Un tourbillon jubilatoire!

Quand on aime le comique au théâtre, il n’y a pas mieux que Feydeau. Tous les comédiens ont toujours voulu jouer Feydeau et cependant, ce n’est pas évident de jouer Feydeau! Il s’agit de développer une folle énergie car chez Feydeau, il n’y a pas une seule seconde de répit. Ca virevolte à un rythme d’enfer. Les répliques pétillent, s’accrochent les unes aux autres à la vitesse du Thalys. Et les personnages sont nombreux, les situations de plus en plus folles, les quiproquos se multiplient. On ne sait plus où on en est! C’est la folie ! Il est impossible de raconter une pièce de Feydeau. Il faut la voir sur une scène….


Quand on va voir un Feydeau, on sait qu’on va passer un bon moment, qu’il y aura des sourires nombreux et des rires généreux, des jeux de langage savoureux à l’élégance et à la truculence folles, de la vitesse et de l’invraisemblance, des comiques de situation à n’en plus pouvoir. Bref, une bonne comédie, comme ces messieurs du Vaudeville savent si bien faire.

Et la Compagnie des Abîmés s’en est saisie avec brio. Composée principalement de la promotion 2006 du Conservatoire de Bruxelles, cette jeune équipe de comédiens fomentait le coup depuis des années. S’en prendre à Feydeau, ce n’est pas rien. Il a fallu convaincre Victor Scheffer, grand admirateur de l’auteur, de mettre en scène l’un des maîtres du théâtre de Boulevard. Fin connaisseur de l’animal, il s’en sort avec intelligence et souplesse, avec un minimum de décors dans lesquels s’agitent les personnages, véritables clous du spectacle. Ces personnages énergiques sont d’ailleurs mis à contribution pour les changements de décors entre les actes. Au lieu de descendre le rideau pour changer de lieu, Scheffer laisse à voir des acteurs qui se dandinent sur un air jazzy pour le moins entraînant en réarrangeant le mobilier intérieur où ils pourront se déchirer puis se réconcilier. Chouette idée, donc, qui permet de souffler entre les actes, tout en restant dans le ton youplaboum des années 50.

Hormis faire le ménage, les acteurs font aussi très bien les scènes de ménage. Pas un ne sort de son rôle. Tous sont convaincants, osent l’exagération qui sied à ce genre, si difficile à tenir pour surfer sur le burlesque sans verser dans le grotesque. Ils y parviennent et paraissent avoir joué toute leur vie ses personnages tourbillonnant dans l’air du temps.

C’est frais, c’est drôle, c’est punchy, c’est fin !

Ça se consomme sans modération.

Culture remains - 25/12/2013

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