Histoire de la création: versions de Blood Brothers
Blood Brothers, l'une des comédies musicales les plus jouées dans le West End de Londres et un énorme succès dans le monde entier, de Broadway à l'Australie, a commencé - comme toutes les meilleures choses de la vie - plutôt plus humblement que l'énorme succès qu'elle est devenue.
Après cette amère expérience londonienne, un succès interrompu, tout aurait pu s’arrêter là pour Blood Brothers. Ce n’était pourtant que le tout début. Willy Russel a une formule laconique pour qualifier cette période de doutes: «Blood Brothers refused to die!»
1984: tournée au Royaume-Uni et en Irlande
Dès la fin 1983, les droits ont été cédés à différents théâtres et compagnies au Royaume-Uni qui désiraient monter leur version de Blood Brothers. De nombreuses versions ont aussi été montées à l'étranger.
Une tournée a aussi été initiée à travers le Royaume-Uni et l’Irlande (un ‘UK & Ireland Tour’ comme on dit là-bas). Elle a été produite par Robert Fox, en association toujours avec Bob Swash.
Des auditions ont été organisées et la toute jeune Rebecca Storm – âgée alors d’à peine 23 ans – a été choisie pour incarner le rôle de Mrs Johnstone. Elle est aujourd’hui considérée comme la ‘First Lady du théâtre musical irlandais’. Et juste à titre indicatif, elle va encore reprendre à Dublin en 2020, 37 ans plus tard donc, le rôle qui a fait d'elle une star.
En 1984, un matin humide de février, Rebecca Storm a pris un bus de Leeds la menant au Palace Theatre de Manchester. Une énorme file d'attente serpentait autour du bâtiment. Comme les 500 autres femmes qui s'étaient inscrites, Rebecca Storm (née Elizabeth Hewlett) était là pour auditionner pour un rôle dans le musical Blood Brothers de Willy Russell.
«C'était ma toute première audition et je n'avais jamais entendu parler de ce musical, ni de Willy Russell, et si j'avais su pour quoi j'auditionnais, je n'aurais jamais osé me présenter. J'avais juste vu une annonce disant qu'ils voulaient quelqu'un âgé de 24-40 ans, quelque chose comme ça, pour un nouveau musical. Même si j'étais trop jeue, j'ai tenté ma chance... Et cela a changé ma vie.»
REBECCA STORM
Elle était sur le point d'être rejetée pour des raisons d’âge; mais Willy Russell a vu sa présence sur scène, a entendu sa voix et a été captivé. Les costumes et le maquillage permettraient de résoudre le problème de l’âge en vieillissement l’actrice, a-t-il dit fermement. Et Rebecca Storm a été engagée. Elle rit souvent de cette aventure…
«J'ai chanté la chanson The Second Time, que Tim Rice avait écrite pour Elaine Paige. Willy dit souvent que j'ai obtenu le rôle uniquement parce que j'étais la seule fille qui n'a pas chanté Memory. (Rires)»
REBECCA STORM
Mais elle n'a pas toujours rigolé...
«Je n'avais aucune idée de l'ampleur du rôle. Et quand je l'ai su, j'étais tout simplement terrifiée. Nous avons répété à Nottingham pendant six semaines et chaque jour, à l'heure du déjeuner, je sortais tout seule avec le texte pour travailler, travailler et travailler encore. J'ai appris toute la pièce par cœur.»
REBECCA STORM - Irish Examiner (2014)
Récoltants des critiques dithyrambiques pour Mme Johnstone, Storm a été catapultée dans le monde du théâtre musical, jouant quelques-uns des rôles les plus exigeants écrits pour les femmes: Eva Peron dans Evita, Fantine dans Les Misérables, Grizabella dans Cats, Florence dans Chess, Rose dans Aspects of Love, mais aussi plus Edith Piaf, Jeanne d'Arc, et beaucoup d’autres.
Comme nous l'avons dit, au printemps 2020, Rebecca Storm reprendra une fois de plus son rôle de Mme Johnstone. 35 ans plus tard. Ici encore, elle est très réaliste.
«Je me sens tellement plus à l’aise aujourd’hui pour parler de l'amour d'une mère. J’ai eu la même chose avec Les Misérables. J’étais très bien quand je chantais la chanson de Fantine 'I Have a Dream' en 1998, mais aujourd’hui cela signifie tellement plus pour moi… Je me sens plus forte avec la maturité.»
REBECCA STORM - Irish Examiner (2014)
Ce spectacle est définitivement à part...
«D’habitude, je suis incapable de parler à personne pendant un long moment après la fin du spectacle. Ce n’a jamais été le cas avec Blood Brothers tellement la réponse du public est importante. Tout y est tellement vrai. Je suis si fière d'avoir fait partie de l’aventure de ce spectacle. Et ce n'est pas un spectacle juste pour les femmes, les hommes l’adorent aussi. C'est une foutue bonne histoire.»
REBECCA STORM - Irish Examiner (2014)