S'ils avaient le choix, les spermatozoïdes courraient-ils en frétillant vers l'ovule ?
Un spectacle drôle et émouvant, tout en douceur et en finesse.
A vingt-huit ans, le comédien Patrice Mincke crée son premier solo à la Samaritaine. En privilégiant le rire, il nous fait part avec « Pour qui tu te prends » de ses questions de futur père.
Petit, on prend parfois des grandes décisions quant à son avenir. On dit qu'on sera pompier, cosmonaute... et on dénie les rires des adultes devant ces propos sérieux et rêveurs. A 9 ans, alors qu'il voit son premier spectacle, le désir d'être acteur prend Patrice Mincke. Depuis, l'envie ne l'a plus quitté. A 11 ans, déjà boulimique de théâtre, il s'informe auprès de l'acteur Serge Michel sur le chemin à suivre. Le Conservatoire Royal de Bruxelles, lui indique l'acteur. En 1994, il en sort diplômé de la classe d' André Debaar. C'est à la ligue d'improvisation, où il joutera pendant sept ans, qu'il prend l'habitude d'inventer des histoires lors des préparations, pour en jouer d'autres lors des matchs. On le découvre aussi sur diverses scènes : le Théâtre de Poche, les Galeries, la Samaritaine...
Ses grandes rencontres, il les fait au sein de l'ASBL AlterEgo avec Christian Labeau et Martine Willequet..Ce sont des gens fabuleux qui m'ont fait confiance et m'ont appris à aimer ce métier. Ils ont le souci de ne pas se ménager. Quand l'envie lui est venue de raconter un longue histoire où il partagerait ses angoisses de futur père et sa vision de la société, ses complices ont répondu présent. Martine a été magnifique de générosité en acceptant de faire la mise en scène. L'amitié a été le fil de cette « naissance ». le comédien Bernard Cogniaux et le cinéaste Pierre-Pol Renders l'ont aidé à fignoler la construction de ce premier seul en scène.
Au départ : la chanson de Souchon « Ultramoderne solitude » et une peur, celle de louper l'aventure de la paternité. Depuis longtemps, j'ai envie d'être père. Mais est-ce un cadeau qu'on fait de donner la vie ? Pendant un an, j'ai noté des idées dans un carnet. Et de fil en aiguille, un spectacle prend forme et un bébé s'annonce. Mais ce solo n'est pas pour autant une thérapie. J'avais envie de partager mes angoisses et mes plaisirs. J'aime bien l'opposition entre le sens de la vie et le fait qu'il faut vivre. Quand on se retrouve confronté à une situation, souvent on réagit différemment de ce à quoi on avait pensé. Ainsi dans l'écriture, j'ai mélangé les tranches de vie.
Sa réponse pour l'enfant qui vient : prendre le temps de vivre et nous en convaincre. Avant de monter en scène, j'aime me poser la question de savoir pourquoi je fais ce métier. Si deux ou trois personnes trop prises par le métro-boulot-dodo réfléchissent et décident de gagner un peu moins d'argent mais de s'accorder du temps, alors j'ai gagné !
Malgré ce premier pas dans l'écriture, Patrice Mincke ne se considère pas comme un auteur. J'ai puisé plein de petits trucs chez les uns et les autres, l'accent de mon grand-père, les attitudes de mes cousins...
Je viens de la campagne environnant Nivelles et j'ai peur de la ville. Des angoisses et des frustrations qui pourraient être sources de création, il nous en confie autant dans le spectacle avec son personnage qui envoie son ADN à ses futurs employeurs. J'ai voulu montrer une société futuriste sans la dénoncer. Il y a des choses avec lesquelles on apprend à vivre. Ce qui compte c'est que l'humain est toujours là, qu'il y a des amoureux ou des gens tristes ou fâchés...
Une autre anxiété à l'horizon ? La mise en scène de « Légende de la forêt viennoise » d'Odon von Horvath au Karreveld cet été. L'équipe de Bulles Productions a été convaincue par ses précédents spectacles « Miettes » de Calaferte ou « L'ascenseur » de Marc Moulin. Et le loupiot ? C'est pour septembre.·