Spectacle poignant à l'humour acéré où l'Histoire du XXe siècle se dessine en filigranes. En 2013, ce récit autobiographique a reçu le prix Rossel.
Alain Berenboom, l’auteur, retourne à ses racines sur les pas de son père, cet homme aux facettes contradictoires. Ce « mauvais juif » lecteur de la bible, nostalgique d’une Pologne idéalisée, rêveur de Terre Promise et de kibboutz. Ce réfugié qui aimait tant cette Belgique qui l’avait accueilli.… Ce merveilleux et indéfectible optimiste.
Décalquant l’humour de l’auteur, Christine Delmotte restitue le « Monsieur optimiste » du roman (prix Rossel 2013) avec une loyauté sans faille. Servie par deux comédiens magnifiques qui incarnent Chaïm et Rebecca en orfèvre du jeu. Ils nous relatent l’existence incroyable de ces personnes qui se sont tues, épargnant à leur fils le récit d’une histoire indicible, et espérant faire de lui, un vrai petit « belge ».
Né à Bruxelles en 1947 d’un père venu d’une petite ville près de Varsovie en Pologne et d’une mère née à Vilnius (à l’époque russe), Alain Berenboom est devenu un peu par le hasard du désordre de l’Europe du XX ème siècle un écrivain belge de langue française.
Sa culture et ses origines cosmopolites expliquent sans doute que son œuvre romanesque promène le lecteur sur tous les continents, de préférence là où les choses sont en train de péter. Pourtant, ses héros ne sont pas des aventuriers. En réalité, ils n’ont pas les moyens de leurs aspirations. On retrouve ainsi dans l’œuvre de Berenboom les traits dominants de l’art belge: un humour teinté d’auto-dérision, un mélange de panache et de modestie, le tout mâtiné d’une touche d’absurde.
Écrivain renommé en Belgique (et récompensé des plus prestigieux prix littéraires), il mène en parallèle une carrière d’avocat renommé en droit d’auteur, de professeur à l’université de Bruxelles, et de chroniqueur dans le principal quotidien belge « Le Soir ».
Écrivain cosmopolite par ses origines, Berenboom ne parvient pas à rester en place : il a promené ses personnages et ses histoires sur toute la planète. Il est aussi écrivain sans frontières de genre. Les Français qui ont besoin d’étiqueter les livres s’y perdent. Selon les critiques, plusieurs de ses romans sont rangés tantôt comme romans, parfois comme policiers ou encore comme romans d’aventures… Ses romans les plus tragiques sont aussi les plus drôles (comme le Pique Nique), les plus légers se teintent de mélancolie (comme Le Goût amer). Et ses romans étiquetés « polars » (la série Van Loo) sont aussi des plongées documentées dans le passé oublié de la Belgique, ses non-dits, ses vérités occultées (comme le pire visage du colonialisme belge au Congo ou les conditions scandaleuses de vie et de travail des immigrés dans l’immédiate après-guerre).