Le retour de Zidani
Ca y est on connaît le nom de la nouvelle préfète de Ste-Jacqueline de Compostelle: Arlette Davidson! Seulement voilà, après 15 ans d’une direction «sévère mais juste», la succession de Célestine Bernstein risque de ne pas être simple pour cette farouche défenderesse de Françoise Dolto et du Dr. Decroly.
Passation de pouvoir à Sainte Jacqueline de Compostelle. Célestine Bernstein l’ancienne préfète est gentiment mise à la retraite. Désabusée, mais lucide, elle crie son désespoir et sa révolte avant de s’éclipser. Cri poignant, cette diatribe émouvante lance les thèmes du spectacle : l’enseignement à deux vitesses, les dérives du décret inscriptions, la pléthore de directives idiotes qui ne sont souvent qu’emplâtres poisseux déposés sur une jambe de bois mité, démotivation du corps enseignant, décrépitude des locaux, ghettos…
Fortement applaudi, ce monologue pudique et percutant sonne l’arrivée d’Arlette Davidson et de ses méthodes pédagogiques qui risquent bien de tout chambouler.
Sandra Zidani nous propose donc de vivre une année scolaire riche et haute en couleur.
Vêtements, perruques, accessoires et mimiques tout est soigneusement étudié. De Madame Canari qui transforme le public en une chorale interprétant Enrico Macias à la professeure de religion aux prises avec Sodome et Gomorrhe et la pédophilie qui fait entonner à sa classe La pilule d’or (Sœur Sourire), de l’enseignante flamande qui tente de convaincre, au son de Will Tura (Mooi, 't Leven is Mooi), ses élèves réfractaires à l’immense importance de connaître la langue de Vondel à la prof de dessin qui considère ses étudiants comme un troupeau de bestioles indisciplinées, chaque saynète est, au-delà de l’humour, du volet musical et de la parodie, une jolie série de coups de griffe solidement assénés tant à nos dirigeants qu’à nos comportements, préjugés et contradictions.
Elle se glisse dans une galerie de personnages dans lesquels inévitablement le spectateur ne manquera pas de retrouver les traits saillants des maîtres et autres pédagogues qui ont émaillé sa propre scolarité.
La rentrée d’Arlette n’est en tout cas pas à placer parmi les options, mais bien dans les choix principaux de votre programme théâtral.
Discrimination, harcèlement, dépression, pression syndicale, la Communauté et les communautés, le pape, les sujets se suivent sans temps morts et démontrent la précision et le travail minutieux de toute une équipe. Côté humour, et au vu des rires qui se déchaînent, l’efficacité piquante (et tendre) du duo d’auteurs Zidani-Chaboud ne nécessite plus la moindre démonstration, côté scène le talent de Sandra Zidani explose une nouvelle fois et confirme un fameux charisme et une capacité à séduire largement son public, jusqu’à l’entraîner dans une Chenille déjantée dans les travées de la salle du Magic Land Théâtre.
La rentrée d’Arlette n’est ni un devoir, ni un indigeste pensum, mais une joyeuse récréation qui comme toujours (malgré ses deux heures) se termine toujours trop tôt.
Muriel Hublet - Plaisir d'offrir - 24/06/2011
Que d'énergie dans cette jubilatoire galerie de portraits tous aussi savoureux et hilarants les uns que les autres. Zidani prend le prétexte du récit d'une année scolaire au collège belge Sainte Jacqueline de Compostelle pour incarner avec une prestance déconcertante : la nouvelle directrice loufoque Arlette Davidson , un professeur d'éducation religieuse "très très fatigué", une professeur de physique-chimie très très déprimée, un professeur d'éducation physique assez peu psychologue avec les adolescents mal dans leur peau et orphelins. Mais c'est avec son personnage du professeur de chant Monique Canaris, censée préparer l'arrivée probable de la Princesse Mathilde, qu'elle emporte définitivement la salle à qui elle confie d'une main de maître les différents rôles de la chorale. Respectez bien ses consignes ! LToutefois, si l'on rit énormément, l'humoriste n'oublie jamais l'émotion et arrive mine de rien à parler de choses graves dont on parle peu comme par exemple le suicide des enseignants.
LPour nous avoir fait pleurer de rire et son regard tendrement complice aussi poétique qu'un dessin de Jean Jacques Sempé: merci Zidani!
AviNews (Festival d'Avignon) - Marc Fournié - 16/07/2013
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