Révolution et engagement en théâtre et chansons
Une véritable poésie en musique afin que chacun puisse se remémorer et ne jamais oublier les chansons qui, au fil des siècles, ont traduit les révoltes des hommes.
Guy Pion, comédien dont on ignorait les talents de chanteur, veut réveiller les mémoires, dans toutes les langues. Avec des mots justes et une incroyable précision historique, il passe du langage au chant avec une finesse contrastée.
Tour à tour, c’est le plongeon dans la révolution des oeillets au Portugal, la guerre civile espagnole, les camps de concentration. S’y ajoutent également des chansons plus actuelles, telles que "Imagine" de John Lennon et "With God on our side" de Bob Dylan, lesquelles reprennent tout leur sens dans ce spectacle.
Mon oncle, un fameux bricoleur / Faisait en amateur des bombes atomiques / Sans avoir jamais rien appris / C'était un vrai génie question travaux pratiques / Il s'enfermait toute la journée / Au fond d'son atelier pour faire des expériences / Et le soir il rentrait chez nous / Et nous mettait en transe en nous racontant tout
Pour fabriquer une bombe A, mes enfants croyez-moi / C'est vraiment de la tarte / La question du détonateur s'résout en un quart d'heure / C'est de celles qu'on écarte / En c'qui concerne la bombe H c'est pas beaucoup plus vache / Mais une chose me tourmente / / C'est qu'celles de ma fabrication / N'ont qu'un rayon d'action de trois mètres cinquante / Y a quelque chose qui cloche là-dedans / J'y retourne immédiatement
Il a bossé pendant des jours / Tâchant avec amour d'améliorer l'modèle / Quand il déjeunait avec nous / Il dévorait d'un coup sa soupe aux vermicelles / On voyait à son air féroce qu'il tombait sur un os / Mais on n'osait rien dire / Et puis un soir pendant l'repas / V'là tonton qui soupire et qui s'écrie comme ça
À mesure que je deviens vieux je m'en aperçois mieux / J'ai le cerveau qui flanche / Soyons sérieux, disons le mot / C'est même plus un cerveau c'est comme de la sauce blanche / Voilà des mois et des années que j'essaye d'augmenter la portée de ma bombe / Et je ne m'suis pas rendu compte que la seule chose qui compte / C'est l'endroit où s'qu'elle tombe / Y a quelque chose qui cloche là-dedans / J'y retourne immédiatement
Sachant proche le résultat / Tous les grands chefs d'État lui ont rendu visite / Il les reçut et s'excusa de ce que sa cagna était aussi petite / Mais sitôt qu'ils sont tous entrés / Il les a enfermés en disant "soyez sages" / Et, quand la bombe a explosé / De tous ces personnages il n'en est plus rien resté
Tonton devant ce résultat ne se dégonfla pas / Et joua les andouilles / Au Tribunal on l'a traîné / Et devant les jurés le voilà qui bafouille / Messieurs c'est un hasard affreux / Mais je jure devant Dieu que mon âme ait conscience / En détruisant tous ces tordus / Je suis bien convaincu d'avoir servi la France / On était dans l'embarras alors on l'condamna / Et puis on l'amnistia / Et l'pays reconnaissant l'élut immédiatement / Chef du gouvernement!
Boris Vian - La java des bombes atomiques
J'veux te raconter Kissinger / L'histoire d'un de mes amis / Son nom ne te dira rien il était chanteur au Chili
Ça se passait dans un grand stade / On avait amené une table / Mon ami qui s'appelait Jara / Fut amené tout près de là
On lui fit mettre la main gauche / Sur la table et un officier / D'un seul coup avec une hache / Les doigts de la gauche a tranché
D'un autre coup il sectionna / Les doigts de la dextre et Jara / Tomba tout song sang giclait / 6000 prisonniers criaient
L'officier déposa la hache / Il s'appelait p't'être Kissinger / Il piétina Victor Jara / Chante dit-il tu es moins fier
Levant les mains vides des doigts / Qui pinçaient hier la guitare / Jara se releva doucement / Faisons plaisir au commandant
Il entonna l'hymne de l'U / De l'unité populaire / Repris par les 6000 voix / Des prisonniers de cet enfer
Une rafale de mitraillette / Abattit alors mon ami / Celui qui a pointé son arme / S'appelait peut-être Kissinger
Cette histoire que j'ai racontée / Kissinger ne se passait pas / En 42 mais hier / En septembre septante trois
Julos Beaucarne - Lettre à Kissinger
On connaît l’art du comédien Guy Pion. Mais qui lui connaissait, sinon les intimes, cette envie tenace de chanter ? Porté par l’enthousiasme de Daniel Cordova, directeur du festival, il a osé. Et il a chanté comme un pro, de ces textes qui lèvent les révolutions et réveillent la mémoire des gifles à la dignité humaine.
Des mots d’hier à l’incroyable justesse d’aujourd’hui, des chants par de belles voix gorgées de conviction, de révolte, de larmes, des instruments sous-tendant l’arc des mots et décochant leurs flèches. Et des artistes avec un coeur, un talent, un engagement à renverser des montagnes. Le spectacle « Si c’est chanté, c’est pas perdu », créé au Festival au Carré, a frappé fort à Mons.
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