3.
Une aventure
humaine

 4.2.
XVème et XVIème siècles
Colonies de pêche
européennes

 4.3.
1608-1763: domination
4. Evolution démographique
A) Déficit démographique

 4.3.
1608-1763: domination
4. Evolution démographique
C) Une faible population

 4.4.
1763-1867: domination
Domination de l'Empire
britannique

 

 

B) La population résidente temporaire

Non seulement il est venu peu d'émigrants français au Canada, mais la plupart de ceux-ci sont retournés en France et n'ont résidé au Canada que de façon provisoire. En effet, au total, plus de 27.000 émigrants se sont embarqués pour le Canada. De ce nombre, seulement 9.000 sont restés de façon définitive. Cela signifie qu'au moins les deux tiers des immigrants du Canada retournaient en France ou encore quittaient la colonie septentrionale pour les Antilles méridionales. La présence d'une clause de retour dans tous les contrats d'engagement — on les appelait d'ailleurs les «36 mois» — signifiait bien que l'immigration définitive au Canada constituait davantage une exception qu'une pratique courante. En 1672, le ministre Colbert écrivait à l'intendant Talon:

« À l'égard des Français qui repassent en France tous les ans, Sa Majesté estime que c'est un désordre considérable auquel il faut tâcher de remédier. Pour cet effet, elle écrit à M. de Frontenac pour lui défendre de permettre à aucun Français de repasser en ce royaume, si ceux qui lui demandent cette permission n'ont femme et enfant, et un établissement considérable en ce pays-là, Sa Majesté se remettant toutefois à sa prudence d'user de cet ordre ainsi qu'il estimera à propos de le faire pour le bien et l'avantage de la colonie, étant important que les Français ne croient pas être retenus par force au dit pays, parce que cela empêcherait peut-être un grand nombre d'y passer, et n'étant pas à propos d'avoir recours à la force que lorsque tous les autres moyens manquent. »

Colbert


Autrement dit, le ministre défendait une chose et son contraire. C'est pourquoi la recommandation n'eut jamais d'effet. C'était là, entre autres, l'une des grandes différences entre les colonies de la Nouvelle-France et celles de la Nouvelle-Angleterre: alors que la plupart des émigrants français arrivaient en Amérique sur une base temporaire, les émigrants britanniques s'amenaient en Nouvelle-Angleterre pour y demeurer définitivement.

On se rend compte aujourd'hui que la croissance démographique de la colonie canadienne dépendait essentiellement de la seule croissance naturelle, et non pas de l'émigration française. Les Canadiens de l'époque affichaient des taux de natalité plus élevés qu'en France, comme c'était aussi le cas des immigrants de la Nouvelle-Angleterre. Alors qu'on dénombrait 40 naissances par 1.000 habitants dans la France du XVIIe siècle, ce taux était de 55 au Canada (contre 10 aujourd'hui). Le taux élevé de fertilité des couples canadiens s'expliquait par le fait d'une meilleure alimentation, de mariages plus précoces et d'une espérance de vie plus longue. En 1740, le Canada d'origine française comptait plus de 50.000 habitants, dont 5.000 à Québec et 3.500 à Montréal. Québec restait la capitale politique, militaire et spirituelle non seulement du Canada, mais de toute la Nouvelle-France (Canada, Île-Royale ou Louisbourg, Louisiane). Montréal jouait le rôle de centre névralgique de la traite des fourrures.