Le fou-rire du théâtre belge
"Bossemans et Coppenolle" est, avec le Mariage de Mademoiselle Beulemans, une des pièces les plus brusseleer du siècle dernier. Écrite en 1938 par Paul Van Stalle et Joris d'Hanswijck, l'histoire se déroule sur fond de rivalité sportive entre les supporters de deux clubs mythiques : le Daring Club de Molenbeek et l'Union Saint-Gilloise.
L’auteur résume la pièce à sa manière : « C’est une parodie bruxelloise de ‘Roméo et Juliette’, les Capulet seront les Molenbeekois et les Montaigu les Saint-Gillois... à moins que ce ne soit le contraire ! »
Pourquoi remonter Bossemans et Coppenolle aujourd’hui ?
Grâce à l’énorme engouement du public lors de notre reprise la saison dernière du « Mariage de Mlle Beulemans », j’ai perçu une réelle envie de retrouver des personnages ancrés dans notre histoire belgo-belge. D’autre part, il y a une demande de plus en plus importante de spectacles divertissants. Donc, je me suis dit que c’était le bon moment, d’autant plus que cela fait exactement 20 ans que nous n’avons plus joué cette pièce.
Pourquoi ces personnages sont-ils si attachants ? Qu’est-ce qui touche encore le public autant d’années après leurs créations ?
Les personnages sont attachants car ils sont simplement très humains, faisant preuve parfois d’une mauvaise foi évidente mais aussi et souvent d’un humour irrésistible. En plus, il y a ce personnage historique qu’est « Madame Chapeau », ses répliques sont attendues… ses boules aussi. Itinéraire étonnant que ce personnage. On sait que le rôle est traditionnellement interprété par un homme, mais on ignore souvent pourquoi. Madame Chapeau n'aurait sans doute pas connu une telle gloire si elle avait été, comme prévu, une femme. Une actrice célèbre, une certaine Madame Lerpoel, avait été approchée pour jouer le rôle. Mais comme le texte se limitait à 32 lignes et que le personnage n'apparaissait que fort peu à son goût, elle joua les divas et déclina l’offre. Il a par conséquent fallu se rabattre sur un homme, Billy-Pitt, qui s'était spécialisé dans les rôles de travestis sur les scènes bruxelloises. Et dès lors, le rôle de Madame Chapeau fût toujours tenu par un homme... Succès et très vite une tradition !
Est-ce une pièce qui parle de l’amitié ou du football ?
Le football est un prétexte qui permet de mettre deux clans en opposition. La pièce évoque d’avantage des rapports familiaux, d’amitié et d’amour ! Mais le contexte « sportif » rend ces personnages très populaires, dans leurs engouements, dans leurs disputes et dans leurs passions.
Qu’est-ce qui vous plait exactement dans ce répertoire ?
C’est une fierté pour moi de pouvoir approcher ce patrimoine, de le faire vivre de le faire connaitre aux nouvelles générations. Ces personnages cultes sont si sympathiques. D’un point de vue tout à fait personnel, peu de gens le savent, mais je suis issu du milieu du football, j’ai passé toute mon enfance dans les stades (pas sur le terrain !).
Quelles sont les similitudes et les différences avec « Le Mariage de Mlle Beulemans » ?
Dans les similitudes, il y a évidemment l’accent bruxellois. Mais il y a aussi cette simplicité dans les rapports humains : on dit ce qu’on pense tout naturellement, sans s’encombrer de précautions parfois inutiles. Dans les deux pièces, il s’agit d’amour et de deux familles qui peuvent s’apprécier comme se maudire…. La différence se trouve, selon moi, dans le genre théâtral : « Le Mariage » est une comédie de mœurs très divertissante mais avec beaucoup de réelles émotions, c’est par moment très touchant. « Bossemans et Coppenolle », c’est du vaudeville avec comme seul but affiché faire rire. « Bossemans et Coppenolle », c’est la zwanze.
Comment préparez-vous votre mise en scène ?
Dans le respect de la tradition mais avec la sensibilité d’aujourd’hui. Il est, je crois, important de répondre à l’attente des spectateurs, de respecter leur imaginaire et l’image véhiculée par la mémoire collective. Mais il est tout aussi important d’apporter le rythme d’aujourd’hui dans la manière de jouer, de bouger. Et c’est aussi la vision qu’on applique dans la conception des décors et des costumes.
Qu’est-ce qui vous motive à mettre en scène cette pièce ?
Le plaisir que j’espère elle procurera aux spectateurs. Plus de 800 personnes qui éclatent de rire pendant deux heures, quel beau cadeau !