Histoire de la création: versions de Blood Brothers

Blood Brothers, l'une des comédies musicales les plus jouées dans le West End de Londres et un énorme succès dans le monde entier, de Broadway à l'Australie, a commencé - comme toutes les meilleures choses de la vie - plutôt plus humblement que l'énorme succès qu'elle est devenue.



Enfin à Londres mais... quelle amertume!

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Programme du spectacle

Après ce très bel accueil à Liverpool, le spectacle fut transféré à Londres, dans le West End, au Lyric Theatre (le même théâtre où s'était joué pendant un an le John, Paul, George, Ringo ... & Bert de Russell en 1974). C'est une démarche assez classique pour les spectacles à succès créés en province ou dans de plus petits théâtres à Londres. Le producteur est toujours Bob Swash.

A Londres, en dehors de quelques producteurs qui disposent de leurs propres théâtres, la plupart des producteurs indépendants sont obligés de louer un théâtre pour y jouer le spectacle qu'ils désirent présenter au public. Un producteur loue donc un théâtre pour une certaine période. Si c'est un succès, il peut essayer de prolonger son bail. Mais à Londres, le nombre de spectacles en attente de trouver un lieu de représentation est tel qu'il n'est pas rare que les propriétaires d'un théâtre louent leur lieu pour une période future alors que le spectacle suivant n'est pas encore terminé, l'empêchant ainsi de prolonger.

La presse du spectacle va être excellente:

«Willy Russell a conçu une comédie musicale aussi professionnelle que «West Side Story», mais beaucoup plus spirituelle et détonante. Un conte au sujet de la lutte des classes qui brille par un humour libérateur et une partition musicale avec une intensité lyrique.»

Gerad Dempsey - Daily Express, 13 janvier 1983

 

«Il y a rarement eu autant de joie dans du chagrin et autant de rires dans une tragédie que dans le musical «Blood Brothers» de Willy Russell ... Son histoire a la simplicité du mythe.
«Blood Brothers» est sans aucun doute la chose la plus excitante qui soit arrivée au théâtre musical anglais depuis des années.»

Ned Chaillet - The Wall Street Journal, 22 avril 1983

 

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Le public accueille chaque représentation par une 'standing ovation', marquant son enthousiasme face à ce nouveau musical. Mais durant les six premières semaines, les salles ne sont pas complètes et les directeurs du Lyric Theatre, inquiets de l'avenir du spectacle, décident de signer un contrat de bail pour un nouveau spectacle juste après la fin prévue de Blood Brothers, fixée quelques mois plus tard: le samedi 22 octobre 1983. Et donc, le mercredi 26 octobre 1983, la pièce de théâtre Pack of Lies prendra le relais de Blood Brothers sur la scène du Lyric Theatre.

Mais, ironie du sort, après ses 6 premières semaines un peu difficiles, le bouche-à-oreille s’amorce et le spectacle se joue devant des salles complètes. Des ‘standing ovations’ tous les soirs. Blood Brothers reçoit le prestigieux Olivier Award 1983 du meilleur musical et Barbara Dickson – qui joue Mrs Johnstone – gagne le Olivier Award 1983 de la meilleure actrice dans un musical. Tell Me It's Not True, chantée par Barbara Dickson, est abondamment diffusée sur les ondes de la radio. Le spectacle est devenu un des gros succès de l'année mais va devoir s'arrêter puisque toute prolongation est impossible, le théâtre ayant été loué - par excès de prudence - à un autre producteur. La première aventure londonienne de Blood Brothers aura duré 6 mois ou 224 représentations ... seulement. Cela fut une énorme déception pour l'équipe d'arrêter un spectacle qui se jouait à guichets fermés. Amertume. Willy Russell ne peut être plus clair:

 

«Cela m'a toujours semblé une affaire inachevée...»

WILLY RUSSELL


Il n'y a pas que pour Willy Russell que ces 3 mois de représentations à Liverpool puis ces 6 mois à Londres ont été inoubliables. Barbara Dickson est tout asussi claire à ce sujet, gagnée par la nostalgie:

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«Nous avons créé le spectacle en janvier 1983. Au début, j’étais épuisée. Je sortais d’une année ou j’avais enchainé deux tournées de concerts mais j’ai trouvé le spectacle à la fois exaltant, en raison de la réponse étonnante du public et de la presse, mais aussi très fatigant. Enchaîner huit spectacles par semaine, émotionnellement, c’était nouveau pour moi. Nous avons joué pendant 3 mois au Liverpool Playhouse. Le jour où je suis partie de là-bas, je connaissais la moindre brique de ce théâtre. Lors de la dernière scène du spectacle, je devais entrer par l’arrière de la salle. Je devais donc me cacher juste hors de la vue du public. Les ouvreuses du théâtre en profitaient toujours pour gentiment me parler alors que j’essayais désespérément de rester concentrée dans le caractère de mon personnage, sautant d’une sur l’autre pour garder mon énergie. J’essayais de me rappeler des choses tristes de ma propre vie, pour aborder cette dernière scène remplie de désespoir et affronter la tragédie qui allait me séparer à jamais de mes jumeaux. Quel drôle de boulot!
Après la série de Blood Brothers à Londres, je suis revenue au Playhouse Theatre de Liverpool pour une série d’une quinzaine de concerts. C'était sold out tous les soirs et pourtant c’est sans doute l'une des rares fois que le Playhouse Theatre a accueilli une série de concerts.
Je me suis fait beaucoup d'amis dans les vieux murs du Playhouse. Et 9 ans après avoir chanté dans John, Paul, George, Ringo ... & Bert, j’y ai renoué avec Willy Russell, le magnifique. Quel bonheur d’entendre son rire dans la salle plongée dans l’obscurité pendant une répétition technique. Ma mère et mon père sont venus à la première de Blood Brothers. Ma mère a été tellement emportée par le spectacle, qu'elle n’a pensé à aucun moment que sa fille était en scène. Cet aveu était un énorme compliment de sa part. Wendy Murray, la marraine de mon fils Gabriel, jouait Mme Lyons. Elle était fantastique. Des gens nous abordaient souvent en ville me demandant: «Comment pouvez-vous parler à cette femme, après ce qu'elle a fait?» C'était à chaque fois un grand plaisir pour nous deux.»

BARBARA DICKSON
© Liverpool Playhouse: A Theatre and Its City - Ros Merkin - Liverpool University Press


Blood Brothers, cependant, allait refuser de mourir.