Une comédie brillante et acide irriguée
par une belle joie de vivre et d’aimer librement
«Un mari idéal» est considéré comme l’un des chefs d’œuvre du théâtre anglais. Mais attention, dans cette comédie brillante, rien n’est jamais tout à fait comme l’on pense. L’homme parfait porte son secret. Son épouse parfaite, évidemment bonne chrétienne, s’avère tout à coup incapable de comprendre et de pardonner. L’aventurière sans scrupule se révèle sincèrement éprise du dandy et celui-ci est en fait l’homme le plus honnête de tout ce petit monde, ayant pour principal défaut l’habitude de toujours dire exactement ce qu’il pense.
Jubilatoire et drôle
"Un mari idéal" (An ideal Husband) fut représenté pour la première fois en janvier 1895, deux mois avant qu'Oscar Wilde ne se décide à intenter au Marquis de Queensberry le procès qui le contraindra à l'exil. Wilde est alors au sommet de son talent et de sa gloire.
Et c’est avec humour et poésie qu’Oscar Wilde s’en prend, avec cette comédie, aux vices de la société victorienne du tournant du siècle, cynique et décadente. Il tend à l’aristocratie et à la bourgeoisie britannique un miroir dénué à la fois de complaisance et de cruauté.
Il faut toujours se méfier des gens irréprochables. Ils cachent souvent l’un ou l’autre secret. C‘est en tout cas l’une des théories d’Oscar Wilde qui avait une évidente connaissance de la nature humaine.
Dans « un mari idéal », il met en scène un homme politique dont l’ascension a été fulgurante et qui semble promis aux plus hautes destinées. Mieux encore, cet homme qui aime le pouvoir est aussi un authentique honnête homme, vouant sa vie à la politique et pratiquant celle-ci avec un réel sens de la justice et du bien commun. Mais … il y a évidemment un mais. Alors que Sir Robert Chiltem (c’est son nom) est partout montré en exemple, une femme se présente chez lui et lui propose un marché : soit il soutient une vaste escroquerie...soit elle rendra publique une lettre écrite vingt ans plus tôt par laquelle il livrait un secret d’état qui allait lui permettre de bâtir sa fortune. Chiltern, l’honnête homme, le politicien sans reproche, le mari idéal, voit le sol se dérober sous lui.
Comment éviter le scandale? Comment défendre un projet qu’il combat depuis toujours? Et surtout, comment avouer l’unique écart de sa vie à celle qui est aujourd’hui son épouse plus que parfaite?
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Oscar Wilde est l'un des plus grands écrivains anglais. Installé à Londres, il choque la société mondaine par ses extravagances, son cynisme et ses pièces de théâtre, sont souvent interdites de représentation. Mais c'est son roman, Le portrait de Dorian Gray, qui lui assure le succès. A l'heure où l'homosexualité est punie par la loi, la relation passionnée qu'il entretient avec Lord Alfred Douglas le conduit à purger deux années de travaux forcés.
L'épreuve subie trempe son talent. De profundis, lettre écrite en prison, et Ballade de la geôle de Reading, composée en France après sa libération, sont deux œuvres déchirantes, parmi ses plus belles. Elles comptent beaucoup dans la place qu'Oscar Wilde occupe aujourd'hui dans le cœur du public. Tombé par amour pour quelqu'un qui ne le valait pas, il a vécu une tragédie qui a révélé la profondeur de son talent, son élégance, sa bonhomie et, même, sa bonté. A sa sortie, c'est un homme brisé qui rejoint son amant en Italie. Il est enterré au Père-Lachaise.
Dans les années 1880, Oscar Wilde vient à Paris. Il est à la mode, salons et célébrités se l'arrachent. Le comédien Coquelin Aîné, grande vedette, futur créateur de Cyrano, est très fier de noter dans son journal sa conversation avec le poète:
«Qu'est-ce que la civilisation, Mr. Wilde?
- L'amour de la Beauté.
- Et qu'est-ce que la Beauté?
- Ce que la bourgeoisie trouve laid.
- Et qu'est-ce que la bourgeoisie trouve beau?
- Cela n'existe pas.»
Oscar Wilde n'est rosse et cruel qu'en apparence, car on trouve chez lui une gentillesse qui révèle un cœur généreux et fraternel. Voilà pourquoi ce snob est devenu populaire et compte près de 600.000 amis sur Facebook, un peu moins que le prince Harry (700.000), mais beaucoup plus que la reine ou le duc de Cambridge.