Le Mayflower à son arrivée à Plymouth Harbor
C) Toute la diversité des «Treize Colonies» (3/4)
B.7) Les Carolines: Caroline du Nord et Caroline du Sud
Au 16ème siècle, plusieurs explorateurs européens avaient exploré la Caroline du Nord actuelle. En 1524, le navigateur italien Giovanni da Verrazzano avait atteint l'embouchure de la rivière Cape Fear. Hernando de Soto avait lui traversé les montagnes de l’ouest en 1540.
En 1584, l’Anglais Sir Walter Raleigh avait reçu une concession de la Reine Elizabeth I pour revendiquer des terres en Amérique du Nord, et il envoya une expédition d’exploration; elle revint avec un rapport optimiste quant à une potentielle colonisation.
En 1585, Raleigh a alors envoyé un groupe de colons dans la région et a fondé une colonie sur l'île de Roanoke; Raleigh a nommé la colonie «Virginie». Mais, très vite, de nombreux colons ont été contraints d'abandonner l'île et de retourner en Angleterre en raison des problèmes de nourriture.
En 1587, un second groupe de colons est arrivé, mais la difficulté de subvenir à leurs besoins a également contraint le chef du groupe, John White, à rentrer en Angleterre pour s'approvisionner.
Après avoir été impliqué dans la guerre entre l'Angleterre et l'Espagne, White ne revient à Roanoke qu'en 1590. À son arrivée, aucun colon ne s’y trouvait plus, et seuls deux arbres indiquaient leur position: l'un portait les lettres gravées CRO et l'autre le mot CROATOAN, qui faisait référence à une île voisine. White a visité cette île, mais il n'a trouvé aucun colon. La «colonie perdue» de Roanoke demeure l'un des grands mystères de l'histoire américaine. Après les efforts de Raleigh et d'autres pour coloniser les régions côtières dans les années 1580, le territoire a été la propriété des peuples autochtones durant des décennies.
Une concession du Roi Charles Ier en 1629 sur les terres au sud de la Virginie a donné une naissance théorique au terme Caroline, mais aucune colonie permanente n’a été établie jusqu’à ce que les agriculteurs et les commerçants venant de Virginie s’installent plus au Sud dans la région d’Albemarle Sound dans les années 1650. Cela a abouti à la création d’une concession du Roi Charles II en 1663 qui a donné naissance – concrètement cette fois – à la Caroline – une fois encore le nom a été choisi en l'honneur du roi – mais pendant des années, les colons ont résisté au gouvernement inefficace imposé par les propriétaires en Angleterre.
La ville de Charleston a été établie en 1672, et n'a pas tardé à accueillir de nombreux huguenots (protestants français) qui ont été chassés par la révocation de l'Édit de Nantes (1685).
Les Lords-propriétaires anglais se montrent peu respectueux des libertés locales, ce qui provoque une rébellion dans la colonie. En 1729, Londres parvient à résoudre le conflit en divisant la colonie en deux: Caroline du Nord et Caroline du Sud.
B.8) Le New York
En 1609, Henry Hudson a exploré la rivière qui portera plus tard son nom et a établi New York en tant que colonie des Provinces-Unies (Pays-Bas). En 1624, dans ce qui est aujourd’hui la ville d'Albany, les Hollandais ont établi Fort Orange comme première colonie européenne permanente à New York. Après un an, New Amsterdam a été fondée à l'extrémité sud de l'île de Manhattan. Peter Minuit, le gouverneur néerlandais, a fait l'acquisition de l'île de Manhattan aux Indiens en échange de marchandises telles que des verroterie et autres objets d'une valeur d'environ 60 florins hollandais à l'époque, soit 24$!!!
Même si les Hollandais ont établi plusieurs colonies le long de l'Hudson, leur intérêt était davantage dans le commerce que dans la croissance continue de l'agriculture. Ainsi, alors que ses comptoirs commerciaux prospéraient et contribuaient à l’expansion générale de son empire, les Pays-Bas ne plantaient pas de racines profondes de colonisation permanente à New York. L'explication la plus plausible est la prospérité économique et la stabilité sociale de la patrie. Les habitants néerlandais ne nourrissaient pas de fortes motivations économiques pour s'établir à l'étranger, et il n'y avait pas non plus assez de querelles religieuses ou politiques pour encourager un tel mouvement.
Tirant parti de la guerre entre l'Angleterre et les Provinces-Unies, la flotte anglaise entra dans le port de New York en 1664. Peter Stuyvesant, le gouverneur, a été forcé de partir, car les citoyens et le gouvernement néerlandais ne voulaient pas se battre. Même si la controverse persiste pendant de nombreuses années, la colonie était fermement sous le contrôle des Anglais en 1669. Dès son arrivée, le Roi Charles II donne cette vaste étendue à son frère, le Duc d'York (futur Jacques II). La Nouvelle-Amsterdam et la colonie elle-même se nommeront New York.
Le Duc d'York et son gouverneur seront confrontés à l'esprit de résistance des colons. Ils sont obligés d'accepter la mise en place, le 17 octobre 1683, d'une assemblée de 17 représentants du peuple.
Les hommes libres votent immédiatement une quinzaine de lois réunies dans une «Charte de libertés et privilèges», établissant la liberté religieuse et garantissant qu'aucun impôt ne serait établi sans leur consentement.
Deux ans plus tard, le Duc d'York accède au trône d'Angleterre sous le nom de Jacques II. Il interdit à l'Assemblée de New York de se réunir. Les colons n'ont pas longtemps à attendre pour prendre leur revanche car, dès 1688, Jacques II est renversé!
Les dirigeants successifs de la colonie parviennent à consolider leur alliance avec les puissantes tribus indiennes de l'arrière-pays. Elles font partie de la famille des Iroquois et se regroupent dans une fédération appelée les «Cinq nations». George Clinton a même réussi à être élu chef de la tribu des Mohawks avant d'être nommé gouverneur de la colonie en 1743!
Ces circonstances vaudront aux Anglais le soutien des Iroquois dans la guerre contre leurs voisins français de la Nouvelle-France, au milieu du 18ème siècle. Dès le 17ème siècle, le New York bénéficie d'un courant d'immigration important en provenance d'Allemagne. Il s'agit de croyants chassés par les guerres religieuses (Frères moraves, Mennonites...). Ces colons allemands, qui étaient à la fois industriels et charpentiers, vont inventer le célèbre chariot bâché à la robustesse incomparable, sans lequel il n'existe aucun western digne de ce nom.
B.9) Le New Jersey
En 1660, les Hollandais ont établi la première colonie européenne permanente à Bergen (qui est maintenant Jersey City). Ces territoires faisaient partie intégrante de la Nouvelle-Amsterdam. Comme nous l’avons vu concernant la colonie du New York, tirant parti de la guerre entre l'Angleterre et les Provinces-Unies, la flotte anglaise entra dans le port de New York en 1664. En 1664, les Anglais ont pris le contrôle du New Jersey, bien que les Hollandais aient contesté cette revendication pendant neuf ans. Le Duc d'York a cédé une partie de son vaste territoire à deux amis, Sir John Berkeley et Sir George Carteret. La nouvelle colonie, qui est toujours habitée par des Hollandais, est renommée New Jersey en l'honneur de l'île anglo-normande que George Carteret avait défendue pendant la guerre civile anglaise. En 1673, Berkeley a vendu la moitié du New Jersey aux quakers pour en faire leur colonie. Entre 1674 et 1702, la province du New Jersey a été séparée en deux: West Jersey et East Jersey. La division prit fin en 1702, date à laquelle toute la province revint à la couronne.
Contrairement à d’autres colons, qui ont souffert de la dureté de la domination anglaise, les premiers Jerseyans étaient d’une nature si indépendante que ce sont plutôt les gouverneurs royaux qui ont souffert. Jusqu'en 1738, le New Jersey et New York étaient gouvernés par un seul gouverneur. Lorsque Lewis Morris a pris ses fonctions en tant que premier gouverneur du New Jersey après la séparation, un membre de l’Assemblée a conseillé ses collègues sur la façon dont les gouverneurs devaient être traités: «Gardons les doges dans la pauvreté [c’est-à-dire en payant un faible salaire aux gouverneurs] et nous leur ferons faire ce que nous voulons.»