Un hymne à la tolérance et à la vie servi par une magistrale interprétation d’Itsik Elbaz et de Janine Godinas
Le chef d'oeuvre de Romain Gary, récompensé d'un Goncourt en 1975, est un hymne à l'amour, un éloge à la vie pour tous ceux qui pensent que quels que soient les aléas de l'existence, d'où qu'on soit, où qu'on aille, on a toujours la vie devant soi.
Momo, 10 ans, vit depuis tout petit chez Madame Rosa, une ancienne prostituée. Rosa, c'est la seule maman qui lui reste à Momo. Il y a bien son père qui débarque un beau jour pour l'arracher à sa nouvelle vie... mais repart aussitôt en croyant que Momo, son enfant musulman, est devenu juif! Et puis, après tous ceux qu'elle a recueillis et élevés dans le quartier, Momo, c'est le dernier enfant qui lui reste à Rosa, elle ne veut pas le voir partir. Même si ce n'est pas vraiment le sien, il est son souffle de vie le petit... alors oui, entre la vieille dame juive et le petit musulman c'est une histoire d'amour qui se tisse au quotidien, qui les lie l'un à l'autre avec tendresse, avec ironie mais surtout avec une fidélité féroce, sauvage, pour faire face au monde qui gravite autour de leur petit univers cocasse... Ils vont être ensemble, complices, jusqu'au bout de la vie.
N'y allons pas par quatre chemins : La vie devant soi au Public est un cadeau, à chambouler chacun! Les raisons ? Un texte, des comédiens, un juste équilibre de la scène. Alors, forcément, on rit et on pleure. Et ce texte redoutable, sans gras ni complaisance, dépasse de loin d'autres œuvres sur ce même sujet, dans le même registre.
Janine Godinas est Madame Rosa, des pieds à la tête, immense, poignante, en parfait équilibre des multiples couches qui l'habitent, toutes perceptibles sans une once de « théâtre ». (…) Une formidable complicité l'unit à Itzik Elbaz, à la fois récitant de cette histoire à l'avant-scène et interprète de Momo. Pas facile de se glisser dans la peau d'un enfant/adolescent, ce qu'il réussit avec son grand corps mince, ses longues mains qui trahissent admirablement son désarroi, son amour, ses révoltes. Une boule de nerfs, Momo, submergé d'émotion.
Rien, dans la mise en scène de Michel Kacenelenbogen, qui détourne du corps, de la voix des comédiens. C'est un art, pas un défaut.
Le Soir - 6/9/2011 - Michèle Friche
Comment traduire ma jubilation, mon exaltation, mon bonheur du théâtre et celui de l'acteur à la vision de cette pièce jouée qui - plus est - d'une telle façon exceptionnelle! (...) C'est génial ! C'est fantastique ! C'est merveilleux ! C'est lumineux ! C'est puissant ! C'est d'une intensité dramatique parfaite, solide ! C'est à la fois drôle, tendre et émouvant ! C'est une leçon souveraine et magistrale de théâtre ! Le Théâtre, le Vrai, le Grand Théâtre! (...) On ressent beaucoup d'amour pour ces deux artistes. Ils nous bouleversent durant les deux heures du spectacle!
Je connais Janine Godinas depuis un très long moment, je l'ai applaudie dans tous ses rôles. (...) Et dans ce rôle, elle fait une étonnante composition.
Elle ne joue pas un personnage. Elle l'incarne à un tel point, une telle justesse, une telle profondeur que , nous spectateurs dans la salle, oublions la comédienne et voudrions monter sur le plateau pour être plus près de cette « vieille prostituée » et ce « jeune gamin de 14 ans » !
Cinemaniacs - Roger Simons
"La Vie devant soi", roman d’un certain Emile Ajar, prix Goncourt en 1975, c’est l’histoire extraordinairement optimiste et têtue d’une amitié contre vents et marées, contre même l’Histoire qui balaie tout, entre une vieille dame juive et un petit garçon musulman. L’histoire d’un lien tissé au quotidien, avec tendresse et ironie, opiniâtreté et fidélité, générosité et cocasserie, jusqu’au bout de la vie.
Consulter article completLa Libre Belgique - Marie Baudet - 31 août 2011
La mise en scène de Michel Kacenelenbogen s’appuie sur deux interprètes idéaux, une très grande Jeanine Godinas, incarnant Rosa, sensible et vacharde, selon les cas, et Itsik Elbaz qui, dans le rôle de Momo, incarne, sans invraisemblance, à 34 ans, ,un narrateur adulte et un gamin de 10 à 14 ans, selon l’imagination de sa roublarde mère adoptive. Un duo épatant, jouant avec naturel et conviction ce joli mélo, bâti sur les bons sentiments et la croyance en un possible dialogue entre juifs et musulmans, dans le respect, la bonne humeur et même l’amour. (...) Autre morceau d’anthologie, très bien agencé: la mort de Rosa, dont le médecin, ici l’excellent Benoît Van Dorslaer hésite à faciliter l’euthanasie.
Consulter article completRTBF - Cfhristian Jade - 28 septembre 2011
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Roman Kacew naît en 1914 à Wilno (Vilnius) en Lituanie qui faisait alors encore partie de la Russie impériale. Il est le fils d’un marchand juif de peaux et fourrures, Arieh Kacew, et de Mina Owczynska, qui aurait été actrice… Rien n’est moins sûr ; le flou artistique qui entoure la vie du petit Roman débute donc avant même sa naissance. En 1925, Arieh quitte femme et enfant et Mina élève seule son fils unique sur lequel elle fonde les espoirs les plus fous de grandeur et de gloire, elle qui ne fut jamais la grande comédienne qu’elle avait tant rêvé d’être. Sous diverses formes, elle sera le personnage souvent central de bien des œuvres de Gary, et la Madame Rosa de La Vie devant soi doit beaucoup à cette figure de mère juive, forte et angoissée à la fois, lionne défendant son petit contre le monde entier et ne doutant jamais qu’il deviendra un grand fauve admiré de tous. Mina, malgré les difficultés financières, élève donc Roman comme s’il était un prince, l’éduquant notamment dans l’amour de la France. Cette France lumière du monde, terre promise de liberté et de culture, berceau des grands poètes, patrie des arts. Fuyant les pogroms du communisme, elle l’emmènera à Nice où ils s’installent en 1928. Roman, qui est devenu Romain, a 14 ans. Il fait ses études au lycée de la ville tandis que sa mère parcourt les grands hôtels de la Riviera cherchant à fourguer aux richards de passage les pièces que lui confient quelques bijoutiers et antiquaires de Nice. Elle finira par s’offrir une pension de famille, l’hôtel Mermonts, qu’elle gèrera d’une main ferme et douce à la fois jusqu’à sa mort.
Suite
Le tissu urbain le plus ancien encore existant date de la fin du XIXe siècle. À cette époque, la population ouvrière augmente fortement notamment dans les faubourgs qui entouraient la ville et qui sont inclus dans son périmètre après 1860. Le nouveau tissu urbain est né sur un terrain précédemment cultivé en vignoble. Les parcelles ont d’ailleurs, encore aujourd'hui, une forme étroite et profonde, et sont disposées transversalement à la pente du terrain, selon la vieille orientation des vignobles.
L'habitat originel du faubourg est souvent caractérisé par sa mauvaise qualité générale. Une construction effectuée avec des matériaux peu coûteux en est à l'origine. Par la suite, le faible entretien apporté par les propriétaires, qui n'avaient pas de ressources suffisantes dans un quartier à tissu social traditionnellement défavorisé, n'a guère contribué à une bonne conservation.
La densification du quartier étant à son maximum, le mouvement immobilier de Belleville devient très faible, voire inexistant, pendant la première moitié du Xxe siècle. Ce ralentissement de la construction explique aussi les mauvaises conditions de conservation du quartier au début des années 1960.