Jasmina Douieb, brute et touchante.
Sacré petit bout de femme.
Jasmina Douieb est magnifique et fait preuve d’un solide tempérament dramatique. Ses éclats de voix et de tons sont émouvants. Une comédienne qui joue avec «ses tripes» et qui sent et ressent tellement bien son public.
L’auteur, Alain Van Crugten, est professeur de littérature comparée et de littératures slaves à l’Université de Bruxelles, écrivain et traducteur littéraire. Il a fait des études poussées en langues germaniques (néerlandais, anglais, allemand) puis de langues slaves (polonais, russe, tchèque) à l’ULB. Il a passé deux ans à Varsovie pour y préparer une thèse de doctorat sur Witkiewicz (grand écrivain et dramaturge polonais) soutenue à l’université de Bruxelles.
Comment vous est venue d’écrire cette nouvelle, portée aujourd’hui sur un plateau de théâtre ?
Alain Van Crugten: Vous savez, mon métier de professeur à l’ULB m’a permis de rencontre énormément de jeunes vivant ou ayant vécu ces moments de tragédie de la jeunesse. En réalité, le personnage de Stef est un condensé, un assemblage de tous ces jeunes.
Je suis très ému d’avoir découvert «vivante» - par le truchement de Jasmina Douieb - cette jeune femme que j’ai construite en quelque sorte: Stef!
Christian Labeau, comment s’est passée votre première rencontre avec Alain?
Christian Labeau: J’étais venu passer une soirée chez mon ami Alain lorsqu’il m’a montré son dernier ouvrage sur l’écran de son ordinateur. J’ai été immédiatement séduit par le sujet et le style de l’œuvre. Un monologue coup de poing avec une situation forte et un personnage qui permet à une comédienne de montrer l’étendue de son registre.
De plus, le mélange de tons et le style me faisaient penser à sa passion pour un certain théâtre polonais . J’avais furieusement envie de « m’attaquer » à ce morceau.
Huguette Van Dyck, la sympathique directrice du Théâtre de la Samaritaine, a lu et aimé la pièce et Jasmina Douieb, après voir pris connaissance du personnage, a marqué son accord enthousiaste de l’incarner.
J’ai passé de merveilleux moments à décortiquer le texte, en changeant une chose ou l’autre, mais très peu, et à chercher les intentions, les ruptures, les changements de rythme. Et mon travail avec Jasmina a été formidable. Un vrai régal pour un metteur en scène. Jasmina est une jeune femme non seulement douée, de grand talent, mais intelligente, précise et inventive.
Jasmina Douieb: Mon personnage me fascine. J’y suis entrée de plein pieds, je m’y suis réellement incrustée. J’aime ce style tragi-comique, ce réalisme non réaliste et ce regard sur la vie et le théâtre. C’est un rôle en or pour une comédienne et qui plus est, un «seul en scène» extraordinaire.
N’est-ce pas plus dur, plus difficile d’interpréter une pièce seule en scène, sans le regard du partenaire, sans personne pour vous aider en cas de besoin?
Jasmina Douieb: Si bien sûr. Vous avez raison mais c’est d’autant plus passionnant. J’aime prendre des risques et vivre une aventure théâtrale semblable.