When Sweet Sixteen () n'a été joué qu'une très décevante douzaine de représentations, et aucune de ses chansons ne sont devenues des standards. Les critiques ont généralement aimé sa partition, mais ont estimé que le livret de George V. Hobart est la cause principale de l'échec de l'opérette. Le scénario concernait un couple de nouveaux-riches déterminés à marier leur fille :
- le père veut qu’elle se marie pour de l’argent;
- la mère veut qu’elle se marie pour un titre;
- la fille rencontre un jeune secrétaire qui écrit un livre sur les nouveaux riches;
- Tout le monde est accro à jouer du Shakespeare dans les forêts de Californie et tenter As You Like It, avec les plus grands succès d’Herbert issus de précédents spectacles...
Le public était incapable de suivre l’histoire.
Œuvre baclée? Certainement. Herbert avait été extraordinairement occupé pendant les années 1910-11. Il avait créé les partitions de Naughty Marietta () et Natoma () (créée quelques mois après le try-out de When Sweet Sixteen () mais avant sa Première) et avait organisé une énorme fête à Lake Placid pour célébrer ses 25 ans de mariage. Il avait pourtant trouvé le temps de travailler avec son collègue George Hobart sur When Sweet Sixteen (). Au départ, la série devait être produite par Joe Weber, mais le producteur rusé a abandonné et a été remplacé par la nouvelle équipe de production composée de Harry Everall et Sam Wallach.
Victor Herbert, tout frais de son triomphe avec Naughty Marietta (), était persuadé que tout ce qu’il toucherait désormais se transformerait en or. Après trois semaines de répétition, la pièce fut présentée en try-out à Springfield, au Massachusetts, le 5 décembre 1910, avec un casting comprenant certains des interprètes les plus fidèles d’Herbert, dont Eugene Cowles, qui a quitté la distribution après ce try-out...
Au moment de l’ouverture officielle, neuf mois plus tard le 14 septembre 1911, à New York au Daly’s Theater, il avait été remplacé par R. E. Burnside, plus expérimenté. Beaucoup de membres du casting initial avaient suivi l’exemple de Cowles et avaient quitté le projet. Comme le laisse entendre la lettre ci-dessous, du nouveau matériel a été fourni deux semaines avant l’ouverture:
« Cher Harry,
J’ai joint deux nouvelles chansons de Sweet Sixteen. Merci de les faire copier immédiatement pour que nous puissions les utiliser à la répétition de l’orchestre de N.Y. ...
Vite! Ne pensez-vous pas?
À lundi.
Le meilleur,
VOTRE »
Victor Herbert
Quoi qu’ait envoyé Herbert, cela ne semble pas avoir été efficace. Dans le deuxième acte, un groupe de comédiens amateurs (les rôles principaux du premier acte !!!) se rassemblent pour tenter de produire As You Like It de Shakespeare. Et comme nous l'avons dit, la comédie classique est agrémentée des plus grands succès d’Herbert. Dans ces choix grotesques, on peut déceler l’influence fatale du librettiste de Natoma (), Joseph Redding. Avant de déménager à New York, Redding avait en fait dirigé un groupe d’amateurs dans des productions shakespeariennes. Son influence fatale peut être vue dans la disparition de deux œuvres d’Herbert.
The Duchess de Victor Herbert est la deuxième des trois opérettes qu’il a présentées à Broadway en cinq semaines. Malheureusement, ce spectacle, comme son prédécesseur When Sweet Sixteen, a eu une série très décevante. Mais, la création de The Enchantress, a suivi celle de The Duchess de trois soirs et a été plus appréciée, débouchant sur une série de plus d’une centaine de représentations. The Duchess marque également la quatrième et dernière apparition de la soprano Fritzi Scheff dans une opérette d’Herbert, après Babette (1903), Mile. Modiste (1905) et La Prima Donna (1908).
Mais, malgré la popularité de la star et la réputation d’Herbert, rien n’a pu sauver cette production du désastre. Le livret de Joseph Herbert (aucun lien familial avec Victor Hebert) et les paroles de Harry B. Smith, n’ont rien fait pour améliorer les choses.
Les frères Shubert furent les producteurs de ce terrible flop. En fait, ils s'attendaient probablement à un accueil mitigé à New York et ils ont maintenu le spectacle en try-out hors de la ville pendant plusieurs semaines. Après d’innombrables révisions, l’œuvre sera créée le 16 octobre 1911 et, après seulement 24 représentations, elle partira en US-Tour avec un faible espoir de récupérer les pertes financières...
L’intrigue est centrée sur Rose Boutonniere (Scheff), une fille de moyens modestes qui aide son père dans son magasin de fleurs. Son projet de mariage avec le comte Adolphe (John E. Hazzard) est bloqué lorsque le père de ce dernier lui interdit d’épouser une femme sans titre. Rose décide alors d’un "bref mariage de convenance" avec le pauvre, mais titré marquis Philippe (George Anderson) qui lui fournira les documents nécessaires avant le divorce. Mais Rose et Philippe tomberont réellement amoureux et le comte Adolphe, "un papillon" comme le décrit le livret, est abandonné à sa richesse.
Probablement déconcertée par la faiblesse de l'œuvre, la soprano Fritzi Scheff fit de nouvelles demandes chaque jour. Elle n'aimait pas sa chanson de valse. Herbert, de façon inhabituelle, lui en a écrite une nouvelle, puis l’a envoyée à Smith pour qu'il la dote de paroles. Cela donna "Richer Than Gold", la chanson la plus forte de la partition. Fritzi Scheff exigea alors un nouveau chef d’orchestre, quelqu’un qui pourrait communiquer avec elle en allemand, puisque son anglais ne s’était pas beaucoup amélioré. Les Shuberts ont écrit à Herbert, qui a répondu:
3 août 1911
Monsieur Schubert, [avec cette orhtographe fautive],
J’ai remis pour vous une lettre à M. Arthur Lautzenbach. Il pourrait être l’homme qu’il vous faut pour Mme Scheff. Il est bon musicien (il était membre de l’Orchestre symphonique de Boston), un splendide pianiste et parle allemand. Il a dirigé pour Grace van Stittiford l’an dernier et "s’est bien débrouillé" d’après ce que j’ai entendu. Tous les nouveaux numéros de "Rosita" [titre initial] sont bons et amélioreront sans aucun doute énormément la pièce.
Cordialement,
Victor Herbert
La pièce, qui ne s'est pas "énormément améliorée" malgré les mots optimistes d’Herbert, a fait ses débuts au Lyric Theater le 16 octobre 1911 et a donné lieu à l’un des discours les plus étranges de l’histoire des œuvres d’Herbert. Fritzi Scheff s’est approchée du rideau et a supplié le public de l’aider.
« Vous savez que, depuis Mlle Modiste, nous n’avons eu que de la malchance. Aidez-nous à faire de ceci un succès. Si seulement vous saviez à quel point nous avons beaucoup travaillé. M. Herbert, les acteurs, l’orchestre et tous les autres. M. Herbert est un homme si bon qu’il mérite des encouragements. S'il vous plaît, encouragez-le. »
"The Duchess Promising" - Billboard - 17 octobre 1911
Tout cela est arrivé ... avant les avis de la critique. Fritzi Scheff a reçu des éloges pour sa prestation. Le New York Times a écrit qu'elle était "plus délicieusement piquante et charmante que d’habitude". Elle était "étincelante et vivifiante", elle avait "l’intelligence et le charme"... Le journal rapporte qu'elle fait son entrée au premier acte avec un âne miniature (Charles Darnton dans le New York Evening World a observé que l’animal avait "un réel intérêt pour la scène, mais pas d’oreille pour la musique") et, plus tard, au troisième acte, avec deux chiens-loups.
Mais si les critiques étaient tombés sous le charme de Scheff, ils ont été plus contenus quand il s’est agi du livret et de la partition, même si cette dernière a été moins mal jugée que la première. The Times a noté que le premier acte était « particulièrement triste »; James S. Metcalfe du Buffalo Evening News a déclaré que le spectacle était « construit d'une manière totalement conventionnelle », que le livret présentait des signes d' « épuisement intellectuel », et le résultat était une soirée qui n’était pas « mauvaise » mais « tout simplement ordinaire » ; le Sun a dit que le livret était «en deçà des attentes» avec un humour «bancal» et le Washington Post a trouvé l’œuvre «handicapée par un stupide livret», et a souligné qu’il n’y avait «aucune excuse pour cette stupidité».
Et pourtant, quelle équipe! Victor Herbert! Fritzi Scheff! Les frères Shubert!
Et rien n'a pu empêcher ce flop!
Après les déceptions de When Sweet Sixteen et The Duchess (qui avaient tous deux été créés à Broadway pendant les cinq semaines précédant l’ouverture de The Enchantress - 3 œuvres en 5 semaines, c'est totalement déraisonnable), Victor Herbert a connu une pause dans ses échecs avec The Enchantress, qui s'est joué plus de cent représentations avant un US-Tour et un retour à New York pour un bref engagement.
Pour expliquer la particularité de cette œuvre, autorisons-nous une petite digression. Le 12 juin 1911, lors de la cérémonie de remise des diplômes, l’université de Villanova a décerné à Victor Herbert son premier et seul diplôme honorifique: Docteur en musique. Le discours prononcé en son honneur allait sans doute au-delà de ce qui était raisonnable:
« Le plus grand musicien de ce siècle qui a fait plus pour le public américain que n’importe quel homme depuis des années. L’Offenbach d’Amérique! Combien les mélomanes et les amateurs de théâtre doivent à Victor Herbert, ses mélodies exquises et sa direction magistrale d’orchestres. M. Herbert a une belle grosse tête et elle est pleine de musique et d’harmonie. Tous les honneurs au maître. »
Discours rapporté dans le New York Telegraph du 13 juin 1911
Ce discours fut très certainement un grand moment de fierté pour Victor Herbert ... et peut-être un instant fatal pour The Enchantress. Après cet hommage, il s'empressa de rentrer chez lui à Lake Placid pour se lancer dans la composition de The Enchantress. Sa librettiste était Frederika de Gresac, qui avait contribué aux scènes francophones de The Red Mill et qui était mariée au baryton de renommée internationale Victor Maurel. Le couple habitait Paris et faisait partie du gratin parisien. Elle faisait partie de cet "Ancien Monde européen" qui n'allait pas tarder à s'effondrer avec la Première Guerre Mondiale. Elle était imprégnée dans chaque fibre de son être du monde des privilèges héréditaires. Le parolier Harry B. Smith a essayé de capturer cet esprit. Pour les mêmes raisons, Herbert, a composé un bonbon viennois, plein de valses et de mélodies romantiques.
Mais Victor Herbert n'a pas compris ce qu'il faisait. Il a même déclaré: « J’ai décidé de ne tenir aucun compte de toute influence étrangère et d’écrire dans un style franc, américain, plein de fraîcheur et de vitalité. » La partition n'a rien d'américain. Certains ont même affirmé qu'Herbert n'a dit cela que pour la promotion de l’œuvre pour son public de Buffalo. En réalité, rien n'était américain. Sa vedette, Kitty Gordon, une blonde britannique statuesque plus célèbre pour porter une robe dorée qui révèle son magnifique dos que pour sa voix, avait un type européen.
Le spectacle a été testé en try-out pendant une semaine à Washington D.C., avant sa première à New York au New York Theater. Peut-être était-ce symbolique, car ce lieu était devenu un palais pour cette forme d’art typiquement américaine: le film muet. Mais pour The Enchantress, il avait été reconverti en théâtre. Il y a eu un US-Tour à Rochester, Buffalo, Boston et Chicago. Contrairement à son habitude, Herbert à tenu à diriger les Premières dans chacune des villes en tournée et il en a profité pour donner d’innombrables interviews. Mais cela n'a pas suffi. Peut-être que s’il avait écrit cette partition dix ans plus tôt, elle aurait été mieux accueillie. Il s’agissait définitivement d’une pièce d'une forme ancienne, l’une des rares créations "non reprenables" même si la partition de Herbert est attrayante ... Mais vieillotte.
Le New York Times a trouvé cette partition « très agréable », a loué la danse, « de bonnes voix », « un très bon casting » et l’a qualifiée d’un divertissement musical qui plaira aux gens qui ne s’opposent pas à entendre une bonne musique légère. Mais malgré cela, le critique avait des doutes sur les chances de succès auprès du grand public, car il a conclu: "Si les gens en grand nombre ne vont pas voir 'The Enchantress' ce sera leur perte."
The Herald a déclaré qu’Herbert avait écrit des "valses qui seraient applaudies même à Vienne". En fait il se trompait. Au lieu de "même" il aurait dû employer le mot "surtout". Le New York Telegraph a souligné que Herbert avait osé "oublier bon nombre de ses efforts précédents" de donner ses lettres de noblesse à l'opérette américaine. En effet, malgré ses affirmations publiques, Herbert avait abandonné sa quête de la forme américaine dans l’opérette, et il l’avait fait consciemment. Il ne pensait pas seulement à Vienne. Bayreuth l’appelait. Victor Herbert a d'ailleurs avoué qu’il avait suivi la méthode wagnérienne dans sa composition de The Enchantress. C'est peut-être aussi ce qui rend cette œuvre un peu "scolaire".
The Lady of the Slipper, or A Modern Cinderella s’inspire du conte de fées de Charles Perrault sur la pauvre Cendrillon (Elsie Janis) qui, par l’intervention bienveillante de sa marraine (Vivian Rushmore), une bonne fée, va à un grand bal au palais voisin et capture le cœur du jeune et beau prince (Douglas Stevenson). Mais les circonstances l’obligent à quitter le bal et elle laisse accidentellement derrière elle un signe de son identité sous la forme d’une pantoufle en verre. Il s'agit bien d'une "Cendrillon moderne" car le spectacle se déroule dans l'époqie contemporaine, intégrant des références sociales à des grèves ou proposant des imitations par Elsie Janis de stars de l'époque de Broadway comme John Barrymore ou Fritzi Scheff.
La comédie musicale devient l’un des plus grands succès de la saison avec 232 représentations à son actif. Mais ce n’était pas un simple spectacle de Cendrillon, et bien plus qu’un spectacle avec musique de Victor Herbert, et bien plus qu’un spectacle mettant en vedette le duo de comiques de Dave Montgomery et Fred Stone, et bien plus qu’un spectacle avec la révélation d'une star, Elsie Janis. C'était tout cela en même temps.
L’histoire de Cendrillon racontée dans le livret de Laurence McCarty et Anne Caldwell, a fourni à Herbert d’énormes occasions d’élargir sa palette musicale. Il y avait:
- une grande valse pour Cindy et son prince ("The Princess of Far Away");
- des trios comiques et des duos dans le style du Vaudeville ("Like a Real, Real Man", "A Little Girl at Home");
- une évocation imaginative de la nuit d’Halloween ("Les jeux d’Halloween");
- un voyage sauvage au château dans une voiture tirée par quatre poneys blancs;
- des numéros de caractères pour Montgomery et Stone ("Bagdad," "The Punch Bowl Glide")
- un ballet élaboré
Avec un tel stimulus à son imagination, Herbert a produit l’une de ses partitions les plus excitantes et variées. Il l’a jouée devant la troupe au Globe Theater le premier jour de répétition.
« Il y avait de l’électricité dans l’air. Le duo comique "Montgomery et Stone" ne voulait pas partager la vedette avec moi pas plus que je ne voulais partager le succès avec eux. Lors de cette première répétition, Dave [Montgomery] et Fred [Stone] étaient extrêmement polis. Je ressemblais à un chiot ambitieux, qui s’efforçait de plaire mais avec un œil sur l’épaisseur de mon rôle. Le script a été lu et il était évident que Fred, Dave et moi avions des participations équilibrées.
Nous avons commencé à répéter et en deux jours, Fred, Dave et moi travaillions ensemble comme trois vaudevilliens qui essayaient de s’introduire dans le Palace. Dès la première représentation à Philadelphie, il y avait peu de doutes sur le succès de notre "spectacle à trois stars". C'était merveilleux de travailler avec Montgomery et Stone. »
D«So far, so good» - Elsie Janis
La première série de The Lady of the Slipper s’est jouée au Globe Theatre du 28 octobre 1912 au 17 mai 1913, pour 232 représentations. Et cela a été un vrai jackpot pour Herbert. Le New York Herald rapporte que ses droits d'auteur oscillaient entre 400$ et 500$ par semaine (12.000€ à 14.800€ d'aujourdhui). Et cela, sans tenir compte de la vente des partitions! Après Broadway, la troupe est partie dans un US-Tour qui comprenait des arrêts à Rochester, Buffalo, Chicago, Cleveland et St. Louis.
Dès sa première représentation, les commentaires ont été élogieux : «Une telle association entre Elsie Janis, la musique de Victor Herbert et les extravagances de Montgomery et de Stone était vouée au succès. Cependant, c’est grâce à l'harmonie charmante de ces éléments que cette production a connu un triomphe retentissant.» Le critique a ensuite loué le «spectacle merveilleux avec des images toujours différentes, chacune plus élaborée que la précédente.» Parmi celles-ci, le final du deuxième acte, "Drums of the World", est l’une des créations les plus originales de Victor Herbert. Alors que Cinderella disparaît à minuit, le prince ordonne à tous ses courtisans, menés par Montgomery et Stone en pleine livrée, de fouiller le monde entier pour trouver la princesse, et ce, jusqu’à ce qu’elle soit retrouvée. Il s’ensuit une recherche prenant la forme d'un ballet élaboré accompagné d’instruments de percussion représentatifs des cinq continents: Tom Tom amérindien; timbales africaines; Mridangams des Indes; gongs de l’Extrême-Orient; tambours militaires; cymbales turques. Ce fut un final vraiment grandiose.
Nous allons voir que les futures œuvres de Victor Herbert allaient de plus en plus intégrer la dance.
Quelques critiques de la série à Broadway:
« "Le sensationnel succès de la saison." — New York Sun
"Enorme fracassant succès." — New York Evening World
"Le meilleur spectacle musical de Broadway depuis que Peter Stuyvesant a acheté sa jambe de bois." — New York Herald
"Les enfants vont adorer." — New York Mail
Et quelques critiques de l'US-Tour:
"Le spectacle vaut 2,50$, même celui de la réserve pour un long hiver froid." — Chicago American
"Hurrah! Le grand spectacle est arrivé!" — Chicago Inter-ocean
"Une explosion parfaite de jeunesse et de beauté" — Chicago Examiner
"Si des spectacles valent 1,5$, 'The Lady of the Slipper' vaut 10$." — Percy Hammond in the Chicago Tribune »
Les enfants, en particulier "l’adoraient". Pour l'anecdote, signalons une jeune fille qui, grâce à ce spectacle, a commencé une histoire d’amour avec le théâtre musical qui s’est terminée de manière très spéciale.
« Pendant la série de The Lady of the Slipper à Broadway, un millionnaire populaire et ses deux enfants ont occupé une loge lors de nombreuses matinées du samedi. Le producteur Charles Dillingham se souvient qu'il avait l’habitude de conduire les enfants dans les coulisses à la fin du premier acte où Elsie Janis en tant que Cendrillon se rendait au bal derrière quatre poneys blancs. Il a laissé les enfants monter avec Elsie. Ces deux enfants étaient John et Ellin Mackaye. Ellin a grandi et est devenue Mme Irving Berlin. »
C’est lors de l'US-Tour à Boston que Montgomery et Stone ont organisé la plus élaborée des fêtes de Noël pour lesquelles ils étaient célèbres.
« Nous avons transformé la scène. Il y avait deux tables en forme de demi-lune et plusieurs autres plus petites, chacune dressée pour le souper. Upstage était une petite plate-forme avec un rideau et des projecteurs. Pendant le dîner, nous avons été divertis par des numéros de Vaudeville. Puis les machinistes ont présenté une scène de Hamlet. Elsie Janis a fait quelques-unes de ses imitations brillantes et j’ai joué le rôle d’un ventriloque, en utilisant un mannequin vivant: un nain du casting. »
Mémoires non publiées de Charles Dillingham
Avec de tels comportements, nous pouvons être sûrs que de tous les spectacles d’Herbert, c'est celui-ci qui a donné le plus grand plaisir à la distribution, aux créateurs et au public. Ce fut le genre d’expérience qui a laissé à tous un magnifique souvenir, empli de tendresse. Il y aurait d’autres productions plus importantes, mais The Lady of the Slipper fut le dernier spectacle de Herbert à plaire aux enfants émerveillés. Quand il a fermé, une ère qui avait commencé avec The Magicien of Oz s’est refermée.
Il faut dire que Woodrow Wilson avait été élu Président des Ztats-Unis le lendemain de l’ouverture de The Lady of the Slipper. Et moins d’un an plus tard, le monde serait en guerre. Le théâtre, lui aussi, allait perdre son goût de l’innocence et du charme. Fin d'une époque...