Un amour naissant en pleine guerre des gangs

Soixante-cinq ans après sa création, West Side Story n’a rien perdu de sa modernité et de son actualité. Nous sommes très fiers de vous présenter au Festival Bruxellons! ce chef d'œuvre immortel de la comédie musicale qui, emporté par la musique de Leonard Bernstein et les mots de Stephen Sondheim, célèbre le choc des corps.


Les lumières s’allument sur un décor urbain. Une voiture renversée, des grillages troués, des piliers et escaliers en métal adossés à des murs de brique, nous sommes à New York, dans les années 50. Une bande de jeunes, les Jets, traîne, se salue, échange quelques mots. Puis la tension monte. Un jeune de la bande rivale, les Sharks, vient provoquer les Jets. Les menaces fusent, avant que la police ne débarque et que tout le monde file.

Cette scène ouvre la comédie musicale West Side Story qui se jouera cet été au château du Karreveld dans le cadre du festival Bruxellons!.

Depuis 2015, le festival bruxellois – qui fête ses 25 ans cette année – accueille un spectacle musical en plein air, dans la cour du château. Après Élisabeth (l’histoire de Sissi) l’année dernière, c’est donc la célèbre comédie musicale de Stephen Sondheim, Leonard Bernstein et Arthur Laurents qui déploiera ses couleurs. Avec une note inédite puisqu’elle sera interprétée pour la première fois en français.

I"Roméo et Juliette" dans l’Upper West Side
Ceux qui sont familiers des versions cinéma, celle de 1961 ou le remake de Steven Spielberg (2021), ne seront pas tellement dépaysés. On reconnaît les chansons les plus emblématiques, America, Tonight, Maria ou Somewhere et la trame est évidemment la même.

Deux bandes rivales s’affrontent, l’une issue de la classe ouvrière blanche, les Jets. L’autre, les Sharks, sont de jeunes immigrés portoricains. Lors d’un bal, Tony, ami de Riff, le chef des Jets, tombe amoureux de Maria, la sœur de Bernardo, le leader des Sharks. Nous voilà avec une romance impossible, un Roméo et Juliette dans l’Upper West Side.

Créée en 1957, West Side Story n’est pas un spectacle intemporel pour rien. Le racisme contre les Portoricains est encore bien présent aux États-Unis. Les affrontements entre les Jets, qui se voient comme de vrais Américains parce qu’ils sont nés sur le sol U.S., et les Sharks ne paraissent donc pas dépassés. Seuls les costumes – les robes à frou-frou, les bretelles – et les coiffures, carrés bouclés et cheveux gominés – témoignent de l’époque.

Hormis la traduction en français (réalisée par Stéphane Laporte), la touche de neuf vient aussi des chorégraphies. Celles-ci ont été réinventées pour mieux coller à l’époque actuelle, tout en s’inscrivant dans l’esprit des danses des années 50.

Les 25 interprètes s’élancent donc pour illustrer le choc des corps, les oppositions et rivalités de gang. Ça se toise, ça se frôle, on sent l’explosion imminente. Les danses urbaines (anachroniques mais parfaitement intégrées) se mêlent aux pas latinos, rumba et mambo.

Mais sans délaisser pour autant des touches emblématiques que les fans du spectacle original reconnaîtront. Pendant un peu plus de deux heures (1 h 20 pour la première partie et 45 minutes pour la deuxième), les chanteurs/danseurs/interprètes donnent vie à l’intense tragédie des mondes qui ne se comprennent pas.

Ils font résonner les voix de ces jeunes immigrés qui ne trouvent pas d’autre place que celle de voyou, portés par la musique live d’un orchestre planqué dans la chapelle, derrière les décors. Pour parer aux caprices de la météo belge…

Elise Leenaerts - L'Avenir - 15/7/2023

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