Operette
Musical (1938) - Backstage musical

«L’hommage tendre et ironique de Noël Coward à un genre qu’il savait condamné — mais qu’il aimait trop pour ne pas le saluer une dernière fois.»
Operette est l’un des projets les plus élégants et nostalgiques de Noël Coward, une comédie musicale où l’auteur, au sommet de son art, rend hommage à l’âge d’or de l’opérette tout en le revisitant avec son humour acéré. Derrière les plumes, les valses et les marivaudages, Coward glisse une méditation sur le temps qui passe, sur la fugacité du théâtre et sur le masque social. Créée à Londres en 1938, la pièce réunit sophistication, ironie et émotion contenue. C’est une œuvre de douceur amusée, où Coward regarde le passé… pour mieux parler de lui-même.
Operette naît après plusieurs années où Coward observe le retour à la mode de l’opérette viennoise. Fasciné par le genre, il souhaite en offrir une version « à la Coward »: élégante, drôle, mais légèrement subversive. La pièce est écrite en 1937 et montée en 1938 en pleine montée des tensions internationales, ce qui donne à son atmosphère légère un parfum de nostalgie. Mary Ellis, grande star d’opérette, est engagée dès le début, ce qui garantit le style souhaité. Le projet est pour Coward une respiration artistique avant la tourmente.
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Depuis le succès de Bitter Sweet (1929), Coward nourrit un intérêt profond pour l’opérette, genre qu’il aime autant qu’il ironise. Dans les années 1930, le West End voit revenir une vague de nostalgie pour les valses viennoises et les intrigues romantiques stylisées. Coward décide d’en faire un hommage, mais aussi un commentaire sur la forme : Operette est une patine brillante posée sur un monde fragile.
La conception de l’œuvre se déroule en 1937, alors que Coward voyage en Europe et assiste à plusieurs productions viennoises. Il observe que le public aime l’évasion romantique, mais sent aussi que la fin d’une époque approche.
Le casting joue un rôle clé : Mary Ellis, star internationale, représente la tradition de l’opérette classique. Coward l’entoure d’interprètes jeunes et dynamiques, créant un contraste entre tradition et modernité.
La guerre imminente pèse sur la création : Coward sait que le public cherche des divertissements élégants, mais aussi qu’il faut offrir plus qu’une simple sucrerie. Il écrit donc une pièce qui joue sérieusement avec la frivolité.
Les critiques, à la création, saluent la sophistication mais notent qu’elle arrive « au mauvais moment », à la veille d’un monde qui s’effondre. Cela n’empêche pas Operette d’être une œuvre précieuse dans le corpus cowardien : une capsule d’un monde disparu.
En 1906, dans les coulisses du Jubilee Theatre, la célèbre Liesl Haren, star viennoise sur le déclin, prépare son rôle dans l’opérette fictive The Model Maid. Parmi les choristes, la jeune Rozanne Grey s’éprend de Nigel Vaynham, un officier issu de la noblesse. Mais leur amour se heurte aux conventions sociales : la comtesse de Messiter, mère de Nigel, et Liesl elle-même mettent en garde Rozanne contre les dangers d’un mariage qui ruinerait sa carrière. Tandis que la gloire de Liesl s’efface, Rozanne accède au rôle principal et à la célébrité. Finalement, elle renonce à l’amour et choisit la scène, tandis que Nigel retourne à l’armée, conscient qu’une union avec une actrice serait un désastre social.
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L’histoire se déroule en 1906 au Jubilee Theatre (un théâtre imaginaire) dans une mise en abyme (pièce dans la pièce): les personnages jouent dans une comédie musicale édouardienne fictive intitulée The Model Maid. Liesl Haren (Fritzi Massary), une vedette viennoise sur le déclin, voit dans cette production une dernière chance de retrouver la gloire. Rozanne Grey (Peggy Wood), une jeune choriste de The Model Maid, tombe amoureuse de Nigel Vaynham (Griffith Jones), un noble officier de l’armée. La mère de Nigel, la comtesse de Messiter, presse Rozanne de mettre fin à cette relation socialement inacceptable. De son côté, Liesl, consciente des sacrifices et des désillusions liés à sa propre carrière et à la société, conseille à Rozanne de ne pas épouser un aristocrate, car un mariage à ce stade de sa carrière serait un sérieux handicap. Mais Rozanne ignore tous les conseils et assiste au déclin de la carrière de la chanteuse plus âgée, tandis que la sienne s’élève vers le rôle principal et la célébrité. Cependant, Rozanne finit par rejeter l’idée du mariage et retourne auprès de ses camarades de scène, tandis que Nigel reprend sa vie militaire, acceptant qu’un mariage avec une actrice serait pour lui un désastre social.
Principales productions de l'oeuvre
► 1938 – Londres, His Majesty’s Theatre
► Revivals ponctuels dans les années 1950 et 1970
► Productions de troupes spécialisées dans Coward (Nottingham, New York)w York)
Enregistrements de références
Quelques enregistrements partiels de chansons; pas de cast album complet d’époque
La critique souligna que le public britannique, inquiet face aux tensions européennes, n’était pas disposé à s’enthousiasmer pour une nostalgie viennoise frivole.
La Noël Coward Society rappelle que Operette fut perçue comme un «pale shadow» de Bitter Sweet, et que les comédies musicales à habillage historique (ici Edwardien) étaient déjà considérées comme dépassées.
1 Operette peut-être considéré comme un backstage musical.
Période(s) à laquelle se déroule l'intrigue
Europe « fin-de-siècle » (XIXème) imaginaire
Lieu(x) où se déroule l'intrigue
Grand hôtel, salons aristocratiques, jardins impériaux
Thèmes principaux de l'oeuvre
Nostalgie, identité et rôles sociaux, frivolité vs authenticité, satire des mœurs, illusions romantiques
Structure dramaturgique
3 actes, comédie dialoguée ponctuée de chansons
Structures des numéros musicaux notables
Valses viennoises pastichées, couplets légers, mélodies sentimentales volontairement sucrées ; Coward en détourne les codes par petites pointes d’ironie.
Contexte historique de la création
Operette est écrite et montée à la toute fin des années 1930, alors que l’Europe glisse vers la guerre. En Angleterre, le West End alterne divertissements légers et pièces plus sérieuses, mais le public recherche encore beaucoup l’évasion. Coward, déjà célèbre, traverse une phase de repositionnement : il a connu d’énormes succès dans les années 1920–30, mais sent que le ton mondain et purement brillant est en train de vieillir. La montée des fascismes, la crise économique et la tension internationale donnent à sa nostalgie une coloration plus grave, même si la forme reste frivole.
Réception et presse à la création
À la création, Operette reçoit un accueil poli mais mitigé. La critique salue l’esprit, la finesse du pastiche et le professionnalisme de la production, mais certains reprochent à l’œuvre d’être trop légère pour l’époque, presque déconnectée de la réalité de 1938. Le public apprécie l’élégance et la présence de Mary Ellis, mais le spectacle ne devient pas un triomphe durable : 133 représentations, ce qui est honorable mais pas au niveau des grands succès de Coward. On sent qu’une page se tourne : le style « opérette mondaine » ne suffit plus à captiver un public inquiet.
Importance dans l'histoire des musicals
Dans l’histoire générale du musical, Operette n’est pas une œuvre pivot, mais elle a une réelle valeur de document de transition. Elle montre comment un auteur majeur comme Coward regarde vers le passé (l’opérette viennoise, le charme fin-de-siècle) au moment où le musical moderne s’oriente vers l’intégration dramatique à la Rodgers & Hammerstein. Pour l’historien, c’est un jalon révélateur : un dernier éclat du monde édouardien fantasmé, juste avant que la Seconde Guerre mondiale n’impose d’autres formes, d’autres tonalités, et un autre rapport au réalisme.
Caractéristiques stylistiques
Stylistiquement, Operette mélange dialogue brillant très « Coward », chansons pastiches et atmosphère de comédie légère. Les numéros musicaux adoptent les codes de l’opérette (valsés, mélodies élégantes, refrains sentimentaux), mais les paroles introduisent souvent une distance ironique : Coward commente le genre tout en l’imitant. Dramaturgiquement, la structure reste celle d’une comédie à intrigues, où la chanson commente plus qu’elle ne propulse l’action. Le ton oscille entre frivolité assumée et nostalgie : c’est un théâtre de la surface, mais dont la surface laisse filtrer une mélancolie discrète.
Aucun dossier informatif complémentaire concernant Operette
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Version 1
Operette (1938-03-His Majesty's Theatre-London)
Type de série: OriginalThéâtre: Her Majesty's Theatre (Londres - Angleterre) Durée : 3 mois 3 semaines Nombre : 133 représentationsPremière Preview : 16 March 1938
Première: 13 March 1938
Dernière: 09 July 1938Mise en scène : Noël Coward • Chorégraphie : Producteur : Star(s) : Avec: Fritzi Massary (Lies! Haren), Peggy Wood (Rozanne Grey), Griffith Jones (Nigel Vaynham), Irene Vanbrugh (Countess of Messiter), Edward Cooper (Eddie Gosling), Winifred Davis (Decima Drury), Hugh French (Lord Elderly), Ross Landon (Lord Borrowmere), John Gattrell (Lord Sickert), Kenneth Carten (Lord Camp), J. Grant Anderson, Gladys Henson, Muriel Barron, Max Oldaker, Phyllis Monkman
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