4.
1866 - «The Black Crook», première création américaine

 5.7.
Irving Berlin (1)

 5.8.G.
Des Ziegfeld Girls et
des rands artistes

 5.8.I.
Florenz Ziegfeld,
une vraie légende

 5.9.
Jerome Kern

 6.
1927 - «Show Boat»

H) Autres Revues de Broadway des années ‘20

H.1) Les Shubert : The Passing Show (1912-24) & Artists and Models (1923-25)

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The Passing Show of 1924

Qu'y avait-il dans une revue Ziegfeld si ce n’est des sketches, des chansons, des showgirls, des beaux costumes…? Et donc n'importe quel producteur disposant des fonds suffisants semblait pouvoir faire la même chose! C'est ce que pensaient par exemple Lee Shubert et de son frère Jacob (nous avons déjà parlé d'eux: ). Comme les Shubert avaient un staff à plein temps composé d'écrivains, de compositeurs, de scénographes et de costumiers, ils décidèrent de présenter leurs propres revues: The Passing Show () de 1912 à 1924. Disposant d’un budget plus petit ques les Ziegfeld Follies, ces productions mettaient surtout l'accent sur les Girls, les présentant sur scène aussi peu vêtues que la loi le permettrait.

Jacob Shubert a décidé qu’enlever encore quelques vêtements pourraient rapporter beaucoup d'argent, et a proposé une revue appelée Artists and Models. Pendant les répétitions, il déchirait les costumes des filles jusqu'à ce qu'assez de chair soit visible à son goût. Parfois, les Girls de l'ensemble ne portaient plus que des bracelets ou un collier. La presse a tellement condamné ces spectacles que le public «curieux» a rempli les salles pour trois éditions réussies (1923-1925).

H.2) Earl Carroll : Earl Carroll’s Vanities (1923-40) & Earl Carroll’s Sketch Book (1929-35)

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Earl Carroll's Vanities
26 janvier 1925

L'auteur-compositeur Earl Carroll (1893-1948) est allé encore plus loin dans ses Vanities et ses Sketch Books, deux séries populaires de revues produites entre 1923 et 1940. Il a décidé de présenter ses Chorus Girls totalement nues, bravant la loi, ce qui lui faisait de la publicité. Carroll a engagé des comédiens vulgaires comme Joe Cook et Milton Berle, et la paillarde chanteuse de Vaudeville Sophie Tucker.

En 1926, Carroll est impliqué dans un scandale à la suite d'une fête qu'il a organisée en l'honneur de Harry Kendall Thaw qui, 20 ans plus tôt, avait assassiné Stanford White, soirée privée durant laquelle il a fait venir une baignoire remplie d'alcool illégal (nous sommes en pleine période de Prohibition aux Etats-Unis) dans laquelle flottait une jeune femme nue. L'un des invités était Philip Payne, rédacteur en chef du New York Mirror, qui a publié un rapport. Les autorités fédérales, apparemment déterminées à connaître la source de l'alcool illégal, ont assigné Carroll à comparaître (avec d'autres) au tribunal. Carroll a nié les affirmations de Payne, mais d'autres personnes présentes à la fête l'ont confirmé. Payne a été condamné et envoyé en prison pour six mois. Cette histoire nous montre une certaine image d’une partie des producteurs de spectacles de l’époque. Mais ne soyons pas dupes, ce séjour en prison lui a donné l'admiration de très nombreuses personnes à cette époque où beaucoup dédaignaient ouvertement la loi.

H.3) George White: George White’s Scandals (1919-1939))

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George White's Scandals of 1924
Musiques de George Gershwin
Flyer pour les représentations à San Francisco

George White a été un danseur vedette des éditions 1911 et 1915 des Ziegfeld Follies avant de suggérer à Ziegfeld que sa revue avait besoin de meilleures chansons et chorégraphies. Il a été viré… En réaction, White a décidé de produire ses propres revues. La première édition de White's Scandals () (1919, 128 représentations) a si bien marché que Ziegfeld lui a offert mille dollars par semaine pour revenir aux Ziegfeld Follies. White a répliqué en offrant à Ziegfeld et Billie Burke trois milles dollars par semaine … pour apparaître dans la prochaine édition de Scandals ().

White avait la devise suivante: «Talent is What the Public Wants.» Les premières éditions de White's Scandals () avaient des chansons composées par rien de moins que George Gershwin. À partir de 1926, la revue présenta des chansons écrites par l'équipe Bud DeSylva, Ray Henderson et Lew Brown dont: The Birth of the Blues, Lucky Day et le tube de danse Black Bottom. White n'a jamais réussi à éclipser le légendaire Ziegfeld, mais il a certainement rendu le vieux maître mal à l'aise quand plusieurs années, ses Scandals () ont mieux fonctionné que les Follies.

H.4) John Murray Anderson - Greenwich Village Follies (1919-1927)

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Partitions de «The Greenwich Village Follies of 1920»

John Murray Anderson a mis en scène les premières Greenwich Village Follies dans le tout-juste-construit Greenwich Village Theatre du Lower Manhattan de New York en 1919.

Maître de la mise en scène, Anderson a dû se contenter d’un budget serré (il est aussi producteur…) et il a mis l'accent sur la comédie satirique, utilisant des matériaux peu coûteux comme la toile de jute peinte pour créer de belles toiles de fond visuelles.

Le contenu évoquait l'esprit bohème de Greenwich Village. Durant toutes ces années, des compositeurs aussi illustres qu’Irving Berlin, Cole Porter et Richard Rodgers ont participé aux Greenwich Village Follies.

Cette revue a vécu huit éditions réussies, devant un public qui est devenu plus grand chaque année et aussi plus «élaboré» à chaque édition.

Fidèle à ses racines bohèmes, la revue s'est distinguée par son contenu socialement et intellectuellement provocateur. Les numéros proposés faisait appel autant à l'œil qu’au cerveau. Anderson a été reconnu pour ses scénographies saisissantes et ses nouveaux effets d'éclairage. Le ballet est devenu un incontournable de la revue. Des histoires populaires, comme The Nightingale and the Rose d'Oscar Wilde et The Raven d'Edgar Allan Poe, ont inspiré ces intermèdes sans paroles.

À la fin des années ‘20, les revues de Broadway perdaient des spectateurs qui préféraient des comédies musicales avec de vraies histoires comme Show Boat () (1927). Anderson quitte le show en 1924 et la franchise continua quelques années sans lui. La dernière année où la revue a été produite à Broadway est 1928. Au début de la Grande Dépression qui a suivi la crise de ‘29, le modeste et éphémère Greenwich Village Theatre a été démoli.