Un magnifique texte de Pietro Pizzuti qui fait passer du rire aux larmes…

Trois femmes, dans une chambre d’hôpital, se retrouvent pour se parler, beaucoup, en esquivant toujours l’essentiel…
Dans cet espace épuré et redouté, un dialogue (souvent de sourdes…) s’installe, qui balance des vérités et des clichés, un peu de mauvaise foi, pas mal d’humour et beaucoup d’amour.


Cinq personnages, cinq femmes en scène : la fille (Valérie Bauchau), la mère (Nicole Valberg), la femme qui chante - la passeuse - celle qui apaise les souffrances (Farida Boujraf), l’Ombre - Ana Rodriguez, et cette «jeune comédienne de 84 ans», l’immense Suzy Falk pour laquelle Pietro Pizzuti a écrit le personnage de Bio. Elle y est fabuleuse, pathétique, avec ses émotions, sa drôlerie et son accent des Marolles.
Qui est cette curieuse femme des abords de la rue Haute ou Blaes?
Qu’est-ce qui l’a incité à venir voir la mère presque en phase finale de sa vie?
Qui est-elle?
C’est bien ici que se dessine et se précise le suspense. Ne déflorons pas l’histoire imaginée par Pietro Pizzuti, mais on peut vous assurer que les deux derniers tableaux de sa pièce avec la mère et Bio constituent un véritable coup de théâtre.


CREATEURS
AuteurPietro Pizzuti 
Mise en scèneChristine Delmotte 
Assistanat mise en scèneGabrielle Dailly 
Assistanat mise en scèneAna Rodriguez 
ScénographieNathalie Borlée 
ScénographieChristine Delmotte 
LumièreNathalie Borlée 
SonLaurent Beumier 
CostumesCathy Peraux 
MusiqueManuel Fernandez Vasquez 
AVEC
FilleValérie Bauchau 
La passeuseFarida Boujraf 
BioSuzy Falk 
L'ombreAna Rodriguez 
MèreNicole Valberg 
Une production de la Cie Biloxi 48

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Fasciné par la perpétuation aveugle de la famille à travers la femme, Pietro Pizzuti plonge, avec humour et finesse, dans l'intimité des mères. Le comédien et metteur en scène, qui signe ici un beau retour à l'écriture, décortique les liens familiaux immuables, les non­dits, les tabous, les silences consentis qui se transmettent de génération en génération. Ce sont les tripes de l'auteur qui parlent. La tendresse aussi.

Le tout couronné par le talent de trois comédiennes, Suzv Falk, Nicole Valberg et Valérie Bauchau, dont la réunion sur une même scène constitue un cadeau inoubliable pour le public. Le chant mélancolique de la passeuse Ana Rodriguez est la cerise sur le gâteau.

Thierry DENOEL - Le Vif/ L'Express, 12/05/2006

Nicole Valberg et Valérie Bauchau, à qui on se prend à trouver des ressemblances physiques, maitrisent subtilement les tensions de leurs rapports mère­fille, tandis que Suzy Falk, en invitée surprise, casse la baraque avec son énergie et son aplomb.
Se sont-elles rencontrées ? «Il faut apprendre à connaître l'autre par lui-même et non par nous-mêmes», écrit joliment Pizzuti.
Le travail ne fait que commencer.

Laurent ANCION - Le Soir, 27/04/2006

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Une pièce qui frôle la mort, qui vous plante pendant une heure trente devant une chambre d'hôpital, où la dite « longue maladie» grignote inexorablement le futur? Ne reculez pas, foncez dans la petite salle des
Martyrs, vous y découvrirez plein d tendresse, d'humour, d'interrogation, de gravité aussi, mais pas un gramme d'austérité, de pathos ou de pesante démonstration.

Quand le vent de la grande faucheuse se lève, les mots s'accélèrent, affrontent l'indicible, parfois à tort et à travers ...

Trois comédiennes osent la mise à nu de leur talent, pudiques, vraies, frémissantes et franche· ment drôles: Valérie Bauchau et Nicole Valberg, tour à tour patientes et visiteuses, et Suzy Falk, inénarrable, qui emporte l'ultime rebondissement.

A la beauté du texte, répond la subtilité osée de la mise en scène de Christine Delmotte. Sur le fond de la scène, un écran nous renvoie, en driect, le gros plan du visage filmé de l'alitée. Le plus petit battement de cils, le moindre tressaillement des lèvres révèlent ici une palette de nuances et d'émotions rares au théâtre. Une performance sans filet, tout simplement admirable, que le chant sombre et doux de Farida Boujraf soutient comme·un baume, une compassion.

Michèle FRICHE - Le Soir, 24/05/2007

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Il y a seulement un lit et une chaise. Une toile blanche tendue sur le mur du fond accueille l'image mouvante et en gros plan du visage de la comédienne alitée, captée par une ca­méra fixée au plafond. Simple et, en l'occurrence, magistral, ce procédé fonctionne comme une extraordinaire indiscrétion, révélant le plus petit tressaillement des muscles faciaux.
Il faut de grandes comédiennes pour supporter un tel traite­ment, inhabituel au théâtre où le risque permanent de la perfor­mance "live" est compensé par la relative protection des éclairages, des mouvements et des maquillages. Passant l'épreuve haut la main, Valérie Bauchau et Nicole Valberg se prêtent tour à tour à cet impitoyable scanner psychologique, offrant des mondes de subtiles nuances émotionnelles à mesure que le dialogue se développe.
Les chants de Farida Boujdraf assurent une transition fluide entre les différentes scènes.

C'est simple, beau, drôle, grave et délicieux.

Suzy Falk complète ce trio de grandes âmes féminines en une prestation ébouriffante, aussi comique que poignante. Ici aussi la mise en scène joue avec les codes reçus du théâtre. Pour soutenir la mémoire de la comédienne (83 ans!), une "ombre" l'accompagne, la brochure à la main.
A tous les niveaux, un tel spectacle réussit le pari fou du théâtre: faire coïncider l'art et la vie.

Philip TIRARD - La Libre Belgique, 24/04/2006

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Actuellement on reprend Le Silence des Mères au Théâtre de la Place des Martyrs (>10/06/07).
Ce que Pietro (Pizzuti) nous a offert est magnifique. Il m’a dit qu’en l’écrivant il m’entendait parler et pensait à moi. Je ne le savais pas quand on m’a engagée. À la lecture, il y a un an, Pietro a dit "c’est comme ça que je le voyais". Mais pour arriver à ce que je fais maintenant il y a eu tout ce chemin à faire.

Une bonne nouvelle est que cette pièce va être jouée cet été au Théâtre des Doms en Avignon. C’est une première pour vous ?
Oui, depuis que notre théâtre (belge) a – si je puis dire – son pied-à-terre en Avignon, je n’y suis pas allée ; je ne connais pas ce théâtre, mais je me réjouis d’avance. Nous ne serons pas les seuls, car 6 pièces ont été sélectionnées. Ça commence à 11h et finit à 23h ; et nous avons la chance de jouer à 20h15, la belle heure !

J’ai été étonnée et même quelque peu perturbée en voyant les prospectus et l’affiche. Il y a bien 3 femmes, mais vous n’y êtes pas ?
Oui, la pièce est écrite pour 3 comédiennes : il y a Nicole Valberg, Valérie Bauchau et moi-même. Et je ne suis pas sur l’affiche

Et alors, la 3ème sur la photo ?
C’est Farida Boujraf qui fait un joli accompagnement musical de la pièce, mais c’est un apport dans la mise en scène de Christine Delmotte.
Ce n’est pas la première fois qu’on écrit ou adapte un texte pour vous.
Oui, par exemple Liliane Wouters avait adapté pour moi Ni chair ni poisson de Rudy Geldhof (2). Jusqu’alors la pièce ne se jouait qu’en flamand et ce rôle était tenu par un homme. Ça ne se passe pas dans un théâtre, mais dans une maison : « La Maison des femmes ». Chez Bernard Damien, au Théâtre du Grand-Midi – à l’époque encore rue du Midi - on pouvait tout transformer. J’avais mis beaucoup de moi dans cette pièce. J’avais tout fait, décors, costumes, mise en scène, c’est un de mes tout bons souvenirs. J’avais tout transformé, j’avais apporté mes casseroles… Tout en parlant, je cuisinais, et je proposais à un spectateur de manger le plat sur place ou de l’emporter dans un Tupperware !
On n’a même pas pu prolonger de six jours. Il n’en reste rien, pas de photos … Et on ne l’a jamais repris.

Suite

 

CHRISTINE DELMOTTE CRÉE LE SILENCE DES MÈRES DE PIETRO PIZZUTI. UNE RADIOGRAPHIE DE LA RELATION MÈRE-FILLE. ET UNE RÉFLEXION SUR LA TRANSMISSION ET LES NON-DITS. RENCONTRE.

Le Silence des mères de Pietro Pizzuti met en scène trois femmes séparées et reliées par une foule de secrets. Pleine de finesse et d'émotion, cette pièce nous entraîne, non sans rebondissements, dans leur intimité ...
Effectivement : les circonstances sont telles que, peu à peu, des vérités cachées vont être révélées. Nous sommes dans un hôpital. Une mère est auprès de sa fille qui est atteinte du cancer. Ces deux-là parlent énormément, mais leurs conversations sont truffées de non-dits. Or la maladie, parce qu'elle interrompt le cours normal de la vie, parce que quelque chose d'inéluctable est en train de se passer, les refoca­lise sur l'essentiel. Pourtant des bulles de silence resteront. Elles ne seront dévoilées qu'après la mort de la jeune fille par une femme venant des Marolles. Cette dernière intervient dans la deuxième partie, où l'on bascule des larmes au rire. C'est qu'elle apporte son franc-parler, et une sorte de bonne santé qui relativise les choses. On découvrira évidemment quelle relation elle entretient avec les deux autres personnages.

C'est donc la maladie qui va mettre en évidence les mécanismes de la trans­mission ?
Oui. Une maladie importante conduit à se poser des questions sur soi, sur son rapport aux autres. La jeune femme, qui a deux enfants, veut se séparer de son mari. Mais sa mère a son point de vue sur ce que doit être un couple et cherche à la persuader de retourner vivre avec lui. Elle fait tout le temps appel à ce qu'elle lui a appris. Cela nous renvoie à ce qu'un enfant accepte ou pas de prendre dans ce qui lui est transmis ; à ce qu'en grandissant, il reproduit ou pas.

Comment allez-vous restituer ces mouvements intérieurs ?
En utilisant une caméra : elle filmera constamment la jeune femme couchée. Son image sera proje­tée derrière elle. Le lit sera de profil. Quant à la mère, elle sera face aux spectateurs.

Entretien Sabrina Weldman - La Libre Essentielle, 16/4/2006