Une délicieuse farce sur notre plat pays avec une autodérison féroce!
Dimitri Verhulst, auteur de la mémorable Merditude des choses, réussit un nouveau coup d’éclat ! Dans cette fable sans concession, il pose un regard tendrement corrosif sur la Belgique, et férocement drôle sur nos comportements égoïstes. Faut-il donc l’arrivée d’un Dieu pour rendre le monde vraiment meilleur?
Un flot d’images et de personnages délirants interprétés avec brio par Eric De Staercke. Un spectacle drôle et percutant.
Seul sur scène, Eric De Staercke réussit l’exploit de convoquer cette belgitude tous azimuts. Avec cette nonchalance échevelée, son aplomb terre-à-terre, le comédien est le parfait réceptacle de cette Belgique surréaliste, improbable assemblage qui tient encore par on ne sait quel miracle.
A lui seul, il tient cette ville carnavalesque, et ses masques souvent grotesques à l’image du tableau d’Ensor, « L’entrée du Christ à Bruxelles », qui a forcément inspiré le texte. Comme les pantins grimaçants, déformés par la jalousie, la cupidité, l’hypocrisie, suivant un pitre avec une mitre et un bâton dans le chef-d’œuvre d’Ensor, Eric De Staercke déverse un flot de personnages et d’images représentant une Nation égarée en quête d’un berger pour changer la petitesse de son existence.
Mis en scène dans une belle sobriété par Georges Lini, le comédien hirsute déballe tout cela avec une féroce autodérision. D’un geste, d’un clin d’œil, il nous fait éclater de rire, notamment quand la parade destinée au Christ se transforme en caravane du Tour de France avec distribution d’hosties bio. Et soudain, la farce passe au manifeste politique : « Je suis ce fou inoffensif qui rêve doucement d’un monde sans nationalités, sans drapeaux. »
Catherine Makereel - Le Soir
On est heureux de retrouver Eric De Staercke seul sur les planches, ce qui ne lui était plus arrivé depuis quelques saisons. Ce texte lui va à merveille : il peut y exercer son talent d’humoriste pince-sans-rire, et parcourir, de sa généreuse présence, les stations de ce corrosif chemin de croix. Le metteur en scène Georges Lini joue de toutes les qualités de son acteur pour nous offrir un spectacle drôle et percutant, accompagné pour (presque) seule scénographie, d’images vidéo bien choisies qui font puissamment résonner le comique des situations.
Vous ne connaissez pas Dimitri Verhulst ? Précipitez-vous à l’Atelier 210, il y a là une belle occasion de le rencontrer. Et si vous avez lu le roman, vous aurez le plaisir de le redécouvrir, mis en lumière avec intelligence et talent.
Dominique Mussche - RTBF