragile doutant de lui en coulisses. Le public ignorait que Jolson souffrait d'une nervosité paralysante les soirs de Première. Un artiste qui comptait autant sur l'improvisation ne pouvait pas se sentir pleinement préparé lors de la Première d'un nouveau spectacle. Comme nous l’avons dit, des seaux étaient placés des deux côtés de la scène afin qu'il puisse vomir sans interrompre la représentation.

Au milieu des années ‘20, les désaccords entre Jolson et les Shubert sont devenus fréquents, et la routine des longues séries commença à faire ses ravages. Maintenant dans la quarantaine, Al annulait souvent des représentations – invoquant des bronchites ou des laryngites – se réfugiant en Floride pour quelques jours de soleil. Il a si souvent invoqué des maladies que les gens ont cessé de le croire. Chaque arrêt coûtait une vraie fortune aux Shubert. Bien que «jouer» était essentiel pour Jolson, il devait trouver un moyen moins épuisant d'atteindre ses fans.