Onze acteurs au service de l'une des plus drôles
des comédies de Georges Feydeau.
On ne présente plus Georges Feydeau au public! Cet auteur connu de tous par ses éternels succès théâtraux est en soi une invitation à rire, à passer un excellent moment en famille ou entre amis. L’hôtel du Libre Echange est une de ses meilleures pièces, une mécanique parfaitement huilée d’un bout à l’autre et qui permet à chaque comédien de briller dans des rôles taillés sur mesure. Au départ d’une trame classique de mari volage, Georges Feydeau enchaîne (déchaîne !) une succession d’événements qui ont pour cadre un hôtel borgne au nom évocateur dans lequel onze acteurs nous feront rire aux éclats en gravitant autour de Monsieur Paillardin.
Une succession d'événements réunissent au même moment à l'hôtel du Libre Echange…
… Mr Paillardin, homme sinistre et expert auprès des tribunaux, venu pour constater la présence d'esprits maléfiques dans une des chambres de l'hôtel
… sa femme Marcelle, venue le tromper avec Mr Pinglet son meilleur ami
… Mr Mathieu, l'avocat bègue de Mr Pinglet et ses nombreuses filles.
Enfin, s'ajoute à la liste Maxime, son neveu, désireux de passer discrètement un cap d'importance avec la petite bonne de Mr Pinglet…
Bref, un véritable mikado d'épées de Damoclès qui n'attend qu'une seule chose: provoquer un maximum de quiproquos et de situations plus bizarres les unes que les autres.
Quand je fais une pièce, je cherche parmi mes personnages quels sont ceux qui ne doivent pas se rencontrer. Et ce sont ceux-là que je mets aussitôt que possible en présence. (Georges Feydeau.)
«Sécurité et discrétion! Hôtel du Libre-Échange, 220, rue de Provence!
Recommandé aux gens mariés… ensemble ou séparément !... » (Acte I, scène XI)
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Naturellement, le critique du Temps, Francisque Sarcey, le grand défenseur du vaudeville, est comblé par la nouvelle pièce de Feydeau. Quant aux journalistes qui n’aiment pas le genre cultivé par l’auteur, ils s’avouent complètement « désarmés » par cette « effrénée bouffonnerie » et sont contraints d’applaudir.
Le public est en plein accord avec la critique : la pièce bénéficiera de trois cent soixante-quinze représentations, prolongeant son succès jusqu’à la fin de 1895. Les spectateurs d’Un fil à la patte avaient déjà pu apprécier au deuxième acte une scène coupée verticalement en deux, comportant à gauche un cabinet de toilette et à droite le vaste escalier dans lequel Bouzin était poursuivi par le rastaquouère. Cette fois-ci, ils sont encore plus gâtés. Le décor est divisé en trois : à droite, une grande chambre à cinq lits, à gauche une petite chambre à un lit, aumilieu, le palier du premier étage de l’hôtel avec son escalier.
Il n’en fallait pas moins pour que pût se dérouler l’action épileptique de cette pièce où foisonnent rencontres intempestives, poursuites et galopades de toutes sortes.
A l’origine du projet existait surtout notre envie de mêler deux genres, Feydeau et Tim Burton…tout deux emprunts d’humour noir et grinçant, deux auteurs qui exploitent les côtés obscurs et les travers des personnages pour les rendre encore plus médiocres et plus laids…des personnages qui disent ce qu’ils pensent et qui vivent leurs envies quelles qu’elles soient, morales, immorales… ou amorales… pour notre plus grand plaisir…
Suite
Georges Feydeau naquit un beau jour du mois de décembre 1864 à Paris… Cette naissance aurait pu passer inaperçue si la destinée ne lui avait donné le don de l’écriture et de la mise en scène en plus de l’avoir placé dans une famille au profil vaudevillesque.
Les premiers personnages de l'histoire de sa vie sont Ernest Feydeau, son père, homme d’affaire ayant deux passions dans la vie, la bourse et la littérature, considéré par Baudelaire comme «un auteur de roman répugnant!»
Et sa mère, Léocadie Zelewska, de 17 ans la cadette d'Ernest Feydeau, qui voit dans ce mariage une couverture idéale pour vivre ses aventures extra-conjugales. Grande collectionneuse d'hommes, la mère de Feydeau n'a pas vraiment la fibre maternelle... Ce qui provoqua de grandes incertitudes quand à l’identité réelle du père biologique de Georges qui, vers la fin de sa vie, affirmait être le fils illégitime de Napoléon III !
Quoi de plus naturel alors, de retrouver dans son oeuvre les désillusions de l’amour conjugal, une vision du couple pessimiste et amère…et même une certaine cruauté.
Et pourtant quel plaisir de se retrouver dans ces dialogues conjugaux d’un comique grinçant et d’une horrifiante noirceur décrivant « l’enfer quotidien de la vie à deux », et certainement inspirés d’une réalité douloureusement vécue.